L'ivresse d'un instant. Juste un instant. Une petite parcelle de vie contenu dans un rire, un regard. Comme si le monde était hors de portée, comme si on était invincibles. Peut-être l'était-elle ? En cet instant, elle sentait qu'elle ne pourrait jamais tomber. Oh non, elle était trop bien perchée sur son nuage, enveloppée dans sa bulle de bonheur. Elle se sentait suffisamment revigorée pour tous les mois à venir. Oh non, rien ne pourrait la faire descendre subitement de ce petit piédestal. Le pire, dans tout ça, c'est qu'elle ne savait pas d'où cette soudaine bonne humeur pouvait venir. Elle s'était levée ce matin-là avec l'étrange impression que tout se passerait bien. Un sentiment qui ne l'avait pas quitté de la journée, la rendant davantage joviale et encline à parler qu'en temps normal. Et même le froid qu'il faisait dehors n'avait pas suffi à lui ôter le sourire qui planait en permanence sur son visage. Après un rapide passage en salle des profs avant d'entamer son prochain cours, la professeure de Botanique avait décidé de se rendre plus vite que prévu dans ses serres. Elle pourrait préparer tranquillement son prochain cours, s'occuper des plantes qui avaient besoin d'un peu d'attention. Et souffler un peu. Ces derniers temps, elle avait l'impression qu'elle se donnait à fond, bien plus qu'en temps normal. Comme si sa vie avait enclenché la vitesse supérieure sans qu'elle n'y soit préparée. C'était étrange – elle n'y était guère habituée – mais cela lui faisait un bien fou. Elle n'avait ainsi pas le temps de s'ennuyer. Dès qu'elle avait un instant de libre, elle le comblait de bien des manières – le plus souvent en prenant un café ou en faisant une petite sieste, pour se remettre de tout ça. Elle descendait vers ses serres, pleine d'entrain. Dans quelques heures, la journée toucherait à sa fin et elle pourrait vaquer à ses autres occupations : lire un peu, prendre du temps pour elle ou jeter quelques mots sur le parchemin. Mais en attendant, elle avait d'autres objectifs à remplir. Alors qu'elle arrivait à quelques dizaines de mètres des serres, une étrange impression l'envahit. La porte de la serre était entrouverte alors qu'elle était certaine de l'avoir fermée. Eärendil pressa le pas et s'engouffra dedans. Il y avait non loin d'elle une silhouette penchée, qui semblait absorbée par quelque chose qu'elle ne pouvait voir. En revanche, ce qu'elle pouvait voir, c'était cette petite cisaille posée non loin et qui ne lui appartenait pas. « Vous ! Posez tout de suite ce que vous êtes en train de faire ! Et retournez-vous lentement ! » Bon elle avoue, elle avait été un peu influencée par tous les films moldus qu'elle avait pu voir jusqu'à présent. Etrangement, cette phrase lui était venue naturellement à l'esprit. Elle plongea sa main dans sa poche, à la recherche de sa baguette, qu'elle sortit lentement et tint fermement le long de son corps.
