Oui, je te promets, je ne me laisse pas mourir de faim. Tu me connais, j’en serais incapable. Et la qualité de la nourriture ici n’est pas a remettre en cause, même si ta cuisine reste bien meilleure. Je sais que je le dis a chaque fois, mais j’espère que tu ne te sens pas trop seule à la maison. De toute façon, les vacances approchent, je serais bientôt là pour t’embêter. En attendant, ici, on s’ennuie. L’ambiance est un peu étrange, mais je ne perds pas espoir que ça redevienne un peu plus jovial. L’avantage, c’est que du coup, on a largement le temps de se concentrer sur les cours. J’ai hâte de revenir à la maison cet été, tu me manques.
Je t’embrasse,
Christiane
A chaque fois que je regarde la chouette s’envoler au loin, j’ai comme un petit pincement au cœur. Les lettres, c’est bien pratique pour communiquer, on est bien d’accord. Mais ça reste toujours plus distant qu’une vraie conversation. J’ai toujours eu plus de mal à m’exprimer à l’écrit, du coup mes lettres ont toujours l’air un peu creuses. Disons que quand je rentre pour les vacances, je parle pendant des heures en arrivant pour tout raconter, tout ce que je n’ai pas réussi a écrire. Et mamie est pareil, nos échanges épistolaires sont donc plutôt limités et relativement laconiques. C’est peut-être ce qui me manque le plus du monde moldu, c’est cette facilité à communiquer. Le téléphone, c’est quand même chouette.
Même ici, entre élèves, ça devient de plus en plus compliqué d’avoir des vraies discutions, surtout entre membres des différentes maisons. Entre le couvre feu, les accompagnateurs dans les couloirs, bonjour la galère. Et on s’ennuie. Même pour venir poster une lettre, j’ai du me faufiler en douce jusqu’à la volerie. Je peux comprendre les mesures de sécurité, mais là ça va loin quand même. On peut même plus aller pisser tranquille, c’est dire. Et la salle commune est sans cesse bondé, je finis invariablement avec la migraine. Alors les piaillements des oiseaux ici, ça ressemble presque à la tranquillité.
Du coup, si déjà j’ai trouvé un endroit calme, autant en profiter un maximum. Le va et vient des hiboux au dessus de la forêt, la cime des arbres qui se balance doucement, une créature qui surgit de temps à autre, le lac, immense, tout juste perturbé par une légère brise. Y a pas a dire, c’est quand même un bel endroit. Un peu frais, un peu humide, mais rien de trop dérangeant pour l’alsacienne que je suis. Une petite chouette grise s’approche, l’air curieux. Qu’est-ce qu’elle me veut ? J’ai un peu de pain, tiens, ça lui fera plaisir. Ca me fait penser, faudrait que je m’en achète une, un jour. C’est bien beau d’utiliser celles de l’école, mais j’aimerais bien avoir la mienne. Zut, j’entends quelqu’un monter. Si c’est un prof, je suis cuite. Et c’est pas comme s’il y avait vraiment moyen de se cacher ici…
La nostalgie est un sentiment magique. On la perçoit si souvent comme négative mais elle nous rappelle aussi que nous avons été heureux, que nous avons vécu des moments précieux, qu'il nous arrive parfois de regretter ces instants doux dans nos souvenirs. Si je ne me sentais jamais nostalgique, il m'arriverait très souvent de me demander si j'ai un jour pu ressentir de l’allégresse. Je m'interrogerais davantage sur le sens de la vie et si cette existence vaut vraiment la peine d'être vécue. J'en oublierais que le bonheur est une fleur précieuse et fragile qui éclot même dans des endroits sombres et humides, des lieux inappropriées et qui peut s'étendre à perdre de vue si on la nourrit de tous nos rêves, toutes nos espérances. Il suffit de nourrit un espoir sans limite pour que le bonheur puisse éclater et nous entourer d'une lumière incandescente, chaleureuse qui réchauffe nos cœur déboussolé, nos corps malmenés et nos âmes en perdition. La nostalgie vient nourrir nos souvenirs de moments heureux qui nous pousseront à tout donner au moment où nos existences se jouent pour que la joie contamine notre quotidien tout entier faisant éclater l'espoir en une chaleur éclatante qui pourra réchauffer et soigner chacune de nos blessures pour que nous construisions une monde de demain bien meilleur. Naïve, utopiste, rêveuse... je suis tout cela à la fois mais si je n'y croyais pas, je ne serais très certainement plus ici en ce jour.
Parfois, je sombre dans des ténèbres qui viennent polluer mon âme et me font douter de tout et de chacun. Il m'arrive que mes journées soient aussi sombres qu'une journée sans lune mais cela ne dure généralement pas. Je ne saurais expliquer ce qui déclenche ces crises existentielles où plus rien ne peut apaiser mon cœur, où la peine monte jusque mes yeux pour faire couler des larmes intarissables. Mais ces larmes là ne sont pas les pires, non, celles que je redoute le plus sont celles plus silencieuses que je me contente de verser intérieurement. Elle me rappelle que je suis piégée tout au plus profond de moi-même. Elles ne peuvent s'échapper mais les pensées plus tristes qu'elles font naître hantent mes rêves. Aujourd'hui, j'avais eu un de ces réveils. J'en étais un peu déboussolée et j'aurais aimé pouvoir revenir à un moment de bonheur. J'avais presque immédiatement pensé à la découverte du parc d'attraction cette été avec Maddox. Mon ami me manque même si je l'aperçois souvent et que même on échange quelques mots. Cela va sembler assez ambivalent mais... je me sentais plus proche de lui grâce à nos échanges épistolaires que par la proximité d'être dans la même bâtisse. Je ne me sens pas aussi connectée à lui et nos échanges me manquent énormément. Je ressens comme un vide tout au fond de mon cœur Alors, je prends la plume pour écrire tout ce que je ressens pour ressentir la force de notre connexion à nouveau. Je souris soulagée alors que les mots sortent et libèrent mon cœur Je ressens une profonde nostalgie aux souvenirs nombreux qui nous lien.
