Safe and sound [Maddox]

Pendant le repas, bien qu’assis entre deux élèves de sa maison, Maddox était seul. Chacun discutait avec son voisin, sauf lui, trop occupé à réfléchir et manger. Quelques jours plus tôt, il s’était retrouvé avec plusieurs autres camarades de Serdaigle à chercher un bout du parchemin de la Dame Grise dans les cuisines, quelques mètres en dessous de leurs pieds. Ils avaient mis du temps pour le trouver, mais ils avaient réussi. Et c’était un peu grâce à lui. Il avait demandé à un elfe de les aider et de vérifier dans l’espace entre les briques pour voir s’il n’avait pas été caché là. Il avait eu une bonne intuition. Il avait ensuite été félicité par quelques camarades. N’ayant pas l’habitude d’être ainsi congratulé, il reprit un peu confiance en lui. Un peu plus loin, Oktavia discutait avec ses amis. Il ne lui avait pas reparlé depuis le jour où elle avait copié ses notes en classe de médicomagie après son retard. Maintenant qu’il avait un peu plus confiance en lui, c’était le moment d’aller vers elle. Après tout, il ne risquait rien. Quand vint l’heure de la fin du repas, il se leva en même temps que les autres élèves de sa maison. Tous se mirent à suivent le professeur chargé de les accompagner dans leur dortoir du sixième étage. Maddox se dit que c’était le moment de rattraper Oktavia et de discuter avec elle. Justement, il l’aperçut et elle ne semblait plus en conversation avec ses amis. Il essaya de se frayer un chemin parmi les élèves, mais en levant les yeux, c’est une autre personne qu’il reconnut. Un mangemort. Le né moldu s’arrêta net en plein milieu de l’escalier, si bien que l’étudiant derrière lui rentra dedans et rouspéta par la même occasion. Maddox ne resta pas planté là une seconde de plus et fit demi-tour. Trop occupés à monter les marches, personne ne fit vraiment attention à lui. Il n’avait qu’une idée en tête : fuir. Le plus loin possible, le plus vite possible. Maddox n’osa pas jeter un coup d’œil derrière lui de peur d’être suivi. Il en était persuadé : le mangemort était là pour le tuer. Il l’avait vu sur son visage. Du moins, il avait cru le voir. Il n’était plus sûr de rien. Il savait juste qu’il ne voulait pas mourir. Pas maintenant. Sans qu’il ne le réalise, il n’y avait plus de marches à descendre et il faisait bien plus sombre d’un coup, il devait se trouver dans les cachots.

Sans qu’il ne veuille, les larmes lui étaient montées aux yeux. C’était rare que Maddox se mette dans un tel état. C’est alors qu’il entendit des bruits de pas derrière lui. De nombreux bruits de pas. Sans doute un groupe de Poufsouffle ou de Serpentard qui rejoignaient leurs maisons eux aussi. Menés par un professeur. Il ne fallait pas qu’ils le voient. Il ne fallait pas que le professeur, surtout, le trouve là. Le brun s’éloigna alors un peu plus dans les cachots et trouva un coin où il était certain que personne ne viendrait. Et si parmi ces pas, il y avait ceux du mangemort ? Il essaya de ne pas trop y penser. Mais son cerveau aimait le torturer. Sa tête semblait sur le point d’exploser. Ces derniers temps, il avait tellement de mal à vivre une vie normale. Il faisait toujours des cauchemars, avait toujours l’impression d’être une cible potentielle et d’être en danger. Pourtant Maddox savait que c’était irrationnel mais c’était ancré en lui. Le Serdaigle se laissa glissa contre un mur et posa ses fesses sur les pierres froides des cachots. Il plaça sa tête entre ses mains et lâcha quelques sanglots. Il se détestait. Il détestait la personne qu’il était devenu. Il n’était qu’une merde. Comme son père n’avait cessé de lui rappeler. Son cœur battait à cent à l’heure. Sa respiration était irrégulière. Il tremblait. Il ne se sentait vraiment pas bien. Et il était seul. Comme toujours. Il allait mourir, là, comme un moins que rien. Et si ce n’était pas des mains du mangemort, c’était son cœur qui allait lâcher. Tentant de se calmer, il regarda face à lui en essayant de respirer plus normalement, mais il avait l’impression d’étouffer encore plus. Devant son impuissance, il ne put retenir de nouveaux sanglots. Il était en colère contre lui-même.

