We're family and we'll always be (Cassandre)

La fin de l’année arrivait à grands pas et Cassandre avait pourtant l’impression que le temps s’était arrêté. Elle réfléchissait beaucoup aux événements de ces dernières semaines. Quand elle avait fait le choix de revenir à Poudlard, elle pensait que ce serait une décision qui lui apporterait satisfaction, mais aujourd’hui, elle se demande si elle n’aurait pas du quitter le château définitivement. Elle n’aurait pas eu à supporter la quarantaine, les règles strictes et cette révélation horrible sur l’épidémie. Elle n’aurait pas eu à obéir plutôt qu’agir. Mais elle aurait laissé derrière elle ses amis, ceux qui lui sont chers. Elle a compris lors de la soirée d’Halloween que même à Poudlard, ils n’étaient pas en sécurité, et elle voulait être là pour eux, pour les protéger. Après deux semaines cloitrées à l’infirmerie pour soigner ses blessures suite à son séjour dans le labyrinthe, Cassandre avait passé énormément de temps dans la bibliothèque, plus qu’elle n’en avait jamais passé avant. Mais ses études l’enchantaient, et apparemment, c’était le seul endroit où ils pouvaient être encore libres de leur choix. Paradoxal quand on savait que la bibliothèque avait toujours été le lieu le plus solennel de Poudlard.  Mais Cassandre se prêtait au jeu, elle étudiait les sciences occultes sans rechigner et elle découvrait des choses très intéressantes dans chaque ouvrage. Puis, décembre était arrivé, et son lot de problème avec. Teodor avait été transféré dans les cachots de quarantaine. Cassandre essayait de l’ignorer, de ne pas y penser, mais son cœur criait chaque jour. Il fallait qu’elle lui rende visite, mais elle ne pouvait pas s’y résoudre. Elle voulait persuader son cœur qu’elle ne ressentait rien pour lui.

Heureusement, Noël était arrivé. Ce n’était pas une fête qu’elle portait dans son cœur, mais elle espérait que cela allait amener un peu plus de chaleur au château. Ils en avaient tous bien besoin.

Quand elle arriva dans la Grande Salle, elle se dirigea vers la table des rouges et or pour prendre son déjeuner. Elle ne croisa ni Belladona, ni Rowan, mais c’était tant mieux. Elle n’avait pas besoin d’eux après tout. Ils s’éloignaient d’elle chaque semaine un peu plus, le trio d’or n’était plus, mais Cassandre essayait de penser à autre chose. Elle n’a jamais été du genre à vouloir à tout prix être accompagné, être seule ne l’a jamais dérangé. Elle se dirige vers sa table, et c’est là qu’elle voit une tête familière. Ethan. Son cousin est penché sur son parchemin, et Cassandre s’approche discrètement pour le surprendre. Ethan et elle ont un peu moins de deux ans de différence, mais elle l’a toujours considéré comme un frère. La jeune fille unique a toujours apprécié passer quelques temps avec lui pour les vacances, et elle a toujours été heureuse de le retrouver à Poudlard. Cassandre fait signe aux autres élèves de ne surtout pas prévenir Ethan de son arrivée, et après avoir compter dans sa tête jusqu’à trois, elle se jette sur son dos. [color=#990033« Joyeux Noël cousiiiiiiiiin ! » [/color]s’exclame-t-elle très fort – sa voix résonne alors dans toute la Gande Salle ce qui a pour conséquence de la faire rire encore plus. Elle mentirait si elle disait que ce rire n’était pas forcé, mais parfois un peu de mensonge peut amener une vérité. Cassandre s’installe sur le banc à côté de son cousin, elle lui lance alors avec douceur. « Tu as passé un bon réveillon ? Tu as vu toute la bouffe qu’on a eu, j’étais hallucinée, j’ai même pensé à prendre quelques réserves. » avoue-t-elle en sortant de ses poches quelques confiseries et chocolats. Mais Ethan a le regard vide. Cassandre pose alors une main sur l’épaule du lion. « Tout va bien ? » Mais évidemment, elle connaît la réponse. Rien ne va à Poudlard, il faut arrêter les faux semblants.

HP:

Les sourires ne sont jamais destinés à n’importe qui, ils sont adressés à quelqu’un en particulier et ils illuminent le cœur de ceux qui les reçoivent. Cassandre a toujours aimé le sourire de son cousin, ses deux fossettes au coin de ses joues, et son regard malin. Ethan a le don de sourire et de donner la joie aux autres, même si son sourire ne dure que quelques secondes, il donne autant d’énergie qu’un café bien corsé. Seulement, quand son visage s’assombrit à nouveau, Cassandre a l’impression qu’un nuage s’est posé devant son soleil. « Mouais on va dire ça et toi ? J'admets qu'ils ont fait fort cette année. Vu comment ils nous empêchent de rentrer chez nous, ils peuvent au moins faire ça. » Cassandre comprend que quelque cloche. Ethan n’est pas le seul à s’offusquer et en avoir marre de ne plus pouvoir rentrer chez lui. Elle, elle s’en fiche. Elle n’est pas casanière la jeune voyante, après tout elle a passé deux mois à voyager, sans donner de nouvelles à personne. Ses parents lui manquent, mais ils lui font confiance. Elle sait pourtant que les plus jeunes sont assez tristes de ne pas pouvoir les voir. Heureusement les hiboux ont repris leur course ! La censure est toujours présente, mais au moins le contact est possible. Dans ces moments-là, Cassandre se dit que les moldus ont quand même inventé quelque chose de bien pratique : le téléphone. « Pour être franc...Non. Ou en tout cas, mieux qu'il y a quelques temps. » Ethan ne lui a jamais rien caché, Cassandre s’assit à côté de lui et l’invite à continuer.

