Quête de Serpentard ☾ Zoya

La décision avait étée prise sans moi, elle avait étée prise lorsque j'étais enfermée dans les cachots avec les vermines d'infectés. Pourtant, je ne pouvais rien demander de mieux, et je ne pouvais pas leur en vouloir. La décision était parfaite pour moi, bien que je ne connaissais pas les détails de la rencontre. Thomas avait proposé ce qui, aux yeux de tous, faisait le plus de sens. Chacun allait pouvoir utiliser la pierre à son tour. Comme ça, pas besoin d'arracher la pierre aux autres comme je m'étais préparée à le faire. Pas besoin d'aller la voler dès que l'opportunité se présenterait. J'en avais besoin, plus que tout au monde, de cette pierre et rien n'aurait pu m'empêcher de mettre la main dessus. Et maintenant, je l'avais. Derrière mes habituels airs fermés et froids, je ressentais une excitation incontrôlable, de la peur et de l'appréhension. Je sentais que je pouvais exploser à tout instant. Je jetai un oeil autour de moi, et pourtant, c'était comme si je ne pouvais pas voir les autres. Il n'étaient que brume dans mon champ de vision, que de vains esprits qui obsturaient le passage. Ces visages si familiers m'étaient désormais inconnus. Ces gens avec qui j'entretenais des relations diverses, ceux que j'appréciais et ceux que je détestais, n'étaient plus rien. Je ne voyais que la pierre, et ce qu'elle allait m'offrir. Je n'avais pas été la première à passer, et le temps d'attente fut insuportable. Je n'avais plus envie d'attendre, je sentais mon corps tout entier tenter de se jeter vers celui qui tenait la pierre, pour m'assurer d'être la prochaine. Heureusement, je n'eus pas à faire de scène car la pierre se retrouva désormais dans la paume de ma main. Je la regardai un instant, pris une grande respiration - qui naquit au plus profond de mes poumons pour en sortir comme un énorme soupir - avant de m'éloigner des autres verts et argents. Le sol frais craquait sous mes pieds, alors que mes mains commençaient à trembler. Je ne lâchai pas la pierre des yeux. Je pouvais presque sentir ma peau brûler sous la puissance de la pierre, cette pierre qui allait enfin pouvoir m'aider. Une fois loin des autres, je serrai mes doigts et fermai les yeux. Mon pouls accéléra, et je mis du temps à ouvrir mes paupières à nouveau. Lorsque je le relâchai enfin, j'eus l'impression que mon coeur s'était arrêté, comme si on m'y avait donné un coup de poignard.

Il était là, debout devant moi. Son regard était posé sur moi, sans pour autant sembler se questionner. Savait-il qui j'étais ? Ses traits m'étaient familiers, je pus reconnaitre Skye dans son visage. Un boule se forma dans ma gorge, et bien que j'ouvris la bouche, rien n'en sorti. Tout ceci me semblait irréel. Après toutes les heures où j'avais imaginé cet instant, il se trouvait désormais devant moi, et ça ne ressemblait en rien à ce que j'avais pensé. Je n'avais pas prévu avoir une telle réaction. J'avais prévu être pratiquement indifférente, brève et concise dans mes questions. Pourtant, son apparition brisa entièrement mon coeur de marbre. « Zoya ? » Mon souffle se coupa au son de sa voix. Je portai ma main à ma bouche et d'un seul coup, mes yeux s'emplirent de larmes. Je hochai la tête, sans mots, pour confirmer qui j'étais. « Zoya, qu'est-ce que tu fais ?» Sa voix était posée, et ses paroles ne ressemblaient en rien à des reproches. Je me sentais faible et j'avais du mal à me tenir sur mes jambes.

« Je... » J'avalai ma salive dans un vain espoir de reprendre mes esprits. « J'ai besoin de ton aide... » Mes idées se bousculaient, et pourtant, je restais paralysée. « J'ai besoin de réponses... »

Mikhail savait qui j'étais, mais se souvenait-il de ce qui s'était passé ? Avait-il eu consciance de la dernière nuit de sa vie ? De mon expérience, la réalisation d'avoir attaqué quelqu'un ne se faisait que lors du réveil. Hors, il ne s'était jamais réveillé.  « Zoya, je ne sais pas comment tu as réussi à faire ça, comment tu as mis la main sur cette pierre, mais crois-moi, tu n'avais pas besoin de me faire revenir pour avoir tes réponses. Ton père est là pour ça. » Je le regardai un instant, avant d'être aveuglée par les larmes qui s'accumulais dans mes yeux avant d'aller couvrir mon visage.

« Non. Non... Je ne veux pas de son aide. » Je baissai les yeux. « Tu es le seul qui peut m'aider....» Je passai une main tremblante dans mes cheveux, avant d'échapper quelques mots dans un soupir presque silencieux. « Tu n'aurais jamais dû mourir...»