« Maddox ? » Brume. Maddox avait immédiatement reconnu sa voix, même s’il ne lui avait pas souvent parlé. La dernière fois qu’ils s’étaient vus, c’était le jour où elle avait essayé de l’embrasser et qu’il l’avait repoussé. En repensant à la raison de ce refus, il se sentit encore plus mal. Bien sûr, Brume était une très jolie fille, mais elle l’avait un peu pris au dépourvu et il ne s’y attendait pas, alors il avait mis tout de suite fin à cet essai en prétendant avoir une petite-amie. La Poufsouffle vint s’asseoir à ses côtés, ne faisant qu’ajouter à sa panique. Pourquoi venait-elle lui parler alors qu’il n’était pas dans l’état de parler ? Elle était proche, trop proche. Mais il ne bougea pas. Il ne dit rien. « Chut… tout va bien je suis là… Respire… tout va bien. » C’est alors qu’elle tenta de le calmer avec ses mots. Ils ne s’étaient pas reparlés depuis le baiser refusé. Alors pourquoi était-elle là maintenant pour lui ? Que faisait-elle là ? Pourquoi apparaissait-elle juste au moment où il se sentait le plus mal ? « Tout va bien Maddox… tu es en sécurité, tu n’es pas seul. » Il n’était pas seul. Maddox avait toujours du mal à comprendre pourquoi Brume était là et pourquoi elle essayait de le calmer alors qu’ils n’étaient pas amis, mais sa respiration commença à devenir plus régulière et il trembla un peu moins. Il sentit la main de Brume l’effleurer et fut parcouru d’un frisson.

« Qu’est-ce qu’il s’est passé ? Il t’est arrivé quelque chose ? » La Poufsouffle semblait s’inquiéter pour lui. Après l’avoir rassuré, elle lui demanda ce qui s’était passé. Alors que s’il avait été dans la position inverse, Maddox ne se serait sans doute pas mêlé de ce qui ne le regardait pas. Au moins, quand Brume lui parlait, il n’arrivait plus à penser à toutes ses idées noires. Sa voix avait quelque chose de rassurant. Maddox passa rapidement sa manche sur son front pour essuyer la transpiration provoquée par la sensation d’étouffement. Il ne pouvait pas faire comme si tout allait bien alors qu’il allait clairement mal. Le brun ne pouvait pas s’échapper une nouvelle fois avec un mensonge comme il l’avait fait face au baiser. « Pourquoi tu perds ton temps avec moi ? » Demanda Maddox d’une voix calme, mais tout de même tremblotante. Le Serdaigle n’avait pas encore répondu aux questions de Brume. Il ne savait pas s’il voulait y répondre. Son ton n’était pas agressif, c’était une vraie question. Et d’ailleurs, le brun ne parlait pas que de ce moment-là. Pourquoi avait-elle essayé de l’embrasser avant ? Ils avaient passé un bon moment, il s’en souvenait, mais il s’était toujours demandé ce qu’il avait fait pour qu’elle tente sa chance. Maddox plongea son regard dans celui de Brume. « Je ne veux pas te déranger, mais… » Il hésita. Avant de poursuivre : « Tu peux… tu veux bien continuer à me parler ? » La Poufsouffle avait une très jolie voix et si elle lui occupait l’esprit, alors il finirait par complètement se calmer. A moins que quelqu’un d’autre n’arrive. A moins que le mangemort ne pointe sa baguette sur eux. Maddox observa autour d’eux. Ils étaient quand même assez en retrait et si le mangemort le cherchait, il l’aurait sûrement déjà trouvé. « S’il te plait. Maintenant. » Comme si la voix de Brume allait éloigner tout danger. Le Serdaigle plongea à nouveau son regard dans celui de la Poufsouffle. S’il ne voyait qu’elle, s’il devait mourir dans les prochaines minutes, elle serait la dernière chose qu’il verrait et il n’aurait pas peur au moment fatidique.

