18 Avril 2000 Nuit de pleine Lune Lac noir, Poudlard, Écosse
La bête hurlait à l'intérieur de moi. Je pouvais la sentir se débattre avec une force légendaire. Elle n'avait pas apprécié se retrouver enfermée lors de son dernier réveil. Je portais encore les cicatrices de cette nuit, et je n'osais toujours pas croiser trop longtemps le regard de mon professeur d'Alchimie. Tout le mois, le loup s'était lamenté de son sort, assourdissant toutes mes pensées. Tout le mois, j'avais eu envie de m'écraser la tête contre le mur. De par ses plaintes, la bête n'avait pas manqué à me rappeler de prendre mes potions. Je n'avais pas envie de me retrouver avec les jambes lacérées et un énorme mal de crâne à nouveau. De par son incapacitée à se contenir, l'animal en moi avait contribuée à son incarcération. En cette pleine lune d'Avril, la bête n'allait pas prendre le dessus sur moi. Déjà quatre mois que j'avais tué un homme. Déjà quatre mois que j'avais cessé mes expérimentations. Déjà quatre mois et je ne savais toujours pas où j'en étais. Autrefois amoureuse de ma condition, je ne savais désormais plus quoi en penser. Alors je repoussais. Je repoussais sans cesse le moment de la décision. Je n'étais plus prête à déterminer si je chérissais ou non mon état. Il fallait dire que les nouvelles règles n'aidaient pas. Nous étions enfermés, interdiction formelle de sortir de nos dortoirs après le Banquet, surveillance accrue par les professeurs et Aurors. Puis, il y avait Lovecraft. Il savait que j'étais Louve. Il savait que la pleine lune allait me transformer. Tout le mois, j'avais tenté de l'éviter, mais cette nuit, je savais qu'il allait me chercher, qu'il allait vouloir m'empêcher de vivre ma transformation seule.
Voilà pourquoi j'avais décidé de me faufiler hors de la salle commune juste avant le coucher du soleil. Si les Gryffondors et les Serdaigles avaient la chance d'avoir des fenêtre pour sortir, nous les verts et argent n'avions pas cette chance. Des fenêtre donnant sur les profondeurs du lac, ce n'était pas très utile pour s'exiler. Je m'étais donc offert un bon moment, au point où le soleil éclairait encore doucement l'intérieur de château, afin de bien me faufiler sans me faire prendre. Cela m'avait prit un bon moment, mais j'avais finalement réussi à atteindre la sortie ni vue ni connue. La brise fraîche du printemps me reconforta un instant. La bête s'était tue juste assez longtemps pour me laisser respirer. Mes muscles se relâchèrent un instant. Je souris. Doucement, je me dirigeai vers la forêt, où personne ne penserait patrouiller, sauf peut-être le garde-chasse, mais quelles étaient les chances ? Assise sur le sol, adossé au tronc d'un arbre rabougri, j'attendis la transformation. Je profitais des odeurs délicates qui m'entouraient, de l'humidité pas trop envahissante. Je voyais les insectes courir dans tous les sens, j'entendais les branches craquer, probablement sous le mouvement de créatures sauvage. Il fallait avouer que je me sentais chez moi, dans cette forêt regorgeant de bêtes toutes plus craintes les unes des autres. Je pris une grande respiration. Le soleil n'était plu, la noirceur avait gagné le combat entre le jour et la nuit. Entre les branches, je pouvais voir les étoiles naitres les unes après les autres. Les poils se dressèrent sur mes bras, comme s'ils tentaient de rejoindre la Lune. La lumière de cette dernière frappa finalement ma peau, réchauffant mon âme tout entier. La bête recommença à s'agiter. Je fermai les yeux, serrai les poings. Mes os commençèrent à craquer, pour se déformer, s'allonger, dans une douleur lascérante qui me décrocha un rictus. Ce soir, je n'allais pas sombrer. Mon coeur s'accéléra, tandis que mes sens s'aiguisaient.
Au bout de d'une longue minute, mon corps humain avait lassé place à celui de la bête. Je n'avais pas laissé le contrôle à cette dernière, par l'aide des potions tue-loup, mais je pouvais la sentir se battre, encore plus fortement. Ses instincts m'envahissaient, et il ne fallu qu'un instant pour que cela me rattrappe. Un brise apporta à mes narines une délicieuse odeur humaine. Si je pouvais sentir que quelque chose n'allait pas avec cette odeur, la bête, elle, se jeta en direction de sa provenance. Courant à une vitesse folle, l'animal se rendit jusqu'à lac avant que je ne puisse l'arrêter. L'odeur était celle d'une humaine. Sauf que son odeur était étrange, marine. Une seconde odeur accompagnait celle de l'humaine/poisson. Une odeur féline, qui me disait étrangement quelque chose. Je ne sus mettre le doigt dessus, mais je compris rapidement ce qu'il en était. De ma vision canine, j'apperçu une silhouette sur le bord du lac, à une bonne distance. Curieuse, je m'avançai plutôt rapidement vers elle. Une femme était tout près de l'eau. Instinctivement, la louve en moi se lécha les babines, la salive emplissant ma gueule. Non, je n'allais pas l'attaquer, mais la louve ne souhaitait pas détacher son attention de sur elle. Lorsque je fus assez près, cette demoiselle se jeta à l'eau, sans que je puisse décerner son visage. Était-ce Charlotte ? Mais elle avait disparue depuis des mois déjà... Une autre sirène à Poudlard ? Qui était-ce ? Je reculai d'un pas. L'autre odeur était encore plus forte, tandis que celle de la sirène s'effaçait. Je tournai la tête, pour voir une autre bête, d'un blanc dont la pureté n'était salie que de tâches noires. L'humaine en moi fut prise d'une peur intense, tandis que la bête voyait ce félin comme un ennemi à vaincre. L'once voulait probablement voler son repas. Alors que je voulais bondir vers l'arrière, la bête voulait bondir vers l'avant. Ainsi, je ne fis qu'un pas en arrière, mais sorti les crocs, menaçante.