Bon maintenant, il faut que j'échappe à la surveillance qui s'est accentuée dans les couloirs du château car je ne veux pas que qui que ce soit puisse lire le contenu de cette missive précieuse à mon cœur Je finis par m'avancer dans les escaliers qui mènent vers la tour et les chouettes qui porteront mon message à celui qui compte pour moi d'une façon tendre et amicale. Je serre la lettre dans ma main vigilante pour ne pas me faire surprendre. Je soupire de soulagement lançant un dernier regard en arrière avant de me retourner et me retrouver face à une chevelure à la couleur chaude comme les blés et voyant son air paniqué, je ris un peu.
« Bouh! »
Je n'ai mis qu'une seconde à reconnaître Christiane mais je suis heureuse de ne pas me retrouver face à une personne moins accueillante ou moins sympathique. Je m'avance lentement jusqu'à elle avant de regarder autour de nous. Bon, nous sommes seules mais ne tentons pas trop le diable donc je reprends à voix basse ayant rapidement dissimulé mon parchemin dans les replis de ma manche.
« Tu as eu peur que ce soit un professeur donc tu as rien à faire ici non plus. Ça te dit un peu de compagnie loin de l'effervescence du château? Tu as écrit à qui? Tu as l'habitude de mon insatiable curiosité... »
Mon regard se porte sur la vue à couper le souffle et je souris doucement...
a lettre est déjà loin, hors de vue, et moi je suis encore là, à me demander où je pourrais bien me planquer. J’ai pas vraiment envie de me faire attraper hors de la salle commune par un prof peu enclin à passez l’éponge sur ce genre de chose. Sauf qu’évidemment, la volière, pour ça, c’est pas le meilleur endroit. A part essayer de me percher au milieu des hiboux, il n’y a pas des masses de possibilités. Que faire ? Je crois que je n’ai pas le choix, il va falloir affronter le destin. De toute façon, la porte s’ouvre, je n’ai plus d’autres options. Ne le dites à personne, mais je flippe. Bouh ! Oh la vache, la trouille ! J’ai failli me faire un torticolis en me retournant ! Et me voilà nez à nez avec … Hope. Pétard, le soulagement ! Déjà, c’est pas un prof, et en plus, c’est une amie. Que vouloir de plus. Hope compte parmi les personnes avec qui je m’entends le mieux à Poudlard, peut-être parce que nos passés se ressemblent. Aussi, j’accepte sans hésiter sa proposition de me tenir compagnie. Ca fait un moment qu’on a pas eu l’occasion de discuter au calme, saisissons l’opportunité. Et puis au moins, si on se fait chopper, on sera deux. Mais si on pouvait éviter, ça m’arrangerais. Alors c’est à voix basse que l’on poursuit la discussion.
A ma grand-mère. C’est la seule personne à qui j’écris, j’ai personne d’autre. C’est pas tout à fait vrai, j’ai encore mon père, mais disons que les contacts que j’ai avec lui sont relativement rares et espacés, et très rarement de ma propre initiative. Pour le reste, les quelques personnes qui me sont chères se trouvent avec moi ici. Et d’accord, on a moins la possibilité de discuter en ce moment, mais ça vaut pas le coup de prendre autant de risque. Il n’y a que pour ma grand-mère que je fais ça. Et encore, j’écris pas grand-chose, j’ai toujours peur que ça tombe dans les mains de n’importe qui. Non pas que je véhicule dans mes missives des secrets d’Etat, mais j’ai une sainte horreur que des étrangers s’immiscent dans ma vie privée. La première bagarre à laquelle j’ai pris part dans ma vie, c’était à cause de ça. Au primaire, une teigne qui avait décidé de me piquer mon journal intime. Je pense que son menton en garde encore les traces.
Et toi ? C’est pour qui, ce que tu cache dans ta manche ? Moi aussi, je suis curieuse. Ce qui est bien avec Hope, c’est que je n’ai pas besoin de prendre de pincettes. C’est le genre d’amitié où l’on peut parler de tout sans risquer de vexer qui que ce soit. Et c’est agréable. Parce que mes camarades de dortoir, je les aime bien, mais je manque toujours de m’en mettre une à dos, parce que j’ai une certaine tendance à la franchise qui en dérange plus d’un. Encore un truc que j’ai hérité de ma grand-mère. A priori, c’est un trait de caractère qui ne se transmet qu’aux femmes. Mon arrière-grand-mère était comme ça aussi. Par contre, mon père, pas le moins du monde. Il a plus une tendance lèche-cul que franc parleur. Mais que voulez vous … encore une preuve de la supériorité des femmes. Surtout des alsaciennes.
