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we need to talk » Néréo

Blaise Zabini
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Blaise Zabini
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Pseudo : brioche Âge : 30 Parchemins : 244 Gallions : 689 Date d'inscription : 31/08/2017

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⚜️ Blaise & Néréo ⚜️

La nouvelle qui venait de tomber était sans appel : Lucrezia était fiancée. Elle était promise à Erebe et dans quelques mois, elle serait mariée. Blaise tournait comme un lion en cage. Il ne savait que faire mais il avait besoin de parler de ça avec quelqu’un. Quelqu’un qui puisse le comprendre sans pour autant qu’il entre dans les détails de la relation qu’il entretenait avec sa cousine. Tout de suite, il pensa à Néréo. Anton n’aurait pas compris, sûrement aurait-il ri. Et le métisse ne plaisantait pas avec le futur de Lucrezia ; si elle ne pouvait être à lui, alors elle ne devait être à personne. Et qui d’autre aurait pu comprendre sa possessivité et son envie de la protéger mieux que son jumeau ? Néréo, son double. D’une démarche rapide, pressée, il entreprit la longue escalade des escaliers de Poudlard pour rejoindre son cousin qui devait certainement être dans la salle commune des Serdaigles en cette heure tardive. Il avait beau être tard, le couvre-feu serait d’ailleurs bientôt annoncé, mais Blaise avait un besoin ardent de parler avec son cousin. Chose bien rare. Ses chaussures usées cognaient contre les dalles du château et l’air glacial faisait onduler sa robe verte et argent d’une manière mélodieuse. La mélodie du vent ; celle constante des courants d’air continus qui traversaient le château.
Arrivé enfin en haut de la tour des Serdaigle, il attrapa par le bras une connaissance de la maison. Une jeune femme qui ,un jour sûrement, avait dû partagé ses draps. Il ne se souvenait néanmoins pas de leurs ébats ni même de quand il avait bien pu la rencontrer. Il savait simplement qu’elle ne lui était pas étrangère et son sourire enjoué ne dissimula pas le fait qu’elle ne le détestait pas. – salut, joli cœur, tu sais pas si mon cousin est dans le coin ? La jeune femme mit une main sur sa hanche et afficha un air mutin qui plût beaucoup à Blaise. – qui ça ? Néréo ? En cet instant, il la trouva bien bête. Qui d’autre Diable aurait-il pu venir chercher en ce lieu ? Les Zabini n’étaient pas si nombreux et tous les autres membres de sa famille encore aux château se trouvaient dans les cachots de Serpentard, tous, sauf Néréo. Cela semblait donc être une évidence. Une seconde seulement, il se maudit de ne pas faire de différences entre les sottes et les autres quand il s’agissait de les prendre dans ses draps. – ouais, Néréo. t’arriverais à lui transmettre le message que je l’attends ici ? dis-lui surtout bien que c’est important et que j’ai besoin de le rencontrer tout de suite. La jeune femme esquissa un signe de la tête pour lui dire que le message serait transmis et c’est à ce moment-là que Blaise lui lâcha le bras. Elle fit demi-tour et dans un demi soupir, il ajouta tout de même – fais vite, s’il te plaît.
L’attente était insupportable. Blaise priait pour que son cousin ne se fasse pas plus prier. Ses entrailles se tordaient dans tous les sens tant bien qu’il aurait pu en vomir ses boyaux. Il fallait absolument qu’ils fassent quelque chose ! Ensemble ! Ils ne pouvaient tout de même pas laisser Lucrezia entre les mains d’Erebe. Loin d’être un mauvais parti, il n’était pas forcément une personne que Blaise portait dans son cœur – et ce loin de là. Le Shafiq ne lui avait jamais vraiment inspiré confiance et ce depuis tout petit, déjà. Alors de devoir accepter qu’il soit fiancé à sa cousine était une torture pour l’italien. Une véritable torture. Et il aurait tout fait pour que ce mariage n’ait jamais lieu.



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Un Shafiq. Ils n’avaient rien trouvé de mieux qu’un foutu Shafiq à mettre au bras de sa sœur. Cette famille était fourbe, vile, et Néréo n’avait pas vraiment pris la nouvelle avec un large sourire et le bonheur au coin du cœur. Si Lucrezia lui en avait voulu pour ses fiançailles avec Perséphone, Néréo comprenait désormais son point de vue. Il était dur de la voir promise à quelqu’un d’autre. Encore plus dur de la voir promise à un homme qu’il n’appréciait guère – en réalité il ne le connaissait que de rumeurs, et c’était déjà assez pour le mépriser – de la voir se lier à une famille dont il se méfiait comme la peste. Il avait déjà assez d’Alcyone Shafiq, cette jeune fille immature qui entraînait sa jumelle dans des histoires rocambolesques. A quoi son père avait-il pensé cette fois-ci ? A quoi rimait tout ceci ? Certes, Erebe était connu pour être mangemort, il savait qu’il venait tout juste de sortir d’Askaban, mais bien que sa propre mère fût elle même enfermée dans cette prison, il le voyait, lui, comme un dangereux criminel qui n’aurait aucune pitié et aucun scrupule envers sa douce sœur.  Néréo y pensait depuis des jours, sans savoir réellement comment empêcher son père de rendre cette décision irrémédiable. Il devait bien y avoir un moyen de lui faire comprendre que cette union n’était pas le meilleur intérêt des deux partis. Sans compter que Néréo avait lui même quelques soucis d’ordre personnel à régler, ces derniers temps.

