I scream but you like me / PV Cassandre

Encore à trainer dans la salle des trophées. Les punis, qui devaient astiquer les précieuses récompenses qui avaient échappés à la ruine du collège, devaient sans doute se demander ce qu’il faisait toujours ici. Stanislaus errait tel un fantôme, et mieux valait ne pas lui adresser la parole. Il était préférable pour tout le monde de faire comme s’il n’était pas là, et le laisser à ses occupations. En vérité il ne faisait de mal à personne. Il se contentait d’observer le mémorial, où les noms des élèves qui avaient péri durant la Seconde Guerre étaient inscrits. Aucun puni ne savait réellement sur quel nom son regard s’arrêtait. Toujours était-il que Stanislaus finissait par verse une larme, et sortir une petite gourde en peau de dragon qui contenait un hydromel puissant. L’alcool entretenait sa torture mentale, mais le garçon avait, au contraire, l’impression de lui échapper. « Rosalie ». Il n’avait jamais tourné la page, et chaque jour était pire que celui qui le précédait.

Lorsque la gourde était vide, et son esprit embrumé, alors il s’asseyait devant la grande plaque et ses yeux n’observaient que du vide. Stanislaus avait entendu parler des reliques de la mort, et la pierre de résurrection le hantait désormais. Malgré tout ce qui avait dit sur les dangers de celle-ci, il vivait dans l’illusion de retrouver Rosalie à ses côtés. C’était un leurre, mais le garçon n’avait rien d’autre à quoi s’accrocher En vérité il ne cherchait même plus à garder la tête hors de l’eau. Il se laissait couler, et c’était grâce à l’intervention de ses amis, ceux qui ne l’avaient jamais lâché, qu’il n’était pas emporté par les courants sombres de la démence. Stanislaus le savait, il finirait un jour par être interné à Sainte Mangouste s’il continuait sur ce sentier. On l’avait déclaré en phase de dépression, comme une grande partie de la population magique suite à cette guerre. L’espoir revenait, la vie reprenait son cours, mais des familles étaient détruites et brisées au plus profond d’elle. Le deuil était une étape qui pouvait ruiner quelqu’un. Stanislaus n’avait jamais réussi à franchir cette rivière et passer au delà. Il s’y était perdu.

Depuis combien de temps était-il devant le mémorial ? Il ne savait pas, car il avait perdu la notion des heures, des minutes et des jours, même. Le garçon avait essayé de mettre fin à ses jours quatre fois en mois de deux semaines. Il avait d’abord commencé par accepter les plantes toxiques d’un pseudo dealer au sein du château, mais il en avait résulté une simple intoxication alimentaire. Il avait ensuite bu à en perdre la raison, avait tourné sur lui-même et s’était jeté dans le lac. Le garde chasse avait accouru. Par la suite, il tenta d’ingérer différentes potions, mais il se retrouva une fois de plus à l’infirmerie. Désormais, il espérait que le sort de sectumsempra apaise ses souffrances. Hors, sa baguette ne se retournait pas contre lui. Ce sort était attaquant, et elle refusait de le produire. Elle ne mettrait pas son sorcier en danger. Il l’envoya alors à travers la pièce, mais l’entendit rouler. Il ne contrôlait même plus ses gestes. Il sortit un petit canif de sa poche, quelque chose qu’il gardait toujours sur lui. Un cadeau de Rosalie, qui venait de son père. Il fit sortir la petite lame, et l’approcha des veines de son avant-bras. Il ne restait que cette solution.