Les mots de Christiane font écho à mon vécu, à mon histoire. Sauf que je n'ai personne à qui écrire moi. Il n'y a personne qui attend de mes nouvelles et s’inquiéterait si du jour au lendemain je devais disparaître. Je voudrais dire que je suis déçue ou en colère contre ce père si indifférent au destin de sa propre fille. Mais je n'attends plus rien de lui depuis tellement longtemps. Je crois que je me suis résignée à être née de l'union de deux êtres qui s'aimaient plus eux-mêmes que l'être auquel ils avaient donné la vie. J'ai lu tant de choses sur le sentiment qui habite normalement deux personnes au moment de faire la connaissance du fruit de leur amour. La joie et l'impatience... On parle de l'instinct maternel mais croyez-moi que c'est pure invention. Non il n'y a là rien d'instinctif, il y a juste un lien qui se tisse ou non. Je n'ai pas eu de chance, la mienne ne l'a jamais tissé et au contraire, elle n'a vu en moi qu'une indésirable. Je pourrais dire que je regrette de ne pas avoir mérité son amour mais il n'en est rien. Je ne la connais pas tout simplement et c'est tellement mieux ainsi. Je crois que je ne peux que me rendre à la raison que certaines épreuves nous permettent tout bonnement de nous construire et elles finissent pas nous donner une force que nous ne suspections pas au moment où on le suspectait le moins. Je soupire légèrement venant serrer mon amie.
« Ta grand-mère sera vraiment heureuse d'avoir de tes nouvelles. Tu dois tellement lui manquer! Même si une lettre c'est tellement impersonnel quand on redoute qui pourrait l'intercepter. »
Je suis triste pour elle d'une certaine façon. Je n'ai personne à qui je peux manquer mais pas non plus quiconque dont je puisse moi-même me languir. Le sentiment de manque doit être douloureux. Je souris doucement avant de grimacer un peu à sa question. Elle est trop directe pour que je puisse me défiler. Je ne saurais décrire pourquoi exactement mais je déteste parler de moi. Je préfère toujours écouter et conseiller que de venir solliciter du soutien auprès des autres. L'idée de devoir répondre me fait un peu grimacer. Je pense à Maddox et au contenu de ces quelques mots. Absolument personne ne doit connaître le contenu de cette lettre au contenu qui me fait ressentir un profond sentiment de vie. Je me sens vivifiée par ce que j'ai confié à Maddox. Je regarde Christiane mais c'est mon amie alors je finis par me résigner.
« Une lettre pour un ami précieux à qui je voulais faire savoir qu'il me manque. Je voulais juste lui rappeler ce que ça peut faire comme bienfaits une amitié sincère. »
Je me hâte de faire en sorte que ma lettre lui parvienne le plus rapidement possible. Je regarde ma chouette un moment pensive et mélancolique. Je finis par revenir au moment présent et par regarder Christiane doucement.
« Dis-moi tu le vis pas trop mal d'être loin de chez toi? De ne pas pouvoir te blottir dans les bras de ta grand-mère. Enfin, vous ne le faîtes peut-être pas mais cette sensation que dehors quelqu'un t'attend... dis moi ce que ça fait de pouvoir se coucher chaque soir en étant persuadée qu'il y aura toujours quelqu'un d'impatient de te retrouver? »
Je suis curieuse mais ce que j'éprouve aujourd'hui me donne envie d'imaginer pendant un bref moment que moi aussi quelque part, il y a une personne qui attend mon retour, qui l'espère. Je veux me bercer de l'illusion que j'ai vraiment une famille et dessiner dans mon esprit un monde imaginaire dans lequel je serais habitée par le même genre de sentiments..
arfois, je me surprends à me demander comment était ma mère. Je n’ai jamais vu la moindre photo, et mon père s’est toujours refusé à m’en parler. Je crois que son départ l’a affecté bien plus qu’il ne voulait le laisser paraître. C’est sûrement aussi pour ça qu’il ne m’accorde que peu d’attention. Je pense que je lui ressemble, à ma mère. Physiquement, je veux dire. Parce que le caractère, c’est tout ma grand-mère. Mais pour le reste, je dois le tenir de ma génitrice. C’est ça qu’elle est, en vrai. Ma génitrice. Elle ne s’est jamais préoccupée de moi, elle ne mérite pas le nom de mère, à mes yeux. Encore, qu’elle ait été trop jeune, qu’elle se soit sentie incapable de m’élever, je peux comprendre. Mais qu’elle n’ait jamais essayé de me voir, de me contacter, ça j’ai plus de mal. Parfois, je me demande si je ne devrais pas essayer de la retrouver. Mais j’ai peur d’être déçue. Elle a probablement refait sa vie, et il est à parier qu’elle m’a oublié. De toute façon, je n’ai pas besoin d’elle. J’ai déjà tout ce qu’il me faut. Petite, j’avais du mal à accepter que mes copines aient toutes une maman, et pas moi, mais j’ai fini par comprendre que c’était peut-être mieux ainsi. Ce qui ne m’empêche pas d’être encore un peu amère sur ce sujet. Ce n’est pas pour rien que je n’en parle presque jamais. Les autres ne comprennent pas. Hope est une des seules à savoir, parce qu’elle sait ce que c’est.
Oui, tu as surement raison. J’aimerais pouvoir lui dire plus de choses, mais par écrit, c’est pas facile. Si seulement on pouvait utiliser des téléphones ici, ça me simplifierait considérablement la vie ! Et oui, la magie, ça n’a pas que des bons côtés. Certes, c’est bien pratique, mais ça implique de vivre dans un monde qui par certains aspects est encore assez archaïque, et ne fait pas bon ménage avec la technologie. Quand on a grandi dedans, ça va, mais quand on a été élevés dans le monde moldu, forcément, certaines choses nous manquent. Je vois que ma question la gène un peu. Mais elle est grande, si elle ne veux pas répondre, libre à elle, je ne m’en offusquerait pas. Au final, elle opte pour le compromis : un réponse laconique. Le sujet semble sensible. Elle se hâte d’envoyer sa missive. J’ai toujours eu du mal a m’exprimer par écrit. J’ai toujours l’impression d’écrire du vent. Ca te fait jamais ça, toi ?