Néréo tentait de réfléchir tandis qu’il se confrontait à un adversaire d’échec de taille. Il était au bord de la défaite, avait déjà perdu sa reine. A ce moment, une jeune serdaigle s’approcha des deux joueurs. Apparemment, quelqu’un attendait Néréo devant la salle commune, un Zabini. Il ne lui fallut pas longtemps pour savoir de qui il s’agissait, Anton, forcément. Jamais Blaise ne serait monté jusqu’à sa salle commune pour lui tailler une bavette. Néréo présenta ses excuses, se leva. Une chance qu’il n’eût pas à finir cette partie, finalement. Il poussa le tableau qui cachait l’entrée. De là, pourtant, ce ne fut pas son frère qu’il découvrit, mais son cousin. Néréo ne put cacher sa surprise face au serpentard, il se demandait bien ce qu’il fichait là. Sûrement venu le taquiner, lui faire une mauvaise blague. Après tout, quoi d’autre aurait pu l’amener jusqu’ici ? « Un problème Blaise ? » Un instant, il s’imagina que l’absence de sourire en coin de la part du Zabini qui se trouvait en face de lui signifiait que le sujet qu’il souhaitait aborder était on ne peut plus sérieux. Dans ce cas, il commença à s’imaginer d’horribles scénarios. Un accident. Quelque chose qui serait arrivé à l’un de ses frangins. En fait, il n’arrivait pas à croire que Blaise fût venu ici avec la simple intention de discuter de quelque chose avec lui. Ca ne semblait pas possible. « Si t’es venu pour faire de sales réflexions, je te conseille de faire demi-tour. » Avec tout ce qu’il se passait autour de lui, il n’était pas vraiment d’humeur à recevoir la critique, là, tout de suite. N’empêche que petit à petit, tous ses problèmes lui sortaient de la tête pour ne réfléchir qu’aux raisons de la visite de Blaise. Il n'en trouvait aucune plausible et ça le taraudait. Il n’attendait plus qu’une chose : que son cousin parlât.

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⚜️ Blaise & Néréo ⚜️

Blaise espérait que Néréo comprenne instantanément qu’il ne serait pas venu le voir s’il n’était pas là question de vie ou de mort et que, pour cette raison, il accepte de parler avec lui à cœurs ouverts. D’une question capitale. De l’avenir de celle qui, pour tous les deux, était la prunelle de leurs yeux. Pour qui ils auraient tous les deux pu tuer. Pour qui ils auraient tous les deux pu tout faire. Lucrezia. Il avait besoin de savoir ce que pensait son cadet des récentes fiançailles de sa jumelle et, si les cousins n’avaient jamais été particulièrement proches, il espérait que leurs avis concordent sur l’avenir de Lucrezia. Elle ne pouvait pas épouser Erebe. Ni qui que ce soit d’autre, d’ailleurs. Mais en tout cas pas lui. Il n’était pas digne d’elle et jamais elle ne parviendrait à un mariage heureux si elle était forcée de lui accorder sa main. Cette simple idée rendait Blaise fou et l’impatience de voir son cousin arriver calmait difficilement la rage qu’il avait ressentie quand on l’avait mis au courant de ces fiançailles. Si la possibilité de parler de tout ça avec Anton avait vaguement traversé l’esprit de Blaise, il l’avait bien vite abandonnée. En effet, l’aîné de ses cousins avait le don pour toujours se mettre contre lui et ce quelque soit son avis. Ainsi, il aurait été possible qu’il mette derrière lui le bonheur de Lucrezia par simple rivalité, par simple esprit de contradiction, refusant ainsi d’être pour une fois du même avis que son cousin. Néréo était plus juste, plus réfléchi et Blaise avait ainsi plus de chances de parler avec la voix de la raison qu’avec celle de la rivalité.
Blaise fût profondément content de la surprise que provoqua sa venue chez son cousin. Il avait toujours aimé les entrées triomphales, se pointer là où personne ne l’attendait. Cela avait tendance à flatter son égo. Et Dieu seul savait combien Blaise adorait tout ce qui pouvait flatter son égo. « Un problème Blaise ? » Il fronça les sourcils. Oui. Un problème. Et de taille. Un problème qui empirait plus les jours passaient et les fiançailles se rapprochaient. Blaise tourna sept fois sa langue dans sa bouche. Il cherchait le meilleur moyen d’aborder le sujet avec son cousin mais peinait relativement à trouver ses mots. Les choses étaient compliqués car il ne voulait pas faire naître un quelconque doute en Néréo quant à une relation malsaine susceptible d’exister entre lui et Lucrezia. Pas faire naître une quelconque suspicion de jalousie. Alors, mieux valait-il réfléchir, surtout devant un Serdaigle érudit comme son cousin. « Si t’es venu pour faire de sales réflexions, je te conseille de faire demi-tour. » Blaise soupira et leva les yeux au ciel. Avant de tiquer et de rétorquer. « Tu penses vraiment que je me serais taper les mille trois cent quarante-cinq marches du château rien que pour venir te faire chier ? » Il avait volontairement accentué le nombre de marches, en bonne drama queen qui se devait de toujours être dans l’exagération. « Vain Dieu, Néréo… ça te semble si peu probable que je monte te voir pour une bonne raison ? » Il fronça à nouveau les sourcils, passa une main sur son visage tout en cherchant un moyen d’aborder la vraie raison de sa venue. Il redressa ensuite son regard et défia son cousin du brun de ses iris, plus déterminé qu’à l’accoutumée, ce qui pouvait même avoir pour résultat de surprendre Néréo qui n’avait pas l’habitude de voir son cousin aborder des discussions sérieuses.
« Bref. Passons-en aux faits. On peut enterrer la hache de guerre le temps d’une soirée ? Faut qu’on parle. » Il se serait bien assis devant un café pour aborder les choses, mais les couloirs n’étaient pas aussi cosy que les cafétérias des lycées moldus. Blaise croisa les bras sur sa poitrine. « Erebe… c’est de la connerie. » Il laissa un instant à Néréo pour saisir de quoi il s’agissait. « Et ce que je peux connaître ton avis au sujet de ces fiançailles grotesques ? » Sa curiosité, l’air sérieux de son visage ainsi que la raideur de son corps n’auraient supporté de réponse en désaccord avec son opinion. Mais avec ses cousins, Blaise ne pouvait jamais être sûr de rien. Et Néréo ne ferait peut-être en ce jour pas exception à la règle.




