Mathilde | Tell me who I am

En plein été, une jeune sorcière se rendit à l’hôpital magique, un des rares endroits où personne ne pourrait lui faire la moindre réflexion. Le ventre rond, prêt à exploser, elle n’avait pas trouvé d’autre lieu plus sûr pour mettre au monde sa petite fille. L’accouchement fût long et douloureux. Mais quel bonheur de voir ce petit poupon pointer le bout de son nez ! Elle qui avait hésité, qui s’était demandée si cette enfant n’aurait pas un plus bel avenir loin de tout cela… Elle ne pouvait pas se résigner à abandonner cette petite merveille qu’elle avait mise au monde. Elle ne pouvait pas la laisser seul face à ce monde cruel. D’autant plus que… Elle a ses yeux…

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Du haut de mes cinq ans, je courrais dans le petit jardin entourant notre maison. Je ne tenais pas en place, je savais que aujourd’hui, c’était mon anniversaire et je savais que maman ferait un gâteau en rentrant du travail. Une de ses amies venait toujours s’occuper de moi quand maman était au travail. Maman ne supporte pas de me laisser seule, elle a toujours peur qu’il n’arrive quelque chose.

Avec le recul, je pense qu’elle avait tout simplement peur que mon père apprenne mon existence est vienne m’enlever à elle. Qu’elle belle ironie…

Maman rentra plus tôt ce soir là. Elle ramenait, blottit contre elle, un petit chaton noir. Je poussais alors un petit cri de ravissement, faisant sursauter la petite boule de poil. Je fis une légère mou, triste d’avoir ainsi apeuré le petit animal. Lorsqu’il se trouva par terre, je m’installais en tailleur près de lui. Le tout petit chat se décida finalement à m’approcher et s’installa finalement contre moi, en ronronnant doucement.

Ma mère m’adressa alors un tendre sourire. Ce fut mon premier lien avec un animal, un lien indéfectible. Ce chat, que nous avions nommé tout simplement Noiraud, me suivait partout, me réveillant en miaulant doucement, ronronnant doucement sur mes genoux dès que je m’installais près de lui. Mais ce jour a également été le premier où j’ai vraiment réclamé la présence d’un homme dans cette famille.

- Maman… Il est où papa ? Pourquoi il est pas là pour mon anniversaire ?

Ma mère fit mine de ne pas m’entendre mais son visage s’assombrit pour la première fois ce jour là… Cependant, son regard retrouva sa petite étincelle lorsque je lui montrais une petite fleur qui avait fané et retrouva ses couleurs vives au creux de ma main. Ce fut la première trace de magie dans ma vie mais certainement pas la dernière.

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Le Noël de mes neuf ans. J’étais lovée dans le fauteuil devant un feu de cheminée, un livre à la main,  Noiraud couché en boule sur moi. Ma mère était quant à elle dans le canapé, occupée à faire un pull en tricot. Nous savions toutes les deux que la magie lui aurait permis d’en faire d’autre en même temps mais elle avait ce besoin d’occuper ses mains lorsqu’elle se trouvait à la maison.

En cet hiver froid, j’entendis tapoter à la fenêtre. Ma mère, absorbée dans son ouvrage, sursauta à ce son avant de tourner la tête vers la fenêtre. Une superbe chouette effraie se tenait sur le rebord. Posant délicatement mon chat sur le fauteuil, je me ruais ensuite vers la fenêtre pour l’ouvrir et laisser entrer le rapace chez nous. Il alla naturellement se placer sur le dossier du fauteuil où se reposait mon petit félin. Les deux, étrangement, se toisèrent et détournèrent le regard l’un de l’autre. Ce fut notre premier rapace mais sans doute pas le dernier.

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J’ai désormais onze ans. La chouette qui avait été nommé Athéna et Noiraud, toujours présent, jouaient à l’extérieur lorsqu’une lettre arriva pour moi. C’était officiel, j’allais commencer une nouvelle année à Beauxbâtons. Comme chaque enfant sorcier de mon âge, je me retrouvais donc à aller chercher ma baguette magique et tout le matériel nécessaire à ma scolarité.

Le jour de mon départ pour l’école, une chose me manqua pourtant. Encore une fois, j’étais sans père. Depuis le jour de mes cinq ans, jamais je n’avais vu ma mère sortir avec un autre homme. A aucun moment elle ne m’avait permis d’avoir une figure paternelle présente. Et en ce jour qui marque un passage particulier pour un enfant, j’aurai eu besoin d’avoir mes deux parents.

Je réfléchissais de plus en plus à qui était mon père. Etait-il seulement en vie ? Est-ce que je lui ressemblais ? Avais-je des points communs avec lui, des choses qu’il aimait faire et m’avait transmise ? Et ma mère ne voulait toujours pas en parler… Mais comprenez bien, à onze ans, on se moque de cela, on cherche la vérité.

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Rentrée en troisième année. Les choses ne furent pas aussi simples qu’elles le semblaient. Quelques jours avant, nous avions perdu Noiraud et j’avais du mal à le supporter. La perte de mon premier animal m’a profondément peiné et j’en venais à avoir peur de perdre également Athéna. Je ne supporterais pas de perdre un autre de mes amis à poils ou à plumes. Ce jour-là j’ai compris que je ne pouvais pas me résoudre à vivre dans animaux. Et c'est aussi à ce moment que j'ai commencé à dessiner les rosiers de Beauxbâtons, une nouvelle échappatoire...