Le crépuscule de cette douce nuit de printemps baigne le parc dans une chaude lumière orange. Le lac, aussi lisse qu’un miroir, reflète cet éclat doré avec la même splendeur que ce que leur offre le ciel. Parfois, un nuage passe devant l’astre qui se couche et Skye sent Ariel frissonner contre lui. Il la serre un peu plus fort, lui sourit et écarte une des mèches brunes qui retombe devant ses yeux. Elle ne montre pas sa peur. Elle n’en a pas besoin, Skye la connait trop bien. Ainsi, c’est en silence qu’ils contemplent le magnifique couché de soleil. Bientôt, Ariel s’enfoncera dans les profondeurs sombres du lac, rejoindre les vraies sirènes et autres créatures aquatiques. Elle en parle peu de ce monde. S'il la terrifie, Skye sait aussi qu'il la passionne. Mais durant les transformations, la douleur et son esprit embrouillé ne lui permettent pas d’apprécier les merveilles sous-marines. Cette fois-ci encore, Skye a préparé une nouvelle potion pour tenter d’aider sa sœur à surmonter cette expérience. Il a repris pratiquement la même recette que la dernière fois. Une potion tue-loup modifiée. L’aconite a par exemple été remplacée par la branchiflore. Par rapport à la dernière fois, il a rajouté de l’ellebore pour ses propriétés d’apaisement. Il espère qu’Ariel notera une légère différence par rapport à ses transformations précédentes. Il n’a jamais osé forcer sur les doses, de peur de faire plus de mal que de bien. Les derniers rayons de soleil caressent le visage clos d’Ariel. Les yeux fermés, les lèvres pincées, elle semble attendre la mort.
« Pars, s’il te plait. »
Skye remet une nouvelle fois cette mèche rebelle derrière l’oreille de sa sœur.
« Je ne risque rien, je reste à tes côtés, ne t’en fais pas. » « Non, pars, s’il te plait. »
Sa voix s’est cassée sur la fin de sa phrase. Skye sent son cœur se briser. Il va devoir l’abandonner aux eaux glacées de ce lac dans quelques minutes à peine, il n’a pas envie de la laisser seule sur la rive à attendre sa transformation. Immobile, il hésite entre satisfaire la demande d’Ariel ou rester à ses côtés.
« Je ne veux pas que tu me voies souffrir, que tu me voies si… horrible. » « Je l’ai déjà vu, Ariel. Ne t’en fais pas pour moi, je suis là pour toi. »
Elle se lève d’un bond, ses yeux le transpercent. Skye se relève, plus doucement.
« PARS ! »
Skye acquiesce. Il comprend sa fierté. Et il sait que ce n’est qu’une passade. Certaines pleines lunes, Ariel le supplie de lui tenir la main jusqu’au dernier moment, puis de sentir la douce chaleur de la panthère alors que sa peau se met à brûler... jusqu’à ce qu’enfin elle soit libérée par la fraîcheur de l’eau. D’autres fois, comme maintenant, elle ne se supporte pas, elle veut être seule. Skye n’oserait en aucun cas juger de la manière dont sa sœur gère ses émotions. Alors, il lui pose un baiser léger sur la joue et lui murmure un je t’aime. Skye recule, puis se détourne. Il n’ira pas bien loin.
Après quelques mètres, c’est une panthère qui s’accroupit dans les buissons. Son pelage d’ivoire parsemé de gris a du mal à se fondre dans le décor. Mais il n’y a personne dans les alentours, juste Ariel les bras croisés sur le bord de la rive qui fixe l’eau avec défi. Skye ressent une bouffée d’amour pour sa sœur. Elle se met à trembler. L’astre majeur s’est couché et déjà les rayons de la lune se réjouissent d’avoir enfin le ciel pour eux seuls. La panthère grogne, frustrée de ne rien pouvoir faire. Skye sait exactement ce qui est entrain de se passer. La gorge d’Ariel qui s’assèche, ses yeux qui la démangent et les crevasses qui se dessinent sur le parchemin brûlant de sa peau. Le tout dans le plus grand des silences. Le plus grand des silences, vraiment ? La panthère lève la tête. Quelque chose arrive à toute allure. Quelque chose de massif et dangereux. Le bruit précède l’odeur. L’once ne sait pas ce qui arrive mais son instinct lui hurle un mot. Prédateur. La panthère se relève avec souplesse, chaque muscle tendus, prêts à bondir sur ce qui arrive. Le bruit de course devient de plus en plus proche. Soudain la panthère comprend. Cet animal se précipite sur sa sœur. Skye bondit au moment où la silhouette d’Ariel plonge. Au moment où la bête apparait. Le cœur de Skye manque un battement, celui de la panthère s’accélère. Loup-garou.