« J’ai l’air de perdre mon temps ? » Prononça Brume en réponse à sa question. Maddox la regarda. Elle était à ses côtés et il avait du mal à comprendre pourquoi. Il l’avait rejetée et depuis, ils ne s’étaient plus adressés la parole. Et pourtant, elle lui disait à demi-mot qu’elle n’était pas en train de perdre son temps, qu’elle souhaitait l’aider. Alors si Brume souhaitait l’aider, il acceptait son aide. Il avait besoin qu’elle lui parle pour arrêter d’angoisser. Il se connaissait bien et s’il était seul, il mettrait des heures avant de retrouver un état calme et normal. Grâce à Brume, il pouvait peut-être se calmer plus vite et plus efficacement. « Tu ne me déranges pas. » Dit-elle avant de marquer une légère pause. « Je sais ce que c’est. Ça… » Brume désigna son état. Il se sentit légèrement honteux. Elle savait ce qu’il était en train de traverser, elle devait savoir qu’il se sentait mal de faire une crise devant quelqu’un d’autre. Il aurait voulu être seul, en réalité. Il aurait voulu que personne ne le voit. Il aurait voulu être en sécurité dans sa chambre et peut-être qu’il n’aurait même pas paniqué en premier lieu. « J’en fait souvent depuis… depuis ma sœur. » Maddox regarda la Poufsouffle. Il ignorait ce qui était arrivé à sa sœur, mais si elle en était arrivée à faire des crises d’angoisse, alors ça devait être grave. Elle se râcla la gorge, et il en déduit qu’il était encore très difficile pour elle d’en parler. Il se demanda alors si justement, elle avait besoin d’en discuter avec quelqu’un, comme lui. Peut-être que c’était sa façon de s’intéresser à d’autres problèmes que les siens. « Et je déteste être seule… quand ça arrive ou tout le temps en fait. C’est pour ça que je suis restée. Je me suis dit que ça devait être ton cas aussi. » Le Serdaigle s’adossa un peu mieux contre le mur et évita ainsi de regarder directement Brume dans les yeux. Non, ce n’était pas son cas, mais au fond de lui, il était reconnaissant envers elle. Elle était restée en le voyant souffrir et il n’était pas sûr de le mériter. Et peut-être que Brume allait lui faire découvrir une nouvelle façon de gérer ses crises ? Peut-être qu’il allait comprendre qu’être seul n’est pas toujours la solution ? Il se permettait d’en douter, mais pour Brume, il voulait bien essayer. Parce qu’il avait l’impression qu’il se devait au moins d’essayer pour elle.

« Tu ne veux pas que j’aille chercher quelqu’un d’autre ? Je me doute bien que je ne suis pas ton premier choix pour de l’aide... je peux aller chercher Pandore si tu veux ? » Pandore ? Maddox leva la tête immédiatement vers Brume. La Poufsouffle croyait qu’il sortait avec la Gryffondor parce qu’il lui avait menti. Il pensait qu’elle l’aurait peut-être oublié depuis. Mais elle ne pouvait pas aller chercher Pandore. Même si la Gryffondor et lui étaient amis, elle ne comprendrait pas forcément le fait qu’il ait pu se servir d’elle comme excuse. Quand il avait menti, il l’avait tout de suite regretté. « Non. » Dit-il un peu trop rapidement. Et maintenant, Maddox avait deux choix devant lui : continuer à mentir ou dire la vérité. Brume était si gentille de vouloir l’aider à se calmer, à lui proposer son aide et même à lui proposer d’aller chercher sa soi-disant petite amie. Il se sentait mal continuer à ne pas être honnête avec elle. « Ne va pas chercher Pandore. » Ajouta le brun tout en essayant de gagner un peu de temps pour décider ce qu’il allait dire ensuite à la Poufsouffle. Quand il lui avait demandé de lui parler, de lui dire n’importe quoi pour que sa voix le calme, il ne s’attendait pas à ce qu’elle mentionne Pandore. Il aurait mieux fait de se taire. Peu à peu, Maddox cessa de penser à ce qui l’avait amené dans ces cachots grâce à la distraction de Brume. « Pandore n’est pas ma petite-amie. » Finit-il par avouer. Il aurait pu continuer à mentir et à lui dire qu’il avait rompu avec elle, Brume ne s’en serait peut-être pas rendu compte mais dans cet état, il avait du mal à s’imaginer continuer à lui mentir. « Elle ne l’a jamais été. » Tais-toi, Maddox. Tu t’enfonces. Maddox venait d’avouer à Brume qu’il lui avait menti. Comment allait-elle le prendre ? Elle ne pouvait pas s’énerver contre lui dans cet état. Il avait peut-être raison de lui dire la vérité maintenant. Et puis, il ne pensait pas que ça avait vraiment de l’importance. Brume ne lui en voudrait sûrement pas. Ce n’était pas comme si elle était réellement intéressée par lui. Ignorant quoi lui dire d’autre, il patienta pour voir sa réaction dans une nouvelle angoisse, bien différente de la crise qui semblait à présent sur le point de se terminer.

« Je sais. » Révéla Brume à Maddox. Ce dernier fut un instant sous le choc. Elle savait ? Depuis quand ? Pourquoi n’avait-elle rien dit ? Avait-elle tout de suite compris ? Il venait d’être honnête avec elle, de lui dire la vérité. Mais elle savait déjà tout. Il mit un instant à réaliser qu’elle savait qu’il avait menti sur toute la ligne. Une sensation d’angoisse l’envahit à nouveau quand il se demanda pourquoi elle ne lui avait alors rien dit. Brume ne semblait pas fâchée, sa voix était calme et douce. Lui parlait-elle ainsi car il était dans cet état ? Après un léger haussement d’épaules, la Poufsouffle poursuivit : « Je suis amie avec Pandore. Ça ne m’a pas pris longtemps pour savoir que tu m’avais menti donc. » Bien sûr, Maddox aurait dû le savoir s’il ne passait pas son temps en solitaire, s’il levait de temps en temps les yeux vers le monde extérieur. Il aurait pu voir Brume et Pandore ensemble malgré leurs différentes maisons. Il se sentit alors un peu bête, mais Pandore était le premier nom qui lui était venu en tête à ce moment-là et il ne pensait pas un jour en entendre Brume parler à nouveau. Il pensait qu’elle aurait oublié. Il ne pensait d’ailleurs pas qu’ils se reparleraient. « Je te juge pas tu sais. Enfin, c’est pas très grave » Elle ne lui en voulait pas. Les Poufsouffles étaient réputés pour être justes. Elle en faisait la démonstration. « Enfin, si je t’en ai peut-être un peu voulu. Au début. Mais de toute évidence je suppose que tu avais tes raisons. » Brume lui en avait voulu, il comprenait. S’il découvrait qu’une fille qui lui plaisait lui avait menti ainsi, il aurait été très déçu. Il n’avait jamais vraiment compris ce qui avait attiré Brume vers lui ce soir-là, mais il ne pensait pas l’avoir blessé comme elle l’avait été. Il ignorait encore à quel point elle avait pu être touchée par ce petit mensonge. Brume tentait de faire sens de cette histoire en associant ce qui était arrivé à ce qui était en train de se passer. Le Serdaigle resta silencieux. Maddox avait sans aucun doute ses raisons, il n’avait pas menti pour la blesser, il n’était pas ce genre de personne.

« Je me demandais juste… pourquoi… » Reprit-elle avec hésitation. C’était justement la question qu’il espérait pouvoir éviter. Pouvait-il d’ailleurs encore éviter d’y répondre ? A nouveau, Maddox garda le silence. Il aurait voulu ouvrir la bouche et lui expliquer, mais il se retrouva bloqué. Il s’en voulait de lui avoir menti, elle ne le méritait pas. Brume s’était montrée gentille et altruiste envers lui. « Je veux dire, un simple non aurait suffi. C’est ton droit le plus strict, tu n’avais absolument pas besoin de mentir. » Maddox savait parfaitement qu’il aurait simplement pu lui dire non au moment où elle s’était penchée vers lui pour l’embrasser, mais il ne s’y était absolument pas attendu. Ils avaient partagé un moment sympa en discutant, mais il n’avait pas eu l’impression que cette discussion pouvait mener à ce genre d’échange. Il allait baisser les yeux quand il la vit lui sourire. « Si ça peut te réconforter, dis-toi que tu n’auras jamais besoin de me mentir. Je peux accepter beaucoup de choses. Et je ne t’en veux pas. » Elle était trop gentille, Brume. Elle ne lui en voulait pas. Il ne s’y attendait pas. Après l’avoir aidé, elle lui disait qu’elle lui avait pardonné. Il se demanda pourquoi. Ils ne se connaissaient pas tant que cela. Il finit par en déduire que dans son état, elle avait sans doute pitié de lui. Il lui devait alors d’être plus honnête avec elle et de lui dire ce qui s’était passé dans son esprit pour sortir un tel mensonge. « J’ai paniqué… ce jour-là. » Avoua le né moldu à Brume. Il hésita un peu avant de continuer. Il espérait qu’elle n’en pense pas moins de lui, même si elle ne devait pas avoir une très haute opinion de lui dans cet état. « Je ne m’attendais pas à ce que tu m’embrasses… et j’ai paniqué. C’est idiot. » Dit-il avec un léger rire amer, se trouvant stupide tout seul. Il était bien sûr embarrassé de faire de telles révélations à la Poufsouffle. Qui était paniqué par un simple baiser ? Décidément, elle allait croire qu’il passait son temps à être paniqué. Ce qui n’était pas forcément faux ces derniers temps. « Je n’ai pas compris pourquoi tu voulais m’embrasser sur le coup… Ce n’est pas contre toi, tu es… tu es très jolie. » Maddox le pensait vraiment. Brume était une très jolie fille et elle était aussi très gentille. Mais premièrement, le brun manquait beaucoup de confiance en lui, et deuxièmement, s’il embrassait quelqu’un, c’était que le courant passait vraiment. Le courant entre Brume et Maddox était bien passé, mais pas ce genre de courant là malheureusement. « Si je disais que j’avais une copine, tu aurais été moins blessée. Je ne voulais pas que tu apprennes la vérité. Mais je sais maintenant à quel point je me suis trompé et j’ai été idiot… Je m’excuse. » Même si elle avait dit qu’elle ne lui en voulait plus, il tenait quand même à dire qu’il était désolé.

Après s’être excusé d’avoir menti, Maddox attendit la réaction de Brume. Il espérait qu’elle ne lui en veuille pas trop. Le Serdaigle s’attendait à tout, sauf au rire de la Poufsouffle. Alors quand elle se mit à rigoler, il la regarda les yeux ronds, sans comprendre. Se moquait-elle de lui ? Quand il se posa cette question, elle s’arrête de rire et prit la parole : « Désolé. C’est juste qu'il n'y en a pas un pour rattraper l'autre finalement. » Maddox se demanda ce que Brume voulait dire par cette phrase et plissa les yeux. Lui avait évité le baiser et avait menti, mais Brume, qu’avait-elle fait ? Avait-elle aussi menti ? Comme il se demandait s’il n’y avait pas quelque chose qui lui échappait, il resta silencieux. Maddox réalisa à cet instant qu’il se sentait déjà beaucoup mieux. L’angoisse l’avait peu à peu quitté et même s’il n’était pas très à l’aise dans cette conversation, il n’était plus autant paniqué qu’il ne l’était quelques minutes plus tôt. Et tout cela, c’était grâce à Brume. « C’est pas idiot. Du tout. » Ajouta-t-elle. Il mit un instant à se souvenir de ce qu’il avait dit. Il avait paniqué le jour où elle avait essayé de l’embrasser. Ce n’était pas idiot ? Brume cherchait sans doute à le rassurer. Il était certain que beaucoup de filles se seraient moquées de lui pour avoir paniqué pour un simple baiser. « J’aurais dû demander, ou je sais pas faire quelque chose. De toute façon c’était égoïste de ma part. » Égoïste ? Pourquoi ? Plus Brume parlait, plus Maddox semblait se poser des questions. Il était toujours comme ça, Maddox, toujours à réfléchir plus qu’il ne le devrait. « Je veux pas que tu penses que tu étais le seul responsable. C’était… » Hésita la jeune fille. Maddox la regarda dans les yeux attentivement. C’était difficile pour elle à avouer, cela devait être important. « J’étais triste, malheureuse et tellement, tellement seule. Et tu étais si gentil… c’est idiot aussi pas vrai ? » Le Serdaigle tourna doucement la tête de gauche à droite. Ce n’était pas idiot. Il se sentait désolé pour Brume. Il n’avait pas réalisé à quel point elle était triste ce jour-là. S’il l’avait réalisé, aurait-il réagi différemment ? Son action l’avait-elle rendue encore plus triste et seule ? Il s’en voulait encore plus à présent. Mais Maddox pouvait comprendre. Il s’était de nombreuses fois senti triste et seul dans sa vie. Seulement, on ne réagit pas tous de la même manière à un sentiment.

« Voilà on est tous les deux idiots au fond ! » Résuma la jolie Poufsouffle. Avait-elle raison ? Avait-elle tort ? Maddox ne réagit pas vraiment à ces mots, soulevant d’autres questions. Il voulait juste qu’elle le pardonne de lui avoir menti, et elle semblait l’avoir fait. Il pensait qu’ils allaient pouvoir clore cette discussion, maintenant qu’il allait mieux, mais Brume resta près de lui, curieuse d’en savoir plus. « Je me demandais… tu n’es pas obligée de me répondre bien sûr, je ne t’en voudrais pas. Mais qu’est-ce qui t’est arrivé ce soir ? Pour que tu sois comme ça ? » A nouveau, Brume fit un geste de la main pour englober son état. Ne le trouvait-elle pas déjà assez ridicule ainsi ? Voulait-elle vraiment savoir ce qui le mettait dans cet état ? Maddox regarda longuement Brume. Elle semblait être une fille sincère après tout ce qu’ils venaient de s’avouer. Elle semblait honnête. « A moins qu’une autre fille n’ait essayé de t’embrasser ? » Elle plaisantait, elle souriait. Pourtant, Maddox était un peu mal à l’aise. Le brun rit à son tour, mais d’un rire un peu forcé, un peu maladroit, mais tout de même sincère. Il comprenait la taquinerie, mais n’acceptait pas encore totalement d’être celui qu’il était alors il avait du mal à en rire encore franchement. Il se risqua tout de même à plaisanter un peu : « Oui, c’est ce qui s’est passé… C’est Pandore, elle a essayé de m’embrasser, alors je lui ai dit que je sortais avec toi. Elle l’a pas accepté, j’ai dû fuir… » Un sourire passa sur les lèvres du garçon. « Tu peux t’asseoir, si tu veux. » Dit-il en lui montrant l’espace à côté de lui. Maddox avait bien vu que Brume n’était plus dans une position très confortable. Le sol était froid et pas forcément des plus agréables non plus, mais au moins elle n’aurait plus mal aux jambes. En l’invitant à s’asseoir près de lui, le Serdaigle l’invitait aussi à discuter un peu plus sérieusement. « Plus sérieusement, si je te dis ce qui me passe par la tête parfois, tu ne voudrais peut-être pas t’asseoir à côté de moi. » Il changea un peu de position, commençant à avoir des fourmis dans les jambes. Il se retrouva ainsi un peu plus près de Brume, mais toujours sans être en contact avec elle, un peu comme le soir où ils avaient discuté pour la première fois de tout et de rien. Le soir où il était si gentil qu’elle avait pensé vouloir l’embrasser.