Comment dormir ? Oui, comment dormir quand lui est partout ? Au lent défilement des minutes qu'elle suit d'un œil perdu sur l'horloge, elle le sent la prenant, la touchant. Il en elle et toujours contre elle à la fois. Plus brûlant qu'une flamme, il a fait feu de sa peau. Et elle brûle, celle que l'on dit froide comme la glace. Elle brûle et ne trouve plus le sommeil à trop brûler. Et ce n'est pas qu'une impression. Son corps ce soir est fiévreux et tremble. Légèrement vêtue, c'est à la fenêtre de la salle commune que son genou soutien son coude, dont la main au bout soutien son visage. Elle a le regard perdu, sa main pendante caressant à n'en plus finir les cicatrices qu'ont laissé les lames qu'elle a utilisé contre elle, pour déclencher des visions imaginaires.  Et elle rembobine le fil, la belle Ariane, pour se redonner l'assurance de ses propres certitudes. Mais désormais plus rien ne va. Plus rien ne colle. Ses souvenirs lui renvoient, comme un mauvais miroir, le reflet de cette nuit avec le vert et argent. De ses larmes, de ses supplications. Elle soupire, encore, plus en colère contre elle-même qu'elle ne l'a jamais été. Non, elle est belle et bien seule face à sa conscience ce soir. Il n'y a pas d'image à sauver, et il est bien inutile de se voiler la face. Pourquoi ? Elle n'en sait rien, mais elle s'est bel et bien laissée dévorer par son ennemi juré, ne le dévorant que mieux en retour de tout son désir. Elle tente alors de se rappeler du dernier homme l'ayant prise dans ses bras ? Elle pensa à Stan inconsciemment. Peut-être est-elle aussi simple que cela la réponse. Après tout, si les hommes ont des désirs, les femmes en ont bien assez également pour elles-même. Une envie passagère ? Un simple manque affectif ? Elle se contente de cela pour l'heure. Après tout, inutile de chercher à se justifier autrement. C'est là sa condition d'être humain. Aux émotions qu'il anima en elle, elle eu simplement répondu. Voilà. C'était tout. Le monde allait continuer de tourner, et sa haine de lui n'en serait sans doute que plus forte. Pour autant, cette haine qui autrefois l'animait en cette nuit la laisse amère et la ramène à ses anciens complots du passé qui aujourd'hui n'ont plus aucun sens. Elle ne veut plus lui faire face que pour l'injurier. Ne plus lui faire face tout court suffirait même amplement. Mais face à ses vieux démons, elle n'est pas seule. Plus le temps filait, plus la jeune femme avait besoin de retrouver son meilleur ami. Avec qui elle avait tout partagé, avec qui elle avait tout tenté. Elle avait besoin de lui, et elle savait qu'il avait besoin d'elle. Après la guerre, tout avait été si compliqué pour eux. Elle ne l'avait pas vu l'année où Rogue était directeur, tout simplement parce qu'elle s'était cachée. Elle savait qu'il devait lui en vouloir, mais que pouvait-elle faire ? Elle s'était battue elle aussi... aux côtés de Fred. À cette pensée, les larmes montèrent à nouveau, la jeune femme avait besoin de quitter la salle commune. Elle descendit les étages, en jonglant avec les escaliers capricieux. Elle allait passer son chemin pour aller à la fontaine aux morts, quand elle passa devant la salle des trophées. Elle se souvint à cet instant des médailles de Fred au Quidditch. Il fallait qu'elle aille voir si elle n'était pas trop poussiéreuse. Mais quand elle rentra, elle n'eut pas le temps d'admirer les trophées et récompenses dans les vitrines. Elle le vit. Lui qu'elle aimait tellement qu'il lui faisait mal. Lui qu'elle perdait peu à peu sans savoir pourquoi. Il gardait un canif près de lui, et il allait l'utiliser. Sur ses avant-bras, comme Cassandre l'avait elle-même fait. La Gryffondor ne réfléchit pas, elle se jette sur lui, et lui arrache le canif pour le balancer à l'autre bout de la pièce. Elle est essoufflée, et en colère. Elle n'imaginait pas leur retrouvaille ainsi. Elle n'imaginait pas qu'il allait si mal. « Qu'est-ce-que tu fous... merde ! »