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Parler à Blaise ainsi, en tête à tête, était quelque chose d'extraordinaire. Si la tête de son cousin n'avait pas été aussi critique, il serait sans doute parti chercher un calendrier pour marquer ce jour dans les annales. A l'esprit, il ne commençait à avoir que des phrases ironiques, ça le faisait doucement rire de le voir là. Avait-il besoin de Néréo ? Là, on aurait réellement assisté à une première planétaire. Il garda pourtant son sarcasme pour plus tard, se disant que demander à Blaise de péter un bon coup n'aurait sans doute pas résolu le problème pour lequel il était venu. N'empêche qu'il avait l'air tendu. Et c'était plus pour se détendre et se rassurer que Néréo ne prenait pas sa venue au sérieux. En fait, il préférait en rire plutôt que de se dire qu'il se passait quelque chose de grave. « Tu penses vraiment que je me serais taper les mille trois cent quarante-cinq marches du château rien que pour venir te faire chier ? » Non, ce n'était pas grave, autrement, il ne passerait pas par quatre chemins et ne ferait pas languir Néréo ainsi. Il aurait balancé le morceau à peine Néréo eût-il été sorti. « T'as eu le temps de les compter ? Y en a vraiment qui n'ont rien à faire de leurs journées. » Promis, il allait écouter à partir de maintenant et le laisser parler. Pour une fois qu'il obtenait l'avantage de la conversation face à son cousin, il avait du mal à laisser passer ça. « Vain Dieu, Néréo… ça te semble si peu probable que je monte te voir pour une bonne raison ? » Accouche. Il se contenta d'hausser les sourcils. Oui, c'était plus qu'étonnant. Et s'il était venu uniquement pour lui faire perdre son temps et continuer à le faire tourner en bourrique, Néréo n'aurait aucun état d'âme à le renvoyer dans les cachots des serpentards. Malgré les mimiques décontractées du serdaigle, Blaise conservait son air si sérieux et pensif, ça devenait de plus en plus intrigant. Les couloirs étaient vides, il n'y avait qu'eux deux. Quelque part, le silence qui s'installa le temps que Blaise reprenne la parole eut quelque chose de solennel. Comme si Blaise avait besoin d'un temps de réflexion. Néréo hocha la tête. Il était prêt à se taire si c'était pour écouter quelque chose de censé, d'intéressant, et surtout d'important. Enfin, il n'eut plus à attendre, son cousin évoqua la raison de sa venue. Erebe. Le regard chocolat de l'aigle se planta alors dans ceux, vicieux, du serpent. Le vice pourtant ne s'y trouvait plus. Néréo voyait de la détermination et peut-être même, le plus apparent, de la répulsion. Comme lui, il portait en horreur cette annonce de fiançailles. Néréo n'aurait pas pu être plus heureux de cette nouvelle, enfin un terrain d'entente entre les deux branches Zabini. Il ne serait pas seul dans sa lutte contre cet engagement. Il savait que face à Lucrezia, seul, il n'aurait rien pu faire si elle avait accepté l'union, elle lui en voulait encore d'avoir accepté ceux avec Perséphone. En revanche, si Blaise s'y mettait aussi, alors elle n'avait plus d'appui, plus de pilier. Ça l'étonnait tout de même que Lucrezia soit si encline à obéir à Amadi. Sûrement Anton n'y était-il pas allé de main morte, sûrement lui avait-il fait comprendre qu'elle n'avait pas le choix. Ça passait toujours mieux, quand c'était Anton.

« Grotesque. T'as trouvé le bon mot oui. » Il ne savait pas quoi lui répondre d'autre. Il était partagé. Il était toujours partagé en ce moment. Entre ce qu'il pensait et ce que pensait son père. Il ne pouvait pas aller à l'encontre des décisions d'Amadi sans qu'il n'y ait des conséquences. Il avait tous les pouvoirs, il lui semblait intouchable. Mais comment ne pas avoir envie d'envoyer en l'air ces vulgaires promesses quand on lui annonçait que sa soeur allait finir ses jours avec un tortionnaire. Il était le premier à n'avoir aucune pitié contre les né-moldus, néanmoins, il n'était pas un extrémiste. Il ne pouvait pas laisser sa soeur au bras d'un mangemort aussi radical. Erebe était plus vieux, il avait plus d'expérience, il avait combattu lors de la guerre. Ces marques-là, ça reste, ça s'imprime. Il était probablement tourmenté, probablement déphasé. Le doute planerait alors continuellement sur le bonheur de Lucrezia, et surtout, sur sa sécurité. Dans sa tête, il la voyait déjà couverte d'ecchymoses. De tous les arrangements que son père avait pu trouver, pourquoi celui-ci ? Détestait-il Lucrezia à ce point ? Et lui qui lui assurait quelques mois auparavant qu'il faisait tout pour les protéger, parce qu'il les aimait. « On peut pas laisser passer ça, pas vrai ? Mais le seul qui peut avoir un impact assez fort, c'est Anton. Et Anton approuve. » Le décalage semblait plus visible que jamais entre les jumeaux et leur aîné. Il y avait des liens qu'il ne comprendrait jamais. Des liens qu'il ne pouvait même pas imaginer. Lucrezia et Néréo, ça dépassait la protection, ça dépassait l'affection. Ils étaient l'un, ils étaient l'autre. Protéger Lucrezia, c'était se protéger lui-même. « Mais je la laisserai pas partir avec un type pareil. Je sais que tu me vois comme un fils à papa qui dit amen à toutes les décisions patriarcales. Mais là, ça dépasse tout entendement. » Et ils étaient bloqués là, dans cette école, sans possibilité d'en discuter avec Amadi. Sans pouvoir rendre visite à Mona, l'avertir de tout ce cirque. La mère de famille n'approuverait sans doute pas, elle tenait trop à sa seule et unique fille. Une lettre ? Ça restait une solution, en attendant. Mais rien ne lui garantirait qu'elle arriverait à destination, qu'elle serait bien comprise, qu'il arriverait à bien exprimer les problèmes qui se posaient dans ces fiançailles. Néréo était bien meilleur narrateur qu'orateur, mais ce conflit nécessitait plus que des mots, il fallait un ton, des airs. Il fallait être à plusieurs. « Parmi le nombre de familles de sang pur, pourquoi a-t-il fallu que ce soit un Shafiq ? Je hais les Shafiq. » Il ignorait quelle était la position de Blaise face à Alcyone. Mais même la jeune femme, Néréo avait du mal à la supporter, elle entraînait toujours Lucrezia dans des tribulations infernales.