Mon regard, comme le sien, se perd au loin. Le silence s’installe un temps, puis sa question surgit. J’avoue que je ne m’y attendais pas, et qu’elle me pousse à réfléchir. C’est une question complexe et assez intime, pas du genre a souffrir d’une réponse rapide, du tac au tac. Je ne sais pas trop comment expliquer ce que je ressens. C’est … c’est assez étrange, comme sensation en fait. J’ai comme une impression de vide, quelque part en moi. Ca fait mal. Et je sais que ce qu’il faut pour combler ce vide, mais c’est inaccessible. C’est un peu comme quand tu es blessé, physiquement. Tu sais qu’il te faut un pansement, tu sais où il est, mais ça t’empêche pas d’avoir mal. C’est un peu comme ça. Mais en même temps, ça représente une motivation. Je sais que je peux faire avec, parce qu’au bout du compte, ça en vaudra la peine.
C’est un peu confus comme explication, mais le sentiment lui-même est confus. La seule chose dont je suis sûre, c’est que dans le fond, Hope a moins de chance que moi. Je crois que je préfère souffrir de ne pas voir ma grand-mère que de n’avoir personne du tout, et de souffrir quand même, au fond. Tu sais, ce qui me fait le plus mal, c’est de me dire qu’un jour, elle ne sera plus là. Et que ça peut arriver vite. Elle est plus si jeune, tu sais. Et quand je pense à ça, j’ai l’impression qu’en étant ici, loin, je rate des moments précieux. C’est ma plus grande hantise, ça. Qu’il lui arrive quelque chose, alors que je suis loin. Objectivement, il n’y a pas de raisons, elle est en pleine forme, mais un accident est vite arrivé. Perdre mon arrière-grand-mère, ça a déjà été assez dur. Une famille, tu peux t’en choisir une. Que ce soit des amis, ou tes enfants un jour. Une famille c’est pas forcément juste tes parents. Des gens qui t’aime, tu en as. Et c’est eux les plus importants. C’est eux, ta vraie famille. Je peux pas te dire que tu sentiras ça tout de suite. Mais un jour, ça sera le cas. J’en suis certaine.
Une impression de vide? Je voudrais dire que celle-ci m'est inconnue mais je ne serais pas honnête avec moi-même. Je la ressens même si elle n'est en rien causée par l'absence d'un être que je suis habituée à côtoyer et qui me manque. Non le vide qui m'habite vient de l'absence même de mes parents comme acteurs de ma vie. Même si mon père est toujours vivant, que je le reverrai pendant les vacances, j'ai l'impression de n'avoir qu'un semblant de père. Je ne me sens pas entourée, je ne ressens pas la chaleur d'un foyer. Mes parents n'en ont que le nom. Je me suis résignée mais au fin fond de moi, cette conscience de ne jamais pouvoir compter dessus crée un vide que rien ne semble pouvoir combler. Je ne pourrais pas décrire ce sentiment avec des mots mais il y a un manque inscrit viscéralement dans mon être. Je ne peux pas lutter contre l'évidence que ça me manque de me sentir comme appartenant à un tout plus grand, à une famille. « Je ne peux pas prétendre comprendre exactement ce que tu ressens Chris. Je ne peux pas me vanter de ressentir exactement la même chose. Mais je sais ce que c'est de ressentir un vide au plus profond de soi-même, comme un gouffre qui nous ronge intérieurement. » J'aimerais pouvoir moi aussi prétendre que je sais exactement comment combler le vide. Mais chez moi ce n'est pas une question d'accessibilité mais bien d'inexistence. La remède au mal qui me ronge n'existe tout bonnement pas. Je ne connais rien qui puisse effacer ce qui est ma réalité, rien qui puisse la rendre plus belle. Le trou dans mon cœur restera toujours quoiqu'il puisse m'arriver dans ma vie. Même si un jour, par miracle, je parviens à m'entourer de personnes qui désirent faire leur chemin avec moi pour toutes les années à venir, je sais que ce manque là restera. Je sais que même si le reste de mon cœur se porte mieux, il y a aura toujours un petit trou quelque part par là où le désespoir pourra s'insinuer.