« J’ai l’impression que ma tête me joue des tours depuis… ma sortie d’Azkaban. Enfin… je sais qu’elle me joue des tours… j’ai dû mal à distinguer ce qui est réel de ce qui ne l’est pas… ce que j’imagine… » Maddox tentait d’expliquer à la Poufsouffle ce qui se passait dans sa tête tout en essayant de ne pas passer pour un fou. Le brun ne voulait pas qu’elle pense qu’il avait plus sa place à Sainte Mangouste qu’à Poudlard. Il révéla : « Pour résumé, j’ai vu… ou plutôt j’ai cru voir… quelqu’un… et j’ai paniqué… je me suis senti en danger. Mais… de toute évidence… c’était encore ma tête. Personne ne m’a rattrapé… à part toi. » Il sourit brièvement pour faire distraction, puis s’éclaircit la gorge, honteux d’avouer tout ça à Brume. Avec tout ce qu’il venait de raconter, plus jamais elle n’aurait envie de l’embrasser, se mit-il à penser. Changeant totalement de sujet, il ajouta en regardant Brume dans les yeux : « J’espère que tu n’es plus malheureuse. »

« Je le savais ! Et maintenant elle va me poursuivre moi, pour essayer de te mettre les mains sur toi ! Mon pauvre, décidément tu n’as pas de chance. » Continua de plaisanter Brume en surjouant. Maddox se mit à rire à nouveau. Elle marchait avec lui. Il était bon de détendre un peu l’atmosphère. Pandore devait avoir les oreilles qui sifflent tant ils parlaient d’elle. Mais ils ne disaient rien de méchant. Tous les deux étaient amis avec elle. Quand il eut fini de rire, il ajouta : « J’espère qu’elle n’apprendra jamais ce qu’on a dit sur elle… Enfin, ce que j’ai dit. Elle ne serait pas très contente… Mais je l’aime bien, Pandore. Elle est très gentille. » C’était lui qui avait commencé. Ce secret resterait à jamais entre elle et lui. A présent, ils partageaient un secret amusant, et pas pesant comme il l’était auparavant. Brume et Maddox s’étaient peut-être rapprochés grâce à ce petit mensonge et à leurs points communs. La Poufsouffle s’installa à côté du Serdaigle. Il hésita, ayant peur qu’elle ne le voie plus de la même façon, elle le rassura : « Crois-moi j’ai des doutes, il en faudrait beaucoup pour que je refuse de m’asseoir à tes côtés, j’ai une tolérance élevée. » Ce qui semblait suffisant pour le rassurer un peu et l’inciter à se confier à la brune. Il lui raconta les tours que sa tête lui jouait. Il était toujours angoissé à l’idée qu’elle se lève d’un coup et qu’elle s’en aille, ou qu’elle lui dise qu’il méritait d’aller à Sainte Mangouste. Mais il continua quand même ses explications, sans vraiment faire sens. « Je comprends. C’est la peur… et les souvenirs. En fait, c’est presque compréhensible. Un traumatisme laisse toujours des cicatrices. Ce sont les tiennes. » Elle comprenait. Brume comprenait. Il ne s’y attendait pas. Maddox se doutait que la jeune femme avait elle aussi vécu des évènements difficiles, et il était encore loin d’imaginer à quel point. Mais ses mots lui faisaient beaucoup de bien. Ils le rassuraient. Elle raconta : « J’ai vu ma sœur. Une fois… enfin outre toutes les fois où je la vois dans le miroir évidemment. Dans le lac… » Brume avait donc eu une sœur jumelle. Une sœur qui n’était plus de ce monde. Le cœur de Maddox se serra pour la brune. « Évidemment ce n’était pas elle. » Il acquiesça. Il se doutait bien que ce n’était pas elle, comme lui, la tête de Brume lui avait joué des tours. Ils restèrent un instant silencieux. Mais Maddox brisa ce silence : « Je suis désolé, j’ignorais que tu avais perdu ta sœur jumelle… C’est horrible. » Il le pensait réellement. Maddox n’avait pas de frères et sœurs, mais il avait des amis proches comme Flynn et s’il perdait un jour Flynn, il ignorait comme il réagirait. Flynn était devenu le frère qu’il n’avait jamais eu. Il tenait beaucoup à lui, il avait tant fait pour lui. Il ne supporterait pas de le perdre.