« J'ai appris des choses depuis peu... Et j'essaye d'en comprendre d'autres. Puis de ne pas voir mes parents n'aide en rien à tout ça. Leur lettre m'a fait plaisir bien sûr - comme tout le monde  je suppose - seulement je sens qu'il y a de la retenue à cause de ce règlement stupide. Tu connais ma mère, une seule lettre ne lui suffit pas. J'ai l'impression de sentir son inquiétude d'ici. » Cassandre regarde son ami d’un air tendre, elle sait comme il est difficile pour lui d’être loin de sa mère. « Rajoute à ça que je fais un peu trop souvent le même cauchemar ces temps-ci, ça me rend complètement dingue... » Cassandre hausse les sourcils. Elle sait ce que c’est de faire des cauchemars. Elle n’a pas envie de l’alarmer mais… « Quel genre de cauchemar ? Tu peux m’en parler tu sais… » Elle n’a pas l’intention d’éviter le sujet. Il lui pose une question sur ses propres parents, mais Cassandre n’est pas dupe. « Ne me mens pas Ethan ! Arrêtes de penser que tu es seul, tu ne l’es pas. Il vaut mieux s’unir plutôt que de s’isoler, surtout par les temps qui courent. » Elle se dit qu’elle n’est pas vraiment la meilleure placée pour lui faire une leçon, après tout elle s’est éloignée de ses meilleurs amis. « Moi, ça va comme d’habitude quoi, tu sais je ne pense pas vraiment à mes parents, on a jamais été démonstratif, ils vont bien, et ils savent que je vais bien, c’est le principal. » Elle lève les yeux vers les hiboux qui repartent de la grande salle, elle sait qu’ils reviendront quelques jours plus tard.

HP:

Ethan a l’air inquiet, il a le visage fermé, et Cassandre sent bien qu’il n’est pas dans son assiette. Son cousin n’est pas le plus courageux et le plus fort des Gryffondor, mais Cassandre s’est promis de le protéger. Elle n’a pas pu le faire quelques années plus tôt, et aujourd’hui elle s’efforce de ne jamais laisser tomber ceux qu’elle aime.  « C'est...Je vois la mort de Nigel Shaw. Je pensais que ça ne se passerait qu'une fois mais récemment, ce cauchemar est devenu récurent. Les circonstances changent mais le résultat est le même. Son corps est là, étendu sur le sol. A ce moment-là je me réveille en sursaut à chaque fois, en sueur, avec les mains qui tremblent. Et je pleure, j'ai la gorge qui se serre. Comme si j'étais un témoin omniprésent, que j'essayais de le sauver mais que je n'y arrivais pas. Tu te souviens du grand-oncle moldu que j'adorais et qui est mort dès suites d'une crise cardiaque l'année dernière ? Ça aussi je l'avais rêvé et quelques temps plus tard, j'ai reçu un hibou pour m'informer de son décès. J'étais tellement choqué que j'en n'avais pas dormi la nuit suivante. Qu'est-ce que tu en penses, toi ? Que ce sont des rêves prémonitoires ou que c'est juste une coïncidence ? Le plus étrange, c'est que ça a commencé à se produire qu'après la Grande Bataille. » Cassandre écoute Ethan sans l’interrompre, elle sent qu’il ne ment pas et que tout ça le rend nerveux. Elle se souvient de ses propres rêves, quand elle était enfant. C’était anodin, ça n’avait pas beaucoup de sens. Là, Rowan rêve de choses tristes, catastrophiques même. Il se fait du mal. « Je sais que je ne suis pas seul Cassandre. Comprends que c'est parfois difficile pour moi de parler de certaines choses parce que ça me fait déjà assez mal comme ça, et que je ne veux pas que les autres aient à en pâtir. Je ne suis pas un Gryffondor pour rien, fier, sûrement trop pour admettre ses faiblesses... » Cassandre acquiesce, ils ne sont pas de la même famille pour rien, elle-même est aussi têtue qu’une mule. Elle est trop fière pour parler de ses propres soucis, trop fière pour laisser les autres s’occuper d’elle, alors elle comprend ce que traverse Ethan. Perdue dans ses pensées, elle ne l’écoute pas lui parler de sa famille, elle réfléchit. Se pourrait-il qu’Ethan ait hérité du don des Blackwood ? Cassandre en doute, il n’est pas de la même branche que la sienne, et les rêves prémonitoires, ça peut arriver à n’importe qui. Ce qui la trouble en revanche, c’est que tout c’est déclenché après la Grande Bataille. Un choc post-traumatique ? En y réfléchissant, elle ne se rappelle pas avoir vu Ethan sur le front, il ne lui en a jamais parlé… C’est peut être là qu’il faudrait creuser. « Comme toutes les mères avec leur fils. » Cassandre pense aussitôt à la mère de Rowan, c’était pire qu’une sangsue. « Ethan, je pense qu’il faut que nous discutions de ces rêves… Je suis sans doute la seule à qui tu en as parlé, et tu as raison de me faire confiance, mais nous n’allons pas pouvoir en parler plus longuement ici. J’ai cours et j’aimerai éviter d’arriver encore en retard. Il faudrait qu’on se retrouve pour parler de ça… et de la Grande Bataille. On trouvera une solution, je te le promets. » Telle une grande sœur, Cassandre se lève et embrasse son cousin sur le front. Ce côté protecteur lui rappelle comment Fred et Georges Weasley agissaient avec elle. Ils savaient être sérieux même si la plupart du temps ils collectionnaient les bêtises tous ensemble. Cassandre réalise que depuis la Bataille, elle n’a été que l’ombre d’elle-même, après trois ans, elle n’a toujours pas fait son deuil. Il est important qu’elle pense aux vivants maintenant.

HP: