QWC - Situation 5

Il n’avait jamais vraiment aimé les sports autres que le combat. Tout ce qui se pratiquait sur un balai ou sur un autre moyen de locomotion lui semblait être une totale perte de temps. Yassen ne comprenait pas du tout l’intérêt que suscitait la Coupe du Monde. Voir des gens se lancer des Cognards et des Souafles jusqu’à ce que quelqu’un attrape le Vif d'or, très peu pour lui ; s’il était resté au campement, c’était uniquement pour sa famille, parce qu’il n’avait pas vraiment le choix, et un peu aussi parce qu’il pouvait profiter des cultures étrangères, qui se présentaient souvent devant lui sous la forme de femmes, de cigares et de boissons alcoolisées.

Cependant, plus les semaines passaient et plus il était agacé, et plus il était agacé, et plus il avait envie de cesser d’aller voir ailleurs. Il avait remarqué que le Krushnic ne cessait de tourner autour de sa fiancée. Avant que ce dernier ne saisisse l’occasion de l’inviter à la séance de dédicaces, sous le nom d'une stupide et précieuse amitié, le Yordanov avait proposé à la Greengrass de venir avec lui. Il lui présenterait des joueurs de l’équipe bulgare que sa famille connaissait, et il pourrait aussi la prendre en photo devant les joueurs anglais, si elle le désirait. Une partie de lui trouvait cela d’un ridicule sans nom, mais il n’allait pas la juger pour si peu ; l’important était surtout qu’elle soit loin de l’autre clébard.

Il ne pensait cependant pas que la file serait aussi longue. Ça fait deux heures qu’ils attendent devant la boutique de sport pour rencontrer les joueurs. Yassen a les mains dans les poches. Il tend la tête pour voir plus loin. L’équipe de France était présente ; tout pour lui rappeler l’autre imbécile. Yassen décide de ne pas en tenir compte. Il porte plutôt attention à la blonde tout près de lui. Lui donnant un petit coup de coude pour attirer son attention, il la taquine. « Je ne pensais pas que tu étais du genre sportive. » Il ne savait même pas si elle aimait le Quidditch. En vérité, ils ne se connaissaient pas tant que cela. « Que comptes-tu faire signer ? » lui demande-t-il. Elle avait son sac. Probablement avait-elle des morceaux de parchemin ou un journal à l’intérieur. À moins qu’elle ne fasse dédicacer ces chaussettes ou sa peau… La pensée de l’épiderme de la douce ne lui faisait absolument rien, étonnamment. Étrange que sa fiancée soit la seule femme qu'il n'ait jamais désirée.

Il ne l’aimait pas. Il en était à peu près certain. La relation entre Mérope et lui était comme celle d’un chien et d’un chat qui cohabitaient dans la même maison et qui avaient décidé de cesser de se faire la guerre, sans être attachés plus que cela, l’un à l’autre. Il ne l’aimait pas, pas comme il devrait l’aimer. S’il l’aimait, il aurait changé pour elle, il aurait été fidèle. Yassen avait beau avoir pris un coup de Basilic pour elle, cela ne voulait pas dire la même chose pour lui que pour elle ; cela relevait plus du devoir que du sacrifice, un homme se devait toujours de défendre une femme.

À sa question, elle lui répond qu’elle est mauvaise sur un balai et déteste voler. Il laisse échapper un rire avant de porter une cigarette à ses lèvres. Il l’allume du bout de sa baguette, comme habituellement, il doit s’y prendre une fois, deux fois, avant de parvenir à émettre la moindre petite flamme. Recrachant la fumée, il se sent aussitôt détendu. Mérope lui montre des drapeaux de l’Angleterre et de la Bulgarie. « Tu devras bientôt ranger celui de l’Angleterre. La Bulgarie vous écrasera. » lui souffle-t-il, une fois le nuage envolé. Il y a quelque chose d’infiniment supérieur dans la façon dont le jeune homme s’exprime, mais si on lisait entre les lignes, son ton taquin et plein d’entrain pouvait se faire entrevoir. Il plaisantait. Il n’y avait rien de méchant, ni de puriste dans ce qu’il venait de dire. Quand elle le confronte en lui disant qu’il n’était pas réellement un passionné de Quidditch, il retrouve son air ennuyé.

« Le balai, le ballet, ce sont pour les filles. » se contente-t-il de lâcher. « Le seul sport qui me passionne est le combat. J’aurais aimé en rejoindre le club à Durmstrang, mais il fallait croire que je n’avais pas ce qu’il fallait. » Il y a de l’amertume dans sa voix, mais dans son cœur, il ressent un mélange de tristesse et de confusion, qu’il ne parvenait pas à expliquer. Soudainement, une fille commence à leur dire qu’elle aimerait aller en avant, avant de commencer à hurler, s’exclamant devant Krum.

Cet imbécile égocentrique, à la vue de la demoiselle, se lève et, ce faisant, bouscule une boîte de balles de Quidditch. Les deux Cognards s’en échappent et foncent sur la foule. « Attention ! » hurle Yassen à Mérope. Cette fois-ci, il la pousse sur le côté, sans la moindre délicatesse. Ses yeux parcourent l’ensemble des environs. D’une pirouette, il s’élance vers la table des joueurs. Près des sacs se trouvent des capes, mais surtout, des battes. Le jeune homme en prend une,  sans prendre la peine de s’excuser. Il l’abat sur le Cognard qui va voler un peu plus loin avant d’en mettre une dans les mains de sa fiancée. « Il est temps de me montrer ce que tu vaux. » lui dit-il. « Je ne me sacrifierai pas deux fois. » Il regarde le ciel et avec un sourire en coin, il continue : « J’espère que tu sais te battre. » Il a retrouvé sa bonne humeur. L’adrénaline, c’était ce qui l’avait toujours fait carburé.