And now, what do we do ? - James

Depuis le premier jour de son enfermement dans ces cachots sordides, elle a envie de venir le voir. Ici, ce n’est pas sa place à James. Il devrait être dans sa salle de classe, dans le parc, dans la salle commune de Serdaigle. Partout sauf ici. Ce n’est pas juste, c’est ce qu’elle se répète encore et encore Tamara mais s’il y a bien une chose qu’elle a appris en trente-cinq ans, c’est bien que la vie n’est pas juste. Elle n’a plus la force de lutter Tamara. Seule en tout cas, elle sait ne pas pouvoir le faire. Elle a besoin de lui, qu’il lui dise que tout ira bien. Elle n’a pourtant pas le droit de demander ça la petite brunette. Ce n’est finalement peut-être pas dans ses cordes de lui remonter le moral et lui faire savoir que l’espoir est là, il n’est pas perdu. Elle donnerait tout pour le prendre dans ses bras mais non. Il y a cette vitre qui les sépare. C’est vitre qui les empêche de se toucher et c’est insoutenable cette pression. Et puis elle la voit cette larme qui coule le long de sa joue. Elle aimerait pouvoir l’essuyer d’un simple geste de son doigt mais non, elle se retrouve à baisser le regard pour ne pas pleurer elle aussi. Tamara, elle est censée être forte. Elle devrait pouvoir survivre à tout ça et avancer mais les choses sont telles que le passé est encore trop présent dans son esprit pour qu’elle réussisse à oublier James. Elle ne pourra jamais l’oublier. Elle n’a jamais pu même lorsqu’entre eux, c’était une guerre froide et incessante qui se menait. Au fond d’elle, la professeur sait qu’elle aura toujours des sentiments pour lui. C’est juste devenu différent avec le temps. C’est une amitié sincère, profonde. Le genre où on peut tout dire à l’autre sans avoir à craindre de le blessé. C’est juste une confiance aveugle qu’elle a en lui. Alors Tamara, elle ne réfléchit pas, elle appuie là où ça fait mal et lui parle de Sarah. C’était pas une bonne idée, c’était pas la solution mais tout ce qu’elle veut elle, c’est qu’il réalise qu’elles ont besoin de lui. Elle se sent égoiste de penser ça, elle a l’impression de ne pas avoir le droit mais ce droit, elle le prend tout de même. Elle voudrait voir sur ses lèvres un sourire, le sourire qui veut dire que tout ira bien, quoiqu’il arrive. C’est rêver, c’est espérer, c’est une chimère et pourtant, ça lui fait du bien à Tamara de se dire que tout n’est pas perdu. Elle n’a plus que ça pour avancer, pour vivre. L’espoir. L’espoir d’un lendemain où chacun pourra reprendre une vie a peu pres normal. Une vie dont les souvenirs d’un passé écorché les hanteront à jamais. "Ce n'est pas de mon ressort cette fois Tamara..." Elle le sait Tamara. Elle ne lui demande pas de faire des miracle de toute façon. Non la brune ce qu’elle aimerait, c’est qu’il n’abandonne pas. Qu’il continue de se battre pour vivre et pour sortir de là. Elle ne supporterait pas de le perdre, elle n’y arriverait pas Tamara. Elle est déjà dans un sale état là alors qu’il n’est qu’enfermé, elle n’ose imaginer pire. "Tu crois que je ne le sais pas ?" Il est énervé, elle a réussi son coup. On pourrait appeler cela de la manipulation. En un sens, cela peut en être mais elle ne sera jamais capable de regretter pour cela. Elle ne peut pas alors qu’elle a la preuve qu’elle voulait. "Tu crois que je ne fais que répéter les mêmes erreurs ?" A elle de froncer les sourcils, de se demander de quoi il parler. Les mêmes erreurs ? Et c’est là que ça se connecte dans son esprit. Il parle d’elle, d’eux, de cette relation avortée alors qu’elle avait encore beaucoup à lui donner. Elle se souvient de ce qu’elle a ressenti le jour où il lui a fait savoir que tout était finis entre eux. Elle se rappelle avoir senti son coeur se serrer, des aiguilles le transpercer comme si tout était fini pour la vie. La vie était finie. "Tu crois que je n'ai pas changé ?" Elle sait qu’il a changé. Si ça n’avait pas été le cas, jamais ils n’auraient pu parler ensemble, apprendre à se faire confiance de nouveau. "Je donnerais n'importe quoi pour être auprès d'elle, cet enfermement est en train de me rendre dingue." C’est tout ce qu’elle avait besoin de savoir Tamara. Il faudrait être fou pour vouloir rester enfermer ici et elle sait qu’il est loin de l’être James. Il a une seconde chance comme il le dit, celle de faire les choses bien et cette chance, la vie n’a pas le droit de lui prendre. « C’est pour ça que tu dois te battre James et être plus fort que tout ça. Pas pour moi, pas pour sarah mais pour toi. Pour te prouver que oui, tu as bel et bien changé et que ce que tu fais, c’est pour réussir ce dans quoi toi et moi nous avons échoué. » Elle refuse qu’il fasse les choses par dépit pour elle, elle a pas besoin de ce sentiment de