the sound of silence (kamen & lou)

Willa était exténuée.

La marche blanche avait été longue. Elle avait été longue, et très vite, elle en avait eu marre. Elle détestait cette ambiance, cette ambiance lugubre qui vous interdit de rire ou de ressentir autre chose que de la tristesse ou du désarroi. Ce n’était pas son truc, pas son truc du tout. De plus, il s’était passé beaucoup de choses étranges. La magie avait perdu tout contrôle, elle s’était déchaînée. La jeune femme n’avait pas bronché, sur le coup. C’était en arrivant dans la salle commune des verts et argents qu’elle s’était rendu compte de tout ce qu’il s’était passé. Willa s’était dépêchée de quitter la marche lorsqu’elle fut terminée. Ainsi, elle était arrivée la première dans le château, même si elle était suivie de très près par les autres élèves et professeurs. Alors, elle profitait de la salle commune vide, pendant quelques instants, tout en réfléchissant à cette soirée mouvementée.

La jeune femme n’était pas vraiment sensible à tous ces évènements. Du moins, en apparence. Au fond d’elle-même, elle se posait certaines questions dont elle n’oserait jamais demander les réponses. Les disparitions lui faisaient peur. Et si cela lui arrivait ? Et si cela arrivait aux peu de gens qui comptaient pour elle ? Elle y avait vaguement pensé pendant la marche blanche, notamment si cela arrivait à Kamen. La blonde avait frissonné face à cette pensée. Cela lui faisait peur. Peur de perdre des gens. Peur de se perdre elle-même. En même temps, elle était aussi curieuse de savoir où finissaient les disparus… Glauque.

Willa s’assit sur le grand canapé, au milieu de la salle commune des Serpentard. Les élèves commencèrent à entrer, tandis qu’elle sortait la lettre chiffonnée de ses poches. Elle ne ressemblait plus à rien, l’écriture était à peine lisible. La Suédoise lança de mauvais regards aux élèves qui la regardaient, et certains s’éclipsèrent. Bizarrement, sa relation avec les élèves de sa propre maison n’était pas forcément très bonne. Elle y était pour beaucoup, mais elle ne faisait absolument rien pour améliorer les choses. Peut-être que cela changera un jour, mais en attendant, tant pis. C’était comme ça, et qu’ils aillent tous se faire foutre.

Après avoir passé de longues minutes à fixer le morceau de parchemin, elle le remit dans sa poche et s’étira. Ses jambes étaient douloureuses. Elle n’avait pas l’habitude de marcher autant. Elle n’avait pas l’habitude de tout ça en fait. Willa était un peu larguée par la vitesse des choses. Elle décida de monter dans le dortoir, et récupérer un livre qu’elle devait lire pour son cursus en médecine magique. Elle s’assit sur le même canapé qu’ultérieurement, en prenant soin de virer les élèves qui s’y étaient installés le temps qu’elle fasse l’aller-retour. La jeune femme ouvrit son livre et décida qu’il était temps de se changer les idées.

Dans le chaos de la marche, Kamen n'avait pas eu le temps de penser à ses sentiments, à ses émotions. Comme lors des séances du club de combat, il avait du fermer son esprit, et penser aux coups, penser stratégie. Parce qu'il devait les protéger, Lou et Willa, même si l'une des deux ne voulait pas être protégée, même si l'une des deux lui échappait petit à petit. Il s'était mis devant elles comme un rocher se place devant la mer, pour arrêter les vagues. Même si sa magie défaillait, il était prêt à se sacrifier pour qu'aucune des deux ne soit blessée. La magie déferlait de toute part, et il n'avait aucune issue. Le temps de la blague était terminé, il ne pensait plus à Lionel et au poison, il pensait simplement à la survie. Et à celles des filles. Mais le calme était revenu, d'un coup, sans doute du au Directeur qui avait pris la parole. Figé, Kamen n'avait pas vu Willa lui échapper. Il écoutait l'homme masqué, essayant de comprendre ses paroles, mais aucun sens ne prenait, parce qu'au fond, il bouillonnait. Il rageait à l'intérieur, à cause du poison, mais surtout à cause de ses pouvoirs qui manquaient à l'appel. Sans eux, il aurait pu crever, et laisser crever Lou. Et ça, il ne le supportait pas. Lou le tira par le bras, pour le réveiller sans doute, parce que déjà, tout le monde rentrait vers le château. Il marcha aux côtés de celle qu'il avait sauvé, celle qui l'avait sauvé, en silence. Il savait qu'il lui faisait du mal, mais il n'y pouvait rien, c'était plus fort que lui. Pourtant, il l'aimait profondément. Il se souvenait du baiser qu'ils avaient échangés, mais aussi de toutes les choses horribles qu'ils s'étaient crachés à la figure. Il se souvenait du regard vide de la jolie slave dans les cachots, et il savait qu'il en était la cause. Même si tout son corps brûlait pour elle, il ne pouvait pas risquer de la brûler aussi. Depuis leur arrivée à Poudlard, il savait qu'ils couraient droit dans le mur, parce qu'il ne faisait que sombrer dans les ténèbres, et qu'il ne pouvait pas emmener Lou avec lui. Alors, il s'était rapproché de Willa, qui lui donnait un peu de lumière. Mais cela n'avait fait qu'empirer les choses.

