Never heard of a wizard's duel before, I suppose ? (Kata & Lena)

Never heard of a
wizard's duel before, I suppose ?

Dans les salles de cours, le temps était à la nervosité, dont l’agressivité sous-jacente était plus que palpable. Tout le monde était sur les nerfs à cause des examens de fin d’année, qui s’ajoutaient au climat déjà lourd du fait du flicage permanent dont ils faisaient preuve de la part des profs et du personnel de l’école, les élèves qui disparaissaient, les rumeurs parlant d’une épidémie magique sans précédent, et, bien entendu, les questionnements auxquels personne n’avait de réponse. Qu’allait-il se passer ensuite ? Allaient-ils devoir rester à Poudlard ? Pourraient-ils rentrer chez eux ? Ironiquement, et même si elle ne se savait plus tellement en sécurité au château, Katarina aurait été heureuse d’y rester. Rentrer en Russie signifiait devoir supporter sa famille et ses épousailles futures avec Kamen, et, bien entendu, il serait sans nul doute proscrit qu’elle aille voir Skye en France ou qu’elle l’invite chez elle. Malheureusement pour ses parents, elle savait qu’interdiction ou pas, elle irait, dut-elle entrer en guerre avec eux. Mais en attendant, elle était à Poudlard, et l’ambiance n’était pas vraiment au top.

La salle de classe était silencieuse. Seul leur professeur parlait, de son cours, bien entendu, puisqu’il n’était pas autorisé à parler d’autre chose à ses élèves, à cause du décret numéro six mis en place après la marche blanche qui avait failli tourner à l’horreur à cause des perturbations magiques, et de tous ces enfoirés incapables de respecter la mémoire des morts et d’espérer le retour des disparus. Et voilà à quoi ça les avait conduit. Perturbations magiques, restrictions, punitions, frustrations, et cette tension agressive qui parcourait élèves et couloirs sans prendre de pause. Heureusement, la fin du cours approchait, et elle savait exactement comment passer son agacement passager. Quand la cloche se fit enfin entendre, elle rangea ses affaires avec une rapidité qu’elle ne se connaissait pas, pour rejoindre certains élèves qui se regroupaient devant un Auror chargé de les ramener à leurs salles communes. Elle se plaça près de Lena, son amie, et leurs regards se croisèrent. La russe fut presque heureuse de voir la même tension dans les yeux de sa chère camarade. Elle ne désapprouverait pas son plan.

« Il était long ce cours, quand même. Je ne comprends pas qu’on ait encore du travail à faire alors que les profs nous bassinent avec l’importance de nos révisions, c’est abusé. »

Rapidement, sans en avoir l’air, les deux filles se retrouvèrent en queue de peloton, à discuter de tout et de rien. Du climat, de la Russie, de Teodor, de Skye, de Tesla qui commençait à perdre ses poils et à en disséminer partout dans le dortoir des Gryffondor, ce qui agaçait ceux qui n’avait pas les chats, de leurs examens à venir, de choses et d’autres… Et en arrivant à hauteur du sixième étage, Katarina attrapa la main de son amie et profita de l’angle d’un couloir pour s’esquiver avant que l’Auror ne se rende compte qu’elles traînaient à l’arrière. Elles avaient échappé à leur surveillant. Elles étaient libres ! Du moins, jusqu’à ce qu’elles se fassent repérer par un autre adulte. Et il y en avait beaucoup trop, dans les couloirs, ces derniers temps. Entre les profs, le personnel, et les Aurors recrutés pour la sécurité des élèves, ils ne pouvaient plus faire un pas sans rencontrer un adulte. Ça en devenait presque épuisant. Ce n’était plus une école, mais une prison. Beauxbâtons aurait-elle été mieux ? Sans doute. Mais à Beauxbâtons, elle n’aurait pas rencontré Skye. Et ça, ça aurait été une grande perte.

« Rentrer au dortoir alors qu’il n’est même pas six heures… Franchement, on est des sorciers majeurs, ou des gamins de première année ? » La russe esquissa un sourire moqueur, agréablement satisfaite d’avoir échappé à leur surveillant. « Viens, on va s’amuser un peu, on se fondra dans un groupe de passage pour remonter au dortoir ou pour aller manger, selon l’heure. »

D’un pas discret, les deux Gryffondor quittèrent leur cachette pour courir dans le couloir à la recherche de l’endroit parfait. Il fut facilement trouvable. Quelques minutes plus tard, Katarina ouvrait les portes du club de duel pour les laisser entrer, et les referma en silence, fermant bien inutilement la porte à clé derrière elles. Un simple Alohomora la rouvrirait, cela ne faisait aucun doute. Mais les quelques secondes perdues à tenter d’ouvrir la porte, puis à tirer la baguette pour lancer le sort feraient toute la différence, et leur permettrait sans doute de s’enfuir par la fenêtre avant de se faire attraper. La pièce en elle-même était vide, à l’exception des deux élèves qui s’y promenaient en toute illégalité. La longue estrade leur faisait face, simple bande relevée avec un grand cercle à chaque extrémité, pour laisser à chaque duelliste la place de s’installer avant que le combat ne débute. A la base, elle cherchait juste un endroit tranquille, pour qu’elles puissent se poser et s’échanger les dernières nouvelles, ce qu’elles avaient du mal à faire dans le confinement de leur salle commune. Trop de monde, trop d’oreilles curieuses pouvant les écouter. Mais la salle de duel… Ça la titillait.

« Je n’ai pas fait de duel depuis le début de l’année… Ça remonte. »

Ça remontait, effectivement. C’était le jour où le club avait ouvert ses portes aux nouveaux venus, et où quelques volontaires pouvaient, s’ils le souhaitaient, s’affronter sur l’estrade. Elle y était allée, pour rigoler un peu. Elle avait perdu le premier match, mais gagné le suivant, et ça lui avait suffisamment plu pour qu’elle s’inscrive. Mais les choses avaient commencé à dégénérer, et elle n’avait plus trouvé le temps de passer au club. Elle ne savait même pas s’il était toujours en activité, avec tout ce qu’il se passait. Elle tourna la tête vers Lena, et croisa son regard. Ce fut avec une certaine surprise, vite remplacée par de l’amusement, qu’elle comprit que sa camarade avait eu la même idée qu’elle. Trop de tensions, trop d’interdits, trop de contraintes.

« On s’en fait un amical, vite fait ? »

Seul un bon petit duel de sorciers pourrait faire retomber la pression.