Aux vacances de Noël, ma mère, comprenant ma douleur, avait finalement repris un chaton. Différent de Noiraud. Elle avait compris qu’un chat trop semblable à mon premier félin ne pourrait jamais le remplacer et risquait même de me faire encore plus de mal. J’eus donc un petit chaton blanc cette fois-ci, une petite femelle. Et j’en pris soin dès le début

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Eté avant d’entrée en sixième année d’école magique. Ma mère avait finalement décidé, après tout ce temps, de me parler de mon père. Un certain James Martell, qu’elle avait connu en France. Un homme qui était maintenant professeur dans une autre école de magie et qui enseignait la zoomagie. En ce jour funeste, mon monde s’effondra. Moi qui avais dû me construire sans père, j’allais devoir apprendre à vivre avec lui puisque ma mère avait décidé de m’envoyer à Poudlard et de me placer sous sa tutelle.

J’en venais à la détester. Elle faisait, pour moi, le choix de m’abandonner. A croire qu’elle voulait se débarrasser de moi. Sinon pourquoi m’enverrait-elle dans un lieu qui me semblait le bout du monde et qui n’avait rien de bien accueillant à mon sens… Je fis pourtant rapidement mes bagages et décidais de prendre la route seule. Je refusais de voir ma mère m’accompagner, elle qui avait privé mon père de ce droit avant même que je naisse. La cassure a été tellement nette que j'ai préféré me plonger dans mes livres plutôt que dans mes croquis et mes aquarelles...

Je suis donc arrivée à Poudlard pour entamer ma sixième année d’études. Et c’est là que je l’ai vu pour la première fois, au banquet. Des regards furent échangé mais rien de plus. Après tout, comment voulez-vous dire à une personne que vous n’avez jamais vu et qui ne vous connait pas que vous êtes sa fille ? Il fallait attendre que je sois installée avant d’aller à sa rencontre. Je ne pouvais pas le faire comme cela.

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Cela faisait quelques jours que j’étais arrivée à Poudlard. Pas bien longtemps je dois avouer. Mais mon endroit préféré, outre la salle commune de ma maison, était la bibliothèque. J’aimais m’y installer avec mes cours ou parcourir les rayonnages de livres. J’étais avide d’apprendre. Et cela m’évitait de penser à mon père que je n’avais toujours pas pu voir pour discuter avec lui. Mais ce jour-là, une sorte de miracle se produisit : le charmant professeur de Zoomagie fit son entrée dans ce lieu qui était pour moi sacré.

Au début je n’avais remarqué qu’une présence du coin de l’œil, prise dans mon livre, avide d’apprendre de nouvelles choses sur cet endroit et les créatures qui peuplaient ses alentours. Un petit raclement de gorge c’était fait entendre et une voix masculine s’était doucement élevée, parlant dans ma langue maternelle. Mon père s’est d’abord présenté comme le professeur Martell. Nous avions l’air aussi perdu l’un que l’autre et nous avions de longues années à rattraper…

Je ne su pas tout de suite comment l’appeler. Monsieur ? James ? Papa ? Il était trop tôt pour en décider. Et comme il me le rappela, je me devais d’être plus formelle avec lui lorsque nous étions entourés de gens ici. J’étais cependant rassurée de l’entendre dire qu’il voulait apprendre à me connaitre. Je n’aurais pas supporté d’être seule ici dans le fond… Et j’en voulais déjà à ma mère, j’avais besoin d’un père, de cette figure paternelle qui m’avait tant manqué jusqu’ici.

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Au fil du temps, nous nous sommes rapprochés avec mon père. Je n’aurai pas cru que cela était possible mais il réussissait peu à peu à prendre sa place de père. Il me fit découvrir des choses, notamment Pré-au-Lard qui est pourtant juste à côté de Poudlard en somme. Malgré ses responsabilités en tant que professeur, j’ai pu passer un vrai Noël même si j’étais loin de chez moi. Par la suite, j’ai refusé de retourner chez ma mère et j’ai donc passé un superbe été avec mon père. J'eus en plus le prétexte de ne pas pouvoir rentrer de toute manière puisquil y avait la Coupe du monde de Quidditch. Un très bon moyen d'éviter ma mère. Cela faisait un bien fou ! Mais évidemment, les choses finissent toujours par mal tourner…

Ma magie commença à ne plus réagir aussi rapidement. Sans être un prodige de la magie, je n’étais pourtant pas mauvaise. Mais je rencontrais des difficultés à lancer le moindre sort. Je rencontrais également des difficultés à me concentrer, je n’arrivais plus à suivre. Et je ne m’attendais pas à rencontrer d’autres difficultés ainsi que des effets inattendus. Je me réveillais avec des courbatures. Parfois je ne gardais rien ne mon repas. Je n’arrivais plus à produire mon Patronus que je trouvais pourtant si amusant. J’en venais à oublier où j’étais et où j’avais fais mes études avant d’arriver ici…

J’eus pourtant une maigre consolation dans mon malheur. Je fus mise en quarantaine… Et j’y retrouvais mon père. J’avais bien vu que quelque chose clochait également pour lui. Sans savoir comment ni pourquoi, nous étions en train de perdre nos pouvoir… Je ne savais pas comment les choses allaient évoluer. Mais ce qui était sûr c’est que je ne serai pas seule dans cette épreuve et que je n’abandonnerai pas non plus la seule famille qu’il me restait…