Elle était adossée contre un mur de pierres froid. Le mur porteur d'un château reconstruit ou le vestige d'une guerre que les survivants racontaient. Elle entendait cet écho assourdissant dont elle ne saisissait pas la provenance. Hors d'atteinte. Elle était soudainement prise par un haut-le-cœur. Elle tourna la tête et contempla une fissure s'étendant de part et d'autre du mur. Une douce mélancolie s'en échappait alors qu'un fantôme semblait surgir des abysses. Elle avait tenté de se construire des images lourdes de violence. Son frère portait en lui des souvenirs douloureux. Quelques cicatrices. La douce princesse McLaggen avait été nonchalamment préservée de ces horreurs. Elle avait vécu son propre drame. Bouffée par le stress. Désintéressée d'une génitrice qu'elle avait pourtant longtemps admirée. Les tortures d'Alecto Carrow lui avaient parues plus tendres que les mots cinglants de sa mère. Cette guerre avait détruit l'enfant qu'elle avait été autrefois. Elle avait brisé son âme en quelques morceaux imparfaits. Mais elle lui avait permis de retrouver et de se rapprocher de ses amis. Les accueillant dans ses bras avec son plus beau sourire, elle avait fait de son mieux pour les aider à sortir de leurs tourments. Elle était présente lorsque chacun d'eux en avait eu besoin. Elle pensait souvent à l'idée que certains avaient peut-être sauvé la vie de Cormac à un moment ou à un autre. Un geste ou un coup de baguette avait peut-être suffi à lui éviter la mort. Ses prunelles se posèrent sur une silhouette connue parmi les élèves présents dans les couloirs du cinquième étage. Elle ne prêtait plus attention au vacarme assourdissant. Son regard suivit chaque mouvement de cette ombre qui parcourait la foule sans jamais se laisser distraire. Cora se redressa instantanément et se mit à sa poursuite. Elle s'excusait au fur et à mesure qu'elle se glissait entre les élèves. « Mila ! » Elle tenta de l'appeler sans réellement être sûre que la jeune femme pouvait l'entendre. Elle poursuivit son escalade jusqu'à arriver à en sortir et s'arrêta. Elle l'appela à nouveau alors que la Serdaigle continuait de marcher. « Mila ? » Une voix cristalline à la fois pure et douce. Elle était de celles qui berçaient un enfant, le rassurait. Pourtant, la vipère avait perdu ce sourire qui la caractérisait. Ca faisait plusieurs jours qu'elle ne l'avait plus croisée. Lorsqu'elle l'apercevait au loin, elle disparaissait aussitôt. Plus un mot ni une lettre. Elle avait failli se résoudre à en parler avec Blaise. Elle s'était ravisée après réflexion, pensant qu'il lui aurait parlé s'il savait quoi que ce soit. Le comportement de Mila restait incompréhensible aux yeux de Cora. Elle avait l'impression d'avoir fait quelque chose de mal, d'avoir fauté, mais elle ne parvenait pas à comprendre ce qu'elle avait pu faire pour la contrarier. Elle sentait qu'elle cherchait à l'éviter. Ca lui brisait le cœur. Elle fit une moue découragée puis prit une profonde inspiration. Elle était prête à couper court à sa paranoïa. Voulait savoir ce qu'il se passait entre elles depuis ces dernières semaines. « Qu'est-ce qui se passe ? » Mille et une questions auraient pu surgir à la place de celle-ci. La Serpentard n'avait pas le courage d'en demander plus. Quelque chose l'inquiétait. Elle fronça légèrement les sourcils. N'osa pas s'approcher d'elle.