Les secondes passent lentement. Le loup a reculé en voyant la panthère, puis s’est immobilisé. Skye est incapable de penser et a laissé l’animal prendre le contrôle. La panthère saura quoi faire. Et pour l’instant, elle a choisi la même immobilité que le lycan. L’esprit brouillé, Skye se pose mille questions. Le loup-garou a-t-il prit la potion tue-loup ? S’il fuit, l’animal le suivra-t-il ? Qui est-ce ? Une femelle, d’après l’odeur. Odeur qui lui dit vaguement quelque chose… L’instinct de la panthère est clair et net, il ne faut pas engager de combat. Le loup-garou est légèrement plus grand que lui mais il n’a ni la souplesse, ni les griffes de l’once. Le combat serait égal, peut-être même en faveur de Skye. Or, on n’engage de combat que lorsqu’on est sûr de gagner. Un combat égal est trop dangereux car il signifie qu’on écopera de lourdes blessures quoiqu’il arrive. La panthère recule d’un pas. Une odeur humaine lui agresse les narines. Elle tourne la tête. À quelques mètres de la rive, une tête dépasse. Ses cheveux bruns, alourdis par l’eau, cachent sa figure mais Skye aperçoit le reflet de la peur dans les yeux de la sirène. Ariel a vu la bête avant de plonger, elle est revenue voir comment il allait. Le lycan a aussi tourné la tête pour observer l’humaine. Il montre les crocs. La panthère feule et fait un bond menaçant en avant. Si le loup-garou est assez intelligent, il partira. Sinon, l’once prendra le risque d’un combat égal et ce malgré la peur qui tord le ventre de Skye.
La panthère était énorme. Physiquement, elle était plus petite que moi, mais mon esprit se l'imaginait gigantesque. Les félins de ce type n'étaient pour moi que des bêtes dangereuse, autant pour les autres que pour moi. Inutile de se poser la question, il s'agissait d'un animagus. Ce genre d'animal ne rôdait pas en Écosse, et encore moins dans la forêt interdite. Mon côté rationel voulait croire qu'il s'agissait d'un élève inoffensif, mais mon coeur préférait ignorer la rationalité. J'avais peur, mais je savais que je ne pouvais pas fuir. D'un côté, la bête en moi était enragée, de l'autre, je ne souhaitais pas laisser cette sirène en danger face au monstre que devait être ce félin. Peut-être était-ce un enseignant ? Ce serait encore pire. Si l'un d'entre eux voyait un loup-garou dans le parc de Poudlard, la sécurité serait encore plus renforcée et je serait dans un sale pétrin. Déjà, Lovecraft devait être furieux que je n'aie pas été me confiner pour cette pleine lune. Trop de questions, et trop peu de temps pour réagir. Je regardais l'autre animal, figée, crocs sortis. J'étais sur les nerfs, et un simple éclat d'eau attira mon attention vers le lac. La sirène assistait à la scène, regard appeuré en notre direction. La mienne ? Probablement, tout le monde avait peur des lycanthropes. La panthère ? Peut-être ? Ou était-ce son gardien ? Je n'arrivais pas à me fixer mes idées, mon coeur battait beaucoup trop rapidement, mes pensées oscillant entre ma rationalité et ma peur, toutes deux humaines, ainsi que ma faim et ma rage, toutes deux bestiales. Le corps de la sirène annonçait la jeunesse de celle-ci, très certainement élèves. Sa chevelure foncée cachait son visage, mais une partie de moi me laissait savoir que je la connaissais. Difficile à dire, il y avait énormément de visages que je voyais à tous les jours entre les murs de cette école. Malgré tout, je pus reconnaitre qu'il ne s'agissait pas de Lou. Heureusement.
Je tournai ma tête de nouveau vers le félin. D'un pas lent, sur mes gardes, je me dirigeai légèrement vers le lac, m'immiscant entre les deux êtres. Ainsi entourée, je créais, dans mon esprit irrationnel, un mur pour protéger la demoiselle. Ça ne faisait aucun sens, elle avait certainement peur de moi, sauf que je n'y pouvais rien. Cet instant me sembla durer une éternité, alors que mes prunelles agressives étaient plongées dans les siennes. De toute ma vie, je n'aurais jamais cru faire face à une telle situation, autre qu'avec mon père. Depuis des années je rêvais de m'attaquer à mon père, autant dans un duel de magie noire, aux poings, aux armes, ou sous forme animale. C'était comme si j'avais dévoué mes dernières années à cela, pour finalement me retrouver face à quelqu'un d'autre. Je savais deviner que cet once n'avait pas la force du tigre blanc de mes cauchemars. Ses muscles étaient moins définis, et ses yeux n'était pas aussi vils. Jeune. Je compris alors qu'il était jeune. Pas si jeune, mais pas très âgé non plus. Un de ces élèves de huitième année ? En plongeant mes iris sombres dans les siens, je tentais de déceler un détail, un seul qui saurait m'indiquer de qui il s'agissait. Je pourrais alors savoir à quel niveau de danger je fesais face. Mes pattes avant étaient enfoncées dans le sol, prête à me faire détaler à tout instant. Mes griffes arrière étaient plantées dans le sol, prête à se jeter sur mon ennemi. Je pouvais sentir le stress dans l'air, ce qui ne m'aidait aucunement à garder mon calme. J'avançai d'un pas pour sentir l'odeur du félin à nouveau. Mon geste fût probablement trop brusque, puisque j'entendis l'eau s'agiter hâtivement. Ce bruit de trop laissa la bête prendre le dessus sur moi l'instant d'une seconde. Oreilles dirigées vers l'arrière, la bête fit un bond vers la panthère, accompagnée d'un grognement puissant et d'un coup de patte en sa direction. Attaque instinctive face à l'excitation de la demoiselle, dons les bruits avaient irrités le loup. Merde. Je conservai ma position offensive, prête à recevoir la riposte de mon adversaire, dont je n'avais toujours pas sus déceler l'odeur humaine.