« Vous ! Posez tout de suite ce que vous êtes en train de faire ! Et retournez-vous lentement ! » Kamen sursauta. Il ne s'était pas attendu à ce que quelqu'un débarque et le prenne en flagrant délit. Trop concentré sur la tâche qu'il était en train d'accomplir, le Serpentard se mordit la langue. Il y était presque. Il avait presque tous les ingrédients pour sa potion, et tout serait gâché parce qu'il n'avait pas été assez prudent. Comment s'était-il retrouvé dans cette situation alors qu'il avait pris toutes les précautions. Il avait programmé son plan depuis quelques jours, en calculant tout dans les moindres détails. Kamen n'était pas quelqu'un de si prévoyant d'habitude, mais il tenait absolument à ce que les choses se passent bien, le poison qu'il voulait concocter, il ne l'avait jamais réalisé avant, et il avait besoin de plantes spécifiques, qu'il ne pouvait trouver que dans les serres de Poudlard. Il avait décidé de faire cela très tôt le matin. Hors de question de traîner dans le parc la nuit, il savait que le garde-chasse du château faisait ses rondes. Le petit matin était le moment idéal pour sortir. Le soleil n'était pas encore levé quand il s'était réveillé et habillé discrètement, pour ne pas réveiller ses camarades de dortoir. Il n'avait même pas pris de petit-déjeuner, et s'était dirigé dans le froid de l'hiver pour se rendre jusqu'aux serres. Étant donné qu'il faisait encore nuit, et que le soleil se levait plus tard en hiver, il avait décidé de rentrer par la porte. Il n'en avait pas pour longtemps après tout. Très vite, il avait été submergé par les odeurs des plantes, par la vue des couleurs, tous ses sens étaient en éveil. Le bulgare s'était d'abord intéressé aux plantes qui lui demandaient le plus de précaution. Il avait enfilé ses gants, et petit à petit, il remplissait son sac. Il prenait peu de tiges, ne voulant pas qu'on remarque qu'il manquait quelque chose. Mais il se retrouva vite avec une petite dizaine de feuilles, de branches, d'herbes etc. Le soleil commençait à se lever quand il s'était attelé à la dernière plante qu'il lui fallait. Il avait peut-être été trop gourmand avant, mais celle-ci lui était indispensable. Malheureusement, il avait entendu cette voix autoritaire derrière lui. Il s'exécuta, parce que si c'était un professeur, il ne pourrait pas se défendre et qu'il valait mieux pour lui qu'il ne se débatte pas. Après tout, il avait compris que les méthodes de sanction étaient plus douces ici qu'à Poudlard, mais on ne savait jamais. Épuisé, il lâcha l'outil qu'il avait dans ses mains et se tourna lentement. C'est là qu'il comprit qu'il avait affaire à la professeur de botanique. Il soupira, habituellement elle ne venait pas aussi tôt dans les serres. Son plan avait échoué. La fatigue le gagnait, et avant qu'il puisse le retenir, un bâillement sortit de ses entrailles. « Désolé. » murmura-t-il. Mais il ne pouvait pas faire grand chose que d'attendre la sanction qui lui tomberait dessus. Il vit alors qu'elle tenait fermement sa baguette, alors un peu inquiet il ajouta : « Pas besoin de votre baguette, je ne vais pas m'enfuir Madame. » Il fallait être docile. Dans tous les cas, il avait perdu.
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Consumed by the shadows
Ven 20 Jan - 9:15
Hands up !
Kamen & Eärendil
C'était peut-être là l'un des pires cauchemars qu'Eärendil aurait pu faire. Tout ce qu'elle avait osé imaginer de pire était en train de se produire sous ses yeux. Elle tenait à ses plantes comme s'il s'agissait de ses propres enfants. Et quiconque savait son amour pour les plantes savait qu'elle pouvait devenir irraisonnée si on s'en prenait à elle. Alors voir cette personne affairée autour d'elle, si absorbée dans sa tâche peut-être, ce n'était pas ce qu'elle avait espéré. Parfois, elle autorisait des élèves à venir faire quelques tâches dans ses serres – dans les serres renfermant les plantes les plus inoffensives – mais en général, cela se passait en pleine journée. Et elle le savait car elle notait les noms de ces adolescents sur un parchemin, placardé sur la vitre au dessus de son bureau. Alors pourquoi diable y avait-il quelqu'un ici et maintenant ? En général, les élèves se précipitaient pour les premiers cours de la journée. Peut-être que celui-ci était un intrépide, préférant jouer avec le feu plutôt que de l'éteindre ? Et pourquoi n'était-il pas encore avec ses camarades, en train de traîner autour du petit-déjeuner ? Eärendil attendit un peu nerveusement que l'élève en question se retourne. Les adultes étaient bien trop respectueux pour saccager ses plantes de cette façon – ou, dans le cas contraire, ils opéraient quand ils étaient certains qu'Eärendil ne