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⚜️ Blaise & Néréo ⚜️

Le monde tournait à l’envers ; peut-être tournait-il enfin à l’endroit ? Deux cousins qui se parlaient pour la première fois. La première fois depuis des années. La première fois depuis des lustres. Il était loin le temps où Blaise et Néréo jouaient avec Anton et Lucrezia dans la cour. Il était loin le temps où l’insouciance suffisait à guider leurs pas dans le manoir Zabini, dans ses alentours ; ce manoir où leur enfance s’était envolée au fil des ans ; au cours du vent. Tout ça était tellement loin que Blaise peinait sérieusement à se remémorer de la dernière fois où il avait échangé plus que de brèves politesses avec son cadet. Le ton de Blaise était déterminé : un brin trop sec pour contraster harmonieusement avec son sarcasme habituel.
Ils n’avaient pas le droit.
Lucrezia ne devait pas épouser Erebe.
Si Blaise avait toujours compris pourquoi le temps l’avait éloigné d’Anton, la chose était toute autre avec Néréo. Mais voilà qu’enfin il comprenait. Sa condescendance et la manière qu’il avait de ne jamais le prendre au sérieux lui tapaient sur le système. Si Anton était issu d’un tout autre moule, était d’une toute autre trempe et qu’il prenait plaisir à toujours confronter son cousin ; Néréo était plus malin. Il se débrouillait pour toujours montrer à Blaise sa supériorité, menait une guérilla interminable pour les beaux yeux de Lucrezia. « T'as eu le temps de les compter ? Y en a vraiment qui n'ont rien à faire de leurs journées. » Et encore. Encore une fois. Blaise roula des yeux. Néréo avait ce besoin irrépressible d’être toujours tranchant alors que de son côté ; Blaise se contrefichait de son existence. Mais il ne s’agissait aujourd’hui pas de d’eux.
Il s’agissait de Lucrezia.
Et tout était bon pour la sauver des griffes d’Erebe.
Le sujet n’était pas évident à aborder. La vipère savait pertinemment que sa relation avec sa cousine avait le don d’agacer Néréo. Et si seulement il avait eu un soupçon de doute sur la véritable nature de cette relation ! Blaise savait que, le jour venu, il avait meilleur temps de courir très vite. S’il ne craignait pas Anton ; on lui avait toujours conseillé de se méfier de l’eau qui dort. Et Néréo représentait à merveille cette métaphore. De plus, les quelques centimètres qu’il avait de plus que Blaise accompagnés de son ingéniosité étaient  certainement suffisants pour qu’il prenne l’avantage. Blaise le savait pertinemment. Ainsi, il ne laissait rien paraître, se contentait de feindre une inquiétude sincère ; le plausible souci qu’il était légitime de se faire pour un cousin.
Blaise en vint aux faits et il lui semblait recevoir toute l’attention de son cousin.  Au regard inquisiteur de celui-ci, il comprit que leurs avis sur les fiançailles de Lucrezia ne devaient pas être trop différents. Comment auraient-ils pu l’être ? Erebe n’avait rien d’un homme digne de la belle métisse. Il était violent et sadique.
Lucrezia était fragile.
Elle était belle. Elle était sienne.
Si Néréo n’avait pas été de son côté ; il n’y avait nul doute que Blaise se serait débrouillé pour se débarrasser d’Erebe à sa manière. Et pas sûre que celle-ci aurait plu à Amadi. Et qu’est-ce que Blaise pouvait avoir de rancœur envers son oncle aujourd’hui. Une rancœur qui ne cessait de croître au fil des jours. Premièrement, il lui avait volé Perséphone en la fiançant à son cadet et voilà qu’il lui subtilisait également sa Lucrezia. Non, Néréo se devait d’être de son côté ; tous deux se devaient de se serrer les coudes.
Il n’y avait pas d’autre option.
Ils n’avaient pas d’autre choix.
« Grotesque. T'as trouvé le bon mot oui. » Blaise inclina la tête de bas en haut en fronçant les yeux pour montrer son soulagement sur un sujet qui pourtant lui semblait limpide. Il fût sincèrement rassuré que Néréo ne joue pas encore de leur rivalité pour lui tenir tête sur un sujet si important. Blaise et Anton avaient toujours été forcés de montrer au grand jour leurs idéaux ; ce qui n’avait pas toujours été le cas pour Néréo qui, étant le plus jeune, parvenait à parfois à passer entre les mails du filet. Il ne portait pas le poids de l’héritage ; tout du moins beaucoup moins, mais Blaise était persuadé que son avis lorsqu’il s’agissait de l’avenir de sa sœur saurait peser dans la balance. A deux, ils avaient peut-être un espoir de faire pression sur Amadi et qui sait, peut-être Anton se joindrait-il à leur cause. « On peut pas laisser passer ça, pas vrai ? Mais le seul qui peut avoir un impact assez fort, c'est Anton. Et Anton approuve. »  Non, Anton ne se joindrait pas à leur cause. Blaise soupira fortement dans une mimique d’agacement et haussa un peu le ton ; non, tout ça n’était même pas envisageable. « Non mais je m’en tape de ce que pense Anton, on peut mettre Anton de côté un instant ? Je ne peux pas laisser Lucrezia entre les mains de ce connard… » Blaise eu une légère hésitation, rattrapa bien vite son erreur« on ne peut pas laisser faire ça. » et Néréo semblait d’accord. « Mais je la laisserai pas partir avec un type pareil. Je sais que tu me vois comme un fils à papa qui dit amen à toutes les décisions patriarcales. Mais là, ça dépasse tout entendement. » Un sourire mauvais se dessina sur le visage de Blaise. Il n’avait pas besoins des justifications de Néréo ; il avait besoin qu’il fasse équipe, ce qu’il pensait de lui n’avait aucune importance. « Au moins, ça a le mérite d’être clair. » Un petit rire s’échappa de ses lippes. Blaise ne parvenait pas à ne pas piquer son cousin. Leur relation était conflictuelle depuis trop longtemps pour qu’il ne parvienne à tenir une conversation sérieuse sur plus de quelques minutes.
Il reprit vite son sérieux. « Parmi le nombre de familles de sang pur, pourquoi a-t-il fallu que ce soit un Shafiq ? Je hais les Shafiq. » La vipère fût rassurée que son cousin ne lui tienne pas rigueur de son débordement. « Les Shafiq n’ont pas tous été dressés dans le même moule. » Ainsi, il sous-entendait qu’Alcyone n’avait rien en commun avec la bêtise de son aîné. Son amie était une personne que Blaise estimait énormément ; ce qui n’était pas son avis sur Erebe. « T’as une idée de ce qu’on peut faire ? » Il scruta un instant les environs pour être sûr que personne ne soit dans les parages. « Je suis prêt à tout pour trouver une alternative. » Son regard se flouta. Blaise devint hésitant. « Tu connais l’avis de ta sœur au sujet de ces fiançailles ? Je ne lui en ai pas encore parlé, j’ai trop peur de m’emporter. Je l’ai toujours considérée comme ma petite sœur. C’est hors de question qu’elle épouse Erebe.  Je suis même prêt à le tuer, si c’est la seule solution. Mais pour ne pas en arriver là, j’ai besoin de toi. On ne peut qu’admettre que t’as toujours été doué pour trouver de bonnes idées. » Et ça lui coûtait. Ô combien ça lui coutait de dire ça. Mais s’il voulait obtenir la confiance de Néréo ainsi qu’une alliance avec celui-ci, il devait accepter d’admettre ce qui était.
Néréo avait toujours été plus intelligent que lui.


