Allongé sur l'une des tables de la cuisine, tu étais perdu, torturé par tes secrets dont tu ne pouvais parler car tu les savais mauvais. La triste constatation de ta vie est là, devant toi, tu ne t'étais jamais perçu comme un être mauvais, ou quelqu'un de méchant, et pourtant la seule chose que tu retenais c'était que ta famille était malsaine et te tirer dans ce sens. Ça t'aurait probablement fait du bien d'en parler, d'extérioriser tout cela rien qu'une fois, mais c'était coincé dans ta gorge, le besoin que tu avais d'en parler n'arrivait pas à dépasser le fait que tu trouvais ça tout simplement malsain. Alors tu étais perdu, et ton sommeil fortement perturbé par tes états d'âme. C'était comme ça que tu avais fini dans la cuisine du château aussi tard, et que tu avais ouvert la moitié des placard pour en sortir quoi . De la nourriture et des boissons qui ne seraient à rien de plus que compenser cette frustration que tu ressentais. Et tu t'étais allongé, las, la main tendue comme si tu voulais atteindre le plafond. Et tu poussas un soupiré. Dormir n'était plus une occupation que tu appréciais, car tu faisais ce même cauchemar, qui te hanterait probablement toute ta vie, et même celles d'après, s'il y en avait d'autres. Tu n'arrivais plus à respirer car quelque chose de pesant s'appuyant violemment contre ta bouche et ton nez. Un poids, plus lourds que tout ce que tu avais pu endurer dans ta misérable petite vire. Il écrasait ta tête contre le lit, t'empêchant de bouger et de parler. La touche était ouverte et calfeutrée par une masse molle et dense qui t'étouffait. Tu aurais pu souhaiter crier mais tu en étais incapable. Sans air, tu ne pouvais pas produire le moindre son. Ton crâne s'emplissait de rouge. C'était alarmant, palpitant, angoissant. Le rouge de ton propre sang qui montait à ta tête pour te dire que c'était la fin. Tu essayais de te battre en vain, car la masse empêchait le moindre mouvement. Tu n'arrivais à rien, tu n'étais capable de rien faire, subir simplement. Tu avais besoin d'oxygène mais on te le refusait. Tu y consacrais la moindre parcelle d'énergie, cherchant à faire entrer l'air dans tes poumons mais c'était en vain. Ta tête était saturée de rouge, vrillé par l'idée, l'ombre d'un hurlement. Tu te sentais faiblir, t'effacer. mourir. Aussi misérablement et seul que ta vie te l'accordât. Puis soudainement, le poids disparaissait, il finissait toujours par partir pour te laisser respirer à nouveau. Mais plus les années passaient, plus ce poids prenait son temps à t'accorder la grâce que tu ne méritasses certainement pas, la vie. Le soulagement qui t'envahissait était si immense que tu te redressais toujours dans l'obscurité pour aspirer l'air en goulée bruyante, impatientes chaotiques. Tu n'avais jamais eu besoin d'être quelqu'un de très érudit pour comprendre que cela était la représentation que ton subconscient faisait de tes secrets. Mais tu en restais incapable d'en parler, jamais. Tu restais juste cette créature cassée. Un soupiré vint s'échapper de ta bouche. Mais tu fus rapidement tiré de tes pensées, lorsque tu entendis un bruit qui signifiait que tu n'étais pas seul dans les lieux, ce qui te fit sursauter. « Oh Putain.* » lâchas-tu pour toi, le coeur emballé par la surprise. Toujours allongé sur la table, tu tournas la tête vers l'intru. Une demoiselle que tu semblais déjà avoir croisé. Décidément les Poufsouffle étaient tous des mangeurs noctune. Ou alros des insomniaques.
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