culpabilité en plus de tout le reste Tamara. Elle a assez à penser sans ajouter cela en plus. "J'avais enfin la chance de pouvoir faire les choses bien, avec elle, avec toi..." Elle redresse la tête, plante son regard dans le sien et il ne lui suffit que d’un coup d’oeil pour lire dans son regard toute la sincérité dont il fait preuve. Elle a sa main qui vient trouver sa place à plat contre la vitre alors que James se rapproche une nouvelle fois de cet obstacle qui les sépare. "Tamara..." Le murmure de trop, le murmure qui la faire craquer, qui la fait lâcher un sanglot et tomber à genoux à terre. C’est trop pour elle, elle ne peut plus faire semblant d’être forte et que tout va bien alors que son esprit lui hurle le contraire. "Si tu savais comme je regrette. Je regrette tellement de t'avoir fait souffrir..." Il ne fait rien pour l’aider à aller mieux. C’est tout le contraire même. Elle a ses doigts qui cachent ses yeux. Elle a ses mains qui masque les larmes qui dévalent ses joues. C’est lui qui devrait pleurer, lui qui devrait être mal mais non, c’est elle. La professeur qui encaisse depuis trop longtemps maintenant sans jamais rien dire. "Tu méritais mieux, beaucoup mieux... Sarah aussi..." Il n’a pas le droit de penser ça, encore moins de le dire. Mais elle ne trouve pas la force de répliquer, juste de poser contre la vitre, une nouvelle fois sa main. « James… tais-toi…. » Elle n’en peut plus s’entendre ces mots qui lui font mal. Elle est brisée Tamara, elle ne sait plus comment faire pour retrouver sa raison et redevenir celle qu’elle était. La femme forte a disparu pour laisser place à l’enfant fragile. "J'aimerais être là, crois-moi, mais cette fois on ne me laisse pas le choix..." Elle le croit bien sur. Elle aussi voudrait qu’il soit là en ce moment même. Elle aimerait qu’il la prenne dans ses bras, lui dise que tout ira bien désormais mais c’est impossible. Elle ne peut qu’imaginer ce que ça serait que d’avoir ses bras autour d’elle. Elle ne peut que se demande si ça la soulagerait vraiment sans pour autant vérifier. Elle a du mal à relever son regard, à le regard sans pleurer un peu plus mais elle le doit, elle le veut. Dans cette position, dans cet état, elle n’a absolument aucun classe mais ça n’a pas d’importance. C’est lui, c’est James. Devant lui, elle peut-être qui elle veut. « Je… je n’ai juste pas envie de te voir abandonner. Tu ne dois pas baisser les bras parce que je pourrais pas rester debout sans toi. Je ne pourrais pas aider Sarah si tu n’es pas là, même derrière cette vivre pour me sourire et me dire que ça va bien se passer. J’ai envie que tu y crois, je veux que tu crois en tes paroles parce que de mon côté, je suis certaine que tout va bien se passer. Le temps répare les blessures, il les panse et je suis certaine que bientôt, ils réaliseront qu’ils ont fait une belle connerie de t’enfermer, de vous enfermer. Et ce jour là, crois-moi James, je serais là pour toi mais tu dois y croire. Tu m’entends ? Tu dois y croire parce que je ne peux pas le faire pour toi. » Elle ne sait pas d’où lui vient cette force de parole, elle avait juste besoin de le dire, de lui faire savoir qu’il n’a pas le droit d’abandonner même si c'est ce qu’il voudrait faire. Non, elle refuse Tamara.

Elle ne sait plus quoi faire Tamara. Elle a atteint le bout, elle a touché le fond. Elle aurait tellement aimé que les choses se passent différemment. Elle aurait aimé que tout ça ne soit qu'un cauchemar mais c'est bien réel. Ils sont là, tous les deux les anciens amants, à se regarder au travers d'une vitre. Ils n'ont que ça, ils doivent faire avec. Elle a envie d'y croire Tamara, elle a besoin d'y croire, elle n'a que ça de toute façon. L'espoir. C'est un truc tellement aléatoire, elle n'aime pas ça. Il ne le réalise pas forcément James mais il compte plus que tout pour elle. C'est difficile à dire, difficile à expliquer mais sans lui elle n'est rien. Elle l'a réalisé beaucoup trop tard ça, après des années à le détester pour ce qu'il lui avait fait, leur avait fait. Cette relation avorté trop tôt par sa faute, elle lui en a toujours voulu l'ancienne Gryffondor mais ce n'était pas juste. Il n'a jamais mérité cette haine qu'elle avait à son égard, il n'a jamais mérité ce comportement qu'elle lui réservait spécifiquement. On peut voir les choses différemment aussi. Si elle était ainsi avec lui, si elle se comportait de cette manière, c'est parce qu'en un sen, il avait toujours une certaine importance pour elle, beaucoup trop peut-être. "Tamara..." Il n'a pas le droit de prononcer son prénom sur un tel ton. Il n'a pas le droit de faire comme si c'était la dernière fois qu'ils se parlaient. Non, il ne peut pas et elle aimerait tellement l'ignorer ou lui dire de