a bibliothèque. Endroit presque inconnu de nous trois. Nous ne venions que très rarement en ces lieux. Sauf quand, les professeurs se donnant à cœur joie, nous donnaient des devoirs qui nécessitaient notre venue entre ces quatre murs.
La salle était à moitié pleine. Tranquillement, la tête haute, regardant les gens d’un regard noir, nous nous frayons un chemin entre les tables, pour trouver celle qui nous convenait. Une fois assis, je posais toutes mes affaires, et je m’éparpillais contre l’avis général de mes camarades. S’ils n’étaient pas contents, ils n’avaient qu’à s’installer ailleurs aussi ! Un grand soupir bruyant s’échappa d’entre mes lèvres, tandis que j’ouvrais un bouquin. C’était parti, mais l’envie, elle, n’y était pas du tout. Si au moins le sujet était intéressant, mais non, même pas. Encore heureux que ce n’était pas une étude sur les moldus. Ma foi, j’avais choisi l’option politique magique aux GISIS, et je n’avais pas trop le choix de devenir un élève modèle, studieux. Tout ce que je n’étais pas. Je me mis au travail tant bien que mal. Je n'avais pas réellement le choix.
Même pas une demi-heure plus tard, un groupe de filles s’étaient installées à la table derrière la nôtre, ou était déjà assise une jeune fille rouquine, qui, me disais familièrement quelque chose. Il n’en fallut pas plus pour que ma concentration s’évapore, comme de l’eau au soleil. Je pris un bout de parchemin, j’écrivis quelques mots à la hâte, et l’envoya vers ces charmantes créatures. Tout leur faisant un clin d’œil au passage. En gardant le silence, si je ne voulais pas me faire foutre dehors. Cinq minutes plus tard, je poussais la jeune fille déjà présente et je m’installais aux côtés des autres, chuchotant. Mes deux camarades m’avaient rejoint à leur tour. Plus aucune envie d’étudier n’émanait de nous. Au moins, je pouvais me consoler en me disant que j’avais essayé. Il ne fallut pas longtemps non plus pour que les filles se retrouvent assis sur nos genoux, nos mains autour de leur taille. Le nez enfui dans leur cou. Et qui gloussaient de plus belle. La quiétude de la bibliothèque était mise à rude épreuve avec nous.
Et puis, elles partirent. Soi-disant qu’elles étaient venues pour réviser, et allèrent s’installer à une autre table, tout en nous donnant rendez-vous pour le soir-même. Je mis le parchemin dans la poche, et soupirant, je fis venir mes bouquins et parchemins d’un simple coup de baguette. Mes comparses se levèrent. « Ecoute, Phoenix, nous on va rentrer. On … n’a plus trop la tête à étudier ». Je soupirais, les chassant d’un geste de la main. Bande de lâche. Quant à moi, si je voulais réussir dans la vie, il fallait que je reste, malgré tout. J’ouvris mon bouquin, pendant que les autres s’éloignaient. La vie était injuste. Je sentis un regard posé sur moi. La jeune fille rousse. Je levai la tête, plongeant mon regard sombre dans le sien, un rictus s’affichant sur mon visage. « Oui ? Tu veux ma photo peut-être ? » Je la scrutais de la tête au pied, enfin, de ce que je pouvais voir, et je la reconnus. « Haa, c’est toi. Désolé, je ne t’avais pas reconnue. Normalement t’es un peu plus amochée que cela », dis-je, le plus naturellement du monde, me moquant presque, faisant référence aux matches de Quidditch.
La bibliothèque. En général, si vous me cherchez, vous avez de fortes chances de m’y trouver. J’y passe le plus clair de mon temps, soit par nécessité, pour les devoirs, soit par plaisir, par curiosité. Déjà enfant je pouvais passer mes journées à la bibliothèque du coin à lire tout ce qui me tombait sous la main. Du coup, à mon arrivée à Poudlard, c’est le premier endroit où je me suis vraiment sentie chez moi. Aujourd’hui, j’ai un gros devoir de métamorphose à faire, le genre de truc qui demande une importante quantité de recherches et une bonne dose de concentration. Malheureusement, pour ce dernier point, la bibliothèque n’est pas toujours le lieu idéal, mais j’ai appris à faire avec. Surtout que là, il est encore assez tôt, il n’y a encore pas beaucoup de monde. Je me trouve une table libre près du rayon qui m’intéresse, et attaque mon devoir avec entrain.