puisse intervenir immédiatement dans ses serres. En général, elle voyait quand il manquait quelques feuilles sur une plante ou parfois une branche sur une autre. C'était comme un nez au milieu de la figure pour elle. Sa baguette était toujours pointée vers l'importun, comme si elle craignait une quelconque action de sa part. Les gens devenaient de plus en plus imprévisibles avec le temps. Il aurait tout aussi bien pu s'enfuir en courant, après lui avoir lancé des plantes au visage. Non, elle devait se tenir prête au cas où. Le désolé de l'élève vint lui piquer les oreilles comme des dards d'abeille. Elle sentit un liquide acide lui parcourir les veines. Une violence qu'elle ne se connaissait pas montait en elle comme l'envie de lui griffer le visage. Eä avait bien conscience que ce n'était pas la Eä un brin solitaire qui agissait en ce moment. Au contraire, l'élève devait faire face à une facette qu'on ne connaissait pas spécialement de la femme trop « amoureuse » de ses plantes, d'une mère désarçonnée et prête à tout face à la menace qui s'imposait face à ses petites protégées. « Oh que non, tu ne vas pas t'enfuir. Tu vas t'éloigner de ces plantes tout de suite et me dire ce que tu fais ici. Et si tu envisages de me mentir, j'ai des moyens de te faire cracher le morceau. » Après avoir rangé sa baguette, la professeure de Botanique se dirigea vers la plante torturée et se mit à l'observer sous toutes les coutures. Il n'y était pas allé de main morte, le bougre ! Et d'une façon un peu bouchère, elle devait l'avouer. Son cœur se serra de douleur et elle se mordit la lèvre comme pour éviter d'exploser d'une quelconque façon. Elle caressa doucement les autres feuilles et branchages qui la composaient avant de retirer le pot de la table pour le poser dans un petit bac, celui destiné aux plantes qu'elle apporterait dans l'arrière-serre pour les remettre en état. En revenant vers le trou laissé par la plante qu'elle venait de retirer, son regard fut attiré par le sac de l'élève. Un soupçon la parcourut avant de reporter de nouveau son attention sur le malotru. « J'attends toujours ta réponse, tu le sais. Et tu ne quitterais pas cette serre sans avoir déballé tes sacs. »
« Oh que non, tu ne vas pas t'enfuir. Tu vas t'éloigner de ces plantes tout de suite et me dire ce que tu fais ici. Et si tu envisages de me mentir, j'ai des moyens de te faire cracher le morceau. » Kamen soupira. Elle était complètement marteau cette prof. Les moyens de lui faire cracher le morceau ? Elle croyait vraiment qu'elle pouvait le menacer et qu'il aurait peur ? Kamen se fichait totalement de la torture, il se l'infligeait lui-même. Et il avait déjà subi quelques punitions et heures de colle à Poudlard, et cela ne l'avait pas vraiment marqué. Les méthodes des anglais étaient beaucoup plus douces que celles des slaves, et passer une nuit dans la Forêt Interdite de l'inquiétait pas du tout. Il reporta son attention sur la blonde hystérique qui se dirigeait vers lui. Elle regarda la plante dont il s'occupait avec des yeux désespérés. Une vraie folle ! Elle caressait les feuilles de la plante comme si elle était vivante, et Kamen soupira. Il était tombé sur le professeur le plus barge de Poudlard, quelle veine ! Mais elle n'en avait pas fini avec lui. Elle dépose sa plante chérie dans un bac, et reporta son attention sur lui. Il aurait pu tenter de fuir, mais c'était inutile, elle l'avait vu et savait à quoi il ressemblait, puis, il n'était pas un lâche. Les Yordanov affrontaient leurs ennemis, et il n'avait pas l'intention de s'avouer vaincu. « J'attends toujours ta réponse, tu le sais. Et tu ne quitterais pas cette serre sans avoir déballé tes sacs. » Kamen sentait que l'amoureuse des plantes allait l'enquiquiner encore un bon moment. Il prit le seul sac qu'il avait ramené et soupira, il s'était levé tôt pour rassembler ses trouvailles et tout ceci était un pur gâchis. Il n'avait aucun moyen de faire pression, et c'était bien dommage. Il vida le sac par terre en jetant un regard de défi au professeur de Botanique. « Voilà, vous êtes contentes ? » Il espérait qu'elle n'attendrait pas plus de lui, il n'avait pas le temps pour se prendre un sermon. « Maintenant, envoyez moi en retenue, ou dans les cachots, comme vous préférez, qu'on en finisse ! » Si elle s'attendait à ce qu'elle lui dise ce qu'il avait l'intention de faire avec tout cela, elle se fourrait le doigt dans l'oeil. Certes, la plupart des ingrédients lui serviraient pour ses poisons, mais il y en avait quelques uns qu'il réservait pour un tout autre projet. Un projet top secret, et il était hors de question qu'il mette au courant un professeur, cela pourrait faire complètement échouer le plan.
