Mud Blood in our veins, demons stuck inside our blood ✧ Ash

Beau et jeune garçon qui nous vient tout droit de Poudlard pour entamer sa cinquième année au collège. Il est né à Camden, Londres en ce beau jour qu'était le 14 mars 1983 en tant que né moldu ; à présent il vit à Camden, Londres. Il est plutôt loyal, cassant, impulsif, tenace, sportif, méfiant, mais aussi distant, râleur, résilient, autonome, amorphe, peu exigeant avec les autres mais aussi avec lui-même, se laisse aller, détaché de tout. Jusqu'à maintenant, son niveau scolaire s'est révélé être exécrable. Il s'est procurée une baguette faite en bois de frêne, bois reconnu pour sa loyauté, mesurant 31 cm et contenant un crin de licorne. Elle a cependant été brisée par les mangemorts, il possède désormais une baguette faite en bois de saule, mesurant 25 cm et contenant une plume de phénix. Avec cette baguette, il lui est impossible de créer un patronus - le sien aurait pris la forme d'un scorpion. La vision qu'il a eu face au miroir du risèd : lui en train de signer un contrat en tant que joueur professionnel à Chelsea - chose qui n'arrivera jamais à cause de ces années perdues à Poudlard plutôt qu'à s'entrainer . Mais la vie n'est jamais entièrement rose, la preuve avec les épouvantards. Un détraqueur, une machette à la main, dans son cas.

Je suis né le 14 mars 1983. Après mes 11 ans, j'ai reçu ma lettre pour entrer à Poudlard. J'y suis entré en septembre 1994, ma première année était donc 1994-1995. En 1997-1998, Voldemort a mis Rogue à la direction de Poudlard. Les nés-moldus et traitres n'y étaient pas autorisés. Cette année-là, j'étais à Azkaban. En 1998-1999, le château était en rénovation et l'école fermée. En septembre 1999, j'ai repris le cours normal de mes études, soit ma cinquième. Aujourd'hui, pour l'année scolaire 2000-2001, je suis en cinquième car j'ai redoublé.

ϟ Que pensez-vous de l'échange européen inter-écoles ? C’est pas trop un problème, mais c’pas spécialement une grande joie non plus. Les français, à la limite, ça va. Ils sont comme les britanniques, pour la plus part. C’est-à-dire qu’on y retrouve des gars bien comme de gros cons. Le souci, c’est ceux qui viennent de Durmstrang. Ils ont grandi dans une école qui n’accepte que les Sangs-Purs. Alors bien sûr qu’Ash s’méfie d’eux. Quand l’un d’eux essaye de l’aborder, il se plaque un air distant sur le visage et prend son pire accent. Celui qui mange les « t » et les « d ». Généralement, ils pigent que dalle et se taillent ; ça lui va comme ça.

ϟ Que faisiez vous lors de la Grande Bataille ? Il était à Azkaban. Il s’était fait avoir. Il n’avait pas suivi les nouvelles du monde sorcier pendant les vacances, il n’avait pas fui. Un jour, un sorcier est venu le chercher. Il a bien tenté de résister, pas assez stupide pour suivre un inconnu du ministère après les années qui venaient de s’écouler, après les persécutions qu’il avait déjà subies en tant que né-moldu. Mais le sorcier l’avait forcé ; c'est pas bien difficile lorsque l’on use de magie noire. Ash avait été jugé devant la Cour Sorcière, on l’avait accusé de voler le pouvoir de vrais sorciers. On avait brisé sa baguette de frêne, celle qui lui aurait été loyale pour toute une vie.
Alors, Ash était à Azkaban lorsque la bataille qui déciderait de son sort avait eu lieu. Il ne savait même pas que son futur était en train de se jouer et, s’il l’avait su, il s’en serait probablement moqué. Il n’avait plus la force de se soucier de quoique ce soit ; il n’avait la force que de se laisser mourir.

ϟ Avez-vous peur de perdre vos pouvoirs ? Pourquoi ? Il s’en moquerait complètement. A la limite, ça l’arrangerait bien ; il ne serait plus obligé de suivre les cours à Poudlard, il pourrait rentrer chez lui. Quoique… maintenant, c’est trop tard pour que la perte de ses pouvoirs soit intéressante. Il est trop vieux pour accomplir ses rêves de football. Il aurait dû perdre ses pouvoirs en première ou deuxième année. Pour pouvoir être sélectionné et entrainé par un club. Pour pouvoir éviter Azkaban, aussi. Maintenant… Il s’en fout. Au mieux, il pourra faire la vaisselle plus facilement que les moldus. Au pire, il retournera juste dans son monde. Ce n’est pas comme s’il allait faire une grande carrière dans le monde sorcier, de toute façon.

