Serait-ce un petit malentendu ? (Pv Lyra)

Lyra se posait des tas de questions depuis quelques semaines. Elle avait entendu des bruits de couloir concernant des phénomènes étranges qui se dérouleraient à Poudlard, chez certains élèves. La jeune femme n'était pas de nature à fourrer son nez partout, elle détestait qu'on mette son grain de sel dans ses affaires alors il était hors de question qu'elle fasse aux autres ce qu'elle n'aimait pas qu'on lui fasse. Mais ces rumeurs l'inquiétaient, l'angoissaient même. La jeune femme avait du mal à dormir ces derniers temps, l'esprit trop occupé par le futur bébé, par Silas et son silence, mais aussi par les étrangers qui avaient élu domicile à Poudlard. Certains étaient charmants, d'autres moins, et la Serdaigle ne se sentait plus vraiment chez elle dans ce château qui avait été comme une maison pendant des années. Elle savait que c'était en partie sa faute, parce qu'elle ne faisait pas les efforts nécessaires pour être comme avant, mais plus rien n'était comme avant. La guerre les avait tous changés, et aujourd'hui ils se reconstruisaient comme ils le pouvaient. Mais chaque petits bruits pouvaient avoir l'effet d'une bombe. Et ce matin là quand Lyra entendit Rebecca, une jeune gryffondor de sixième année déclamée qu'une fille de son dortoir ne s'était pas levée car sa baguette l'avait clouée au lit et ne répondait plus à son maître, elle fut prise aussitôt d'inquiétudes. Lyra ne savait pas ce qu'il fallait qu'elle cherche, mais elle était persuadée qu'une menace planait sur Poudlard, et donc sur elle et son bébé. La jeune fille se réfugia alors dans le seul lieu où elle se sentait en sécurité : la bibliothèque de Poudlard. Une pièce gigantesque, chaleureuse et qui sentait bon le parchemin ancien. La sorcière avait été très amie avec la bibliothécaire qui avait dirigée les livres depuis des années, mais celle-ci avait pris sa retraite et elle n'avait pas encore fait connaissance avec le nouveau gérant. Elle avait cependant entendu qu'il était à la fois très aimable, et très stricte, à la limite du maniaque. Mais Lyra s'en fichait, ce qu'elle voulait à tout prix, c'était trouver des réponses à ses questions. Évidemment, si elle pouvait avoir accès à la réserve, ce serait mille fois plus simple, mais elle se contenta d'écumer les rayons concernant la magie et son histoire. Dans un coin d'une vitrine, elle remarqua un petit livre assez abimé, le titre affichait histoire et controverse de la magie, alors qu'elle le prenait en main, quelqu'un arriva derrière son dos pour la saluer et lui demander ce qu'elle faisait là. Elle allait se retourner pour répliquer et dire à son interlocuteur que ce n'était pas une façon de s'adresser aux femmes, mais elle reconnut aussitôt le nouveau bibliothécaire et tourna sa langue sept fois dans sa bouche avant de dire des bêtises. Elle n'avait pas envie d'être mal vu par celui vers qui elle se tournerait quand elle aurait besoin d'ouvrages en particulier. Elle se contenta de lui sourire timidement et lui montra le livre dans sa main  : « Bonjour ! Je cherchais simplement un livre sur l'utilisation de la magie. » Elle n'allait certainement pas lui dire la vérité sur ses inquiétudes, après tout elle ne lui faisait pas encore confiance, et elle ignorait si il était au courant qu'elle était enceinte. Par réflexe, elle regarda son ventre, il n'était pas rond, toujours plat grâce aux sortilèges de dissimulation qu'elle pratiquait.

