Keys of understanding is a mystery for the eyes (Alec)

Le dernier élève s’en va de la salle de classe à pas feutré, bredouillant un au revoir de politesse en direction de son professeur. Anastasiya acquiesce d’un léger sourire au coin de ses lippes avant de fermer la porte en bois derrière lui, appuyant son dos contre la rugosité du bois, laissant choir sa tête et ses épaules contre le support solide. Sa tête finit même par se cogner contre, lui arrachant une grimace alors que ses yeux se ferment et se plissent. Un soupir s’extirpe difficilement de ses dents pour finir par devenir plus bruyant. Un autre s’est mis à pleurer. Quelle idée avait eu le directeur d’ouvrir ses cours à des enfants de treize ans. Ils n’étaient pas assez mâtures, pas assez mûrs. Trop peureux malgré les derniers évènements. Et elle se retrouvait au milieu, en gardienne de mioches. Elle n’avait rien à faire ici, en Grande-Bretagne, dans une école de magie. Et pourtant, elle ne pouvait pas en partir. Apprendre l’occlumancie se révélait être une tâche bien plus difficile que de devoir traquer et interroger une bande de sorciers. Marchant jusqu’à son bureau, elle se laissa choir dans le fauteuil en regardant ses parchemins devant elle. Elle allait encore devoir revoir ses cours : forcer les élèves à se concentrer était une leçon plus ardue qu’elle ne l’espérait. Surtout lorsqu’elle ne pouvait pas leurs promettre de les pendre par les pieds s’ils ne se calmaient pas. Elle n’avait plus envie de revenir sur ses cours, laissant ses parchemins se ranger soigneusement seuls dans sa pochette sans même leurs jeter un œil. Son regard tomba finalement sur une vieille fleur fanée, vestige de l’enfance tenu en vie par un soupçon de magie. Si la journée avait été pénible, elle ne pouvait se permettre de gémir sur sa propre vie. C’est ainsi en se levant prestement qu’elle se dirigea vers la bibliothèque quelques étages plus haut d’un pas bien décidé. Son travail ne faisait que commencer, la récréation avait assez durée.

La bibliothécaire était une personne des plus atypiques mais pourtant tellement caractéristique de son métier. Attentive, elle repérait le moindre son trop élevé provenir de la pièce et dardait alors son regard perçant en direction de sa pauvre victime. Dans ses conditions, il serait alors bon de graisser les gonds de la porte d’entrée, grinçant à chaque ouverture ce qui permettait d’être accueilli par un regard plus courroucé qu’accueillant. Pas de quoi affoler la slave contrairement à l’élève qui enta à sa suite. Pourtant, elle se sentit plus légère une fois qu’elle fut hors de portée de son regard après lui avoir demandé de plus amples informations. Elle ne comprendrait qu’après avoir passé la porte magique d’entrée de la réserve pourquoi la vieille chouette avait mis autant de temps à lui répondre, pinçant les lèvres comme dans une suspicion de coup-monté. « Professeur Eagles ?! » Surprise de la présence d’un autre sorcier, elle se reprend rapidement en relevant ses lippes en forme de sourire. « Bonsoir. » La politesse de mise, elle se détourne de l’unique table de la réserve en appuyant son regard sur les étagères lui faisant face. La bibliothécaire lui avait indiqué l’allée C concernant les ouvrages de médicomagie et potions avancées en tout genre. La réserve n’était pas des plus claires mais ressemblait fortement aux allées de la bibliothèque qu’elle venait de traverser. Délaissant l’allée centrale, elle s’enfonce alors à la recherche de la voie recherchée.

Ses doigts glissent le long des arrêtes de livres, dévoilant parfois quelques noms oubliés sous une couche de poussière. Prestement, elle retire l’orifice avant que l’une d’elles ne dévore sa phalange, se mettant à grogner hargneusement en découvrant des dents cuirées. De son pouce et son index, elle lui envoie une pichenette dans ce qui aurait pu être un nez, faisant couiner l’ouvrage qui finit par se ratatiner au fond de l’étagère. Pas si courageux que çà. Doucement, délicatement, elle fait entrer sa main pour s’emparer du curieux livre qu’elle sort face à elle. Un léger couinement est émis, dévoilant un ouvrage plus craintif qu’hargneux. Faisant glisser son dos sur sa couverture, elle stoppe le son apeuré pour finir par dévoiler un fin gloussement. Quel étrange livre se mit-elle à penser sans se rendre compte que ses traits s’étaient détendus, dévoilant un fin sourire. Morsures et remèdes. Y avait-il réellement des sorciers qui écrivaient sur de tels sujets ? Plus attendrie par le bouquin que son sujet, elle le conserva dans ses bras tout en continuant d’arpenter l’allée. Antivenins asiatiques. Gueule de loup, cœur d’homme. Indispositions et affections les plus communes. Les sujets sur la médicomagie étaient vastes, très vastes mais aucune ne correspondait au livre qu’elle recherchait. D’après la bibliothécaire, le manuel était assez petit, de couleur rouge et arborant des lettres manuscrites d’un noir de jais afin de dévoiler son titre « Les disparitions pathologiques ». Un titre que trop évocateur mais qui serait sans nul doute un bon point de départ dans cette quête à l’incompréhensible. Trois gamins étaient atteints. Une s’était suicidée. Un autre avait tenté. Vassil… Le cœur de la sorcière se serra dans sa poitrine en repensant à l’image de son frère et ne fut tirée de ce mauvais souvenir que par le frottement du livre contre son bras. Elle ne devait pas y penser, délestant au loin les sentiments inutiles qui freinent le raisonnement. Rouge et petit. Elle avait aperçu un ouvrage identique. Sortant de l’allée, elle fit quelques pas en direction de la table de travail où se trouvait toujours le professeur Eagles… avec un ouvrage petit et rouge entre les mains. Tentant de se penche discrètement afin de pouvoir apercevoir le titre du livre, elle rata son coup. Il allait falloir employer d’autres méthodes.

« Excusez-moi professeur Eagles.. » l’interrompit-elle le plus poliment du monde, se forçant même à sourire un peu plus pour paraître amicale. Les impressions étaient parfois primordiales. « … ne serait-ce pas Les disparitions pathologiques par Ernest Oldridge que vous tenez ? » Autant en avoir le cœur net tout en espérant que cela ne soit pas le cas. Directement, sans avoir à prendre de détour.