Elle est assise dans un coin de la salle commune, seule. Son regard est rivé vers cette cheminée pourtant éteinte, ça n’a pas de grande importance. Elle pense, elle réfléchit. Trop peut-être alors qu’elle aimerait mieux oublier. Ca serait tellement plus facile pour elle de ne pas se souvenir, d’oublier jusqu’à son nom. Lui, Néréo, la cause de tous ses tourments. N’importe qui lu dirait que c’est facile de mettre la faute sur quelqu’un, de ne pas accepter l’idée que ça puisse être elle la cause du problème. Mais Isaline, elle sait, elle sait que c’est sa faute, à elle. Elle sait que c’est à cause d’elle s’ils en sont là parce qu’il lui a dit, elle est cruelle. Elle l’a vu dans son regard, elle lui a fait mal, elle lui a rendu la monnaie de sa pièce aussi involontaire cela fusse. Mais le pire dans tout ça, c’est qu’elle ne regrette même pas. Elle ne peut pas regretter alors qu’elle se répète inlassablement qu’elle a pris la bonne décision. Pour elle, c’était une évidence, pour elle, s’éloigner de Néréo c’était la solution à tout. Reste prêt de lui, c’était prendre le risque de céder à cette tentation qu’il représente pour elle et c’est quelque chose qu’elle ne se serait jamais pardonnée. Elle n’a pas le droit de l’aimer, elle n’a pas le droit de vouloir plus qu’une amitié, qu’une relation de professeur à élève. Elle n’a pas le droit parce qu’il est fiancé. Il a quelqu’un bien que ça ne soit pas quelque chose de désirer ça ne change rien à la situation. Isaline elle est seule, Isaline elle est pas prête à changer les choses alors que ça pourrait être une bonne idée parfois. Pour elle, pour les autres aussi. Elle regarde à peine ce qu’il se passe autour d’elle, elle voit à peine qui est là. Il y a Nead, elle le voit et l’observe, ne dit rien et détourne son regard. Il ne pourrait pas comprendre de toute façon, personne ne peut comprendre de quoi il est question. « Hé. » L’interpellation qui la fait sursauter, elle ne s’y attendait pas du tout. Il est là, pas loin d’elle, sans une position sans doutes des plus inconfortable. Tout ce qu’elle fait Isaline, c’est resserrer ses jambes contre sa poitrine, comme si elle avait besoin d’être protégé de quelque chose, de quelqu’un. Sa tête, repose sur ses genoux et elle le regarde simplement, les yeux presque vides de toute force. « C’va ? T’as une tête d’déterrée. Faut dormir la nuit, t’sais ? » Non elle ne va pas bien Isaline. Effectivement, elle ne dort plus, depuis trop longtemps maintenant mais ça n’a pas vraiment de grande importance. Elle ce qu’elle aimerait à cet instant, c’est rentrer en France. Elle aimerait retrouver son enfance, son innocence. Elle lui répond pas, garde le silence et tourne la tête de nouveau vers cette cheminée sans vie. « T’s’ras moins décalquée quand t’auras pris l’plis. T’peux tester la poudre d’gingembre, c’file un coup d’fouet. » Les mots de trop, les mots qui la font réagir et elle se lève à tout hâte sans faire attention à ce verre qu’elle fait tomber, y’a rien qui compte, elle a l’impression d’être un peu folle à cet instant. « Mais c’est quoi ton problème à la fin ? » Elle a les poings serrés sur les hanches quand elle s’adresse à lui et le regarde. Son regard est noir, son regard est sévère et elle ne sait pas dans quoi elle se dirige. « Tu pouvais pas juste passer ton chemin et me laisser tranquille ? Non mais non. Vous êtes tous pareil. Bien gentil, bien adorable à vouloir vous la jouer sauveur de ces dames mais bordel on a pas besoin de vous ! » Parce qu’en réalité, elle fait passer au travers de ses mots son agacement à l’encontre de Néréo. Elle évacue ce qu’elle a sur le coeur mais c’est encore pas suffisant.