Mila V. Silaïeva
Consumed by the shadows
Maison/Métier : Serdaigle, deuxième année de GISIS en Zoomagie, préfète & membre des clubs d'astronomie et du 2ACM Célébrité : Lily Collins Pseudo : Barling Âge : 31 Parchemins : 3299 Gallions : 3398 Date d'inscription : 12/10/2016
Les examens arrivaient à grands pas et Mila n’aurait dû avoir que ça en tête. Pourtant c’était loin d’être le cas. De toutes ces années à Pourdlard, c’était la première année où elle avait le sentiment que sa concentration lui faisait défaut au moment le plus important de son année, même de sa vie d’étudiante. Bien sûr, sa septième année ne comptait pas, le monde magique se trouvait au beau milieu d’une guerre et elle n’avait même pas pu passer ses ASPICs. Si Voldemort avait eu la satisfaction de mettre la société sorcière à feu et à sang, il n’avait pas eu celle de gâcher la scolarité de centaines d’élèves de l’école de magie. Cette année, Mila n’avait pas une excuse qui la touchait aussi personnellement que la guerre pour justifier ses difficultés à réviser correctement. Pourtant, c’était bel et bien le cas. Elle aurait dû être capable de se couper de toute distraction extérieure comme elle l’avait fait lors de ses BUSEs et l’année précédente. Habituellement, elle fonctionnait toujours de la même manière, après la fin des cours, elle prenait un petit temps pour se détendre en compagnie de ses amis, le plus souvent dans le parc quand le temps écossais le permettait, puis elle remontait les couloirs de pierre du château pour rejoindre la bibliothèque. Son havre de paix l’accueillait pendant les quelques heures qui la séparaient du moment du dîner. Là, elle s’entourait d’épais grimoires et s’efforçait d’accumuler autant de connaissances qu’elle le pouvait sans avoir le sentiment que sa tête allait exploser. Si Mila pouvait se montrer têtue, cet aspect de sa personnalité influait aussi sur ses études, elle s’était donné pour objectif de réussir, pour elle, pour le souvenir de sa mère, pour rendre Iverna fière, et elle refusait d’échouer. Alors elle ne rechignait jamais devant le travail, quitte à accumuler les heures à la bibliothèque. Elle savait tout de même s’accorder des pauses, elle aimait les études qu’elle suivait à Poudlard, elle avait toujours eu le sentiment d’y avoir trouvé sa place, mais elle n’était pas un bourreau de travail pour autant. Alors après le dîner, elle préférait passer son temps avec ses amis Serdaigles dans leur salle commune. Ils avaient tous besoin de relâcher la pression et ces moments de détente, seulement passés à discuter et plaisanter, leur faisaient toujours le plus grand bien. Quand il s’agissait de ses études, Mila était une personne d’habitudes, elle trouvait du réconfort à fonctionner de la même manière, elle avait l’impression qu’elle apprenait mieux ainsi, ça la rassurait. Et cette année, elle aurait bien eu besoin de pouvoir se reposer sur ces habitudes réconfortantes, car il n’y avait plus grand-chose qui la rassurait dans le monde magique.
Alors cette année, contrairement aux autres années, Mila ne parvenait pas à être entièrement concentré sur ses cours. Elle aurait dû, c’était ses derniers examens à Poudlard, dans quelques semaines seulement elle jouerait son avenir, mais rien n’était aussi simple. Il y avait trop de choses cette année pour que les étudiants puissent passer leurs examens en toute sérénité et elle se demandait bien si les professeurs s’en rendaient compte. La magie foutait le camp, l’épidémie était toujours là et les premiers vaccins, même s’ils donnaient des résultats, étaient loin d’être sans effets secondaires. Comment le Ministère pouvait attendre des élèves de l’école qu’ils aient de bons résultats dans ces conditions ? Mila savait qu’elle aurait dû mettre ces questionnements de côté pour se recentrer sur ses cours. Mais elle en était incapable. Si elle n’était pas directement touchée par l’épidémie, du moins pour le moment, plusieurs de ses amis l’étaient et elle ne pouvait s’empêcher de s’inquiéter pour eux. L’épidémie faisait flotter un énorme point d’interrogation au-dessus de la tête de beaucoup d’élèves. Ce n’était pas que leurs épreuves de fin d’année qui étaient remises en question, c’était tout leur avenir dans la société magique. Et ça, Mila ne pouvait pas faire semblant de ne pas le voir. La vie continuait pourtant, les cours s’enchaînaient et les jours qui les séparaient des premières épreuves s’amenuisaient. Mais elle avait la tête ailleurs, elle voulait réussir, mais elle ne parvenait pas à croire que le Ministère laisse l’année suivre son cours comme si aucun élève n’était en train de perdre sa magie. C’était avec ces idées en tête que la Serdaigle avait quitté son cours d’Invocations magiques animales. Elle avait eu l’esprit ailleurs pendant une bonne partie de la classe, ce qui lui avait valu de ne pas réussir ses sortilèges aussi bien que d’habitude. Certains élèves avaient posés des regards inquiets sur elle et elle avait senti un profond sentiment de malaise l’envahir, ils se demandaient sûrement si elle était touchée par l’épidémie à son tour et elle ne voulait pas laisser de tels doute lui ronger le cerveau. L’épidémie et la quarantaine l’avait déjà bien assez faire souffrir comme ça, elle ne pouvait pas replonger dans l’angoisse permanente. Alors dès que l’heure de cours avait touché à sa fin, elle avait quitté la salle d’un pas vif et s’était engouffré dans les couloirs déjà plein d’élèves. La journée touchait à sa fin et ça se sentait, les corridors étaient à peine praticables tant il y avait de jeunes sorciers. « Mila ! » L’appel s’était perdu dans le bruit ambient mais Mila l’avait tout de même perçu. Pourtant elle choisit de l’ignorer et ne s’arrêta pas. Elle avait reconnu la voix qui l’avait interpellé et préférait ne pas lui faire face pour le moment. Elle n’avait pas la force de faire semblant. Un vague sentiment de culpabilité l’étreignit mais elle continua à se frayer un chemin vers la bibliothèque. « Mila ? » Cette fois-ci la voix était plus proche, trop proche pour pouvoir faire semblant de ne pas l’avoir entendu. Au milieu des élèves qui se dispersaient enfin Mila s’arrêta, elle se mordit la lèvre un instant avant de se retourner, un léger sourire un peu bancal sur le visage.