Quand il arriva dans la salle commune, il perdit Lou du regard, elle devait être montée dans son dortoir, il l'ignorait. Tout ce qu'il savait, c'était qu'il avait besoin d'une douche. Il se laissa bousculer par tous les Serpentard qui rentraient dans les cachots, un peu perdu, dans le vague, puis il approcha du feu de la cheminée pour reprendre un peu de chaleur. La marche avait été glaciale. Autant dans la température que dans l'ambiance. Comme sa relation avec Lou. Il fallait qu'il arrête de penser à elle. Kamen secoua la tête, puis se retourna. C'est là qu'il la vit. Elle était toujours aussi jolie, malgré les traits tirés qu'elle avait sur son visage, sur le contour de ses yeux. La marche l'avait épuisée elle aussi. Il était content de savoir qu'elle allait bien, il avait eu si peur que les choses dérapent. Il se rapprocha d'elle, alors qu'elle ne l'avait pas remarquée. Il s'assit à ses côtés, et après quelques secondes, chuchota : « Intéressante ta lecture ? Sûrement plus que les deux dernières heures en tout cas ! » La dernière fois qu'ils n'avaient été que tous les deux, c'était après Noël. Quand Kamen l'avait embrassé, dans cette même salle commune. Il avait beau avoir envie de recommencer, cette fois, il se contiendrait. Parce que la seule personne qu'il avait en tête, c'était une petite brune, slave, orpheline. Une brune qui manquait à l'appel, dans la salle, et dans son cœur.

La médecine magique, elle aimait ça.

Du moins, quand les chapitres étaient intéressants. Un minimum, au moins. Là, elle étudiait les diverses blessures dues aux sorts, et ce n’était pas franchement une partie de plaisir. Surtout qu’il y avait des dessins. Willa avait, plusieurs fois, fait la grimace. Elle devait s’y habituer, donc ne tournait pas les pages sans avoir lu. C’était un peu barbant, à force, mais elle tentait de ne pas se plaindre. Tentait. Plongée dans son bouquin, la jeune femme ne faisait plus attention aux élèves autour, qui déferlaient au fur et à mesure, au retour de la Marche. Elle entendait un brouhaha, des hypothèses, des remarques. Elle écoutait à peine ce qui sortait de la bouche des verts et argents, mais cela la fit sortir de la transe de la lecture.

Les nouvelles règles mises en place allaient la gêner. La gêner dans son quotidien, dans ses habitudes. Dans ses promenades nocturnes, qui lui permettaient de prendre l’air, sans le bruit constant des élèves autour d’elle. Maintenant qu’elle y pensait, elle avait envie de hurler intérieurement. Elle ne connaissait pas ce directeur, mais la Serpentard avait bien envie de lui dire deux mots, à celui-là. Moins de liberté. Moins de problèmes. Willa était loin d’apprécier cette situation. Se retrouver face à des Aurors lors de ses sorties nocturnes, très peu pour elle, même si elle savait qu’elle allait devoir trouver des solutions pour être tranquille. « Intéressante ta lecture ? Sûrement plus que les deux dernières heures en tout cas ! » Elle sursauta, tout en reconnaissant la voix de la personne qui venait de lui parler. La Suédoise leva alors un regard vers lui et plongea ses yeux dans les siens. Elle tentait de paraître impassible, mais c’était compliqué. Le jeune homme s’était assis près d’elle. Ses sentiments pour lui revinrent aussitôt, et elle s’empêchait de lui sauter dans les bras. Premièrement, elle ne voulait pas tomber. Deuxièmement, pas devant tout le monde. Ils aimaient radoter, ici, au grand dégoût de Willa. Elle se rappela du moment qu’ils avaient passé ensembles, et d’à quel point elle le trouvait beau, et même callipyge. Elle avait un peu regardé partout, quand elle en avait eu l’occasion.