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Lun 13 Mar - 2:18
Hands up !
Kamen & Eärendil
L'élève jeta le sac au sol. Un instant, la professeure de Botanique resta figée. Non, mais je ne suis pas ton chien – ou pire, je ne suis pas atteinte d'herpès, tu peux me le donner normalement !, pensa-t-elle en son for intérieur. Elle n'allait pas s'abaisser à son niveau. Elle dégaina sa baguette, un peu comme Duke Ellington dégainerait son trombone, et un sentiment de puissance certain l'envahit. Ce petit callipyge de ses deux allait bien voir qui était le patron, après tout ! D'un mouvement ample du poignet, le sac s'envola de plusieurs dizaine de centimètres avant de flotter avec une légèreté étonnante. Elle s'empara de la bandoulière et renversa le sac sur une table. Un petit tas de brindilles et feuilles en tout genre s'y trouvait. Des vert tendre, des jaunes flavescent, une large palette de couleurs qui pouvait faire pâlir de jalousie les artistes en recherche de couleurs. Son cœur loupa un battement avant d'accélérer comme un dingue. Elle ferma les yeux, hocha la tête comme pour se calmer et inspira profondément plusieurs fois. Lorsque ses paupières se rouvrirent, ses yeux se posèrent sur l'élève en face d'elle. La professeure de Botanique se sentait désemparée, presque désespérée. Quelles qu'aient été les motivations du Serpentard, elle ne pouvait pas le laisser filer sans sanction. « Contente, non. Tu as saccagé des années de travail, des plantes qu'on ne trouve pas partout. Tu n'imagines pas les sacrifices qu'il a fallu faire pour pouvoir s'en procurer un exemplaire ou deux… Alors non, je ne serais jamais contente. » Elle laissa le sac sur la table et laissa tomber son tas de feuilles et brindilles dans un bocal. Elle irait donner ça au professeur de potions. De toute façon, ça lui serait bien inutile. Sauf peut-être ces petites brindilles. Dans une infusion, elles faisaient des miracles, si on peinait à trouver le sommeil. Eärendil s'en alla dans l'arrière de la serre – chaque serre en avait une, ce qui était plus pratique pour stocker le matériel et la nourriture propres à chaque plante – pour les poser sur une étagère ; elle ferait le tri plus tard, quand elle se sera calmée. Lorsqu'elle revint, l'élève était encore là. Il lui dit une chose qui la fit sourire. « Oh, je n'ai pas spécialement envie d'en finir. Tu vas rester ici, m'aider à nourrir les plantes, et quand tu auras fini de les nourrir, tu passeras le balai dans la serre, sans l'aide de la baguette. Et ensuite, tu pourras aller prendre ton petit déjeuner. Et tu reviendras chaque matin pendant un mois pour le faire. C'est pas mal, non ? » Elle croisa les bras sur sa poitrine, laissant ce petit sourire perfide comme l'herpès planer sur son visage.
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