Cora se tenait à quelques mètres d’elle, l’air incertain. La Serdaigle tenta de rendre son sourire plus vivant, plus convaincant, mais elle sentait que le résultat n’était pas là. Elle n’avait jamais été douée pour mentir après tout et faire semblant que tout allait bien n’était pas plus facile. « Qu'est-ce qui se passe ? » Mila sentit la culpabilité s’insinuer de nouveau dans ses veines, se mêler au mal-être que la Serpentarde réveillait en elle. Lors de la réouverture de Poudlard, Cora et elle s’étaient rapprochées, la verte semblait avoir repris vie depuis la fin de la guerre et leur amitié, d’abord fragile, s’en était trouvée renforcée. Mais depuis quelques semaines, la préfète avait choisi de s’éloigner volontairement de son amie. Elle n’avait rien à lui reprocher, mais elle avait ressentie le besoin de se protéger. Parce que Cora s’était rapprochée de Blaise, et que quand Mila s’en était rendu compte ça lui avait fait mal. Elle ne pouvait pas lui en vouloir pour ça, c’était idiot, ni Cora, ni Blaise ne lui avaient promis quoi que ce soit, pourtant son cœur s’était tordu face à cette réalisation. Alors elle avait choisi la fuite, tout pour éviter de faire face à ce que tout ça voulait dire. Et puis, quelques jours plus tôt, elle les avait vus sortir de la salle de bain des préfets, et ça avait été encore pire. Depuis Mila faisait de son mieux pour éviter de croiser le chemin de Cora, c’était un comportement futile, elle le savait, mais elle n’avait pas envie de se retrouver face à la blonde et réaliser tout ce pour quoi le Zabini devait préférer sa présence à la sienne. Elle n’avait pas besoin qu’on lui rappelle qu’elle n’était pas assez bien, c’était trop douloureux. Mais aujourd’hui elle n’avait pas pu ignorer plus longtemps la Serpentarde et elle devait trouver comment se sortir de cette situation. « Oh hum… Désolée je ne t’avais pas entendue avec tout ce monde. » expliqua-t-elle en faisait un pas vers sa camarade dans l’espoir de la rassurer et de s’éviter plus de question. L’espoir que Cora n’ait pas remarqué son comportement récent avait traversé l’esprit de la Serdaigle mais elle sentait qu’elle allait devoir faire une croix sur cette idée. Cora n’était pas idiote. Au moins l’explication de la préfète n’était pas totalement un mensonge. Mais elle n’était pas non plus suffisante pour calmer les doutes de sa camarade. « Avec les examens qui arrivent, j’ai vraiment la tête ailleurs. » Reprit la Serdaigle avec un léger haussement d’épaules contrit. La bleue espérait que cette explication-là conviendrait plus à Cora. Elle avait au moins le mérite d’être véridique, si Mila avait du mal à se concentrer sur ses révision, la perspective des examens à venir occupait bien son esprit en permanence. Cela pouvait suffire à expliquer qu’elle passait un peu moins de temps avec son amie ou que la Serpentarde avait du mal à la croiser dans les couloirs. Elle ne pouvait tout de même pas lui avouer qu’elle l’évitait volontairement, quitte à prendre des chemins détournés pour ne pas avoir à la croiser. Au fond Mila ne voulait pas faire de peine à Cora, elle l’appréciait sincèrement, mais c’était trop difficile. Quelque part, elle lui rappelait tout ce qu’elle ne serait jamais. « Mais ça va, tu es encore épargnée cette année, tu as de la chance. » Continua-t-elle sur un ton qu’elle voulait enjoué. L’anglaise voulait détourner la conversation d’elle, rien de bon ne pourrait ressortir de leur discussion si elles continuaient sur cette voie. Mais quelque chose dans son ton sonnait faux, même elle pouvait l’entendre et elle n’avait plus qu’une envie : s’enfuir de nouveau. Mal à l’aise, la Serdaigle remit une mèche de cheveux derrière son oreille. « J’avais prévu d’aller à la bibliothèque, j’ai encore un peu de retard à rattraper pour être prête. » Lança-t-elle finalement en désespoir de cause. Son excuse était valable, mais ça ne l’empêchait pas d’être particulièrement médiocre. Elle n’était pas à la hauteur, Mila. Pas à la hauteur de Cora.
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