Cette dernière ferma son livre avec un bruit sourd et le posa dans la table. Elle sourit, puis étira ses bras, comme si elle touchait le ciel. Son regard fatigué et ses traits tirés traduisaient ce qu’elle avait pensé de cette soirée : fatigante, inutile. Elle regarda celui pour qui son cœur battait la chamade. « De vieux bouquins de médecine magique ! C’est sûr que c’est un peu plus intéressant que d’entendre de telles merdes. Comme ce nouveau règlement là. » Elle en profitait pour râler un peu, parce qu’elle se doutait bien qu’à lui aussi, les nouvelles règles ne lui plaisaient guère. Elle se posait beaucoup de questions, sur comment elle allait pouvoir continuer son quotidien avec ces décrets, ces règles. Elle soupira, en se frottant les yeux. « Cette marche a été beaucoup trop longue à mon goût. » La jeune femme souriait, toujours, toujours quand il était là. Elle avait l’air niaise et complètement idiote, mais ce n’était plus important, devant lui. La Serpentard avait pour but d’être sincère avec lui, le plus possible. Willa jeta quelques regards autour d’elle et derrière Kamen. La blonde remarqua la présence de Alexandra, et sentit le regard de la brune sur elle. Elle avait envie de lui lancer un sourire mauvais, plein de rancœur et de jalousie, mais évitait, parce qu’il y avait Kamen. La Suédoise n’avait pas envie de montrer ce côté-là de sa personnalité devant lui. Il devait la connaître de la bonne façon, pas de la mauvaise. Pourtant, il devait savoir comment elle se comportait avec les autres. Elle se garda bien de se demander ce qu’il pouvait penser dans sa tête, tellement cela l’obsédait et tellement elle avait peur de ce qu’il se cachait derrière leur baiser. La jeune femme y pensait, souvent, constamment. Il arrivait qu’elle en rêve. Elle était définitivement mordue, mais pour combien de temps ? Réciproquement ? Elle l’ignorait. Alors, le regard fixé sur Alexandra, elle décida de se la jouer docile, douce, doucement. Toujours assise, elle fixait la jeune fille au bout de la pièce. « Ça va, Alexandra ? Tu n’avais pas l’air bien pendant la marche. » lança-t-elle. Sa voix était moqueuse, même si Willa avait forcé pour ne pas que cela se remarque. Elle savait pertinemment que la brunette n’était pas bête et qu’elle remarquerait l’anguille sous roche. La blonde avait un mauvais rictus. Ce n’était pas forcément très sympathique, la méchanceté gratuite, mais qu’est-ce-que cela pouvait être drôle, parfois. De plus, elle n’avait pas bougé devant Kamen, mais elle avait eu peur de Alexandra pendant la marche blanche. Déjà qu’elle n’appréciait pas la jeune Serpentard, elle allait commencer à se méfier, toujours un peu plus. Toujours de façon discrète, jamais devant lui, jamais en public. Il y avait ces relations pouraves. Ces relations, où la méchanceté régnait et où le temps n’y changerait rien. Rien.

Spoiler:

Willa sursauta avant de refermer son livre. Finalement, elle en avait peut-être assez de lire des mots alors que tout le monde était rentré de la marche blanche et que le brouhaha était revenu dans la salle commune. Kamen la comprenait. Il préférait lire en silence lui aussi, c'est pour cela qu'il s'était approprié l'un des cachots, il y avait planqué ses livres et tout son nécessaire à potions. En pensant aux cachots, il repensa à Lou, et à ses lèvres. La dernière fois, il avait vraiment failli y passer. Que ferait Willa si elle savait tout ? Le supporterait-elle comme Lou, ou alors le fuirait-elle ? Il ne pourrait pas lui en vouloir. Il savait qu'il faisait du mal à Lou, mais il ne pouvait pas s'en empêcher. Les poisons faisaient partis de lui, ils étaient la seule manière qu'il avait trouvé pour se faire pardonner, pour souffrir, comme sa mère avait souffert lors de son viol. Kamen fut sortie de ses pensées par la voix douce de  Willa : « De vieux bouquins de médecine magique ! C’est sûr que c’est un peu plus intéressant que d’entendre de telles merdes. Comme ce nouveau règlement là. » Kamen partageait son impression. Les nouvelles règles allaient lui poser beaucoup de problèmes, et il n'avait pas de cape d'invisibilité pour y échapper, malheureusement. Ce qui l'inquiétait le plus, c'était la présence d'Auror. La dernière fois qu'il y en avait eu à Poudlard, c'était lors de l'ouverture de la chambre des secrets, à ce qu'on lui avait dit. C'était parce qu'il y avait eu des morts. Là, ce n'était pas encore le cas, mais cela ne présageait rien de bon. « Cette marche a été beaucoup trop longue à mon goût. »  Kamen apprécia son sourire, qui n'était adressé qu'à lui. Le sourire de Willa était doux, paisible, malin aussi, mais celui de Lou était pur, naturel, bienveillant. Pourquoi ne pouvait-il pas s'empêcher de penser aux deux ? Il soupira, alors qu'elle regardait ailleurs.

Puis, elle s'adressa à quelqu'un derrière lui. Kamen n'eut pas besoin de se retourner pour savoir de qui il s'agissait. « Ça va, Alexandra ? Tu n’avais pas l’air bien pendant la marche. » Même si Kamen était un garçon et que beaucoup disait que les garçons ne comprenaient rien aux querelles des filles, il avait décelé l'ironie dans la question de Willa. Mais il ne releva pas. Il estimait que cette guerre ne le concernait pas. Et pourtant, il en était au centre. Kamen se retourna finalement, parce qu'il avait besoin de poser les yeux sur elle, de la voir pour savoir qu'elle allait bien. Parce qu'ils n'avaient pas besoin de se parler pour se comprendre et que ça avait été toujours ainsi entre eux, à Durmstrang. Quand tout était plus simple. Quand il ne s'était pas rendu compte de ses sentiments. Il aurait tellement aimé y revenir. Retrouver le froid russe. Mais c'était impossible et il fallait faire avec Poudlard, et tous ces changements. Il se poussa un peu du canapé, et montra la place libre à côté de lui : « Je te cherchais ! Viens t'assoir Loushka. Nous nous plaignons des nouvelles règles qui vont nous pourrir l'existence ! » Il lui parlait doucement, comme pour apprivoiser un loup, parce qu'elle était son loup. Il savait qu'il n'avait pas été tendre lors de la marche, mais il avait tout fait pour la protéger. Il avait vu la détresse dans ses yeux, lorsque la magie avait commencé à dérailler. Il avait vu l'inquiétude. Et il avait tout fait pour la rassurer, et elle avait réussi à contrôler l'obscurus qui était en elle. Elle était sa victoire.  

Willa se mentait à elle-même.

Elle se mentait à elle-même dans le sens où la seule envie qu'elle avait, c'était de partir loin, avec Kamen. Très loin d'Alexandra, très loin de tout. La jeune femme ressentait le besoin de lui parler, pendant de longues minutes, de longues heures. Si elle le pouvait, elle passerait ses journées en sa compagnie. Pourtant, sa relation avec celle qu'elle considérait comme rivale était dure, et elle restait souvent avec lui. Willa était un peu perdue dans tout ça. La Suédoise suivait ses sentiments, pour la première fois de sa vie, mais elle avait l'impression que tout finirait par se briser, pour une raison où une autre. Elle était mal placée, dans cette histoire, et elle le savait très bien. Alors, cette fois, elle ne ferait rien, elle ne bougerait pas d'un pouce. Le petit pique qu'elle avait lancé à Alexandra serait le seul. La jeune femme fixait Kamen, et eut un regard peiné lorsqu'il s'éloigna d'elle, toujours assis sur le canapé. « Je te cherchais ! Viens t'assoir Loushka. Nous nous plaignons des nouvelles règles qui vont nous pourrir l'existence ! » Willa fit la moue, alors qu'elle jetait un regard blessé à Kamen, et un regard noir à Alexandra. D'accord, c'était de sa faute. Elle aurait dû l'ignorer, la laisser seule, au loin. Elle avait voulu faire des efforts, d'une manière mesquine, mais elle avait tenté. Et elle avait perdu. Alexandra avait marqué un point. La blonde soupira, alors que la jeune fille les rejoignait, s'asseyant près de Kamen, à la déception de Willa. « Ça va mieux... » La brune ne regardait même pas la Suédoise, ce qui la dérangerait presque, étant donné que c'était elle qui avait posé la question. Elle se sentait un peu de trop, alors qu'elle avait posé son postérieur en premier sur ce canapé.