ϟ Quelle est votre réputation à Poudlard ? Que pensent les autres élèves de vous ?  Ash, c’est le gars du fond de la classe qui fout rien. Parfois, il arrive avec les yeux un peu trop rouge, probablement parce qu’il a trop fumé. C’est le mec qui vous distrait en cours, qui capte jamais rien parce qu’il est un peu lent mais il est sympa. C’est le gars qui semble amical avec tout le monde mais qui n’est ami qu’avec peu ; c’est qu’il semble avoir peur de se livrer avec sincérité. C’est ce bon pote avec qui on s’marre mais pas celui à qui on vient se confier. C’est le looser de l’école, à tel point que ça le rend un peu cool. On l’aime bien mais on voudrait pas être comme lui.

Cette année là... Cela faisait déjà près de quatre ans qu’Ash avait perdu foi en l’humanité. Le génocide du Rwanda dont les prémices s'étaient déclarés au Burundi, et qui avait au passage fauché la vie de son père, s’était déroulé dans l’indifférence la plus totale des sorciers. Pourtant, ce génocide avait alimenté les cauchemars d’Ash de nombreuses images. Lui qui d’habitude ne suivait pas les nouvelles, il avait écumé les journaux moldus à la recherche des listes de morts dans l’espoir de ne jamais y voir apparaître le nom de son père.

Cette année là... Les détraqueurs n’étaient jamais bien loin et les images du génocide non plus. Angoisses, peurs, crises de paniques. Vision de villages décimés, les corps laissés aux mouches dans la rue, visions de nouveaux nés égorgés, vision de multitudes de réfugiés fuyant ce qu’ils avaient toujours connu pour trouver misère et famine. Dans les cachots d’Azkaban, toute photo, tout reportage, tout article et tout sentiment qu’il avait pu lire, voir ou éprouver de 1993 à 1996 revenait constamment à l’assaut. Roulé en boule contre le mur de sa prison, il ne savait plus s’il tremblait de froid ou de peur. C’était les deux seules sensations qu’il ressentait encore. L’espoir, l’envie du futur, la combativité, toutes ces qualités qui de base ne le caractérisaient pas particulièrement, avaient désormais tout à fait disparues.

Les sorciers se croient si supérieurs, si spéciaux. C’est d’ailleurs pour ça qu’ils enferment ceux qui n’ont pas le sang assez pur et tuent ceux qui sont contre eux. Bande d’imbéciles. Cette prétention reflète à la perfection leur simple humanité. Pas mieux et pas pire que les moldus. Ils se croient terrifiants, à poursuivre les sangs de bourbe et tuer quelques centaines de résistants. Ils ne connaissent pas les génocides méthodiques des arémiens et des juifs, ils ne connaissent pas la sauvagerie des massacres à la machette des tutsi. Ils ne sont riens, les sorciers. Que des humains parmi d’autres : qui se croient meilleur, plus important et qui au nom de cette idée, tuent. Ash n’a plus peur d’eux. Il a peur de ce que l’humanité a de pire en elle, il a peur des détraqueurs qui lui font voir clairement cette facette-là de ses congénères.

Cette année là... Une année d’enfermement où le monde extérieur n’a plus d’importance. Les détraqueurs résument le monde d’Ash ; ils décident des visions qu’il aura, des angoissent qui l’empêcheront de dormir. Ash se moque de savoir si la guerre va prendre fin, s’il sortira, si des gens meurent au combat, si Voldemort vaincra. Il est déconnecté. Plus rien n’a d’importance que l’unique présent et les terreurs qu’il soulève. Qu’importe le futur si le temps est immobile. Il est resté à Azkaban pour l’éternité puisque le temps a cessé de s’écouler.