« Bien sûr que ça en vaut la peine. Puis tu sais que tu pourras la trouver, que bientôt le vide que tu ressens pourra se combler. Tu connais la date où tu pourras coller le pansement, où ce sentiment s'évanouira. Je t'envie un petit peu mais je suis surtout heureuse pour toi. Tu mérites cette joie. » Je suis terriblement sincère. Je ne la jalouse pas vraiment. Je voudrais moi aussi y avoir droit mais ce n'est aucunement de l'envie mal placée. J'espère qu'elle ne pas mal le prendre car je ne veux surtout pas me disputer avec elle ou encore moins lui faire de la peine. Nous partageons le même sentiment d'avoir perdue notre mère même si nos raisons sont clairement différentes. Je sens mon cœur se serrer sous son aveu alors que je réalise qu'elle pourrait rentrer chez elle sans l'avoir revue. Ne pas avoir de proches, je n'ai pas à songer qu'il se pourrait qu'un jour, ils ne soient plus là. Je sais que la mort peut tous nous faucher à tout moment et je refuse l'hypothèse de perdre l'un d'eux mais c'est vrai que personne n'est totalement à l'abri. « Tu vas rapidement la retrouver pour partager tant de bons moments avec elle, faire le plein avant de nouveaux moments de séparation. La joie de vous retrouver l'emportera sur tout le reste. » Je l'encourage doucement avant de déglutir à ses mots. Choisir sa famille? Un jour ce sera pour moi? Je n'arrive pas à me projeter dans un avenir où je construis ma propre famille. Je n'arrive pas à croire que je serai assez importante pour créer une amitié si puissance que ce sera un plus tellement important. Je n'arrive pas à m'en convaincre car je ne peux m’empêcher de me dire que mon existence même est une erreur. Mais au fond de moi, c'est surtout la peur qui m'habite. Si un jour, je reproduisais le même schéma? Ou pire si ma famille finissait par m'être arrachée. Je ne me remettrai tout bonnement pas de cette perte. « La vie peut nous surprendre alors je vais garder un maigre espoir d'un jour ressentir que j'ai réellement une famille à mes côtés. Mais j'ai tellement peur que ça ne finisse par partir en poussières. J'ai peur d'être trop profondément blessée à un moment donné si je l’espère trop fort cette famille. » Je suis surprise de pouvoir m'ouvrir avec une telle aisance. Je ne dois pas trop chercher mes mots pour exprimer ce qui m'anime. Je la regarde et émue mais aussi intérieurement bouleversée, je viens la serrer contre mon cœur J'ai besoin de cet élan de tendresse auquel m'accrocher même cela peut sembler brisque. Je me montre souvent plus forte que je ne le suis réellement.
’est fou comme de mettre des mots sur ce qu’on ressent, ça soulage. Sur le moment, la douleur est plus vive, comme si les mots remuaient le couteau dans la plaie, mais au final, c’est pour mieux cicatriser. Certes, ça ne résout pas le problème en lui-même, mais ça fait du bien. Comme si partager la peine, ça la diminuait. C’est drôle, en fait. Des amis, j’en ai toujours eu, et j’ai été très proche de certains, mais jamais je n’ai réussi à me confier vraiment. Parce qu’au fond, je savais qu’ils ne comprendraient pas vraiment. On ne peut pas comprendre ce manque, si on ne l’a pas vécu. Et au final, tous ce que les autres exprimaient quand j’évoquais le sujet, c’était de la pitié, et ça, j’en ai toujours eu horreur. Encore aujourd’hui. Alors, je me tais, je garde mon histoire pour moi. Mais parfois, ça devient trop lourd à porter. Et d’avoir trouver quelqu’un qui connais ce manque, et qui sais ce que c’est aussi de ne pas réussir à exprimer ce ressenti, c’est une des meilleures choses qui soient ressorties de ma venue en Angleterre. C’est dingue, tout de même, qu’il m’ait fallu aller aussi loin pour ça. C’est exactement ça, un gouffre. Et combler un gouffre … Personne ne ressent jamais exactement la même chose, c’est normal. Mais c’est à la fois rassurant et déprimant de savoir que je ne suis pas la seule à vivre ça. Et encore. Moi j’ai toujours ma grand-mère. J’ai toujours quelque chose auquel je peux me raccrocher. Le jour où elle disparaîtra, le gouffre, je pense que j’en toucherai le fond. Et brutalement. C’est ma plus grande peur, et en même temps, je sais que c’est inéluctable. Que ça peut arriver, demain ou dans vingt ans, que personne ne peut contrôler ça. Je me demande parfois si les gens qui abandonnent leur enfants se rendent compte du tort qu’ils leurs font. Qu’est-ce qu’il leur passe par la tête ? Parce qu’au final, qu’on soit élevé par quelqu’un d’autre, même si on aime cette personne plus que tout, ou que l’on doive se débrouiller seul, il y aura toujours une part manquante dans le cœur de l’enfant. Si je devais représenter mon cœur, ce serait un puzzle. Un puzzle, ça se défait facilement. Tout comme mon cœur. Et ce puzzle, il manquerait une pièce. Elle aurait disparu depuis longtemps, on l’aurait cherchée, en vain. Ce trou là sera toujours présent.
Je sais ça, au fond. Mais tu sais, savoir la date de fin, ça ne rends pas les choses moins douloureuses, au contraire. En fait, il y a du bon et du mauvais. Parce que je sais que ça s’arrêtera, mais en même temps, ça ne rends l’attente que plus longue. Mais tu as raison, j’ai de la chance. J’aimerais tant que tu ais ça aussi. Je suis incapable d’imaginer ce qu’aurait été mon existence si je n’avais pas eu ma grand-mère et mon arrière-grand-mère. Finalement, d’une certaine manière, Hope, je l’admire. Parce qu’elle a du grandir seule, alors que moi, j’étais bien entourée. Je n’ai pas eu à me construire sans l’aide de personne, sans repère. J’ai eu des repères. Peut-être un peu plus datés que ceux des gens de mon âge, mais je m’en accommode très bien. Et elle a raison. Il vaut mieux que je profite un maximum sans trop penser à de funestes éventualités. De toute façons, ces pensées noires sont toujours présentes dans un coin de mon esprit, alors autant essayer d’en faire fi le plus possible, et passer le plus de temps possible avec ceux que j’aime avant que le destin ne nous rattrape. Ces encouragements me redonnent un peu d’espoir, tandis que mes paroles rassurantes ne semblent pas avoir autant d’effet sur elle. Comme si elle avait définitivement perdu espoir. Tu sais, je pense que quoi que l’on fasse, que l’on espère ou pas, on sera forcément encore blessées dans le futur. Mais ça ne veut pas dire qu’au bout du tunnel, il n’y a pas de lumière. Et ça impliquera sans doute de devoir oser lâcher prise. Et crois moi, je sais que ce n’est pas facile, et que ça prendra du temps. Mais je suis certaine qu’on pourra y arriver, toi comme moi. Son étreinte me prend un peu par surprise, elle ne m’a pas habituée à de tels élans de tendresse, mais de s’ouvrir ainsi, on se sent plus vulnérables, et je crois que moi aussi, j’ai besoin de ça. Parce qu’au final, ce qui nous a le plus manqué, c’est aussi de la tendresse. Quoi qu’il arrive, je serais toujours là, tu pourras toujours venir me parler. Ne l’oublie pas.