Les yeux sombres de la louve fixent Ariel. Skye frémit. Il reconnait sa sœur parce qu’il sait que c'est elle. Mais est-ce que le lycan pourrait reconnaître ses cheveux sombres détrempés qui cachent son visage ? Il prie pour que ce ne soit pas le cas. Si quelqu'un apprenait la condition de sirène de sa sœur, ça allait faire le tour de Poudlard. Skye n’ose pas imaginer les conséquences qui en découleraient. Le loup-garou est tendu. C’est sans doute son seul réconfort, au moins la bête n’est pas plus rassurée que lui. La panthère a les pattes pliées, elle est presqu’accroupie, protégeant instinctivement la partie la plus fragile de son corps : son ventre. Son poids est reporté sur ses pattes arrière. Elle est prête à sauter au moindre mouvement brusque. D’un pas lent, la louve se met en mouvement. Dans un geste délibéré, elle s’interpose entre Ariel et lui. La panthère montre les dents mais ne bouge pas. Pour l’instant, Ariel ne court pas de danger direct mais l’action du lycan est claire. Il veut montrer que la proie humaine lui appartient. L’once est prête à déchirer le ventre du monstre pour cet affront. Skye, lui, est paralysé par la peur. Les secondes s’écoulent avec lenteur. Le griffon est terrifié et pour une fois la panthère n’a pas pas beaucoup plus confiance. L’once n’a pas beaucoup d’expérience de combat mais son instinct connaît l’essentiel. La partie la plus dangereuse du lycan est sa mâchoire puissante aux crocs acérés. Ses pattes ont des griffes peu aiguisées et sont moins puissantes que celles de la panthère mais ça ne les rend pas inoffensives pour autant, il faut les éviter aussi. Ne jamais exposer son ventre. Attaquer à la gorge et à la nuque, ou tenter de profiter de la souplesse et de la force de ses pattes pour étourdir l’animal. La théorie est simple, la pratique beaucoup moins. Skye espère ne pas en arriver là, il prie pour que le loup-garou s'éloigne.
Soudain, la louve pointe sa truffe dans sa direction. Le poil de l’once se hérisse avec dégoût mais elle ne bronche pas. Le mouvement a cependant dû surprendre Ariel car il y a un mouvement dans l’eau. Une distraction infime mais la louve en profite. Elle bondit vers la panthère et lui lance un coup de patte. L’instinct de la panthère prend le dessus. Tout son corps se porte en arrière avec vivacité, échappant de justesse aux griffes du lycan. Skye n’a plus de doute, la bête n’a aucune intention pacifiste. Il faut l’éloigner d’Ariel au plus vite. Mais la bête semble vouloir le faire fuir pour pouvoir s'attaquer à sa sœur. Elle veut que Skye parte. Il n'est pas question de la laisser seule avec Ariel. Sa décision est prise en quelques millièmes de secondes. La panthère se plaque sur le sol la queue battant furieusement ses flancs. Le lycan a toujours une position d’attaque, épaules gonflées, dents dévoilées. La panthère saute dans sa direction, feintant une attaque par les airs. Le lycan réagit comme prévu, il se relève sur ses pattes pour attraper le félin à la gorge exposant la sienne du même mouvement. L’once use de sa queue comme d’un balancier et se jette sur le sol. La gorge et le ventre de son adverse lui son offerts. Elle n’hésite pas, se lance et plante ses crocs dans la fourrure sombre du lycan. Les pattes de la louve tentent de l'écarter avec rage et un instant ils roulent tous les deux dans la terre. Skye a perdu tous ses repères, il ne sent que les dents du loup-garou qui frôlent ses oreilles, ses griffes qui lui arrachent des poils et creusent un sillon profond sur sa hanche. Il sent aussi le goût poisseux du sang dans sa gueule. Griffes ressorties, ses pattes s’accrochent au lycan avec un désespoir furieux. Après quelques secondes qui semblent des heures, leurs roulades cessent. Ils ont atterri dans l’eau et dans un même mouvement se sont écartés l’un de l’autre. La louve est sur la berge, la panthère a les pattes dans l’eau. Skye sait qu’il est dans une position de faiblesse. Il lui faut sortir du lac au plus vite, d’autant plus qu’Ariel doit paniquer et il ne faut surtout pas qu’elle s’approche. Il se rappelle à peine des secondes de combats qui viennent de se dérouler. Son esprit pétrifié a laissé la panthère prendre le contrôle. Désormais, il n’a qu’une envie : fuir et entraîner la louve dans sa course. Mais le lycan a repris la position d’attaque classique du loup, pattes avant écartées, dos courbé, tête baissée. L’once porte le poids de son corps sur ses pattes arrière et rapproche son ventre du sol, tête levée, prête à répondre à la moindre offensive.