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Il avait l'impression de ne gérer que des crises familiales. Oui, cette année ressemblait à un grand bouleversement Zabini, comme si Amadi avait soudain pris conscience de leur âge qui devenait avancé, comme s'il s'était soudain réveillé d'une longue torpeur de réflexion. Les décisions fusaient de toutes parts, n'attendant plus qu'un nouveau matin pour balancer sa nouvelle prise de conscience. Néréo avait beau suivre à la lettre les recommandations de papa, il n'avait pourtant aucun poids, il pouvait bien faire entendre son opinion, ça ne garantissait en aucun cas qu'il serait écouté, pire encore, il savait qu'il aurait tout autant pu être muet que ses dires auraient eu le même impact. Il voulait bien laisser Anton de côté - leur aîné n'aurait de toute façon pas eu le moindre geste de compassion pour la cause que menaient désormais les deux cousins - mais il leur fallait alors trouver un moyen détourné pour parvenir à leurs fins. Néréo, pour l'instant, n'en voyait aucun, et il se demandait bien si son cousin, lui, avait plus d'idées qui lui traversaient la tête. La seule chose qu'il voyait, là tout de suite, c'était de pouvoir renvoyer Erebe à Azkaban. L'homme venait tout juste de sortir de prison et jouissait alors de ses premiers mois à l'air libre, il se doutait donc que la vengeance de ce dernier serait des plus terribles le jour où il sortirait de sa deuxième condamnation, et il n'était pas sûr d'avoir vraiment envie de faire face à une telle furie. Mais quel autre chose leur restait-il ? Il leur fallait - par quelque moyen qu'il fût - balayer Erebe de leur paysage, et ce, pendant tout le temps qui serait nécessaire pour qu'Amadi juge qu'un Shafiq n'était pas digne de sa fille. Car Néréo restait sur sa position, Alcyone avait beau être appréciée de beaucoup, lui ne pouvait supporter la frivolité qui se dégageait de sa personne, et il était presque persuadé que c'était le cas de toute sa petite famille. La prison n'était pas envisageable non, et puis le tuer était sans doute la pire idée qu'on eût pu avoir pour aboutir à leurs fins. Beaucoup trop radical, beaucoup trop dangereux pour eux. Non, il suffisait seulement que le père de famille se rendît compte de l'absurdité de tout ça, et de l'incapacité d'Erebe à faire remonter la famille Zabini dans l'estime des autres importantes familles sorcières. Néréo en était persuadé, si Amadi avait choisi de la marier à un Goyle, un Crabbe ou même un Yaxley, tout du moins de ces familles qui se revendiquaient haut et fort de Voldemort, il aurait fait alors bien meilleure affaire que celle-ci.