Willa baissa la tête, et se replongea dans ce livre qu'elle bénissait d'être là, posé sur la table, pour lui donner une excuse pour ne pas les regarder, côtes à côtes. Elle était passé de la joie à la tristesse en quelques minutes. Elle regrettait d'avoir lancé les hostilités, d'une certaine manière. Elle leur lançait des regards, puis senti le regard de la brune sur elle. « Il n'y a que les anglais pour inventer ce genre de règles ! » Willa eut un sourire gêné. La jeune femme avait très bien compris qu'elle était visée par cette remarque, et que c'était une façon de se venger un peu pour Alexandra. Petite erreur en passant. Même si elle a vécu ici depuis l'âge de trois ans, Willa est Suédoise. Son sang l'est, elle porte le nom de son père biologique. Elle ne sent anglaise que pour la langue, rien de plus. « Dis-moi que tu complote déjà pour contourner ce foutu règlement! » Elle les regardait, La blonde leva les yeux au ciel, tout en refermant son livre d'un mouvement brusque et bruyant. Ce règlement l'énervait, car le peu de liberté qu'elle avait s'était évaporé en fumée. La jeune femme se pencha, posant le livre de nouveau devant elle.

Tout autour, les élèves parlaient et évoquaient les récents événements. Bien sûr, la plupart des Serpentard pensaient déjà à des solutions pour échapper à ces règles vaseuses et ridicules, même si au fond, Willa les comprenait, ces règles. La magie qui faisait des siennes, puis les disparitions, c'était beaucoup pour une école comme Poudlard. Le personnel se devait donc de garantir la sécurité de tous les élèves scolarisés ici. Elle allait tenter, elle aussi, de trouver un moyen pour se balader un peu dans les couloirs, après le couvre-feu. C'était son rituel, et elle voulait le continuer, simplement, sans aucun but précis. Alors qu'elle ouvrir la bouche pour parler, un élève dont elle ne connaissait pas l'identité - en dehors du fait qu'il était en quatrième ou cinquième année - s'approcha du petit groupe, accompagné de trois autres Serpentard. « Tiens ! Voilà Kamen et ses deux poules ! Alors c'est laquelle la plus bonne au lit ? » Complètement abasourdie par les dires et les rires du petit groupe, Willa se leva et s'approcha d'eux, pas imposante du tout, vu sa petite taille. « Pardon ? » Elle attrapa sa baguette dans la poche de sa robe, ne laissant pas le temps aux autres de réagir. Willa pointa le bout de bois vers le groupe, presque tremblante. Elle se sentait complètement minable, frêle comme elle était, devant les gaillards devant elle, mais qu'importe. La jeune femme était fatiguée de tout ça. « Répète un peu, espèce de connard ? Moi ? Une poule ? » Elle avait oublié la seconde question. C'était l'une des premières fois qu'elle se recevait une remarque ainsi, d'une personne qu'elle ne connaissait pas, ou seulement de vue. La jeune femme se sentait vraiment mal d'être comparée ainsi à une volaille, sachant qu'elle ne faisait que suivre ses envies et son instinct, pour la première fois. Elle se retenait, pour ne pas lancer la table devant elle contre les quatre élèves, mais elle savait qu'elle n'en avait pas la force de toute façon. La Serpentard sortait de ses gonds.

Spoiler:

On croit connaître les gens et finalement, ceux-ci nous surprennent tous les jours. Kamen pensait connaître Willa mieux que quiconque. Elle était devenue plus qu'une amie. Elle avait été la première personne vers qui il s'était tourné à Poudlard, la première anglaise vers qui il était allé. Au début, ils s'amusaient simplement à prendre des verres à Pré-au-Lard, puis Willa s'était dévoilé, et il avait découvert cette fille fragile derrière l'image de la jeune femme forte qu'elle montrait au château. Il avait découvert à quel point elle était blessée, comme lui l'était. Et c'était vers elle qu'il était allé pour se confier, parce qu'elle le comprenait, parce qu'il n'avait pas peur de l'ennuyer avec ses problèmes, puisqu'ils ressentaient les mêmes choses. Kamen avait commencé à ressentir des choses pour elle, des choses qu'il ne pouvait pas définir, et il y avait eu ce baiser. Mais il y avait Lou aussi. Et Lou aussi, il l'avait embrassé. La situation était totalement étranger, l'une et l'autre étaient assises à ses côtés dans le canapé, et il se sentait totalement perdu. Laquelle choisir ? Suivre son cœur, ou suivre la raison ? Kamen aurait du réaliser plutôt que la situation était totalement irréaliste, que les choses partaient complètement en l'air. « Tiens ! Voilà Kamen et ses deux poules ! Alors c'est laquelle la plus bonne au lit ? » Quand Willa se leva pour aller donner une leçon à ces petits plaisantins, Kamen jeta un regard à Lou. Elle était aussi choquée que lui. Dans ses yeux, il essaya de lire ses pensées, mais elle s'était fermée à lui et il ne pouvait pas savoir ce qu'elle pouvait avoir en tête. Alors il se concentra à nouveau sur Willa. Il était inutile de créer un scandale, il se leva pour empêcher le pire et attrapa la sorcière par les épaules. « Viens, ça ne sert à rien... » Ce n'était pas le genre de Kamen de ne pas se battre. Mais si il ne le faisait pas, c'était parce qu'il savait qu'il y avait une part de vrai dans ce que le sorcier avait dit. Il n'était pas clair, avec aucune des deux, et c'était simplement parce qu'il ne l'était pas avec lui-même non plus.

Il ramena Willa vers le canapé, aux côtés de Lou. « Ils sont juste jaloux... » Il ne s'adressait à aucune des deux en particulier, et en même temps, il essayait de se défendre auprès des deux jeunes filles. Kamen baissa la tête, mais il sentait le regard brûlant de Lou. Est-ce qu'elle pensait qu'il avait couché avec Willa ? Est-ce qu'elle le détestait ? Lou était sans aucun doute son âme sœur, mais il savait qu'ils ne pouvaient pas être ensemble, parce qu'elle avait trop mal à cause de lui. Il l'avait bien compris la dernière fois, quand elle l'avait sauvé in-extremis de ses poisons. Il ne voulait plus lui faire subir cela, et il ne pouvait pas abandonner ses poisons non plus. Kamen était perdu, alors il fallait retrouver un peu de courage. Il prit la fiole qu'il y avait dans l'une de ses poches et but plusieurs gorgées da la dernière potion qu'il avait concocté. Ça piquait, mais ça piquait moins que les regards de Willa et Lou. « Bon, on parlait de quoi avant que ces cons ne viennent nous emmerder ? Ah oui ! Le règlement... Et bien pour ma part, je pense qu'on a une chance d'être dans les cachots, je suis sûr qu'il y aura moins de monde pour faire des rondes ! » Voyant que les filles ne prêtaient aucune attention à ses paroles, il passa une main dans ses cheveux. Ça l'emmerdait cruellement. Mais il fallait mettre les choses à plat. « Qu'est-ce qu'il se passe ? Vous avez perdu votre langue ? » 

Willa était dans tous ses états.

Énervée comme elle était, la jeune femme était sur le point de faire une connerie. Elle ignorait ce qu'elle pourrait bien lancer sur ces trois connards, mais elle en mourrait d'envie. Pourtant, quelque chose clochait. Elle avait été touchée, du plus profond de son coeur, par la remarque du Serpentard. Il avait soulevé un point qui avait toujours fait mouche chez elle. Mais, il avait raison. Le gars avait raison, et elle était là, sa baguette pointée vers lui. Bon sang, tout cela l'exaspérait au plus haut point. Tout. Cette journée, cette situation. Elle aurait peut-être dû aller directement dormir, au lieu de vouloir s'obstiner à lire des foutus livres. Elle aurait peut-être dû s'isoler, seule, comme d'habitude. Mais là, c'était un peu tard. Willa était prête à lancer n'importe quelle sort, quand elle sentit une pression sur ses épaules. « Viens, ça ne sert à rien... » La sensation des mains de Kamen lui rappela la fois où ils s'étaient embrassés, où ils ont fusionné. Quand il fit pression pour la ramener sur le canapé, elle n'y opposa pas, et baissa sa baguette. D'un côté, il avait eu raison. De l'autre, elle aurait vraiment aimé leur en foutre une, pour lâcher les nerfs de cette journée sur quelqu'un, et pour une bonne raison en plus.