ϟ Ton pseudo : Carotte, Aguarà ϟ Ton âge : 24 d’ici quelques jours omgϟ Ton avis sur mumblemumps : c'pas trop mal  ϟ Le mot de la fin :    

D’où est-ce que tu viens ? Tu parles d’une question de merde. Pourtant avec sa peau noire, il l’avait entendue souvent. Parce qu’il ne pouvait pas vraiment venir d’ici s’il était noir, n’est-ce pas ? Ash avait pris l’habitude de répondre avec son pire accent de racaille londonienne, faisant semblant de ne pas comprendre la question. La vérité, c’était bien évidemment que sa famille ne venait pas de Londres. La mère d’Ash, Rose, était rwandaise et britannique. Le colon qu'était le grand-père d'Ash, un prêtre protestant nommé Roger, avait été envoyé au Rwanda dans les années cinquante pour donner des cours d’anglais aux enfants des belges et, par la même occasion, apporter la bonne parole à ces pauvres animistes qui peuplaient le pays. Roger avait fini par rencontrer sa femme ; une rwandaise, une Tutsi, qui faisait de son mieux pour s’en sortir malgré son éducation. À deux ils avaient mis au monde une jeune fille du nom de Rose qui avait grandi entre les manguiers et les papayes. De nombreux Tutsi quittaient déjà le pays, discriminés par leur ethnie, mais le père de Rose s’y refusait. Rose vécu au milieu de ses nombreux oncles et tantes. Lorsque sa femme mourut du paludisme, Roger finit par se décider à plier bagage et à rentrer chez lui. Londres. Un monde inconnu pour sa fille de dix-huit ans qui faillit perdre pied lorsque son père fut également fauché par une crise de malaria tardive. Elle hésita à rentrer au pays. Mais les rumeurs de discrimination ethnique continuaient d’enfler. Elle hésita assez pour se donner le temps de rencontrer ce jeune homme. Clément, qu’il s’appelait. Un burundais, un Tutsi également. Il était arrivé en Angleterre par la voie clandestine et travaillait au noir dans la construction. Il était magnifique, drôle et terriblement charmant. Rose en tomba instantanément amoureuse. A 25 ans, en 1983, elle lui donna un fils.
D’où est-ce que tu viens ? D’Angleterre, du Rwanda, du Burundi, aurait-il pu répondre. Pourtant, il citait seulement le premier pays. Les deux autres étaient les pays de la mort.

Ash ne grandit jamais réellement en présence de son père. Quelques mois après sa naissance à peine, Clément s’était fait expulser du pays, ne possédant pas de permis de séjour. À partir de ce moment, ses parents discutèrent souvent d’installer la famille au Burundi mais Rose se refusait d’installer son fils dans un pays qui oscillait entre la paix et la guerre depuis des dizaines d’années. Pas alors qu’elle avait l’opportunité de l’éduquer au Royaume Uni. Le compromis fut de profiter de chaque vacance pour aller rendre visite à son père. Pour se payer les billets d’avions, Rose dû aligner deux boulots ; femme de ménage chez des particuliers le jour, femme de ménage dans des entreprises la nuit. Elle ne dormait que durant les quelques heures entre ses shift. Ce qui fit qu’Ash ne grandit jamais réellement en présence de sa mère non plus.
Ash était confié aux voisines et voisins. Le dimanche, jour du Seigneur, était le seul où il était assuré de voir sa mère. Aller à l’église, passer la journée enfermé chez soi. Tel était le rituel. Les autres jours de la semaine, Ash les passait à traîner dans les rues avec ses voisins plus âgés. Les chavs londonien comme on les appelait. Les gars des quartiers pauvres de Londres, qui passent leur vie en survêt de sport, ceux qui communiquent en argot, avec plus d’insultes dans leur vocabulaire qu’autre chose, ceux qui restent devant la télé ou près du terrain de foot délabré. Ces chavs étaient comme ses grands frères, ils firent sont éducation et l’emmenaient partout avec. Ash deviendrait l’un d’eux. Ses premiers pas furent rapidement suivis de ses premiers coups dans le ballon. Jusqu’à ses six ans, il ne fit rien d’autre qu’apprendre à ne rien faire. Cela consistait principalement à jouer au foot, au skate ou regarder les plus âgés fumer.