Il s'avança vers moi pour poser sa main - qui semblait ni vaporeuse, ni solide et vivante - sur mon épaule. « Je ne crois pas pouvoir t'apporter ce que tu cherches. Tu es ma plus désastreuse erreur. J'ai détruit ta vie par mon insouciance... je ne mérites pas d'être vivant après tout ça. » Je relevai les yeux vers lui. Cette fois, de la haine s'y échappait.

« Il aurait dû mourir à ta place.»

S'il croyait que de m'avoir transformé lui faisait mériter la mort, alors moi aussi, je devais quitter ce monde, car j'avais déjà suivi ses traces. « Mischa a fait beaucoup de mal autour de lui, il a fait beaucoup de mauvaises choses, mais s'il y a une personne qui ne doit pas souhaiter sa mort, c'est bien toi Zoya. Tu lui dois la vie, et tout ce qu'il a fait était pour toi. La noirceur qui l'habite n'est rien face à l'amour qu'il a pour toi.» Un goût amer empli ma bouche. Moi qui cherchais à trouver un moyen de vaincre mon père, me retrouvais face à quelqu'un qui le défendait malgré tout.

« Et pourquoi lui ne mérite pas la mort, mais toi oui !? Si tu ne mérites pas de vivre, moi non plus ! Tu m'as transformée, et alors ? Comment tu veux que je vives, moi, après avoir fait la même chose, et pire, après avoir tué quelqu'un !?»

J'éclatai en sanglots et sentis mes jambes faiblir, me laissant tomber assise au sol. Je pris ma tête entre mes deux mains, cherchant à me calmer. Ce fut inutile. « Est-ce que Mischa le sait ? »

« ARRÊTE ! Arrête de me parler de lui...» Je levai la tête vers lui. Ce fut désormais au tour de ma voix de trembler. « J'ai peur de lui...»

Mikhail semblait, malgré tout, compréhensif. Il se pencha pour être à ma hauteur. Il posa ses mains sur les miennes. Aucune chaleur n'en ressortait, c'était loin d'être comme le contact d'un humain. Aucune fraicheur ne s'en dégageait, c'était loin d'être comme le contact d'un fantôme. J'étais perplexe face à cette sensation, qui m'offrait un mélange d'inconfort et de réconfort en même temps. « Il ne te fera jamais de mal. Au contraire, il ferait tout pour toi, il donnerait même sa vie. »

« Alors je lui prendrai.»

J'étais confuse, incapable de mettre de l'ordre dans mes pensées. Entre la peur, la tristesse et la haine, il m'était impossible de faire un choix. « Est-ce que tu t'écoutes parler, Zoya ? Tu dis avoir tué quelqu'un, et je peux voir que tu regrettes. Sauf que cette fois-là, tu n'étais pas en contrôle de toi-même. Si tu le fais intentionellement, tu ne ferais que suivre ses traces. Tu peux encore prendre les bonnes décisions. Tu ne peux pas changer ce qui s'est passé, mais tu peux empêcher que ça se reproduise. » Ce n'était pas ce que je voulais entendre, il ne semblait pas comprendre tout ce que je pouvais penser.

« Il aurait pu tuer Skye. Il l'a presque fait. »

Je ne cherchais qu'à le provoquer, qu'à trouver un moyen qu'il me dise ce que je voulais entendre. Car après tout, autant j'avais cherché à lui parler, autant j'aurais seulement voulu qu'il me dise exactement ce que je voulais. C'était comme si je cherchais sa bénédiction pour vaincre mon père. C'était comme si je voulais qu'il me dise qu'être lycan, c'était une partie de moi à aimer et à chérir, que d'être une bête était mieux que d'être humain. Il fronça les sourcils, comme s'il ne croyait pas mon histoire. Bien-sûr, il pouvait voir au travers de mon jeu. « Ne laisse pas la haine te contrôler. C'est ce qui a détruit notre famille. C'est ce qui a fait de Mischa ce qu'il est. Tu es mieux que ça. Tu le seras aussi longtemps que tu le décideras. Je peux voir que tu mènes un dur combat, que tu es déchirée. Ne te laisses pas vaincre.» Je fermai les yeux et me laissai tomber sur le dos, les bras ouverts. Si ses paroles pouvaient sembler bonnes, elles ne l'étaient pas pour moi. Non, ce n'était pas pour ça que je l'avais fait venir. Les larmes ne cessèrent de couler sur mes joues. Dans un soupir, je laissez échapper mes dernières parles à son égar.

« J'avais besoin de toi... »

J'ouvris la main, laissant glisser la pierre hors de me doigts. À cet instant, l'air devint plus léger, comme si la présence de mon oncle l'avait alourdie. Je vent frais frappait mon visage, alors que je laissai mes derniers sanglots s'effacer.