Some friends become enemies, some friends become your family
Le temps semblait s’écouler avec une lenteur effarante. J’en avais perdu le fil depuis un long moment alors que je tentais de reprendre le rythme très lentement mais sans réel succès. Je restais hantée par ces longs mois d’enfermement coupée des autres. Je ne parvenais plus à me sentir à ma place dans les murs du château alors que j’avais espéré retrouver rapidement mes repères. J’avais essayé d’expliquer ce que j’avais pu ressentir en quarantaine mais les mots appropriés me fuyaient. Aucun ne me semblait vraiment pouvoir décrire le sentiment de perdition qui avait pris mon âme en otage. J’avais du mal à me laisser approcher alors que j’étais en permanence sur la défensive. Je ne pouvais pas baisser ma garde tellement j’avais peur qu’alors on me fasse du mal. J’étais effrayée par les regards qui se posaient sur moi. J’étais un chiot effrayée qui avait besoin de temps, d’attention. J’avais un énorme besoin de présence même si rares étaient les présences qui réellement m’aidaient à me sentir mieux. Je croyais que ça passerait mais ce n’était pas encore tout à fait cela. J’en avais parlé aux medicomages. Ils disaient que c’était normal et que ça finirait par passer mais ils semblaient eux-mêmes totalement dépassés. Je n’arrivais d’ailleurs pas à totalement leur faire confiance car ils étaient tout aussi coupables que les Aurors à mes yeux. J’avais perdu foi en ceux qui devaient veiller sur nous et je doutais de pouvoir à nouveau avoir confiance. Chaque journée était une nouvelle lutte alors que je devais me forcer à sortir du lit. Je devais me forcer à manger. Je devais me forcer à aller en cours. J’avais toujours eu besoin d’avoir les meilleures notes possibles mais je ne faisais pas le moindre effort pour rattraper mon retard. Je n’en avais même pas l’envie alors que je me sentais larguée dans la matière, handicapée par ma magie défaillante. J’aurais pu tenter de compenser mes manquements si je ne m’en foutais pas complètement. Cette épreuve m’avait profondément changée. Je ne me reconnaissais plus que rarement. Je peinais aussi à reconnaître mon propre reflet dans le miroir. Je me donnais la sensation d’être devenue une étrangère qui aurait pris possession de ma vie alors que quelque part j’étais prisonnière de mon propre esprit. J’avais tout simplement perdu le contrôle de ma vie et chaque jour écoulé depuis notre libération, je courais après le fil pour finalement revenir aux rennes de ma propre existence. Toujours sur le qui-vive, j’avais la peur au ventre. Je redoutais que l’on nous reprenne ce que je commençais à apprécier. Je craignais d’à nouveau être privée de ma liberté de mouvement alors souvent, j’avais songé à fuir. Je voulais aller me cacher quelque part jusqu’à ce que la menace ne soit plus qu’oubli. Mais je n’osais pas. Je ne voulais pas mourir seule dans un coin oublié de tous. Puis il y avait certaines raisons qui me poussaient à rester ici, certaines personnes qui savaient changer la donne.
La plupart du temps, je me cachais dans mon dortoir pendant mes heures libres mais depuis peu, j’avais retrouvé ce lieu qui avait su me rassurer quand je me sentais perdre le contrôle. Avec une lenteur infinie, j’avais appris à retrouver mon chemin dans les allées de livres. J’avais mis du temps avant que mes doigts ne parcourant les couvertures parcheminées de ridules. J’avais eu besoin d’encore plus de temps pour oser ouvrir ces sources de savoir pour simplement en tourner les pages. Ça avait été un autre apprentissage pour trouver l’énergie nécessaire à mettre du sens sur les mots qui dansaient devant mes yeux. J’avais finalement pu retrouver du plaisir à lire. Je venais ici comme dans un refuge où je pouvais me cacher au regard du monde. Je m’endormais parfois sur un livre alors que le sommeil me fuyait tellement souvent dans le confort du lit dont je ne parvenais pas à me dire qu’il était réel. Aujourd’hui n’était pas différent d’hier. J’étais venue me cacher ici, derrière une pile de grimoires. Je voulais me dissimuler à la vue des autres pour prendre du temps pour me retrouver dans ce plaisir à accumuler des connaissances. Personne ne troublait ma solitude ici. Personne ne me coupait dans le fil de mes pensées. Et c’était exactement ce dont j’avais besoin. Le silence qui m’entoure est brisé. Mon regard cerné du bleu de nuits sans sommeils se pose sur celle que je peine pendant un instant à reconnaître. J’ai perdu tout contact avec la réalité et parfois mes souvenirs me font défaut. Elle ne semble pas vouloir être là. Je n’arrive pas à comprendre. Je voudrais l’interroger mais son ton neutre ne m’incite pas à parler. Je me replie un peu sur moi-même me demandant si je dois voir en elle une amie ou une ennemie. Je ne sais plus reconnaître les visages amis. Mais Bella était mon amie avant que je ne lui tourne le dos. Je n’ose pas parler. Mais je connais Bella et elle finira par perdre patience alors je me force comme pour parer une attaque à laquelle je sais que je ne serai pas en mesure de faire face. « Salut Belladona. » Je pourrais lui demander pourquoi aujourd’hui, elle a décidé de m’adresser la parole mais je ne le fais pas. Je ferme les yeux me souvenant que j’avais confiance en elle avant cet été là. Je finis par la regarder et comme sous le poids de regrets trop lourds à porter, je dis d’une voix hésitante mais sincère. « Tu m’as manqué. Ton amitié me manque. Je suis désolée de t’avoir tourné le dos. » Je n’ai jamais été directe. Je ne le suis toujours pas. Mais des mois à repenser à ma vie m’ont permis d’ouvrir les yeux sur mes erreurs. Mais ce que je n’avoue pas c’est que j’ai peur de mourir de ce mal sans avoir jamais eu l’occasion de le lui avouer, de lui dire combien je regrette.
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Invité
Consumed by the shadows
Mar 27 Fév - 23:23
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