Bien sûr que le félin allait risposter. C'était une créature violente, je n'en avais jamais douté. Et après, les gens osaient croire que les lycanthropes étaient des bêtes dangereuses à éviter comme la peste. Quelle idée ridicule et erronée. Si la bête avait prit le contrôle sur moi une fraction de seconde, la panthère était bien consciente de ce qu'elle faisait. Derrière ce pelage blanc se trouvait un homme bien conscient de ses actes, de sa force, de sa violence. Heureusement pour moi, cet instant, je ne faisais qu'un avec la bête. Si les derniers mois avaient étés difficile pour moi, si j'oscillais sans cesse entre l'envie de tuer le loup ou de le laisser gagner, cette fois, je m'armais de sa présence. Tout s'était fait rapidement. Un coup de patte défensif raté, une attaque de la part du félin, un réaction de mon côté, puis les crocs, les griffes et le sang. La bête voulait prendre le contrôle, elle voulait utiliser son agressivité et sa faim pour se venger et se débarasser de son ennemi pour de bon. Elle ne le pouvait pas. La douleur des lascérations était aigüe, mais ce n'était pas la première fois que j'en vivais autant. La rage s'empara de moi, l'humaine. Après tout, j'avais toujours eu cette tendance bestial, ce tempérament sauvage qui m'avait valu de nombreuses réprimandes. Après tout, le loup n'était qu'une prolongation de qui j'étais réellement, ou bien moi j'étais celle du loup. La peur me rongait les os, mais la fureur était bien plus puissante. Cette fois, j'allais m'acharner, je n'allais pas retenir mes attaques. Car la panthère n'avait pas hésité, car la bête en moi voulait rétorquer.
Malgré mes blessures, l'adrénalime me garde en force, tandis que je m'acharne sur le félin. Guidée de mes instincts de louve et de mes techniques d'humaine, j'enchaine les coups de griffes et de gueule comme si ma vie en dépendait - ce qui était probablement le cas. Mon ennemi n'était pas le meilleur des combattants, pas leplus agile des félins. Sauf que moi, si je connaissais mieux ma forme de loup que lui sa forme de panthère, je n'avais jamais combattu un autre animal de ma taille. Nos forces étaient plutôt égales, et ce n'est que le contact de l'eau qui rompit notre combat. Soulagée, je ne laissai toutefois pas cette mini-victoire me faire baisser les gardes. Aussitôt, je me redressai pour faire face à l'animagus et ainsi imposer ma supériorité. J'étais blessé, lui également. Le goût du sang en ma bouche me laissait perplexe ; offrant les arômes délectable des humains, mais ternies par l'effluve féline. Si j'avais pu cracher, je ne me serais pas gênée de le faire. Je restais immobile, tandis que ma vision devenait plus claire - car oui elle s'était embrumée lors du combat. Le pelage de l'once était couvert de sang, probablement un peu du mien en plus du sien, et il avait l'allure d'un carnage encore plus horrible que celui que j'avais fait en décembre. Le temps sembla long, et je commençai à sentir l'adrénaline me quitter légèrement, mon corps faiblissant légèrement. Le loup haletait, alors que je tentais de trouver la sirène du regard, sans détourner ma position, restant alerte aux actions de la panthère. Je ne la vis point, ce qui était probablement une bonne chose. Avait-elle fuit ? C'était certainement la meilleur solution, et j'osais espérer que tel était le cas. Tandis que je m'apprêtais à me tourner pour confirmer mes pensées, j'entendis un autre loup hurler à la lune, dans un écho qui laissait croire qu'il n'était pas si loin. Sur le terrain ou dans la forêt, sans aucun doute. Orion ? Thea ? Naturellement, la bête en moi répondit avec passion. Ceci, pour la panthère, devait sembler à un appel à l'aide, ou bien un cri de rassemblement. L'autre lycan allait-il se joindre à nous ? Les chances étaient bonnes. Sauf que si c'était Orion, je doutais qu'il ne prendrait pas part au combat. Si c'était Thea, ce serait une autre histoire. Excitée, la bête bondit vers l'avant, hurla de nouveau à la lune. L'autre loup répondit, cette fois plus près. Moi, je tentai de reculer, de ne pas laisser la bête prendre le dessus. Je me tournai vers l'animagus pour voir comment il réagissait à ce qui se produisait. En position d'attaque, croyait-il s'en prendre plus à moi ou fuir ? J'aurais parié à une attaque de détresse, avant que l'autre loup ne point le bout de son museau, téméraire qu'il était. J'enfonçai mes pattes dans le sol, prête à détaler ou à répondre à son attaque, si tel était le cas.