À 7 ans, son professeur d’éducation physique n’y tenait plus ; il ne supportait plus de voir le talent brut d’Ash gaspillé par le milieu social dont il venait. Il prit contact avec sa mère pour lui expliquer que, en foot, Ash était bien plus avancé que n’importe quel gamin de son âge ; il fallait le mettre en club. Elle avait dit qu’elle n’avait pas les moyens. Alors, ce fut ce professeur qui lui paya les cours de foot. Deux fois par semaine et les matches le samedi après-midi. La routine du petit garçon se remplissait. Et lorsqu’il n’était pas à l’école ou au foot, il traînait dans son quartier. Il allait regarder les matches de la premier league dans les appartements encombrés de ses voisins, agitant les couleurs bleues criardes de Chelsea, son club préféré ; celui du district où il vivait.
Ses grandes vacances étaient constituées de camps de foot et d’un voyage au Burundi. Le pays de son père respirait la chaleur, le soleil et même la poussière rouge qui l’aveuglait avait l’odeur de la liberté. Pour l’enfant qu’il était, ce pays représentait le calme et la paix des vacances. Il aimait jouer au foot sur les terrains de terre battue, il aimait courir dans les champs de manioc et bousculer les bœufs endormis. Il aimait le soleil, les mangues mures, la pluie chaude. Ici, il n’était pas un futur chav, un futur adulte endormi. Il était un héros, vivant en Europe. Ce qu’il préférait était la présence de son père. Clément était toujours aussi drôle, il était un père attentif et attentionné. Il apprenait à son citadin de fils comment poussait les arachides et comment était fait le fromage de soja. Parfois, les oncles et les tantes de Rose venaient du Rwanda pour revoir leur nièce et rencontrer leur neveu. Parfois, Ash avait l’impression qu’il appartenait réellement à un groupe lorsqu’il était là-bas. Mais jamais autant que lorsqu’il chantait l’hymne de Chelsea. Alors c’est toujours avec plaisir qu’il revenait sous le ciel gris de Londres pour porter avec honneur ses t-shirts bleus au nom de ses joueurs préférés.

À 9 ans, sa vie changea. Il fut repéré par Chelsea. Chelsea. Son rêve. Le sélectionneur l’avait vu, un samedi après-midi pluvieux où il jouait dans son petit club. Il était revenu le voir la semaine suivante pour un autre match. Le sélectionneur avait vu en Ash tout ce qu’il cherchait ; le talent inné, encore brut, une futur star. Malgré qu’il habite à proximité du centre d’entrainement, Ash entra au pensionnat de Chelsea. Les entraînements s’étalaient sur toute la semaine et les matches sur tout le week-end. Il ne voyait pratiquement plus sa mère et, pour la première fois de sa vie, se disait qu’il serait peut-être différent de tous ses loosers de voisins qui l’avaient fait grandir. Il ne serait pas un délinquant de petit envergure, passant des heures étalés devant la télé, à fumer de manière aléatoire cigarette ou joint, à se nourrir de pizza et de burgers, à vivre de la sécurité sociale. Non, il serait une star. Il serait celui qui amènerait Chelsea à gagner la premier league, à gagner la Champions league. Il vivait pour et par le football. Il avait trouvé sa voie et s’y épanouissait à la perfection. Même parmi la fine sélection des joueurs de Chelsea de son âge, il montrait un talent indéniable.