se taire une nouvelle fois. Elle est juste capable de soutenir son regard. Elle le regarde, avec attention. Elle est faible la professeur, on pourrait la comparer à une poupée de chiffon qui dodeline de la tête par moment. C'est l'impression qu'elle donne en tout cas. Quand on ne la connait pas, elle passerait sans mal pour une femme fragile qui est dans une vie qui ne lui appartient pas vraiment. C'est un leurre, c'est une illusion parce qu'au fond d'elle, elle est bien plus forte qu'elle ne le prétend. "Je ne sortirais sans doute jamais d'ici... Tu veux vraiment qu'elle passe sa vie à m'attendre ?" Qu'il se taise. Qu'il se taise et laisse le silence les envahir. Oui, ça, ça serait une merveilleuse idée. Elle ne veut pas entendre ce qu'il lui dit parce qu'elle sait tres bien qu'il a faux sur toute la ligne. Elle n'est pas voyante Tamara, elle ne peut pas deviner ce que l'avenir leur réserve. Tout ce dont elle est capable, c'est de se fier à ce qu'elle sait et ce qu'elle veut. Son envie qu'il sorte rapidement doit être plus grande que tout le reste. Elle est là la solution, qu'il le veuille ou non. Mais Tamara, elle en a assez d'être forte, elle en a marre de faire semblant que tout va pour le mieux et quand elle sent une larme rouler le long de sa joue, elle se sent tomber à genoux sur le sol. Elle a ses mains qui rejoignent son visage, elle n'a pas envie qu'il la voit ainsi. Elle n'a pas le droit alors que c'est lui qui devait être au plus bas. Elle inverse les rôles, elle en fait peut-être un peu trop mais elle a besoin de laisser s'échapper tout ce qu'elle a au fond de son coeur. Elle prend sur elle pour le regarder, elle n'aime pas ça, elle aime encore moins de voir sa main sur cette vitre sans qu'elle ne puisse sentir la caresse contre sa joue. Ca ne l'empêche pas de fermer les yeux, d'imaginer cette sensation de ses doigts contre sa peau. Avec douceur, elle porte sa propre main à sa joue, comme si c'était suffisant. "Bien sûr que tu tiendrais debout sans moi Tamara, tu l'as fait toutes ces années." Des années de mensonges. Des années entières à se dire qu'il était le coupable de tous ses maux. C'était tellement plus facile que de se remettre en question. Elle n'a jamais su faire, elle n'a jamais été capable de se remettre en question bien que souvent, cela pourrait être utile. "Tu n'as pas le droit de me demander de tenir le coup si toi-même tu ne le fais pas Sokolova." Les voilà les mots qui lui donnent la force de rouvrir les yeux pour le fixer avec attention. Sokolova. C'est pas souvent qu'il l'appelle ainsi. Il le faisait souvent quand ils étaient plus jeune, ça ne l'a jamais dérangé. Aujourd'hui non plus. Elle y trouve du réconfort dans son nom de famille prononcer au travers de ses lèvres. C'était tellement plus simple de le détester. C'était tellement plus facile d'essayer de l'oublier. Elle n'avait pas à souffrir de cette manière. "Je resterais fort autant que je le pourrais Tamara mais, ils n'ont toujours rien trouvé contre cette épidémie tu sais et je..." Son regard se faire noir. Elle lui interdit de terminer cette phrase sous peine de s'énerver une nouvelle fois ou de pleurer encore. Elle n'a pas la force de remettre ça, elle n'a pas la force de lutter seule et elle lui as assez dit. Maintenant, c'est à lui de faire les choses pour qu'elle puisse elle aussi avancer. Elle ne demande que ça. Avancer. « Ils trouveront, je le sais. » Elle ne sait pas. Elle ment et il le sait tres bien mais le dire, le prétendre en tout cas lui fait du bien. Parce que ce qu'elle dit, c'est ce qu'elle veut plus que tout. Qu'ils trouvent et que James puissent sortir. "Continue d'y croire... S'il te plait, cela me donnera peut-être la chance de le faire aussi." Son soupir, il est là. Il est la preuve qu'elle abdique et accepte. Elle n'est pas certaine de réussir, elle se doit d'essayer pour lui. Elle n'a pas envie qu'il abandonne, voilà pourquoi elle va le faire cet effort. « Tu sortiras James. Quitte à ce que je vienne te sortir d'ici moi-même et par la force mais tu sortiras, je t'en fais la promesse. » Et quand elle promet Tamara, ce n'est pas un mensonge. Elle ne le fait pas souvent, sa parole, elle ne la confie pas à n'importe mais James n'est pas n'importe qui justement. James est important, il est tout ce qu'elle a et elle refuse de le voir abandonner. Alors oui elle promet l'impossible. Oui, elle lui fait part de cette idée totalement dingue de le faire sortir d'ici par la force mais il la connait assez bien pour savoir qu'elle le fera s'il lui demande. Elle est comme ça, irréfléchis et passionnée. Beaucoup trop parfois. Si bien qu'elle continue de le regarde, elle essaye de sourire et ne compte pas bouger pour les heures à venir, même sans parler.