Des crocs, des griffes. Des morsures, des écorchures. Skye en recevait autant qu’il en donnait. Le monde n’avait plus de sens, tournait sur lui-même. Sur le dos, puis sur le ventre, quelle importance puisque de toute façon sa vision était floutée par la fourrure sombre de la louve. Ils n’étaient qu’un tourbillon de rage et de sang. Puis soudain, sans prévenir, le combat cessa. Ils avaient atterri dans l’eau et, surpris et soulagés, s’étaient écartés. Skye lança un regard éperdu vers le loup-garou qui le fixait avec fureur. La bête ne fuyait toujours pas. Quel était son problème ? Qu’est-ce qu’elle cherchait ? Skye n’osait pas imaginer ce qu’elle voulait faire à Ariel pour être prête à se battre avec autant d'acharnement. La panthère tourna ses oreilles en arrière, vers le lac, mais il n’y avait plus aucun bruit dans l’eau. Il se demanda ce que sa sœur pouvait bien penser de la bagarre qui venait de se dérouler. Skye était aussi immobile que possible, fixant le lycan avec intensité pour prévoir la moindre attaque de sa part, mais il commençait à trembler. L’eau lui arrivait à la moitié des pattes et, peu à peu, transperçait sa fourrure. C'était stupide à dire dans cette situation dramatique mais, il avait froid. Et il était faible. Ces quelques instants de répits lui permirent d’analyser ses douleurs. Il avait des griffures et des morsures sur tout le corps mais c’était sa hanche qui le faisait le plus souffrir. La louve y avait profondément planté ses griffes et il saignait abondement. Il tremblait de plus en plus fort. Il lui fallait fuir tant qu’il le pouvait encore. Ariel avait disparu et il espérait qu’elle avait plongé profondément. Il devait s’éloigner un peu, au moins. Alors qu’il s’apprêtait à bouger lentement pour ne pas effrayer le lycan, son sang se glaça. Au loin, un hurlement avait retentit. La panthère fut pétrifiée sur place et Skye crut mourir. Devant ses yeux terrifiés, le lycan leva la tête en arrière et répondit à l’appel. Skye chancela, sous le choc. Sans y réfléchir, il laissa une nouvelle fois sa conscience se faire envelopper par l'instinct de la panthère, mais l’once était tout aussi terrifiée. L’instinct de survie consiste à connaître le bon moment pour fuir. Il lui avait déjà dit de fuir lors du premier face à face. Un combat à arme égal n’est pas un combat qu’on engage. Il s'était tout de même battu pour Ariel et avait écopé de sérieuses blessures. Ici, ce ne serait pas un combat à arme égal, ce serait un massacre. Un nouveau hurlement résonna, bien plus près. La panthère fit quelques pas en arrière, s’enfonçant un peu plus dans l’eau, perdue. Elle était prise au piège. Le lycan qui lui faisait face sauta d’un air surexcité, hurlant à la lune pour indiquer sa position. L’once n’attendit pas plus longtemps. Elle détala. Elle fit quelques mètres dans l’eau pour contourner la louve, puis, une fois sur la berge se précipita vers l’arbre le plus proche. Elle n’était pas stupide. Les loups couraient aussi rapidement que les panthères. Mais ils couraient bien plus longtemps, d’autant plus qu’elle était blessée à la hanche. Fuir oui, mais pas jusqu'au château. Fuir jusqu'au premier refuge venu. Il ne lui fallut que quelques secondes pour atteindre l’arbre. Il était énorme. Ses branches les plus basses devaient se trouver à trois ou quatre mètres, aucun canidé ne pouvait atteindre cette hauteur. De son côté, l’once n’aurait aucun mal à grimper dessus. Sortant ses griffes rétractiles, elle sauta avec vivacité sur le tronc. Elle poussa un grognement de douleur, sa hanche raidie protestant vivement à ce mouvement souple. Ignorant sa souffrance, elle grimpa les quelques mètres qui la séparait des premières branches. Et pour faire bonne mesure, monta quelques branches supplémentaires. Se recroquevillant sur la branche, elle se mit à haleter bruyamment de sa course et de sa terreur. Skye reprit peu à peu possession de son corps. Il jeta un regard terrifié vers le bas. Le lycan était resté sur le bord du lac ce qui le soulagea. Elle devait avoir pris la potion tue-loup. Alors pourquoi cette imbécile voulait-elle s’attaquer à Ariel ? La tête de sa sœur était d’ailleurs à nouveau apparue, vers le centre du lac. Elle était en sécurité mais voulait probablement s’assurer que c’était son cas à lui aussi. Skye leva la tête vers les étoiles et pria pour que le deuxième loup-garou ne vienne pas. Avec un peu de chance la louve partirait sans rien demander de plus. Sa bonne étoile ne devait pas encore être levée car un nouvel hurlement retentit, tout proche. Et quelques secondes plus tard, un deuxième lycan arriva en trombe. Il pila net devant la scène qui se déroulait devant lui, lança un regard vers le premier loup-garou puis vers la panthère perchée sur son arbre. Après un instant de battement, il se mit à trotter dans la direction de Skye. Le griffon gémit, se cala un peu plus contre le tronc de l’arbre et enroula sa queue autour de ses pattes pour tenter de se rassurer. Se lançant sur la trace de son nouveau compagnon, la louve s’avança à son tour dans sa direction. Skye frémit. Les loups n’étaient pas assez agiles et n’avaient pas des griffes assez aiguisées pour pouvoir grimper l’arbre mais se retrouver coincé de la sorte par son pire cauchemar le rendait fou. Et dire que la lune venait à peine de se lever.
J'avais envie que tout ceci se termine le plus rapidement possible, et pourtant, je sentais que la nuit voulait s'étirer. Mon coeur battait rapidement, un mélange de rage et de peur. La bête était excitée, ravie de ce combat. La bête n'avait pas peur des gros félins, elle. La bête aimait le sang. La bête voulait se venger. La bête voulait s'alier à son ami. Moi, j'étais déchirée. Je sentais la colère en moi aussi puissante que la peur. La douleur de mes blessures venait de me frapper de plein fouet. Lorsque la panthère s'était enfuie, mes gardes s'étaient baissées, tout comme ma concentration s'était effacée. L'ennemi était loin, mes muscles s'étaient détendus. Je pouvais désormais sentir les morsures qui décoraient mon cou, les griffures qui accompagnaient mes autres cicatrices et le sang qui s'en échappait. Je restai immobile un instant, pour reprendre mon souffle. L'once n'était pas très loin, je le sentais toujours et mon regard se posa bientôt sur lui, du haut de son arbre. Bien évidement, je ne pourrais pas l'atteindre. Sauf que contrairement à la plupart des gens, je ne réagissais pas à la douleur par la résignation. J'avais étée élevée comme une guerrière, où la douleur n'était qu'une raison de plus pour se battre. Lorsque l'on me pousse, je frappe. Lorsque l'on me frappe, je griffe. Lorsque l'on me griffe, je lacère. Je n'avais pas d'autre type de réponse, c'était devenu naturel. Sauf que normalement, je n'avais pas peur. La peur était elle aussi naturelle, sauf que je n'avais pas l'habitude d'y faire face. Comment réagir ? Quoi faire. Je regardai autour de moi un instant. Le chemin le plus rapide vers le château était à l'oposé d'où se trouvait la panthère. Fuir était la meilleure réponse. Ridicule, sachant que l'once avait tout aussi peur que moi, et que désormais, un second loup était entré en jeu. Sauf que ce sentiment ne me lâchait pas. Ce n'est que lorsque l'odeur de mon propre sang mon monta aux narines que la décision se prit. La réponse à cette bouffée de douleur se fut aussi primitive que les réactions de la bête. Dans un grognement sourd, je me projetai aveuglément en direction de l'animagus. Ma vision était floue, mes pas chancelants, sauf que ma nature avait pris le dessus.
