Wasted love (ORYA)

Wasted Love

Ouvrir un bouquin. Lire les mots qui y sont enfermés. Tourner les pages. Arriver à la fin du livre. Le fermer. Et en prendre un autre pour recommencer. Le manège de Lyra Yaxley durait depuis maintenant de nombreux mois. Elle ne l'interrompait que pour se doucher, aller en cours et se nourrir même si elle n'avait pas vraiment faim. Malgré tout, elle considérait qu'elle appréhendait plutôt bien la situation, vu la cruelle douleur qui vrillait son cœur lorsqu'elle pensait à Orion Outerbridge. Le manque qu'elle avait du jeune homme était devenu physique au fur et à mesure que leur dernier échange s'éloignait dans le temps et la jeune femme désespérait de le voir un jour s'effacer. Repenser à l'été dernier et à leur relation l'agaçait profondément, elle avait été misérable. Bien plus qu'elle l'était maintenant. Et s'il n'y avait pas eu le bébé pour endiguer le flot de douleur qui se déversait continuellement en elle, la sorcière  n'était pas sûre d'avoir trouvé la force nécessaire à se lever, chaque matin.  Elle avait la sensation de réagir comme une adolescente larguée par son premier amour mais en beaucoup plus stupide. Après tout, elle n'avait passé qu'une fin de journée avec le loup-garou et c'était ridicule de se tourmenter autant pour un beau -très beau- jeune homme. Sauf que c'était plus fort qu'elle. Il fallait que son esprit revienne sans cesse à lui, à leur baiser, à ses paroles... A son abandon. Il avait envahi la moindre parcelle de son être sans qu'elle ne fasse réellement attention. Elle n'avait jamais rien ressenti d'aussi puissant. Aussi surréaliste. Elle avait un jour lu que l'amour était avant tout une réaction chimique liée à une rencontre moléculaire entre deux êtres et en était arrivée à la conclusion que c'était ce qui lui était arrivé. Quelque chose d'inconscient chez Orion l'avait harponnée sans vouloir la relâcher. Certes, il avait consciemment tout pour lui plaire mais on ne s'amourachait pas ainsi de n'importe qui. Elle sentait qu'elle était liée à lui d'une façon bien plus intime. Rien que se laisser aller au souvenir de ses yeux, des émotions qu'ils transparaissaient, la faisait repartir au moment de cette fameuse soirée. Cette soirée où ils n'avaient fait qu'un.

La dernière page de son roman du moment - un thriller plutôt sombre, expressément choisi pour son total manque de romance- achevée, Lyra ajouta le livre à la pile près de son lit et resta un long moment sous ses couettes, à réfléchir au dénouement qui venait de lui être dévoilé. Une pensée en amenant une autre, son esprit finit par dériver sur les implications que pouvaient avoir l'amour sur un crime et sur les dangers à éprouver ce sentiment. La question de savoir jusqu'où elle pourrait aller pour Orion s'imposa tout naturellement et la jeune femme ne pensa à l'écarter que lorsqu'elle se souvint enfin de leur situation. Elle l'avait rejeté. C'était pas plus compliqué que ça. Au diable, les réactions chimiques et les soirées romantiquement étranges avec un loup-garou. Elle devait passer à autre chose. Mais elle avait beau se répéter ça plusieurs fois par jour, ce foutu passage se refusait sans cesse à elle. Même dans ses rêves, ils la narguaient en lui offrant des images de ce qu'aurait pu être un futur avec Orion. Refusant de se laisser à nouveau submerger par les "et si", la serdaigle repoussa brusquement ses draps et sortit résolument de la chaleur de son lit. Il était grand temps qu'elle parte se changer les idées en faisant un jtour dans le parc. Elle glissa sous une rapide douche, noua ses cheveux en une queue de cheval haute et se vêtit d'un survêtement et de sa cape avant de sortir du château. Il était tôt encore. Elle ne l'aurait jamais supposé. Elle avait fini par totalement se déphaser à s'endormir au milieu d'une lecture, recommencer indifféremment et sortir dès lors que le soleil n'était pas haut dans le ciel. Mais ça ne la gênait pas plus que ça à vrai dire. Accélérant son allure, elle fut tentée d'aller faire un tour vers la volière où elle avait reçue ses dernières lettres, mais elle lutta contre cette envie et obliqua vers le lac. Sur l'eau, elle vit deux cygnes s'envoler en même temps. L'image l'a fit sourire. Elle pensa à elle, et à Orion. Aussitôt, elle secoua la tête.