Lâcher prise? Mais au fond, je ne sais même pas quelle signification donner à ce mot. Le contrôle est la seule chose à laquelle je puisse m'accrocher pour garder la tête hors de l'eau. Si je m'efforce pas de maîtriser ce qui se passe en moi pour chasser au loin les douleurs, alors... je ne suis tout bonnement pas certaine que je pourrai simplement réussir à faire face à chaque journée qui passe. Je me rends compte que de plus en plus souvent la réalité de ma condition me fait peur. Je me sens démunie dans la vie car peu importe la direction dans laquelle je regarde, je sais que mon choix me coûtera de risquer de perdre une chose que j'aime. J'ai songé travailler à la fin de cette année. Mais j'aime étudier, j'ai besoin d'étudier et je nourris depuis quelques temps le rêve de devenir médicomage. Mais je ne supporte plus ces étés à la maison, ces vacances dans ce climat qui me rappelle que je n'ai pas su trouver ma place. Je voudrais poursuivre mes études mais aussi me sentir indépendante et pouvoir conquérir mon monde. Je sens la peur qui me broie de l'intérieur, grandissant en permanence. Je la sens tenace. Alors oui, si je parvenais à lâcher prise, peut-être pourrais-je réussir à simplement apprécier le moment présent dans toute sa dimension. Je pourrais alors profiter de la vie sans aucune prise de tête.
« Lâcher prise? Tu crois que ça veut dire quoi toi dans le fond? Je sais que la peur ne peut pas toujours guider mes pas dans la vie mais je n'arrive pas à me dire que la lumière va venir. J'ai perdu cette capacité à rêver et l'approche de la date souvenir mais aussi du retour à la maison, ça me fout les boules. L'angoisse grandit en moi en permanence. »
Je prends conscience que quoi que je fasse, l'anxiété est devenue ma plus fidèle compagne. Fidèle au poste, elle me ronge de l'intérieur. Elle est à mes côtés à chaque pas que je fais. Elle reste là tapie dans un coin de mon esprit attendant le moment propice pour se rappeler à mon bon souvenir. Je mens quand je prétends que tout va bien. De plus en plus fréquemment, je sens l'angoisse dominer mes réactions. Elle me pousse au-delà de mes limites, dans mes derniers retranchements. Je veux me dépasser, je me dois de le faire si je veux ne pas finir totalement noyée sous sa pression. Mais je suis surprise des choses folles que je fais dans ma lutte contre cette gangrène intérieure. Je me dis parfois que je perds la tête mais contre toute surprise, des choses merveilleuses ont fini par en ressortir. J'ai éprouvé par moment un sentiment si puissant, une impression d'enfin être vivante et de vivre pleinement. Je me suis rendue compte que je pouvais me libérer de mes interdits pour renaître différente, toute autre. Je peux faire mieux demain si je me laisse dominer par mon désir de me donner au maximum.
« Tu as raison. Si on y pense, on a en nous ce qu'il faut pour conquérir le bonheur. Je me dis parfois que nous sommes nos seuls obstacles à cause de tout ce que l'on ne s'autorise pas à vivre ou à désirer. »
Je veux rêve à nouveau. Je veux retrouver mes illusions et mes idéaux. Idéaliste et utopiste, je l'étais avant que mon univers ne soit bouleversé. Je peux le redevenir. Je dois me donner les moyens de renouer avec cette partie oubliée de moi-même. Elle me manque la Hope d'avant qui savait rire et sourire sans se poser mille et une questions, celle qui avant fonçait même si c'était droit dans le mur. Je n'ai pas toujours été cette femme désillusionnée. Avant je pouvais rêver en couleur. Avant je pouvais dessiner dans les airs des rêves à concrétiser. Je veux renouer avec moi-même, un retour en sources en quelque sorte. L'étreinte fait du bien, elle me rassure. Je la serre avant de lentement la relâcher et plonger mon regard dans le sien et je souris avec toute la sincérité de mon cœur
« Tu pourras toujours compter sur moi. La douceur d'une amitié sincère est ce qui nous donne la force d'affronter chaque journée plus fort que la précédente. Je me sens heureuse de te compter dans ma vie. »
Je ne suis généralement pas très expressive. Il est tellement rare que j'exprime aussi spontanément mes sentiments. Je suis généralement bien plus discrète. Je ne savais pas ce que l'on ressent quand on aime. Je ne sais pas très bien ce que cela signifie. Je suis maladroite pour manifester mon attachement et je ne le dis certainement pas assez souvent mais je veux qu'elle le sache pour ne jamais l'oublier car on ne sait pas ce que l'année à venir nous apportera et si on ne risque pas de se perdre de vue. On aura plus jamais la même proximité c'est un fait. A moins que je ne choisisse finalement de continuer mes études et que Chris n'en fasse pareille. Alors oui on pourra à nouveau vivre ces moments de totale complicité oubliant le monde autour et ses dangers qui nous guettent à chaque pas.
