[Roulette RP] Run Boy Run ft Mathilde

Cette impression de ne pas être à ma place. Ce besoin de fuir, de partir loin de cet endroit où j’étais tombée malade et où j’étais maintenant vu comme un monstre. J’avais passé la journée avec ce besoin de sortir, de prendre l’air. Peut-être accompagnée d’un livre ou d’un carnet pour me remettre quelque peu au dessin. C’était là ma manère de fuir, de m’évader et de ne plus penser à ce monde qui m’entoure, ce monde qui me semble ne pas être fait pour moi tout simplement. Sans pour autant aller jusqu’à la fuite fatale, je ne voulais plus, au moins pour autant, voir ce monde. La journée passait lentement. Pourtant, le soleil était encore haut dans le ciel lorsque je pu enfin sortir. Lorsque je pus fuir. Je m’étais rapidement changée, troquant mon uniforme Poudlardien contre un jeans, un sweat à capuche et des baskets montantes. J’avais envie de vite rejoindre un endroit un peu plus isolé.

Je sortis alors, armée d’un livre sur la mythologie nordique, d’un carnet à dessin et d’une boite contenant le nécessaire pour dessiner et faire de l’aquarelle. Je ne me souviens plus comment je me suis procurée ce matériel, juste qu’il était là dans mes affaires et que j’ai eu envie d’essayer quelque chose de nouveau. J’avais besoin de faire autre chose, quelque chose que je ne connaissais pas. Je voulais m’échapper de ce carcan qui commençait peu à peu à m’étouffer. Et je me surpris à faire quelque chose que je ne fais pas en règle générale : courir.

Les muscles des jambes qui réagissent, les poumons qui s’emplissent d’air au point que cela devienne douloureux. L’air était encore frais et cela me faisait me sentir vivante. Je n’avais pas de but précis. Juste sentir mes poumons se remplir et se vider à un rythme effréné. Courir, oublier ce qui se passe autour de moi. Ne plus penser à tout ce qui ne va pas, juste me sentir vivante. Ressentir la brûlure dans ces deux poches d’air trouvant place dans ma poitrine, qui ne sont pas habituées à recevoir autant d’oxygène aussi rapidement. Je ne m’étais jamais rendue compte à quel point courir dans ces jardins était bon.

J’étais finalement arrivée au bord du lac de l’école. Le décor était toujours aussi magnifique. Et sombre à la fois pourtant. Le cadre parfait pour jouer avec les teintes de mes aquarelles malgré leur clarté. Je m’étais alors installée en retrait, presque à l’abri au final. Et j’avais commencé à dessiner. Au départ sans forcément grande conviction, j’utilisais l’aquarelle en ne faisant que des tâches de couleur. Et petit à petit, je me décidais à ouvrir le livre de mythologie, reproduisant certains des schémas que j’y voyais. Un ouroboros, mjolnir… je n’en étais pas encore au point de dessiner un visage mais cela commençait à me détendre après cette journée qui me semblait juste horrible.

J’entendis alors des pleurs. Je rangeais mes affaires et me rapprochais de l’endroit du bruit. Visiblement, je n’étais pas la seule à avoir quelques mésaventures aujourd’hui. Mais ce n'était tout de même pas habituel comme scène. Un garçon qui pleure, on ne voit pas ça tous les jours. Mais bizarrement, la silhouette ne m'était pas inconnue. Pas inconnue du tout même ! Il se trouve qu'il s'agissait de Emile. Il venait de France comme moi et était en plus dans la même maison que moi. Sans aller jusqu'à dire que nus étions très proches, je n'avais rien contre lui bien évidemment. Je m'approchais donc de lui pour savoir ce qui se passait.

Emile tout va bien ?

Je sentais au fond de moi qu'il y avait plus qu'un simple souci...

Je ne savais pas comment gérer cette situation. J’avais l’impression d’être encore moins à ma place en ce moment. Non, ce monde n’était pas fait pour moi. Non pas que je rechigne a aider les autres, c’est sans doute pour cet altruisme que j’ai été envoyé à Poufsouffle. Ça et d’autres éléments bien évidemment. Je ne pensais pas que je devais être là, j’aurai du rester loin de mon camarade. J’avais appris il y a peu qu’il avait peut-être eu des sentiments à mon égard à une époque. Avant que nous arrivions à Poudlard, avant que nous quittions la France. Depuis mon arrivée en Angleterre, beaucoup de choses avaient changé et je ne me voyais plus approcher aussi facilement Emile. Je ne savais pas comment faire pour l’aborder à nouveau.