- Lyra, il faut t'arrêter là. Orion appartient au passé. Laisse-le ranger au fond de ta mémoire et arrête de penser à lui dès qu'il y a quelque chose d'amoureux. Tu es pathétique, ma fille ! se morigéna-t-elle en s'appuyant contre un tronc d'arbre.

Elle s'en voulait de s'être laissée emporter mais savait que même si elle revenait en arrière, il lui serait impossible de s'en empêcher pour la simple et bonne raison qu'elle oubliait parfois que c'était elle qui avait abandonné Orion. Son esprit occultait totalement ce fait, même sa colère momentanée lui semblait irréelle quand elle se forçait à récapituler dans leur entièreté les raisons de son rejet. Pour s'aider dans sa tâche, elle les avait d'ailleurs écrites sur une feuille et les relisait en cas de crise. Comme là, en fait. Elle sortit le bout de parchemin de sa pauche. Sur ses épaules, ses cheveux longs gouttaient abondamment mais elle n'y prêta pas attention, son regard fixé sur l'une des phrases qu'elle avait écrite "ensuite, il s'est fait pardonner en faisait preuve de douceur... D'une exceptionnelle douceur... [...] lorsque sa main s'est enfin saisie de la mienne, ça a juste été trop parfait mais j'y croyais à ce moment-là". Elle ne savait pas pourquoi elle avait adopté le style de la prose pour rédiger son vademecum mais elle le regrettait. Habituellement, elle faisait tout pour ne pas regarder ces phrases si douloureuses et se concentrer plutôt sur celles décrivant les aspects "négatifs" de leur relation, sauf que là, son regard s'était instinctivement dirigé vers ce passage. Sa vision commença à se troubler et elle fit un pas en arrière, brusquement déséquilibrée sans en comprendre les causes. Finalement, elle eut la sensation de tomber et poussa un petit cri de surprise lorsqu'elle se retrouva à terre. Elle ne s'était pas rendue compte d'être arrivée si près de la Forêt Interdite.

Il y avait quelque chose de pas très clair qui venait de se passer là et elle sursauta quand des bruits de pas lui parvinrent. Quelqu'un arrivait vers elle. Elle se leva et attendit nerveusement que l'inconnu lui soit visible avant de se raidir automatiquement en reconnaissant la silhouette virile d'Orion Outerbridge. Quel était le pourcentage de chances pour que la situation soit vraie ? Elle ne le savait pas mais était prête à parier, qu'il était très faible. Car non, ce n'était définitivement pas possible que le loup-garou se tienne réellement devant elle. Il était encore plus beau que d'habitude sûrement parce qu'il semblait accessible et la sorcière aurait tout donné pour que ce soit la réalité. Le regard clair du brun glissa doucement sur elle et elle fit de même sur lui, savourant le comblement progressif du vide qui était apparu en elle, après l'abandon. Et s'il était réel? Le doute naquit en elle lorsqu'elle croisa enfin le regard tellement expressif du jeune homme. Undisclosed desire. L'expression s'imposa d'elle-même dans l'esprit de la jeune fille. Orion était son désir inavoué et elle était le sien. Ils étaient liés. Elle ne délirait finalement pas lorsqu'elle discourrait silencieusement sur ça. Son regard caressa à nouveau la silhouette masculine du loup-garou et ses yeux s'arrêtèrent avec surprise sur les poings violemment crispés du jeune homme. Un mouvement de recul s'imposa à elle mais elle le contint in extremis sans pouvoir toutefois empêcher l'effroi de se peindre sur son visage. Il était furieux. Furieux de la revoir sur son chemin. Il la détestait, sûrement à cause de ce qu'elle avait fait, parce qu'elle l'avait abandonné, alors qu'elle avait promis de toujours être là pour lui. Semblant s'apercevoir de la peur de la jeune femme, le regard d'Orion quitta son corps pour se pencher sur le sien et ses mains se relâchèrent aussitôt. L'appréhension de Lyra diminua en réponse et elle fit un pas incertain vers lui.