Néréo se torturait l'esprit. Dans cet espace sombre qu'étaient les grands couloirs à cette heure tardive, il se permit de s'appuyer contre le mur, croisant ses bras de cette allure sévère et sérieuse. Les mots de son cousin le flattaient au plus haut point, et il n'aurait jamais deviné que cette soirée eût été si étrange, de par l'existence de cette conversation et de par la tournure qu'elle prenait. Mais c'était sur lui que Blaise reposait ses espoirs de pouvoir éviter à tout prix les fiançailles. Néréo restait d'ailleurs sceptique, il savait son cousin extrêmement proche de sa soeur, mais au point d'être si inquiet pour elle, voire même peut-être plus concerné que lui-même, son frère jumeau, le serdaigle en était tout étonné. Il aurait bien voulu un jour comprendre quel était ce lien si fort qui avait lié les deux Zabini. « Dans ce cas... Dans ce cas il n'y a qu'une chose à faire, pourrir sa réputation. » Il avait fini par apprendre comment tout fonctionnait dans ce monde élitiste. Faites de bonnes actions et vous serez récompensés ; trahissez les autres et regardez-vous plonger en chute libre dans une déferlante d'injures et de calomnies. Erebe devait devenir cet être abject, rejeté de ce monde si privilégié, c'était là leur seule solution. « Il faut le piéger, qu'il défraye la chronique, qu'on ne parle que de lui en tant que fardeau et honte. » Alors, il ne serait plus ce garçon si prisé par Amadi, au contraire, il le haïrait, l'abhorrerait. Finies les fiançailles, finies les promesses de mariage, finis les arrangements. Mais le plan était bien trop frêle, en fait, il n'y avait toujours pas de plan. Comment se débrouiller pour en arriver là ?

Déjà, il leur fallait rester discret, car si Anton les surprenait à comploter, il saurait que quelque chose se tramait et tout tomberait à l'eau. Ensuite, ils avaient conscience qu'ils pouvaient utiliser Lucrezia, car la jeune fille était sans doute contre le fait d'être vendue au premier venu comme un vulgaire morceau de viande, quoiqu'il n'en eût pas encore parlé à sa jumelle. « Je ne sais pas ce qu'elle en pense, mais je ne peux que trop bien le supposer. Elle ne voudra pas de tout ça, bien sûr. N'est-ce pas ? » Lucrezia était surprenante, mais pas au point de soudainement suivre les recommandations de son père. Ou alors, qu'on le donne à manger à un chien à trois têtes ! Sa soeur avait toujours été anti-patriarcale et ce, depuis sa plus tendre enfance, il était convaincu que rien ne pourrait la faire changer d'avis aujourd'hui, pas même le fait d'être mariée au frère de l'une de ses meilleures amies. Il avait bien vu quelle avait été sa réaction quand elle avait appris que Perséphone était en effet, elle, bel et bien fiancée au frangin de sa plus proche amie. Son avis là-dessus ne pouvait avoir changé en si peu de temps. Il leur fallait un scandale. Une annonce qui ferait vibrer Poudlard et Pré-au-lard, voire même tout Londres, en un rien de temps. « On organise une rencontre entre Lu et le Shafiq. A l'issu de ça, il suffirait que Lucrezia raconte qu'il avait été trop avenant, que la patience n'était pas son fort, qu'elle avait cru atterrir dans son lit le soir même, pour que les doutes commencent à planer. » Et là, clou du spectacle, le Shafiq serait radié de toutes listes lui offrant une compagne de choix.

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Blaise Zabini
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⚜️ Blaise & Néréo ⚜️