La bête, non pas le loup mais bien la Zoya que Mischa avait créée, s'exprimait désormais. Celle que j'aurais dû être le soir où il avait dépecé mon assaillant, celle que j'aurais dû être à tous les jours depuis. Celle qui était seulement lorsque lui était loin. Parce que la crainte de cet homme dépassait toutes les autres, même celle de cette soirée, alors que j'étais en sang et combattait cette panthère. Je sentis mes veines chauffer, je me sentais incontrôlable. J'avais envie de hurler, de frapper, de tout détruire. Le loup s'exprima à ma place, dans un autre hurlement à la lune. Cette fois, ce cris n'était pas dédiés à l'autre loup. Il était pour moi, il était le signe que la rage prenait le dessus. Et surtout, je ne voulais pas qu'un autre loup ne vienne gâcher ma vengeance. Mon hurlement était offensif, envers les deux autres animaux. Une fois arrivée à l'arbre en question, je ne fraînai point ma candence, repoussant l'autre lycan avec force. Puis, je plantai mes griffe au sol et grognai en sa direction pour le faire s'éloigner. Je n'en avais que faire de qui il s'agissait, si c'était Thea ou non. Ma colère parlait pour moi et cherchait à s'acharner sur quiconque croisait mon chemin. Rapidement, je feinds de me jeter sur l'autre loup pour faire comprendre à ce dernier de me laisser tranquille. Avec chance, celui-ci s'éloigna. Mon attention se posa sur le félin. Ma bouffée d'énergie me poussa à terasser l'arbre avec force, mais celui-ci ne bougea qu'à peine. Une petite vibration, quelques minuscules feuilles à peine sorties des bourgeons en tombèrent. Énergie utilisée en vain, je m'acharnais de mes griffes sur l'écorce de l'arbre jusqu'à ce que je reviennes à la raison. La situation était parfaitement risible. Un félin perché à un arbre, un canin s'acharnant à le chasser malgré tout. Tous deux étaient conscient que l'autre était un élèves, du moins un jeune sorcier, bien lucide. Et les deux s'étaient tout de même battus. Et je cherchais encore à me battre. À bout de souffle, je me repliai au sol. Je fis plusieurs fois le tours de l'arbres, comme pour marquer mon territoire. L'autre loup était resté en retrait un instant, comprennant qu'il n'était pas la bienvenue. Allait-il revenir ? Allait-il se tourner contre moi ou bien s'acharner à attaquer l'animagus tel que je l'avais fait ?
Entre mes derniers coups de griffes et ces réflexions, j'avais eu le temps de respirer, de relativement me calmer. Doucement, je me couchai au sol, le corps entourant le tronc de l'arbre. Encore, cette position avait pour but de garder l'autre loup un peu plus loin. Sauf qu'au bout d'un moment, j'avais eu le temps de croiser le regard de l'animagus. Merde. Au dessus de moi, il pouvait m'attaquer à tout instant. Il avait le dessus, en un seul saut il pouvait m'assomer, peut-être même m'enlever la vie, s'il le souhaitait. D'un bon, je m'éloignai. Je me sentais faiblir, je sentais mon corps humide s'alourdir. Le félin était-il aussi blessé que moi ? Devenait-il aussi faible ? J'osais espérer que oui...