« Ils sont juste jaloux... » Assise de nouveau sur le canapé, Willa restait muette, les mots du Serpentard résonnant dans son crâne. Bon sang, il avait fait planer le doute en elle, un peu plus encore. Kamen et elle s'étaient embrassé, mais elle n'était pas idiote. Il y avait Alexandra, aussi. Deux pour un. Willa était sur les nerfs, elle frottait ses mains de façon insistante, fixant le sol. « Bon, on parlait de quoi avant que ces cons ne viennent nous emmerder ? Ah oui ! Le règlement... Et bien pour ma part, je pense qu'on a une chance d'être dans les cachots, je suis sûr qu'il y aura moins de monde pour faire des rondes ! » Elle lui lança un regard, un regard qui n'avait pas de saveur, sauf peut-être l'amertume. Kamen ignorait totalement la remarque qui avait été lancée, alors que la Suédoise en était toute secouée. Elle jeta un discret regard à Alexandra. Elle aussi semblait troublée. Peut-être que finalement, elles étaient dans le même bateau. C'est là que la jeune femme comprit beaucoup de choses. Il était entre elles. Il était entre elles et Willa ignorait si il avait fait son choix. Elle avait peur. Peur que ce sentiment d'amour se fane, peur de ne plus jamais rien ressentir de tel. Au fond d'elle, elle espérait de tout son coeur qu'il ferait le bon choix. Qu'il l'a choisirait. Pourtant, le doute planait toujours, et complètement perdue dans ses pensées, elle n'était plus bonne à réagir au quart de tour, comme elle l'avait fait quelques minutes auparavant. « Qu'est-ce qu'il se passe ? Vous avez perdu votre langue ? » Willa apprécia peut l'humour du jeune homme qui faisait battre son coeur. Il avait à peine réagit aux dires du garçon, et elle ne le vivait pas très bien. Assise, elle entoura ses jambes de ses bras, tête posée. Bon sang, cette situation la rendait malade. Cela la rendait malade, maintenant qu'elle s'était rendue compte que son doute était justifié. Maintenant qu'elle avait peur de perdre la seule personne pour qui elle avait ressenti de telles choses. La jeune femme aurait pu profiter de tout ça, et balancer une autre remarque vaseuse, mais elle n'en avait plus envie. Dans sa tête, beaucoup d'interrogations fusaient, et c'était une lutte constance pour les chasser. Pour chasser le doute.

« Vraiment Kamen? Tu nous demande vraiment ce qui se passe? » En entendant la voix de Alexandra, Willa leva la tête. Le rire qui suivit ces dires fit grimacer la Suédoise, gênée. Elle aurait sans doute réagi plus tôt, si elle n'avait pas eu tant de mal à encaisser et à se calmer. « Es-tu réellement le dernier à ouvrir les yeux sur tout ça? Pourtant tu n'as pas réagis au parole de ce gars et c'est parce que tu sais qu'il y a un fond de vérité... » Elles étaient deux maintenant à se rendre compte du problème. Willa ne disait toujours rien, parce que justement, elle ne savait pas quoi dire. Elle ne savait plus quoi penser. Elle avait peur de l'avenir, de ce que tout ça allait donner. « Tu comptes jouer longtemps avec nous deux? » La blonde était abasourdie, et cela se lisait dans son regard. Jamais elle n'aurait penser que Alexandra réagirait ainsi, qu'elle prendrait presque sa défense. En même temps, la situation s'y prêtait. Elles avaient été attaquées toutes les deux, et il n'avait pas cillé. Visiblement, cela n'avait pas plu non plus à la brune. Les deux jeunes filles se lancèrent un regard, brièvement. « Ils n'ont fait que dire ce que tout le monde pense tout bas, ce qui doit se murmurer quand on a le dos tourné! » Peut-être que non, finalement, la blonde n'aurait pas réagit. Parce qu'elle aurait peur, peur de faire une connerie devant Kamen et de le perdre, d'une façon ou d'une autre. Du coup, elle était bien heureuse que ce soit Alexandra qui aie ouvert sa bouche, en fin de compte. « Vous deux, vous êtes peut-être capable de continuer cette mascarade éternellement, moi non. » Willa leva les yeux au ciel. Elle jouait un peu à la victime, Alexandra. Alors qu'elle n'était pas la seule visée par les dires de l'autre connard. Si elle abandonnait, cela arrangerait un peu la Suédoise, mais Alexandra ne bougeait pas. Elle n'était pas assez idiote pour le faire.

