Lover, hunter, friend and enemy, you will always be every one of these. Nothing's fair in love and war. In life, in love, this time I can't afford to lose for one, for all, I'll do what I have to do. You can't understand, it's all part of the plan.
Il ne s’était pas passé une nuit sans qu’il n’en cauchemarde. Pourtant, la mort, il l’avait déjà connue. Goûtée, sentie au fond de sa trachée. Au fond de ses entrailles, au creux de son estomac, dans ses veines, partout. Cela faisait des mois que la pierre avait été trouvé, cette pierre pour laquelle Helge s’était battue. Pourquoi ? Pour faire revenir les morts… Helge avait été neutre sur toute la ligne dans cette histoire, il n’avait aucune envie de choisir un camp, parce que les deux n’étaient pas forcément opposés. Et puis, il y avait eu l’épidémie, et Kamen… Il était venu le voir un soir, quelque temps avant leur réunion auprès de la Tombe de Dumbledore. Il l’avait supplié d’utiliser la pierre pour lui, il en était incapable à cause de la magie qui le quittait un peu plus chaque jour, et il avait honte. Helge s’était senti mal en voyant le Yordanov aussi faible. Les deux serpentard étaient proches, peut être pas autant que l’étaient Yassen et Helge, mais le norvégien ne pouvait pas refuser la requête de son ami. Il le faisait pour lui, et pour Yassen, en dernier cadeau. Helge réprima un sursaut tandis que la main fraîche de Lucrezia venait effleurer sa joue. Le contact lui était agréable. Pour elle qui ne pouvait pas avoir froid, qui ne pouvait pas avoir chaud, être coincée dans un état constant et perpétuel d’entre-deux la tuait à petit feu. Elle ne dit pas un mot, fermant les yeux pour s’abandonner au contact ; et tenant la pierre entre ses doigts.
Quand Helge ouvre les yeux, il n’y a plus que lui près de la tombe du vieux phénix. Il s’approche de la sépulture, s’imprégnant de tous les esprits présents en ce lieu. Helge est une ombre, elle a à cœur les mythes et légendes qu’on lui a appris à Durmstrang, et elle respecte les anciens, les esprits. Même un voleur peut avoir des remords. Lors de ses premiers vols avec son père, il lui a toujours rappeler que les dieux du Nord étaient là pour veiller sur elle. Pas ces dieux moldus, bons à rien et totalement ignorants de la misère de leur serviteurs, non, ceux là, Helge savait qu’ils n’existaient pas.
Quand elle voit Zahari avancer vers elle, l’ombre se recroqueville sur elle-même. Pourtant, Helge a toujours été fier à chaque fois qu’il croisait le bâtard à Durmstrang ou Poudlard. Zahari était connu de tous les proches des jumeaux, et surtout d’Helge. Il a lui aussi participé à ses tortures et au fond de lui, il est coupable aussi de sa mort. Ils le sont tous. Mais ce n’est pas son frère. « Bonjour Helge. » lui dit Zahari avec calme. Il a toujours su être calme, malgré la douleur, malgré la colère. Certes, Zahari était un débauché, un perturbateur, mais il réfléchissait, il savait penser. Au fond, Helge lui ressemble un peu. Ils lui ressemblent tous. A force de le détester, les jumeaux ont fini par l’imiter. Pour être libre, eux aussi. « Qu’est-ce qui t’amène ? Ou plutôt, pourquoi m’as-tu appelé ? » Zahari a un sourire en coin, celui qui a fait craquer de nombreuses dames, et Helge comprend pourquoi maintenant. Elle aurait craqué elle aussi, si il n’y avait pas eu Yassen. Mais penser au jumeau est trop douloureux, alors le voleur s’avance à son tour. « Bonjour Zahari. » C’est étrange, il le sait. Les deux protagonistes n’ont rien à faire là tous les deux, c’est une erreur de calcul. Et pourtant, Helge sait qu’il a fait le bon choix. « Kamen. » Zahari s’intéresse de nouveau à Helge lorsqu’il entend le nom de son frère. « Kamen m’a demandé de te voir. Il est désolé... Il te demande pardon. » Helge n’a que trente minutes. Trente minutes qu’il aurait pu passer auprès d’autres personnes, qu’il aurait pu passer à essayer de convoquer un autre esprit. Mais même sans la demande de Kamen, il aurait sans doute choisi Zahari.
« Les jumeaux sont en train de perdre pied, les Yordanov sont en train de couler. Ils se sentent responsables. Ilia remonte la pente comme elle peut, elle est devenue Auror, elle a de l’ambition, elle peut s’en sortir. Mais Yassen et Kamen… L’épidémie les a touchés, et ta mort a déclenché une descente aux enfers. Kamen s’en veut, Yassen aussi, et ils se divisent, ils ne sont plus unis… » Zahari porte une cigarette à sa bouche, il écoute attentivement les paroles de Helge. « Il ne doit pas baisser les bras… surtout pas.. Kamen va s’en sortir, il va trouver une solution. L’union fait la force. » Zahari reste silencieux quelques instants, puis il soupire : « Ce qui ne nous tue pas nous rend plus forts. » Helge pense alors que cette devise finira par les tuer. Un Yordanov se doit d'être plus fort que la peur, que le chagrin, que la douleur. Et pourtant, un Yordanov sait demander pardon. Kamen l'a fait.
Zahari parle et murmure, il pense à ses frères, à Ilia, même à Oxana. Il se confie sur sa mort, il n’y a aucune colère en lui, aucun désir de vengeance. Ils sont assis près de la tombe, comme deux vieux amis qui se retrouvent après des années d’absence. Ce n’est pas un hasard, c’était écrit. Helge fait partie de la famille. « Je sais que tu es une fille. » Il ne leur reste que peu de temps, et Helge pensait qu’ils étaient maintenant à la fin de la discussion, le voleur a noté tout ce qu’il avait à noté, enregistré ce qu’il fallait pour Kamen, cette rencontre le marquera à jamais. Mais Zahari n’en a pas fini. « La façon dont tu regardais mon frère, et puis, ton intelligence, tu étais mature bien avant eux. J’ignore pourquoi tu te caches. J’ignore ce qui t’empêche d’être toi. Et si cela se trouve, tu es toi ainsi… Mais je sais que Yassen regrettera un jour. Tu es son âme sœur. » Zahari se lève et Helge en fait de même. Incapable de répondre, l’ombre sent pourtant les larmes sur ses joues. Zahari se penche pour l’enlacer et Helge s’abandonne à son étreinte. Tout est oublié, tout est pardonné. Quand Helge ouvre à nouveau les yeux, le bâtard a disparu, qu’il repose en paix.