Spoiler:
Thea n'a toujours pas lu mon message, du coup je continue le RP sans elle, je crois même qu'on pourrait clôturer bientôt si tu veux :)
Skye était pétrifié. L’arbre était énorme, son tronc épais et ses branches hautes. Jamais un loup ne pourrait y accéder. Mais la simple vision des deux lycans suffisait à lui faire perdre son souffle. Il avait rarement eu aussi peur. Son expérience avec le chien à trois têtes, quelques semaines plus tôt, lui semblait presque dérisoire par rapport à la confrontation avec son pire cauchemar. Couché sur sa branche, il avait le temps de réfléchir. Mais la seule chose qui venait à son esprit était la vision monstrueuse de son père qui se tordait de douleur lors de sa transformation. Son corps brisé qui se couvrait d’un pelage sombre, ses yeux qui absorbaient toute la lumière environnante. Son regard de néant qui l’avait fixé avec tant de rage. En dessous, le deuxième loup-garou s’approchait et reniflait dans sa direction. Son regard n’avait rien de la folie furieuse que Skye avait pu voir dans les yeux de Mikhaïl. Ce loup-garou avait dû prendre de la potion tue-loup. Cette pensée ne suffit pas à le calmer. La bête restait monstrueuse et semblait prête à le déchirer en pièce si l’occasion se présentait. La panthère entendit un bruit de course et tourna les oreilles dans cette direction sans lâcher le deuxième loup des yeux. Elle feula dans sa direction, crocs dévoilés. Elle n’allait pas se laisser impressionner aussi facilement par ce caniche incapable de monter à un arbre... Le bruit de course se rapprochait et, du coin de l’œil, Skye aperçu le premier lycan arriver en trombe. La louve fonçait droit vers le nouvel arrivant. Elle hurla avec rage avant de sauter sur l’autre loup, le repoussant au loin. Sous l’arbre de Skye, elle grogna vers son semblable pour le tenir à distance. La panthère agita la queue avec nervosité. Qu’est-ce qui prenait à la louve ? N’avait-elle pas appelé son congénère, quelques minutes plus tôt ? Mais elle fit mine de se jeter sur le deuxième lycan et il s’éloigna rapidement avant de s’arrêter au loin pour continuer à les observer. Skye ne comprenait pas ce qui se passait. La bête tentait-elle de le protéger ou voulait-elle signifier qu’il était sa proie ? Le griffon n’eut pas à se poser la question bien longtemps, la louve se jetant soudainement contre l’arbre avec rage. La panthère feula de fureur. Skye se serait moqué de cette tentative ridicule s’il n’avait pas eu aussi peur. La louve n’avait visiblement pas voulu le protéger. Elle s’acharnait stupidement contre l’arbre, l'attaquant de ses griffes peu aiguisées de canidé. L’once cracha une nouvelle fois et agita la queue, prête à passer à l’attaque. Il lui suffisait de se laisser tomber sur le lycan pour avoir le dessus. La bête semblait avoir perdu son esprit. Elle se mit à tourner avec fureur contre le tronc avant de se calmer enfin et de se coucher au pied de l’arbre. Son corps s’enroulait autour du tronc, voulant visiblement signifier qu’il lui appartenait. Le loup-garou était stupide. Il ne regardait pas la panthère, gardant plutôt un œil sur l’autre loup. Il offrait son dos à l’once. D’ici, en sautant, la panthère lui briserait la colonne vertébrale d'un coup sec et pourrait agripper sans difficulté sa nuque pour lui broyer les vertèbres d'un coup de mâchoire. La panthère jeta un coup d’œil à l’autre loup. Il avait été chassé au loin. Elle avait tout le temps de tuer ce premier adversaire avant de remonter dans l’arbre. L’once se leva et bougea en silence sur la branche, chaque bruit de pas étouffé par ses coussinets épais. Elle se plaça au-dessus du loup. Elle tendit les muscles, prête à briser son adversaire. Skye la retint. Quel que soit la personne possédée par le lycan, elle ne méritait pas d’être plus blessée encore. Et certainement pas de mourir. La panthère ragea contre l’esprit humain qui se refusait à tuer. Le lycan leva les yeux vers lui. Des yeux intelligents. Skye remercia le ciel d’avoir eu la force de retenir la panthère. La bête sembla prendre conscience de sa position de faiblesse et de la posture d’attaque de la panthère, elle s’éloigna d’un bond. Skye était trop épuisé et terrifié pour se moquer du loup mais la situation l’avait rassuré. Son adversaire avait des faiblesses. Et de grosses, il aurait pu le tuer s’il avait voulu.
Le loup-garou sembla vaciller légèrement sur ses pattes. Elle devait être fortement blessée aussi. Skye sentait toujours le goût métallique de son sang . Lui-même faiblissait. Sa hanche l’élançait de plus en plus. En jetant un coup d’œil à sa blessure, le sorcier constata qu’il perdait beaucoup de sang. Il gémit. Il ne pouvait décemment pas passer la nuit sur cet arbre, il allait en crever. Il jeta un coup d’œil au lac où la tête d’Ariel dépassait toujours. Elle était au milieu de l’eau, elle pouvait plonger à tout moment. Elle serait bien plus en danger si elle le voyait tomber de son arbre et tentait de venir l’aider. Les deux loups s’étaient éloignés de l’arbre. Le premier était encore proche mais semblait peu apte à le poursuivre pendant longtemps. Le deuxième était assez loin pour que Skye puisse prendre une bonne avance. Au pire, il grimperait dans un autre arbre. Il fallait qu’il parte. Maintenant ou jamais. Skye sauta en direction du château. Lorsqu’il atterrit, sa hanche flancha et il trébucha. L’once se releva aussi vite qu’elle pu et détala vers Poudlard. Ses oreilles étaient plaquées en arrière, à la recherche d’un bruit de course. Mais rien. Il n’y avait pas de poursuivant. Elle ne ralentit pas pour autant. Sa course était bancale, ses muscles se révoltaient contre l’exercice et ses blessures le faisant souffrir. Il eut l'impression de courir pendant une éternité. Enfin, le château apparu. Skye lança un regard en arrière. Personne. Il ralentit, hors d’haleine. Il avait si mal, il voyait flou. Il agissait en automate. Son esprit s’embrumait de plus en plus. C’est sans trop savoir comment qu’il arriva aux Grandes Portes. L’once se laissa tomber et ferma les yeux. Il se métamorphosa. Skye tenta de se redresser sur ses jambes mais il vacillait. Il dû prendre appui sur les portes pour pouvoir se lever et, enfin, pénétrer en sécurité dans l’enceinte du château. Il ne restait plus qu’à espérer qu’il réussirait à atteindre l’infirmerie avant de s’écrouler à nouveau.
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