« Tu cherches sur l'utilisation de la magie dans cet ouvrage-ci... mais je ne comprends pas vraiment. Il s'agit d'un ouvrage davantage tourné vers l'évolution historique et l'évolution un peu... sociologique. Cet auteur s'est beaucoup intéressé notamment à la perception des sorciers. » Il avait baissé les yeux sur le livre qu'elle tenait entre ses mains, et aussitôt Lyra s'était sentie traversée par son regard. Pour elle, les livres étaient des choses intimes, et elle ne parlait que très rarement des livres qu'elle gardait dans sa propre bibliothèque. On disait souvent d'elle qu'elle était un petit rat de bibliothèque et c'était vrai, c'était grâce aux livres qu'elle se sentait bien. Elle trouvait toujours conseils auprès d'eux. Mais elle savait que cette fois-ci, elle n'avait pas choisi le bon ouvrage. Le jeune bibliothécaire avait raison, elle ne trouverait rien dans les pages qu'elle éplucherait. Et elle sentait que si elle voulait savoir quelque chose, il faudrait qu'elle ait accès à la bibliothèque. « Si tu as un exposé à réaliser, je peux te venir en aide. J'ai réalisé un ouvrage même sur cet auteur, je ne l'ai encore jamais publié. Il doit dormir au fond d'une étagère. » Lyra était poussée par la curiosité. Avide de la savoir, la jeune femme aimait apprendre de nouvelles choses. Elle était forcément déçue de ne pas avoir trouvé ce qu'elle cherchait, mais elle sentait que le bibliothécaire lui donnerait l'opportunité de se consoler un peu. D'un autre côté, quand elle vit son regard méfiant, interrogateur, elle se demanda ce qu'il pouvait bien penser. Voulait-il vraiment lui montrer son ouvrage, ou bien était-ce une raison de l'éloigner de ses recherches ? Elle hésita un peu mais il gomma aussitôt ses doutes en lui posant une nouvelle question. « Avais-tu déjà lu cet auteur ? » Avant de répondre, elle l'observa, amusée, alors qu'il continuait de ranger quelques livres, les alignant dans une ligne parfaite. Elle le trouvait bien intriguant ce jeune bibliothécaire, en tout cas cela faisait du bien de voir un adulte qui était passionné et se sentait concerné par son métier. Après quelques secondes, lorsqu'il fut un peu plus près d'elle, Lyra se lança. « Non, j'ignorais même l'existence de cet auteur pour tout vous dire, et pourtant, je connais beaucoup cette bibliothèque, j'y ai passé le plus clair de mon temps lors de mes années à Poudlard... C'est un peu un refuge... » Elle releva la tête, et vit dans le regard de Mr. Beckett qu'il comprenait ce qu'elle voulait dire. Silencieusement, un nuage passa, alors que tous deux étaient sans doute perdus dans leur propre souvenir. Mais très vite, Lyra s'égara dans les siens. Elle pensa aussitôt à Orion, et au fait qu'elle ne lui avait pas parlé depuis des semaines, qu'il ne savait toujours rien de leur situation, de sa situation. Elle ne savait pas si elle pourrait lui cacher indéfiniment. Elle ne savait plus vraiment quoi faire, et ça la rendait malheureuse. Quelques jours plus tôt, ils s'étaient croisés dans la bibliothèque, elle travaillait à une table sur un parchemin qu'elle devait rendre le lendemain concernant les potions guérissantes au premier degré. Il l'avait vu, et s'était mis non loin d'elle, à une table lui aussi. Lyra levait de temps en temps ses yeux de sa feuille, et croisait le regard du jeune loup. Elle l'aimait, tellement, mais elle ne pouvait pas être avec lui. Elle s'éloignait pour le protéger, parce qu'elle voyait que le retour à Poudlard lui faisait du bien, et elle ne voulait pas tout gâcher. Et pourtant, les échanges de regard lui avaient fait énormément de bien, Lyra s'était sentie libérer. Elle espérait que secrètement, il soit là encore une fois, planqué dans un rayon. Mais elle était seule avec le charmant bibliothécaire et il devait se demander à quoi elle pensait puisque cela faisait quelques minutes qu'elle n'avait pas parlé. « Je vous remercie de votre aide, ne vous inquiétez pas, ce n'est pas pour un devoir, c'était juste par curiosité. »

« Je ne te jugerai pas, tu sais. Je sais que tu es une habituée, que tu aimes ce lieu, aussi je ne veux pas que tu t'y sentes mal à l'aise. Il y a des choses qui finissent par se savoir. Si même moi je perçois quelque chose. Tu n'as qu'à me le dire. il n'est pas bon de tout garder pour soi. » Lyra se sent bafouée, trahie. Elle a l'impression qu'on lui refuse le droit de fuir, mais elle ne pourra pas fuir tout sa vie. Le bibliothécaire a raison. Elle n'est pas prête pourtant. Elle n'est pas prête à risquer sa scolarité. Et surtout, elle n'a pas encore assez confiance pour se livrer. Mais le ton doux d'Olivier la persuade un peu plus de se ranger de son côté, de l'écouter, de tout lui dire. Parce qu'il faudra bien un jour qu'elle dise tout à quelqu'un. Aujourd'hui n'est pas le bon jour pourtant. « Et si tu ne connais pas cet auteur, tu devrais aussi rester ici. » Étrange. Lui qui semblait vouloir la diriger vers d'autres ouvrages, était maintenant ouvert à l'idée de lui en dire davantage sur l'auteur qu'elle recherchait. Elle hausse les épaules, mais il enchaîne. « Je ne suis pas un ennemi. Mais tu dois chercher de l'aide. » À ces mots, il déposa sa main contre le ventre de Lyra. Elle sentit aussitôt un frisson et se recula. Il savait. Il avait deviné. Mais comment ? La panique commençait à la gagner. Elle avait mis au courant le personnel de l'école, ses professeurs, mais pas le bibliothécaire. Comment pouvait-il être au courant ? Elle eut aussitôt un haut le cœur, et l'envie soudaine de s'enfuir, loin. Mais elle ne pouvait pas. Parce qu'il risquerait de la soupçonner encore plus. Elle n'avait plus le choix que de capituler et de le suivre. Malgré tout, il avait remarqué son mouvement de recul. Il la regardait avec des yeux doux, mais pouvait-elle y croire ? Pouvait-elle avoir confiance ? Elle qui n'avait jamais douté des livres, elle se sentait démunie et incapable de trouver des réponses auprès de ceux-ci. « Je crois que vous savez, non ? Vous me dites de vous faire confiance, mais comment le faire, si vous me mentez ? » Elle se sent trahie. Il l'a poussé à se confier, alors qu'il savait déjà ce qu'elle avait. Il connaissait sa situation. « Je vous supplie de ne rien dire, et surtout, de ne pas essayer de m'aider. Je me débrouille seule. » Seule. Sans aide. Sans père. Sans amour.