1993. Il avait 10 ans. Cet été-là, il ne partirait pas au Burundi durant les vacances. Trop dangereux, disait Clément. Les tensions ethniques étaient plus intenses que jamais et ni la Belgique ni la France ne faisaient quoique ce soit pour améliorer les choses. Ce fut en octobre que cela éclata. Des centaines de Tutsi tués par des Hutus. Des centaines d’Hutus tués en retour. Au téléphone, Clément parlait de Bujumbura qui, certaines nuits, devenait une ville fantôme où celui qui osait sortir se faisait tuer par des tireurs décidés à décimer ceux qui n’appartenaient pas à leur ethnie. Clément parlait des massacres dans les villages où les Hutus venaient soudain tuer leurs voisins Tutsi, ou vice versa. Ash passa ces mois-là collés au poste de télévision, à la radio ou aux journaux papiers. Il pensait à son père, à ses amis au village, à la famille de sa mère au Rwanda où les tensions devenaient elles aussi de pire en pire. Son classement au foot en pris un coup. Il n’était pas de ceux qui surmontent facilement ce genre de stress. C’est en avril 1994 que la guerre éclata au Rwanda. Rose n’eut plus aucune nouvelle de ses proches ; le Rwanda était coupé du monde. Or, toute sa famille était sur place; ses cousins, ses tantes, ses oncles. Rose devenait folle. Elle appelait tous les soirs Ash au pensionnat pour pleurer. Le petit garçon ne comprenait rien à la peur qui lui broyait les entrailles. Lui qui avait toujours laissé la vie couler devant lui, lui qui s’était toujours laissé emporter par le courant sans réfléchir, il avait l’impression de soudain se retrouver dans un torrent dont il fallait absolument qu’il se sorte. Sauf qu’il ne savait pas comment ; alors il se laissait secouer par les remous de la vie, à écouter les pleurs de sa mère, à regarder les images du génocide d’un œil incrédule.
En août, tout se calma d’un coup. Alors débuta la longue attente. Le Rwanda était à nouveau un minimum connecté au monde ; pourquoi ce si long silence de la part de la famille de Rose ? C’est dans cette ambiance stressée qu’arriva un homme étrange. La barbe argentée d’une longueur impressionnante, une robe et une cape couleur rubis. Dumbledore. Il annonça à Ash et sa mère que le jeune garçon était un sorcier, que sa place était à Poudlard. Pour Rose, c’était un véritable miracle. Au Rwanda, les sorciers étaient importants, puissants et renommés. Pour Ash, ce fut la fin du monde. Sa mère l’obligeait à quitter Chelsea, à quitter ses rêves de carrière, à quitter son futur. C'était impensable. Il fit tout pour rester. Rose ne l’écoutait pas. La sorcellerie le mènerait plus loin que le foot, la sorcellerie était un cadeau de Dieu. Ash était prêt à fuguer lorsque la nouvelle tomba ; la famille de sa mère s’était faite massacrée. Seul un cousin avait survécu. Il était au Zaïre, dans un camp de réfugiés. Les autres membres de la famille faisaient partie de cette masse énorme qu’ils avaient vu aux journaux télévisés ; ceux qui avaient rencontrés la lame tranchante des machettes Hutues. Ash se vida de toute force et se laissa emporter à Poudlard sans plus protester.

Poudlard. Le choc des cultures fut énorme. Bien plus qu’entre lui et ses amis burundais. Il était un chav, de ceux qui passent leur vie sous la pluie, un juron à la bouche pour chaque occasion et un ballon sous le bras. Il était un fanatique d’un sport dont personne ne connaissait l’existence à Poudlard; un sport qui aurait dû lui promettre un futur brillant. Bientôt, il se rendit compte que, lui qui avait tant craint les guerres d’ethnies des pays de ses ancêtres, voilà qu’il atterrissait dans la version sorcière de cette guerre. Des élèves plus âgés, plus purs, le brutalisaient à cause de ses origines moldues. Apparemment la marque d’un Mage Noir célèbre était réapparue cet été et signait le début d’une nouvelle période sombre. Et alors qu’il avait cru pouvoir se trouver des amis à qui apprendre le foot et le skate, rapidement, il comprit qu’il fallait se taire. Ne pas faire de vagues. Faire ses sports seuls dans le parc, avec quelques intéressés s’il en trouvait. Il avait appris à ignorer les remarques, à agir de manière blasée. Après tout, lui-même aurait préféré rester dans le monde moldu. Il était d’accord avec ceux qui disaient qu’il n’avait rien à faire ici ; sa place était à Chelsea. Malgré le Tournoi des Trois Sorciers, jamais Ash ne fit l’effort de s’intégrer à ce nouveau monde. Il l’observait avec intérêt, comme un spectateur qui ne pensait pas qu’il pouvait faire partie de ce monde-là. Il se contentait de continuer de rêver à celui qu’on lui interdisait. Il rêvait de sa carrière volée et des pays ravagés de ses parents. A l'école, il faisait le strict minimum pour réussir et ses professeurs se plaignaient de son manque de motivation. Malgré ça et les sangs-purs qui le harcelaient, sa première année se passa relativement bien. Il fut cependant choqué de l’ignorance des sorciers au sujet du monde moldu. Personne ne savait ce qui se passait dans le vrai monde, le monde de la vaste majorité des humains. Personne ne savait que son père risquait actuellement sa vie dans un pays marqué par la guerre.

