Who are you ?! [ft Pandore]

Le temps de Novembre était doux malgré les bises écossaises sifflant sur les landes et s'engouffrant à l'intérieur du château. Si la chaleur régnait en son sein, passer aux côtés d'une ouverture s'affairait vivifiant et revigorant. Non, ce qui dérangeait plus la jeune slave dans ce pays anglo-saxon restait la brume qui ne se levait que rarement avant midi et cette humidité apparentait à un crachat constant sur l'école. Le climat anglo-saxon était vraiment à la hauteur des médisances de sa réputation. Sans parler de la nourriture qui ne s'améliorait pas. Bien qu'elle ne doutait pas des capacités culinaires des elfes de maisons - vu la vitesse à laquelle le vieux professeur de runes se jette sur le pudding - rien n'avait encore égayé son palet et encore moins la marmelade qui lui restait sur la langue comme une vieille gelée passée. Pour en avoir échapper deux mots avec ses collègues russes, elle était rassurée de constater qu'elle n'était pas la seule à avoir du mal avec les mets locaux. Pourtant, ce n'était pas de savoir comment allait accepter ce niveau plat en sauce bien épicé dont s'inquiétait la demoiselle présentement. Depuis la matinée, son esprit était soucieux, notamment après le cours d'occlumancie optionnel des septièmes années. Si ces derniers étaient plus vieux et donc plus attentifs en classe, ce n'était pas leur capacité de petite cuillère qui l'avait mise en rogne cette fois-ci.  Non, la sorcière était restée pantoise après avoir mis à rude épreuve l'une de ses élèves, décelant deux problèmes de taille chez elle. Si la communication avec une tierce personne laissant supposer un départ de schizophrénie aurait dû l'alerter et l'affoler, ce fut plutôt les paroles utilisées avec cet inconnu apparemment masculin - qui occupait son esprit et ce même durant le cours d'après. Ce dont les quatrième années avaient profité jusqu'à ce qu'elle ne se ressaisisse et ne les punisse.

Une seule façon dans avoir le cœur net : interroger et extraire l'information de la bouche de la blondinette. Lui ayant demandé de venir la voir après le déjeuner, Anastasiya n'arrivait guère à être productive pendant ce laps de temps. Même le repas lui parût interminable et elle toucha à peine à son assiette, ce que lui fit remarquer son voisin. S'empressant de piocher une pomme pour faire taire cette vilaine langue, elle croqua dedans sur le chemin la menant à sa salle de cours, passant autant son impatience sur ses gencives que son attention à ne pas se mordre au passage. Trouvant l'atmosphère trop pesante, elle ouvrit en grand les fenêtres de la salle de classe, laissant l'air frais et vivifiant entrer à sa guise, les rideaux étant poussés pour une fois. L'air de Russie lui manquait. A cette époque, la neige avait déjà recouvert sa ville natale, laissant un atmosphère aussi mystique que chaleureux malgré tout ce blanc. Ici, il n'y avait que grisaille et sifflement. Mais elle pouvait rester sans cape au cœur de la salle sans broncher au moins, tout du moins le temps que l'air ne se renouvelle.  L'élève finit par arriver, faisant taire ses suspicions toutes plus nombreuses les unes que les autres depuis quelques heures. " Entrez ! " l'invita-t-elle à s'avancer dans la pièce, malgré le froid et la nouvelle lumière qui y régnaient. Quelques secondes passèrent, aussi longues que des minutes alors la brune dévisageait sans vergogne la grande blonde faisant surement une tête de plus qu'elle. Qu'avaient-ils donc tous à être aussi grands en Angleterre ? Après le professeur de métamorphose, voilà que c'était maintenant le tour des élèves.


" Savez-vous pourquoi je vous ai demandé de venir, Miss Heather ?" Le regard distant, la stature stoïque, Anastasiya avait les bras croisés et attendait avec une impatience bien dissimulée une réponse à sa question. Contrairement à ses efforts quotidiens, aucun sourire ne baignait sur ses lèvres, la froideur étant de sortie en cette douce journée de Novembre. Au fond d'elle, l’inquiétude grandissait et une panoplie de nouveaux scénarios tous plus crétins les uns que les autres se formaient. Elle allait devoir tirer cette affaire au clair le plus rapidement possible si elle ne voulait pas se transformer en enquêtrice indomptable. Ce qui ferait désordre dans son dossier scolaire, sachant les manières employées.