Continuellement, Blaise comparait les récentes fiançailles de sa cousine à la douce métaphore d’une hirondelle qui prenait son envol. Néanmoins, cette image le révulsait. Lucrezia n’était pas hirondelle. Quand Diable seulement l’avait-elle été ? Sa cousine avait toujours eu une facilité déconcertante à le pousser dans ses plus sombres retranchements, à réveiller ses plus vives colères, à débloquer toutes les inhibitions durement acquises grâce à son éducation. Elle avait toujours été ce qu’il y avait de pire en lui ; ses désirs interdits, ses plaisirs coupables. Elle avait éveillé les feux de ses enfers. Néanmoins, Blaise se devait d’admettre qu’elle était également ce qu’il y avait de meilleur en lui. Elle lui avait appris à aimer. Vraiment. Sincèrement. Démesurément. Elle lui avait appris la tendresse, la passion. Elle lui avait montré la vie au moment même où elle l’avait condamné à mort.
La damnation n’avait jamais eu de saveur plus exquise que lorsqu’il avait été dans ses bras.
L’hirondelle avait tué la vipère. Elle lui avait ôté une partie de lui. De son âme. Elle avait pris avec elle ses espoirs, ses rêves d’avenir. Si Blaise refusait catégoriquement que les fiançailles de sa cadette avec une ordure telle qu’Erebe aient lieu, l’annonce de celles-ci lui avait fait prendre conscience d’une chose ; leur mascarade avait assez duré, ils se devaient de cesser cette terrible comédie. Leurs ébats devaient devenir un lointain souvenir ; ils se devaient de clore ce chapitre de leurs vies. Après tout, ils avaient tous les deux toujours su que cette histoire ne les aurait mené nulle part. Simplement, aujourd’hui se retrouvaient-ils amèrement confrontés à leur inévitable destinée.
Et quelle terrible tragédie ! Parmi tous les sangs-purs qu’ils avaient pu côtoyer, voici qu’Amadi avait sélectionné le pire. Blaise se souvint alors des rumeurs d’un baiser entre son meilleur ami et Lucrezia, à bien y réfléchir il aurait mille fois au moins préféré voir sa cousine au bras de Qentrys Goyle que d’Erebe Shafiq.
Une lumière sembla s’éveiller dans son esprit.
Si Néréo ne trouvait pas de solutions ; voilà qu’il en avait une toute faite, et ce, même si celle-ci était bien loin de lui plaire. Ils n’avaient qu’à trouver un remplaçant à Erebe. Le présenter à Amadi d’une seule et même voix. Et prier ensuite pour que celui-ci accepte de revenir sur sa décision, de pratiquer un échange. Et, au grand regret de Blaise, Qentrys était le candidat idéal. Après tout, son meilleur ami lui en devait bien une. Autrefois, il lui avait sauvé la vie, aujourd’hui peut-être serait-ce à lui de sauver celle de sa cousine. Blaise priait cependant pour que son cousin lui propose une autre solution, ait une idée plus lumineuse. Car il n’était pas sûr de pouvoir supporter de voir la femme qu’il aimait au bras de son unique, et meilleur, ami.
Non, décidemment, bien que l’idée lui semblait bonne, il se garderait bien de l’énoncer jusqu’à quelconque autre proposition de son cousin. Blaise ne souhaitait pas qu’ils optent pour cette solution. Néréo semblait pensif, lui aussi, ce qui attisa la curiosité du Serpentard. Leur situation était-elle réellement à ce point désespérée pour que l’érudit Serdaigle ait besoin de tant de temps de réflexion ? Ne pouvait-il pas simplement lui servir la solution sur un plateau d’argent ? Un instant, il regretta ses flatteries. A quoi bon flatter l’égo de son cousin s’il n’était même pas capable d’éviter le pire drame de l’histoire de toute la lignée des Zabini ? S’il n’était pas capable de sauver sa propre sœur ?
Enfin, Néréo prit la parole, se mouilla en proposant une solution. Blaise fût profondément fier qu’il se joigne à lui. Pour l’une des premières fois de sa vie, il prenait le temps d’estimer son cousin et de lui accorder toute son attention.
« Dans ce cas... Dans ce cas il n'y a qu'une chose à faire, pourrir sa réputation. Il faut le piéger, qu'il défraye la chronique, qu'on ne parle que de lui en tant que fardeau et honte. » Blaise se pinça les lèvres. Il avait perdu Néréo au moment même où il avait parlé de défrayer la chronique. S’il n’était pas bête, il avait de la peine à saisir quelle plus grande honte qu’Azkaban il fallait à Amadi pour refuser de donner sa fille en fiançailles au premier venu. « Wow. Wait. Je ne suis pas sûr de comprendre là où tu veux en venir. Enfin si, à moitié. Cependant, je ne vois pas vraiment comment on pourrait faire ça. Votre père a déjà accepté de la fiancer à un ancien taulard, quel plus grand déshonneur pourrait l’amener à refuser de lui offrir Lucrezia ? » Malheureusement c’était un problème de taille et bien que Néréo lui confirmait que sa sœur n’acceptait pas ces fiançailles de bon cœur, il avait peur que cette stratégie ne soit pas suffisante. Il sembla que Néréo saisit son embarras, car il étoffa sa proposition. « On organise une rencontre entre Lu et le Shafiq. A l'issu de ça, il suffirait que Lucrezia raconte qu'il avait été trop avenant, que la patience n'était pas son fort, qu'elle avait cru atterrir dans son lit le soir même, pour que les doutes commencent à planer. » Blaise aurait aimé lui dire que si l’idée était bonne, il n’y avait pas besoin que la rencontre se fasse réellement. Que c’était bien trop dangereux. Que Lucrezia aurait pu se contenter de calomnier ce tissu de mensonges sans avoir à être confrontée au Diable en personne. Néanmoins, il se garda bien d’émettre des réserves. Ils n’avaient plus le temps pour ça ; ils devaient sauver Lucrezia. Il toisa son cousin du regard dans un accord entendu. « Je pense que ça vaut le coup d’essayer. Dès demain, faudrait qu’on en parle à ta sœur. Faut pas que ça tarde, le temps presse. » Il marqua une brève hésitation. « Et surtout. Surtout. Faut qu’on fasse front commun. Qu’on la soutienne dans ses dires et que ce soit crédible. Faut qu’on la sorte de là. » Il tendit une main assurée à son cousin, dans l’intention de sceller un pacte qu’ils ne sauraient trahir. « Marché conclu ? » La balle était à présent dans le camp de Néréo.
Quelques secondes plus tard, incapable d’ôter cette idée de sa tête, Blaise ajouta. « Et vu que tout bon plan A mérite un excellent plan B, j’ai peut-être une seconde idée, de mon côté... »  Incapable de savoir si cette idée plairait à son cousin ou non, il se devait d’essayer. « Tu penses quoi de Qentrys ? » Blaise soupira un peu fortement, exaspéré d’avoir vraiment à proposer cette solution, d’être vraiment entrain de le faire. « Il a une dette envers moi… et votre père n’aurait aucune raison d’être contre cette proposition. » Le regard de Blaise se plongea à nouveau sérieusement dans celui de son cousin. « C’est un bon parti, après tout. »
Il n’en revenait pas d’avoir dit ça, d’avoir émis la possibilité que.
Il avait perdu la main, ses cartes étaient jouées.
Il avait perdu Lucrezia à jamais.
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Néréo laissa le temps à Blaise d'assimiler son ébauche de plan. En soit, il n'en était pas tellement fier. Piéger ainsi quelqu'un, à sa sortie même du lieu le plus lugubre de tous les temps. Utiliser quelqu'un d'autre pour arriver à ses fins, au lieu de s'en charger lui-même. Réaliste, il l'était l'aigle, il savait bien qu'il n'aurait aucun poids. Il semblait risible qu'il se pointât devant Erebe en lui demandant, si ça ne le dérangeait pas, de bien vouloir annuler les fiançailles qui lui apporteraient cette crédibilité qu'il avait perdue pendant ses années de détention. Les fiançailles qui lui donneraient la fille la plus formidable qu'il eût jamais connue, belle, intelligente, téméraire. Les fiançailles qui le remettraient sur les rails d'un chemin bien moins controversé que celui qu'il avait suivi jusqu'ici. Autant demander à un bon vivant de se tuer, pour sûr que la réponse de l'homme serait un non pointé et qu'il rirait à la figure de Néréo et même de Blaise.