Sa deuxième année fut plus chaotique. Durant les vacances d’été, alors qu’il était retourné jouer au football avec d’anciens camarades, il avait pris pleinement conscience de la réalité ; son niveau avait baissé. Malgré les heures passées à courir, à dribbler, à shooter dans le parc de Poudlard. Bien sûr son niveau avait baissé. Il le savait. Mais là, il le réalisait. Lui à qui on avait promis d’être une future star, un futur millionnaire, tous ses rêves s’écroulaient devant lui. Après sa triste constatation, il n’osa plus toucher à un ballon de foot. Il passa ses vacances dans une Londres pluvieuse. Errant à travers sa ville dans ses joggings et t-shirt trop larges, il redevint ce qu’il avait cru qu’il serait au début de sa vie : un chav parmi d’autres. De retour à Poudlard, il se laissa complètement aller. Il ne voulait rien à voir avec la culture sorcière. Les sangs-purs lui faisaient trop bien comprendre qu’il n’avait rien à faire ici et Ash avait pris le partit d’abonder dans leur sens. Ombrage rendait l’ambiance au château pire encore, légitimant les violences physiques et verbales qui lui étaient faites. Ash ne se rebellait que peu, considérant que le je-m’en-foutisme était la meilleure parade à ce harcèlement. Ses retenues avec Ombrage furent cependant nombreuses, elle qui n’acceptait pas son laissé-allé, sa lenteur et l’impertinence crasse qui se dégageait parfois de ses propos de banlieusard blasé. Il accueillit avec soulagement les grandes vacances. Mais avec juillet 1996 vint un nouveau massacre Tutsi au Burundi. Cette fois-ci, son père n’appela pas de la plus proche cabine téléphonique de Bujumbura pour les rassurer. Ils attendirent deux semaines. Ash fixait les images à la télévision d’un air vide, s’attendant à voir le corps de son père parmi les cadavres. Il ne le vit jamais, pourtant il y était surement. Ils finirent par apprendre la nouvelle. Clément faisait partie des centaines de milliers de morts de la guerre entre Hutus et Tutsi.
Ash continua de traîner dans Londres, il apprit à fumer, à taguer, à boire pour faire semblant que tout allait bien. Il apprit à se taillader les bras pour ressentir un peu moins la douleur mentale et un peu plus la douleur physique que tant d’autres que lui avaient été obligés de subir. Sa troisième année sembla se passer dans le flou. Ombrage avait heureusement disparu du paysage et sa paresse ne lui valait plus de punition physique. McGonnagal et Rogue le critiquaient pourtant avec acidité, lui qui ne faisait aucun effort. Ash ne raconta jamais à ses amis la mort de son père. Il ne voulait pas de la gêne que ça allait créer, il préférait se convaincre que tout allait bien s’il continuait de fermer les yeux sur le sujet. Lorsque Dumbledore mourut, Ash vit pour la première fois un corps. C’était si paisible, si tranquille, par rapport à toutes les images du Rwanda et du Burundi qu’il avait vues à la télé, qu’il ne ressentit rien. Alors que tout le monde levait sa baguette vers le ciel pour rendre hommage à ce grand homme, Ash resta les bras plaqué contre son corps à contempler la scène d’un regard vide. Les sorciers ne se rendaient pas compte à quel point leur guerre se déroulait calmement. Ash ne réussit jamais à être vraiment triste pour la mort si douce de Dumbledore ; il ne pouvait s’empêcher de superposer la vision du corps du sorcier à celle, provenant de son imaginaire, de son père gorge tranchée par une machette.

Lorsque les vacances arrivèrent, Ash se coupa complètement du monde sorcier. Si ceux-là voulaient reproduire ici les horreurs des génocides, lui ne voulait rien savoir. Il ignora les lettres de ses amis qu’il jetait directement à la poubelle. Mais il était impliqué, qu’il le veuille ou non. Selon les Mangemorts, il avait volé la magie d’un vrai sorcier. Le gouvernement en place tomba à son insu et les Mangemorts prirent le pouvoir. Il ne s’attendait pas à les voir venir pourtant, un jour, l’un d’eux arriva. Ash comprit à l’instant où il vu le visage de l’homme à qui il venait d’ouvrir la porte. Il avait tenté de s’enfuir par la terrasse arrière de son appartement mais il s’était retrouvé pétrifié. L’homme l’avait chargé sur son dos et avait transplané jusqu’au ministère. Là, il avait été jugé pour ne pas s’être présenté de lui-même à la Cour Sorcière et pour avoir volé la magie d’un vrai sorcier. Ash avait assisté à sa condamnation à Azkaban sans bouger. Il était Tutsi mais n’avait pas été impliqué dans la guerre qui avait décimé son peuple ; peut-être que c’était son destin de faire partie de ce genre de guerre. Lorsqu’ils avaient brisés devant lui sa baguette, il avait sursauté doucement. Ainsi donc c’était vrai, il n’avait réellement rien à faire dans ce monde. C’était officiel. Il leur avait demandé d’une voix aphone s’il pouvait retourner dans son monde à lui, le monde moldu, mais ils avaient ricané. Sans qu’il se souvienne comment il avait atterrit à Azkaban.
À Azkaban, le monde s’était arrêté. Ses jours et ses nuits étaient pareillement peuplés de cauchemars. Les détraqueurs n’étaient jamais assez loin pour que les images du génocide qu’il avait tant étudié ne le quittent. Il revit des milliers de fois la scène de sa mère, le visage figé dans un cri silencieux, lorsqu’elle apprenait le massacre de sa famille, l’abandon de leurs cadavres à même la place du village jusqu’à décomposition. Il revécut des milliers de fois l’appel qui lui annonçait la mort de son père. Il ressentait à nouveau la douleur des lames de rasoirs qu’il avait appliqué avec rage sur ses bras, il sentait à nouveau sa gorge se serrer d’angoisse à l’idée d’être un raté. Chaque jour, il prenait de plus en plus conscience de l’inutilité de son existence. Il ne serait personne. Il en devenait de plus en plus convaincu.

