Ce que je faisais là, je n'en savais rien. Après le cours de défense contre les forces du mal, qui était nouveau pour moi, je m'étais retrouvé à errer dans les couloirs du premier étage. Je n'avais pas suivi le reste de la classe, qui s'était rapidement mis en marche pour les autres activités : Quidditch, étude à la bibliothèque, autres clubs farfelus, j'avais préféré rester en retrait. Je pensais encore au cours qui venait d'avoir lieu. C'était étrange, d'apprendre à se battre contre les "forces du mal". Comment les reconnaitre et les combattre en utilisant la magie acceptée par les ministères. On nous enseignait seulement le nom des sortilèges impardonnables, ou nous rappelait l'horreur de ces derniers sur le monde magique, et on nous expliquait comment se servir de nos pouvoir pour vaincre les sorciers qui nous voudraient du mal, sans pour autant le leur en faire. Tout un art, en soit.
J'avais trouvé la chose intéressante, je devais bien le dire. Pour autant, je ne savais pas où me positionner. J'avais suivi la guerre qui avait opposé Lord Voldemort au monde magique de loin, exilé à Durmstrang. J'en avais entendu parler avec notre ancien directeur, Karkaroff, apparemment mangemort - partisan du lord noir. J'avais écouté les actes héroïques d'un certain Severus Rogue, et le pouvoir de Harry Potter pour sauver le monde magique. Je connaissais tout, presque dans les moindres détails, et je me trouvais à présent sur les lieux où le dernier combat avait été livré. Triste hasard.
Pour autant, il semblait que Durmstrang n'ait pas été épargné par cette guerre. Des rumeurs courraient, sur des sujets que je n'arrivais pas à cerner. Alors, même si de nombreux enseignements ne m'intéressaient pas, je m'efforçais de m'entrainer, de pratiquer, et d'être bon élève, par crainte de cette chose que je ne connaissais pas. Le terme n'est pas tout à fait exact, mais c'est à peu près cela, en soi. Alors, je sacrifiais souvent des heures d'amusement par le remplissage de parchemins ou le maniement de ma baguette magique. Je prenais tout de même le temps de tenter d'organiser mes combats. J'avais à mes côtés mon frère de sang, mon double, mais aussi mes amis de Durmstrang et les nouvelles têtes de Poudlard. Certains sorciers semblaient intéressés, d'autres désiraient m'empêcher de le faire.
Il fallait dire aussi qu'une partie des élèves de Serpentard était en quête d'une fameuse pierre de résurrection. L'une des trois reliques de la mort. Honnêtement, je n'étais pas intéressé, ni pour la trouver, ni pour m'en servir. Je n'avais personne à faire revenir et, même si j'adhérais à plusieurs idées de Lord Voldemort, je n'avais pas spécialement envie qu'il revienne parmi nous. D'un autre côté, les élèves qui cherchaient la pierre pour cette raison étaient ceux qui étaient intéressés pour le club de combat. Je ne pouvais pas me les mettre à dos en cherchant la pierre pour la détruire.
Je repensais également sans cesse à ma famille, aux liens compliqués qui nous unissaient tous. L'opportunité d'être à Poudlard devrait nous aider à avancer sur la voie de la réconciliation et pourtant, ce n'était pas gagné. Je ne parlais pas à une de mes sœurs, tandis que l'autre essayait de reformer notre trio. Quant à mon autre frère, Zahari, les choses allaient de mal en pis. Je voulais que les choses aillent mieux entre nous, que l'on devienne des amis, que l'on s'accepte l'un l'autre, en vérité. Mais voilà un moment que je n'avais pu me battre contre lui, que je n'avais pu exprimer la frustration de notre relation. Et plus j'y pensais, plus j'avais peur de faire un effort, d'essayer de changer ce que nous étions. Nous nous étions toujours détestés, comment y remédier ? Accepterait-il des excuses ? Je trouvais cela si faible comparés à tout ce que j'avais pu dire ou faire. Et pire alors, je continuais dans mon petit manège. Je n'essayais même plus de montrer le drapeau blanc. Je continuais à m'acharner et j'en eus la preuve ce soir là.
Alors que je marchais en direction des escaliers, une Gryffondor passa à côté de moi. Il me fallut un quart de seconde pour la reconnaitre. Cassandre, qui trainait toujours autour de Zahari. Je ne savais pas ce qui se tramait entre eux, et même si j'avais vent de la guerre entre les Serpentard et les Gryffondor, j'avais envie de me mêler de cette relation qui semblait ravir mon frère et faire battre son petit cœur. En vérité je ne savais rien de ce qu'ils vivaient, mais j'avais envie d'y mettre mon grain de sel. Aurait-il le droit d'être heureux, et pas moi ? A Durmstrang, j'avais le dessus. Ici, il semblait que les choses avaient tendance à s'inverser, ce qui ne me plaisait pas vraiment. C'est ainsi que je me suis immiscé dans cette histoire, par une simple question.
- Excuse moi, tu sais où se trouve la bibliothèque ?
Mon accent ressortait dans mon anglais, afin de bien montrer que je n'étais pas d'ici. Elle devait le savoir. Après tout, les délégations avaient attiré les regards. Mais savait-on jamais, jouer là-dessus m'aiderait peut-être.