Il y avait urgence, l'anglais en avait conscience, alors il était soulagé que le plan convînt à son cousin et qu'il fût d'accord pour en parler à Lucrezia le plus rapidement possible, ce fut même lui qui proposa de ne pas attendre. Nul doute que les deux compères d'un jour joueront eux aussi un rôle dans toute cette machination, déjà parce qu'ils en étaient la tête pensante, mais aussi parce que la Zabini aurait besoin d'un peu de renfort pour appuyer ses dires et se faire entendre par Amadi. Il faudrait beaucoup de conviction pour lui faire avaler cette sordide histoire mais ils sauraient se montrer convaincants. Après tout, il en valait de l'avenir de la jolie brune, et si celui-ci ne dépendait que des talents d'acteur de ses deux plus proches connaissances, elle pouvait sans aucun doute compter sur eux.

Après ses idées, Néréo était tout ouï pour entendre ce fameux plan B auquel Blaise avait pensé. Il devait bien y avoir mille autres façons de procéder pour agir au plus vite, mais dans la précipitation, il était compliqué d'avoir les idées claires pour réfléchir à autre chose. Au départ, le Zabini ne voyait pas très bien où le serpent voulait l'amener. Qentrys ? Il était de sa maison, un bon ami à Blaise et Lucrezia. Ils avaient bien passé quelques soirées ensemble. Il ne comptait pas parmi les plus proches amis de Néréo, c'était le cas de le dire, il était à mettre dans le même sac que Perséphone et Blaise, sans nul autre doute. Il ne voyait pas bien ce qu'il venait d'ailleurs faire dans leurs manigances. Il préférait qu'une tierce personne ne vînt pas compliquer le tout : plus de gens seraient au courant de la supercherie, plus grand serait le risque que quelqu'un finît par vendre la mèche.

Néréo écouta tout de même la fin de l'explication de Blaise, peut-être y avait-il autre chose à entendre après tout. Jusque là, il ne rapprochait toujours pas le serdaigle avec cette histoire, et Blaise semblait tourner anormalement autour du pot. Quelle pouvait être cette si brillante illumination pour qu'il n'osât pas l'exposer franchement devant son cousin ? Mais il n'eut pas à attendre bien longtemps encore : trouver un autre fiancé à Lucrezia. Ce n'était, en soi, pas une mauvaise idée. Si Amadi devait abandonner l'idée de promettre la jeune fille à Erebe Shafiq, alors il se mettrait en quête d'un autre parti. En le lui servant sur un plateau d'argent, ils s'évitaient alors une deuxième proposition des plus inadéquates pour Lucrezia et évitaient de se retrouver de nouveau dans cette situation.

Mais Qentrys ? Il restait silencieux. Il y avait certainement pire, mais l'idée qu'on refusât une émancipation à sa soeur lui était assez douloureuse - car il avait cette horrible impression que ses fréquentations l'emprisonnaient, la retenaient prisonnière de la jolie personne qu'elle aurait pu être sans eux. C'était l'empêcher de grandir. L'empêcher de changer. C'était avouer que Néréo n'aurait jamais gain de cause, à la pousser à prendre ses responsabilités. Mariée à son ami, elle n'aurait nul envie ni besoin de faire de son mieux pour prouver des choses, elle n'aurait même rien à prouver du tout. « Je ne sais pas, Blaise. » Lui-même était fiancé à Perséphone désormais, le petit groupe resterait uni, soudé. Joie et bonheur. Il ne cachait pas sa mine renfrognée le préfet, il aurait aimé un autre nom dans l'esprit de son cousin. « Si c'est vraiment la seule solution. » Après tout, il n'avait pas de meilleure idée, et il n'aurait pas la vie pour y réfléchir. « Tu me promets qu'il prendra soin d'elle ? » Il avait toujours cru que ses amis la mèneraient à sa chute, raison pour laquelle il s'en était volontairement tenu éloigné, pensant qu'un jour elle comprendrait, pensant qu'un jour elle finirait par leur tourner le dos, suivant son frère dans ses choix. Il avait toujours voulu s'inscrire en modèle pour elle mais avait échoué lamentablement. Il n'avait rien d'un leader : ni la carrure, ni l'ambition d'ailleurs.

« Finalement, je crois que j'aurais encore préféré que ce soit toi plutôt qu'Erebe ou Qentrys. » Après tout, il faisait partie de la famille. Il avait beau être suffisant et désagréable au possible, il avait beau toujours vouloir montrer sa supériorité, Blaise connaissait les valeurs des Zabini. Il ne valait peut-être pas mieux que les deux autres mais il avait au moins le mérite d'avoir intégré cette importance au cours de sa vie. De nos jours, plus personne ne portait allégeance à la famille à la couleur d'ébène. Ils s'étaient fait prendre pendant la guerre, ils n'avaient plus aucune crédibilité, plus personne pour les soutenir. Ils étaient seuls. Et là était la raison pour laquelle il était si difficile de trouver la bonne chaussure au pied de Lucrezia.

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