Regardant Kamen, la blonde ouvrit enfin la bouche, et parla de façon calme, alors qu'elle bouillonnait à l'intérieur. « Je ne pensais pas dire ça un jour mais... elle a raison, Kamen. » Cela l'emmerdait royalement de l'approuver, mais elle n'avait pas réellement le choix. Alexandra avait eu raison, et au vu de la situation, elle ne pouvait absolument pas le nier. Elle tourna son regard vers la brune. « J'ai jamais dit que j'étais capable de quoi que ce soit, donc stop de te victimiser deux secondes, d'accord ? » Sa voix s'était durcie. Willa avait perdu son sang-froid, agacée par la remarque de la jeune fille. Cette remarque, qui sous-entendait qu'elle jouait à ce jeu stupide. La blonde avait omis de dire « capable de continuer » car elle continuerait. Égoïste, mais sincèrement mordue.

Spoiler:

Elles s’alliaient. Elles s'alliaient toutes les deux contre lui. Elles semblaient d'accord, partager le même point de vue, cela relevait tout simplement du miracle. Depuis qu'ils étaient arrivés à Poudlard, Lou et Willa ne pouvaient pas se sentir. Aujourd'hui, elles semblaient en parfaite harmonie, du moins, elles partageaient la même colère, contre lui. Si la situation n'avait pas été critique pour lui, Kamen aurait trouvé l'évènement merveilleux, il aurait même proposé de boire en l'honneur de ses deux amies. Amies. L'étaient-elles vraiment ? Il avait embrassé les deux, poussé par des sentiments qu'il ne contrôlait pas. Et aujourd'hui, cela se retournait contre lui. Il ne comprenait pas pourquoi il devait se justifier ? Depuis le temps qu'il connaissait Lou, elle l'avait vue embrasser de nombreuses filles. Après tout, à Durmstrang, il n'était pas rare qu'ils finissent ses soirées en compagnie d'une douce créature. Lou n'avait jamais rien dire. Mais depuis, ils étaient arrivés à Poudlard, et ils s'étaient embrassés. Ce baiser avait tout changer, tout, et Kamen n'en avait pas su prendre conscience. Le jeune serpentard soupira. « Je n'appartiens à personne, tout comme vous deux ne m'appartenez pas. Depuis quand tu accordes de l'importance à ce qu'on dit derrière toi Lou ? Je te rappelle qu'à Durmstrang, quand on soufflait dans ton dos, j'étais toujours là pour te protéger. » Kamen essayait de se donner bonne conscience, de se rassurer, mais il savait que la situation n'était pas honnête. Il n'était pas droit. Mais après tout, depuis la mort de Zahari, Kamen déraillait complètement, et il avait bien faillit en mourir. Il n'avait pas l'intention de s'arrêter de vivre. Il ne voulait pas s'avouer que le choix était compliqué à faire, ou plutôt, que le choix était déjà fait, mais qu'il était trop dangereux.

Voyant que les filles restaient de marbre, le jeune garçon décida de prendre sa flasque dans sa main. Il la sortit de sa poche et dévissa le bouchon. L'odeur de son poison lui monta aux narines, et il se sentit aussitôt un peu plus détendu. C'était son réconfortant, la chose qui le rassurait dans le noir. Il but une gorgée, et aussitôt, ses yeux louchèrent. Ça lui faisait du bien. « Qu'est-ce que vous proposez ? Vous voulez que je vous dise que je suis désolé ? Ce serait mentir. Je ne vais pas m'excuser de passer du bon temps. » Il s'en voulut aussitôt. Comment pouvait-il parler de « bon temps » alors qu'il était clair qu'avec Lou c'était plus que ça. Ça l'avait toujours été. Et avec Willa, évidemment, il ne pouvait rien définir, parce que les choses étaient trop floues encore. « Et bien je ne le ferai pas. Nous sommes jeunes, et vous n'allez pas m'interdire encore plus de choses, alors qu'on vient de nous dire que nous allons vivre comme dans une prison. Je ne ferai pas de choix, à vous d'en faire un. » Aussitôt, Kamen se sentit mal. Il faisait l'ordure, il jouait à l'ordure. Il n'était pas mieux que ce salaup de Dimitrov qui avait violé Nina. Il n'était pas mieux que Andreï qui avait tué Zahari. Il était un Yordanov, pourri jusqu'à la moëlle.