vrai dire, même moi je ne sais pas vraiment ce que ça veut dire, lâcher prise. Peut-être parce que je n’ai jamais vraiment réussi à le faire. J’essaye, constamment, mais c’est difficile, quand on a été déçu, d’oser à nouveau. C’est malheureux, mais c’est commun. J’y travaille, mais pour l’instant, pas avec autant de succès que je ne le voudrais. J’y arrive, jusqu’à un certain point, mais la peur fini toujours par me rattraper. Et après je m’en mords les doigts. J’ai peur de ne pas réussir à profiter pleinement de mon été à la maison, que mes angoisses me rattrapent et me pourrissent les vacances. Bien que, ma grand-mère sait toujours trouver les mots pour me rassurer, mais la petite voix dans ma tête ne me lâche pas pour autant. Je … je crois que la première chose à faire, c’est de savoir précisément de quoi on a peur. On combat mieux un ennemi quand on le connait. Après, je pense qu’il faut se forcer à aller au-delà de ces peurs, mais ça, je n’y suis encore pas arrivée. Rêver, j’y arrive encore. Mais je sais que ce ne sont que des rêves, qui je ne parviendrais jamais à les concrétiser. Le soir, j’aime a m’inventer une vie, une vie plus douce, plus agréable. Puis la réalité me rattrape, et plus le rêve était doux, plus la chute est brutale.
Et puis, moi, à l’inverse, l’échéance de la fin des cours ne signifie pas tristesse. Même si l’école et mes amis vont me manquer, ce qui m’attend reste plus que positif. Tu devrais essayer de faire quelque chose pendant les vacances. Pour essayer de te changer les idées. Ça n’arrangera pas tous, mais peut-être que ça aidera. Faire un voyage, par exemple. Tu pourrais même venir me voir en France, si tu veux. Oui, je sais, un voyage, ça peut être angoissant aussi. Mais c’est pas la même chose qu’une relation humaine. L’impact potentiel n’est pas le même. Et justement, ça peut constituer une première étape. J’aimerais bien partir en voyage, mais ma priorité première reste ma grand-mère. Alors je voyagerais plus tard. J’aurais sûrement le temps plus tard. Après mes études. Je ne sais pas où elles vont me mener, d’ailleurs. La fin d’année approche, et je n’ai pas encore pris de décision quand à mon avenir immédiat. Je pense continuer ici, mais dans quelle branche, je n’ai pas encore décidé, vraiment. Mais je veux rester à Poudlard. Parce que ça, au moins, c’est quelque chose que je connais. Je n’ai plus envie de recommencer ailleurs, quelque part où je ne connais personne. J’ai déjà donné, merci bien. En attendant, j’hésite. Les deux qui me tentent le plus finalement sont la médecine magique et la zoomagie, mais bizarrement, je n’arrive pas à me projeter. Peut-être qu’après les examens, ça ira mieux …
J’ai l’impression que notre moral à toutes les deux remonte un peu. Il n’est toujours pas au beau fixe, il ne l’est jamais vraiment, mais j’ai l’impression que de partager toutes ces angoisses, ça nous soulage quand même un peu. C’est sans doute temporaire, je m’en doute bien, mais il n’empêche que c’est agréable. Ça nous redonne un peu de courage, et Merlin sait qu’on en a bien besoin. Mais avec toutes ces confidences, et ces élans d’amitiés, j’ai du mal à garder mes larmes pour moi. Ce mélange de peur et de tristesse, mais aussi de joie, quelque part, c’est pas simple à gérer. Moi aussi, je suis heureuse de t’avoir pour amie. Promet moi juste qu’on ne se perdra jamais de vue. Je sais bien que ce sont des promesses difficiles à tenir, mais j’en ai besoin. Ça me fera quelque chose auquel me raccrocher, dans les moments difficiles.
Connaître son ennemi est la clé pour le vaincre. Je me rends compte que je nous ai orienté vers un sujet un peu hasardeux. Je voudrais affirmer que j'ai pu cerner mes peurs mais malgré les années, elles restent floues. Je me sens aujourd'hui plus en maîtrise de mes pensées et des démons qui m’habitent. « Mettre un nom sur mes peurs. Je devrais essayer de les cerner. Je me rends compte que je ne sais même pas ce qui m'effraie dans la vie alors comment pourrais-je simplement y faire face. Je ne pensais pas être capable de les cerner avant. » La vérité toute simple peut parfois sembler bien triste. Je me sens nulle et assez pitoyable de ne pas savoir cerner mes angoisses les plus profondes. Qui d'autre que moi pourrait le mieux les cerner? Personne et pourtant, je me sens baigner dans un certain flou. Le silence s'installe un peu après mes mots puis sa proposition flotte dans l'air autour de nous pendant un moment. Elle fait son chemin lentement dans mon esprit. Quand je pense à cet été, l'angoisse me noue les tripes. Pour aller lui rendre visite, il me faudrait un peu d'économies. Jamais, je n'avais envisagé la possibilité de me trouver un emploi pendant les vacances. Je pourrais me trouver une occupation qui me permettrait de réunir quelques économies afin de pouvoir voyager. J'ai toujours été curieuse et les mots de Chris font naître en moi le désir de découvrir le monde. Je voudrais pouvoir connaître la France, visiter certains lieux qui sauront me ravir. Plus que les lieux, je veux apprendre leurs habitudes, leurs us et coutumes. Je veux pouvoir satisfaire mon besoin insatiable de connaissances par la découverte d'un tout nouveau pays. Je ne suis jamais sortie de mes quelques lieux habituels et il est peut-être