En fait, elle rêvait de l'enlacer, de vérifier qu'il était réel mais craignait de s'emballer. Alors, ne voyant aucune réaction négative du fait de son début d'avancée, elle recommença à venir vers lui et s'arrêta à un mètre, estimant que c'était une distance de sécurité convenable en cas de besoin tout en sachant pertinemment que si son loup décidait de leur rendre une petite visite, un mètre serait une bagatelle pour lui. Le regard fixé sur les traits parfaits du visage d'Orion la jeune femme hésitait à établir un nouveau contact visuel tout en était très tentée par l'idée. Finalement, elle prit son courage à deux mains et fit glisser son attention jusqu'aux prunelles envoûtantes du loup-garou. La limpidité qu'elle y trouva la bouleversa tant qu'elle sentit ses jambes flageoler. Orion semblait avoir reçu une sorte de révélation et lui donnait l'impression de vouloir la partager avec elle. Elle faillit céder et s'enfoncer un peu plus profondément dans le regard du brun mais son corps préféra agir instinctivement et se rapprocher de lui jusqu'à sentir sa chaleur corporelle et frôler sa peau brûlante. Il était réel. Vraiment réel. Elle pouvait y aller. Comme s'ils n'avaient attendu que ça toute leur vie, ses yeux s'unirent un peu plus profondément à ceux d'Orion et un immense sourire déforma les lèvres de Lyra lorsqu'elle discerna un amour évident chez le jeune homme. Elle se doutait que si il était là, c'était certainement parce qu'il avait passé la nuit sous sa forme de loup. Son torse nu et la couverture qui entourait sa taille le prouvait. Elle voulait caresser sa peau, être dans ses bras, et se fichait totalement de la soif sanguinaire du loup qui n'avait pas encore totalement disparu de l'esprit d'Orion. Trop de temps s'était écoulé. Trop de mal avait été fait. Au diable ses convictions, elle le voulait. Elle avait besoin de lui, de son amour. Ses mains s'avancèrent à tâtons vers celles du loup-garou et se saisirent d'elles avec douceur avant d'entrecroiser tendrement leurs doigts, de la même façon qu'il l'avait fait plusieurs centaines de fois auparavant. Le contact sembla redonner son souffle à la jeune femme et elle eut l'impression que les mois qui venaient de se dérouler n'étaient que pures affabulations de son esprit : elle ne pouvait décemment pas avoir été privée d'Orion aussi cruellement et en survivre. Ca aurait été comme demander au soleil de continuer à briller alors qu'il n'avait plus de matière à brûler. Simplement impossible.