La pièce de reste pas tranquille très longtemps, et se rempli bien vite. Plusieurs groupes s’installent par-ci par-là, mais dans l’ensemble sont relativement respectueux et silencieux. M’accordant une minute de pause, je lève la tête juste à temps pour voir un groupe de Serpentard s’installé à la table proche de la mienne, groupe mené par un étudiant que je connais vaguement. Il s’appelle Phoenix quelque chose, je crois, et il joue dans l’équipe de sa maison, on a eu l’occasion de s’affronter. Je ne l’aime pas beaucoup, cela va sans dire. C’est le genre hautain, qui se croit meilleur que tout le monde, et pas très avenant envers « ceux de mon espèce ».
M’enfin, du moment qu’ils ne viennent pas me parler … J’ai déjà bien avancé, mais il me reste encore beaucoup à faire. Manque de chance, au bout d’une demi-heure une bande de greluches fait son apparition et s’installe à ma table. Certes, toutes les autres étaient prises, mais elles pourraient au moins faire semblant de bosser et se taire un peu. Les trois mecs derrière s’y mettent aussi, en leur envoyant des petits mots. Manquait plus que ça. Au bout de cinq minutes je me retrouve entourée d’une bande de sagouins qui se paluchent et se bécotent à ma table sans la moindre gêne et avec une discrétion toute relative. C’est un miracle pour eux que la bibliothécaire ne soit pas arrivée en courant pour leur jeter un sort. Merlin sait que de mon côté, ce n’est pas l’envie qui manque. Pourquoi ne pas changer de table, me direz-vous ? Parce qu’elles sont toutes prises, et que celle que mes chers serpents viennent de délaisser est couverte de leurs affaires.
Par chance, elles ont fini par se dire qu’il serait temps de se mettre à ce qu’elles étaient venues faire au départ, à savoir travailler, partant s’installer ailleurs et me laissant seule avec les trois autres. Pas pour longtemps, finalement, deux d’entre eux s’en vont aussi, n’ayant apparemment plus la tête à étudier. Parfait. Allez vous astiquer dans vos dortoirs et foutez moi la paix. Sauf que là, je me retrouve en tête à tête avec Phoenix, ça ne me réjouis pas des masses. J’essaye de me remettre à ma métamorphose, mais j’ai perdu ma concentration. Je relève les yeux pour le voir le nez ans son bouquin. Tiens, peut-être qu’il est capable d’être studieux aussi.
Evidemment, c’est à ce moment qu’il lève la tête et me regarde du haut de sa grandeur. Je soutiens son regard, c’est pas lui qui va me faire peur. J’suis même pas sûre qu’il m’ai replacée. Non, ça va merci, je n’ai pas envie de faire des cauchemars. C’est bien ce que je disais, il ne m’avait pas reconnu. Maintenant ça lui ai monté au cerveau. Il en aura fallu du temps ! C’est vrai que toi tu t’en sors toujours sans un bleu. En même temps, si tu jouais vraiment au lieu de moquer de tout le monde, tu t’en tirerais pas aussi bien. Je sais, c’est un peu exagéré, mais il me cherche, là. Et en général, qui me cherche me trouve. Je suis plutôt gentille de nature, mais il y a certain types de personnes qui ont le don de m’énerver très vite, et il en fait partie. Sinon, tu comptes rester là à me balancer des vannes ou tu pense un jour travailler ? Ah non, c’est vrai, t’es trop parfait, t’as pas besoin de travailler toi. Voilà, ça c’est le genre de types que je hais. Ceux qui se pensent meilleurs que tout le monde, qui sont persuadés que tout va leur tomber tout cru dans le bec, qui font genre que rien n’est assez bien pour eux. Je suis même surprise qu’il m’adresse la parole, après tout, on est pas du même monde.
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