La guerre des sorciers finit bien plus rapidement que celle des rwandais et burundais. Les sorciers semblaient choqués, terrifiés par ce qu’ils venaient de vivre. Ash se sentait de plus en plus différents d’eux. Il avait été libéré d’Azkaban, avait reçu une aide psychologique de la part du nouveau ministère. Rose avait accueilli le retour de son fils avec un torrent de larmes. Personne n’avait pris la peine de lui expliquer sa disparition et, durant tout son enfermement, elle l’avait cru mort. Elle décida de rester plus souvent à la maison, se mettant au chômage, pour rester avec son fils. Ash ne lui parlait que très peu, ne mentionnant jamais les détraqueurs et l’année emplie de cauchemars. Il passa l’année de la reconstruction de Poudlard, bloqué devant la télé à regarder connerie sur connerie. Tout pour ne pas penser aux images qui avaient peuplés ses jours à Azkaban. Peu à peu, il alla mieux, recommença à rire et sourire. Mais de son séjour à Azkaban restait la conviction intime qu’il ne valait rien. Il prit le partit de s’amuser autant que possible, alors, si c’était pour vivre une vie de raté.

Enfin, on vint à nouveau le chercher pour qu’il rentre à Poudlard. Les sorciers n’acceptaient pas la déscolarisation, à son grand malheur. Les imbéciles de politiciens eurent une merveilleuse idée ; les victimes de guerre se feraient offrir une année. Ainsi, Ash qui avait manqué sa quatrième année en étant à Azkaban, ne devait pas la passer. Bande de cons. Déjà qu’Ash n’avait pas le niveau pour réussir sa quatrième année, voilà qu’il se retrouvait propulsé en cinquième année sans avoir les bagages nécessaire. Ses notes déjà peu brillantes devinrent lamentables. Il avait toujours réussi à garder un petite moyenne en faisant le moins possible ; ce n’était plus le cas. Deux choix s’offraient à lui ; travailler plus ou laisser ses notes se détériorer. Il choisit évidemment la deuxième solution. Les événements du bal d’Halloween, des tests dans la grande salle, ne firent rien pour améliorer son enthousiasme envers le monde sorcier. Lorsqu’on l’obligea à rester à Pré-au-Lard pour la Coupe du Monde de Quidditch, il tenta au mieux de s’intéresser à la culture sorcière. Mais au final, il ne fit que traîner entre les tentes, boire, fumer et glander. L’annonce de l’épidémie à la rentrée ne lui fit ni chaud ni froid. Perdre ses pouvoirs, il s’en moquait. La quarantaine, c’était moyen mais il n’avait jamais eu l’âme de se rebeller contre l’autorité. Il regarda donc avec passivité les événements, ne les approuvant pas mais ne se scandalisant certainement pas non plus. C’était pas son problème, toutes ces merdes. Il faisait pas partie de ce monde, de toute façon.

Félicitations, tu as réussi à faire ta fiche de répartition ! Le Choixpeau n’a pas hésité plus d’une minute avec toi et a pris sa décision. Maintenant que tu as été réparti dans ta maison, tu vas pouvoir procéder à toute la partie inscription administrative de Poudlard.  

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Cordialement,
Le Choixpeau Magique