Orion parut subitement se détendre et la jeune femme comprit que le lycan avait été apaisé. Pour le moment. Car même si le visage du brun semblait approximativement apaisé, son corps tendu à l’extrême démentait une quelconque possibilité de câlinages. Désormais plus inquiète que confiante, Lyra le dévisagea fixement jusqu’à ce que son regard n’entre à nouveau en collision avec celui du jeune homme. Le désir de protection du à l’amour qu’il éprouvait pour elle, était clairement palpable et ne voir que ça rasséréna la blonde : tout allait bien se passer. Ils allaient pouvoir rester ensemble, le lycan s’était rendormi. Comme pour confirmer muettement son naïf sentiment, Orion raccourcit la distance qu’il y avait encore entre eux et déposa avec douceur l’une de ses mains sur son visage rougit par la température relativement basse de l’endroit. Le contact électrisant qui en résulta les fit tressaillir mais jamais Lyra n’envisagea de le rompre. C’était un shoot nécessaire. Les paupières du brun se fermèrent sur ses yeux clairs et la jeune femme réfréna la brusque envie d’enlacer amoureusement son corps. Elle aurait voulu se fondre contre lui mais quelque chose l’en empêcha, comme si elle savait inconsciemment que le moment était solennel. Cherchant une alternative, elle finit par se concentrer de toutes ses forces sur le contact qui venait d’être crée sur sa joue. L’envie de se rapprocher un peu plus de la main chaude et magnifiquement virile la frappa alors mais une fois encore, elle réprima sa pulsion, la certitude qu’elle le devait, ancrée en elle. Les paupières d’Orion se rouvrirent au bout de quelques secondes et ses prunelles la détaillèrent sans aucune gêne, comme pour graver le moindre de ses détails, la moindre chose la composant, dans sa mémoire. La peur qu’il la quitte s’empara traîtreusement d’elle et elle se força à se calmer. Il avait besoin d’elle autant qu’elle-même avait besoin de lui. Il n’y avait pas besoin de tergiverser. Pourquoi venait-il d’enlever sèchement sa main, dans ce cas ? Pourquoi son expression faciale venait-elle de se durcir et pourquoi son regard lui devenait-il obscur si leur relation était aussi claire ? « Qu'est-ce que tu fais là ? » Il est soudain froid. Il a rompu le silence et Lyra cligne des yeux plusieurs fois, comme si il venait de la réveiller d'un magnifique rêve. Elle se rendit alors compte qu'ils ne pouvaient pas être si proches l'un de l'autre, pas après tout ce qu'il s'était passé. Orion recula le premier, Lyra n'eut pas besoin de le faire. Elle sentit aussitôt tout le poids du monde sur ses épaules, comme si l'apaisement qu'il avait apporté était reparti aussitôt. Elle essaya de récupérer le contact visuel, pour qu'il la laisse parler, mais il ne la regardait même plus. Il commençait à avancer dans la forêt, et Lyra n'avait pas le choix que de le suivre. Elle ne voulait plus continuer à le fuir, et elle avait besoin qu'il l'écoute, qu'il lui donne un chance. « Orion... S'il te plaît... Ne pars pas. Ne me laisse pas. » Elle avançait tant bien que mal, mais des ronces déchiraient sa cape. Il se figea, et elle s'arrêta à temps, avant de cogner contre son dos. Il se retourna, et elle vit dans son regard tout le dédain, toute la haine qu'il ressentait pour elle. « Te laisser ? Tu me demandes de ne pas te laisser ? ALORS QUE TOI, ÇA FAIT DES MOIS QUE TU ME REPOUSSES. On était bien avant de revenir à Poudlard, et si je suis revenu, c'est pour toi, parce que tu me l'as demandé. Je n'avais pas signé pour que tu me rejettes. Tu n'as même pas rompu avec moi, tu m'as juste laissé dans l'ignorance. POURQUOI ? Qu'est-ce que j'ai fait pour mériter ça ? » Lyra prend les mots du jeune loup-garou comme des coups de poignard. Elle ne mérite que ça. Ils étaient heureux avant, avant d'arriver à Poudlard, avant qu'elle ne tombe enceinte, avant que tout ne se casse la figure. Ils étaient heureux, et amoureux, comme jamais Lyra n'avait été amoureuse. Elle avait mis du temps avant de tomber dans les bras du jeune séducteur, mais il avait fini par l'envoûter. Et lui aussi avait été envoûté. Elle avait tout gâché, parce qu'elle était morte de trouille. Elle avait pris des décisions seules, sans mettre au courant le principal concerné. Et il avait raison, elle n'avait même pas eu le courage de rompre officiellement, de lui rendre sa liberté. « Ce n'est pas ta faute Orion... Je suis désolée. Terriblement désolée. Je pensais pouvoir y arriver toute seule, mais c'est trop dur. Sans toi... je ne vis plus. Je garde mes forces pour... mais j'ai besoin de toi. Je ne peux plus... » Elle n'arrive pas à lui annoncer, parce qu'elle sait déjà qu'il ne pourra jamais lui pardonner, elle le voit dans ses yeux. Elle a envie d'être dans ses bras, qu'il la rassure, mais ce n'est pas possible. Il y a eu trop de mal de fait. Et pourtant, ils sont là à se regarder tous les deux, incapable de s'éloigner l'un de l'autre, parce qu'ils s'aiment, et que leur amour est plus fort que les souffrances qu'ils endurent. Alors, la jeune femme porta ses mains à son ventre, tandis que les larmes coulaient le long de sa joue. Elle les déposa pile à l'endroit où le bébé donnait parfois des coups. Elle espère qu'Orion va venir poser sa main lui aussi. Qu'il sente la vie en elle, l'amour en elle. « Je n'ai jamais cessé de t'aimer, jamais. Tu fais partie de moi... Pour toujours. »

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