« Tu n’es pas fou. Juste… abîmé. Et qui ne l’est pas ? » Un faible sourire éclaira le visage de Brume. Elle avait raison. Maddox n’était pas le seul à avoir été touché par cette guerre. Il n’était pas le seul à avoir des séquelles et traumatismes. Il était peut-être devenu paranoïaque, sa tête se jouait de lui, mais il n’était pas le seul. C’était presque normal. Mais cette vérité ne rendait pas les choses plus faciles pour lui. Son problème était toujours là. Il baissa les yeux, honteux, triste. « Si jamais tu doutes encore, tu peux toujours compter sur moi pour te dire ce qui est réel et ce qui ne l’est pas, tu sais. » Brume était adorable. Il leva à nouveau les yeux vers elle et répondit à son tour par un faible sourire. Si à chaque fois qu’une telle hallucination ou paranoïa lui arrivait il devait aller chercher Brume, alors ils finiraient par passer beaucoup de temps ensemble. Et Brume ne pouvait pas toujours être là. Voulant s’éloigner un peu de cette discussion, Maddox avait changé de sujet pour demander à Brume si elle n’était pas malheureuse. Le virement avait peut-être été trop brusque car il vit qu’il venait de la déstabiliser. « Ça va, ça vient… mais ça ne disparait vraiment jamais. » Brume était toujours aussi malheureuse que le jour où elle s’était sentie seule et s’était rapprochée de lui. Maddox eut un pincement au cœur. Mais maintenant qu’il en connaissait la raison, enfin il supposait que c’était la perte de sa sœur, il regrettait d’avoir posé cette question. Forcément, elle ne se remettrait jamais vraiment de la perte de sa jumelle. Il s’excusa : « Pardon… C’était idiot de ma part de te le demander. » Et il avait manqué de tact. Maddox ne voulait pas rendre Brume plus malheureuse qu’elle ne l’était. Le brun voulait la voir sourire. « Et si on faisait une sorte de pacte ? » Son sourire devient plus malicieux et il s’expliqua : « Si j’ai des doutes sur ce qui est réel et ce qui ne l’est pas, je viendrai te voir. Si tu te sens mal et que tu as besoin de parler avec quelqu’un, viens me voir. » C’était une invitation. Maddox n’était peut-être pas le meilleur pour consoler les autres, mais au moins il pouvait écouter. Il devait au moins ça à Brume. Elle avait été très gentille et très compréhensive avec lui. A n’importe quel moment, elle pouvait venir vers lui et ne le dérangerait pas. « Peut-être qu’on pourra s’entraider. » Il hésita un instant, mais il prit la main de Brume dans la sienne et la serra avec tendresse. C’était la bonne chose à faire, pour lui montrer qu’elle pouvait lui faire confiance, et qu’il lui faisait aussi confiance. En serrant la main de Brume, il sentit les pulsations de son cœur. C’était la première fois qu’il remarquait qu’on pouvait sentir un cœur battre en tenant simplement la main de quelqu’un. Il sourit à la jeune fille pour illustrer sa confiance. Ils continuèrent à parler pendant de longues minutes. La crise était à présent bien loin. Brume et Maddox pourraient sûrement devenir amis avec le temps, ils pourraient s’entraider et apprendre à se faire pleinement confiance. Ils pourraient s’aider à aller mieux grâce au pacte. Et puis, ils se séparèrent et retournèrent chacun dans leur dortoir respectif, repensant à ce qu’il venait de se passer.