temps de m'offrir un air nouveau dans mon existence. « Venir en France? Te voir? L'idée me plaît. J'aime me fixer des objectifs, des rêves. Je veux pouvoir fermer les yeux et compter les jours qui me sépareront d'un projet qui saura apporter de la joie dans mon cœur » Je ressens l'excitation à cette perspective. Je ne pense pas oh combien c'est angoissant. Je n'y pense pas encore du moins. Je pourrai peaufiner mes notions de français. Je suis fébrile à cette idée. Je sens mon moral remonter grâce à elle. Je sais que nous nous sentions toutes les deux mieux d'avoir pu partager nos états d'âme respectifs. Je peux sentir une énergie nouvelle et vivifiante. Elle s'envolera rapidement mais en attendant, elle apaise. Je savoure la sensation quand ses mots me parviennent et me touchent droit au cœur
Cette promesse est difficile à formuler. Elle ne l'est pas parce que je doute de le vouloir, oh non que du contraire. Elle l'est car elle me renvoie à mon angoisse en pensant à après. Elle réveille la peur qui me tétanise quand je pense au chemin à suivre à l'avenir. Je ne sais pas dire où je serai dans quelques mois, quelques années. Je suis incapable de me projeter et cette sensation de vide quand je songe à l'avenir me paralyse. Je voudrais pouvoir faire cette promesse avec sérénité mais je me demande parfois si je vais simplement trouver la voie pour survivre. Je ne suis pas même certaine de réussir à voir l'avenir se profiler à l'horizon. Je refuse de penser à cette éventualité que dans un avenir plus ou moins éloigné, je pourrais me laisser happer par un néant abyssal. Je secoue la tête pour chasser au loin cette idée resserrant mes bras autour d'elle. Je la tiens plus fort comme pour m'imprégner de la douceur et force qui se dégagent de ce moment. Je me force à trouver dans ces mots la lueur d'espoir pour un avenir plus serein et plus beau. « Je te promets de garder notre amitié vivante, de ne pas laisser l'éloignement nous séparer. Je te le promets Chris. » Mes mots sont sincères. Je peux le ressentir moi-même dans le tremblement de ma voix. C'est une évidence que je n'en doute pas et cela me surprend moi-même. Il y a sans doute en moi plus de rêves et d'espérances que je ne le croyais. Il doit y avoir tellement d'attentes pour cet avenir qui s'en vient à grands pas dont je ne soupçonnais même pas l'existence. Je ressens un profond soulagement gagner mon cœur et mon âme y apportant un certain apaisement.
e ne sais pas vous, mais moi j’ai l’impression que notre discussion aujourd’hui fera bouger les choses. Sûrement rien de spectaculaire, mais un premier pas vers un avenir un peu plus ensoleillé, peut-être. Je peux me tromper, mais sincèrement, je n’espère pas. Parce que je suis certaine qu’a deux, on finira par y arriver, même si ça prendra du temps. Et je crois que Hope commence à y croire aussi. Qui sait si ça durera, mais c’est un début encourageant. Elle a tout dit, je n’ai rien à rajouter. Un des signes d’une vraie amitié : le silence. Quand on peut rester silencieuses sans que ça devienne gênant ou pesant. Et c’est agréable. Ca créé presque autant de lien que quand on parle. C’est finalement moi qui romps ce silence avec ma proposition. Elle prend son temps avant de répondre, mais l’idée semble lui plaire, ce que ses mots confirment. On verra si le projet abouti, je l’espère. Ce serait la première fois que je vois un de mes amis pendant les vacances. Chouette ! On organisera ça, promis. Ma grand-mère va être contente, ça fait des années qu’elle me tanne pour rencontrer mes amis. C’est vrai ça, je ne sais pas pourquoi je ne lui ai jamais présenté mes amis. Je lui en parle, beaucoup, mais ça s’arrête là. La raison ? Je l’ignore. Peut-être parce que ce sont deux mondes opposés, que j’ai voulu les garder séparés dans ma vie. J’en sais rien. Toujours est-il que je vais y remédier.
Sa promesse tout comme son étreinte me rassure. C’est bête, je sais très bien que toutes les promesses ne peuvent être tenues, mais je sais au moins que toutes les deux, on fera tout pour accomplir celle-ci. Parce que cette amitié jouera un grand rôle dans ce que nous ferons de notre avenir. J’aimerais que ce moment de communion, qui me semble hors du temps, soit éternel. Mais dans un recoin de mon esprit, une petite voix me chuchote que ce n’est pas envisageable, et que la réalité va bientôt nous retomber dessus. Déjà que le fait qu’on soit là est en soi une prise de risque, je crains qu’il ne faille faire attention à ne pas en abuser. Avec les nouvelles règles, ces moments deviennent trop rare, et rien que pour ça, je croise les doigts pour que mon idée de retrouvailles cet été aboutisse. Finalement, ces vacances sont encore plus attrayantes que je ne l’aurais imaginé, et cette sensation d’étouffer dans cette école est de plus en plus présente. J’ose espérer que si je reviens à la rentrée, l’ambiance sera plus légère. Je desserre a contrecœur mon étreinte. Je crois qu’il va falloir qu’on retourne à nos dortoirs, si on reste trop longtemps, on va réussir à se faire choper. Gardant ma main dans la sienne, je l’entraîne à ma suite vers l’escalier, au pied duquel nos chemins se séparent malgré nos regrets, le cœur plein d’un espoir nouveau.
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