J’eus un pincement au coeur en l’entendant me répondre. M’indiquer qu’il voulait partir loin d’ici. Loin de tout, loin de moi, loin des gens présents ici. Sans doute tout le monde, peu importe qu’il s’agisse de professeur, d’Auror ou d’élève de n’importe quelle maison de l’école. Je l’observais avant de le quitter des yeux pour ramasser son carnet qui avait l’air bien plus proche de l’eau. Je lui tendis le carnet et la plume qui y était associée. J’avais toujours du mal à entendre les autres parler de manière aussi négative. Je ne dis pas que j’étais la personne la plus positive du monde. Mais parfois, il m’arrivait d’entrevoir une un rayon de soleil à travers les nuages.

A quoi ça va t’avancer de partir loin de tout ? Dis le tout de suite si tu veux finir en ermite.

Je m’installais à ses côtés, je remettant finalement sur mon dessin à l’aquarelle. J’eus envie d’y ajouter des couleurs plus lumineuses, le teintant de rose, jaune et orangé. Oui, le paysage retrouvait sa beauté peu à peu.

Je ne m’étais même pas rendue compte que la nuit était en train de tomber doucement. Tellement prise dans mon dessin, dans mes pensées et dans mon questionnement au sujet de mon ami. Je ne comprenais pas ce qu’il cherchais à faire en menaçant presque de partir. C’était assez perturbant en fait. Emile me sortit de ma bulle, prenant l’initiative de m’éclairer. C’était un peu frustrant de ne même plus avoir cette capacité à m’éclairer moi-même dans le noir avec un simple Lumos… Mais il avait raison, de cette manière je pouvais continuer mon dessin en toute tranquilité. Je lui accordais alors un léger sourire avant de reprendre mon aquarelle distraitement. Je n’avais jamais su ni vraiment compris pourquoi mon camarade avait toujours été si gentil avec moi ; même quand nous étions encore en France. Et je n’irai certainement pas poser la question en fait. Je n’osais pas le faire et je ne voulais la blesser ou le rendre nerveux en lui posant ce genre de question.

Je levais le regard sur le jeune homme lorsqu’il se décida à répondre à ma question. Il trouvait que le mot tout ne convenait en fait pas à la situation actuelle. Trop fort ou au contraire pas assez. C’était difficile à dire, je ne savais pas ce qu’il voulait dire par là. Pour moi, tout était un mot vraiment fort. Cela pourrait même représenter l’univers entier en fait pour moi. Mais je dois bien avouer que je ne m’attendais pas aux révélations qui ont suivis. Je n’aurais jamais pensé que Emile avait songé à en finir. Je ne le pensais pas perdu à ce point. Mais qu’est ce que ça pourrait générer ce genre de geste ? J’imaginais bien qu’il avait encore de la famille quand même, même s’il n’avait plus sa mère. Je n’osais même pas imaginer la réaction de mon etourage face à ce geste. Même si je ne suis pas forcément proche de tout le monde, j’avais bien conscience que je geste blesserai tout le monde. Et c’était das tous les cas irréversible. Un voyage duquel on ne pouvait jamais revenir.

Je ne dis pas que je ne suis jamais défaitiste, les derniers mois n’ont pas été facile. Mais je ne pouvais pas laisser le français parler de la sorte. C’était plus fort que moi. J’ai fermé mon calepin, ranger tout mon nécessaire à aquarelle. Très calmement, sans me presser. De toute façon l’heure du repas approchait, nous allions devoir rentrer. Et d’un coup, sans que le Blaireau s’y attende, je lui mis une violente tape derrière la tête avant de finalement le regarder et le pointant du doigt.

Je t’interdis de penser à ça. Qu’est ce qu’on deviendrait sans toi ? Je deviendrais quoi moi ?

Je n’étais pas prête à perdre un ami. Certains c’étaient déjà éloignés de moi mais je pouvais toujours tenter de leur parler. Mais s’il partait comme ça, je ne pourrais plus rien tenter pour le faire revenir. Et juste cette idée me faisait froid dans le dos. Je me relevais finalement et tendis la main à Emile. Je ne pouvais pas le laisser tomber. Et puis mon estomac commençait à crier famine.

Allez tu viens ? Sinon on aura pas de place côte à côte pour le repas !

J’attendis que mon ami se soit relever avant de l’observer et de partir en courant avec un sourire malicieux. Oui, courir encore et toujours.

Le dernier arrivé et une citrouille pourrie !