Vendredi 09 Mars 2001 Début de soirée, après le banquet. Salon de thé de Madame Pieddodu, Pré-au-lard, Écosse
Les jours ont passé trop rapidement, et trop lentement à la fois. Lorsque les idées s'entremêlent avec les émotions confuses d'un terrain inconnu, lorsque le reflet d'un visage s'incruste aux paysages qui défilent sous les yeux, tout est beau et laid à la fois. On souhaite obtenir ce que l'on cherche, et pourtant, on a peur d'y toucher. Lorsqu'une belle vérité nous chatouille le nez, on refuse de la sentir. N'est-ce pas donc ça que le vélane fait, alors qu'il croise le chemin de celle avec qui il a passé le jour des amoureux ? Un regard, un signe de la main, un sourire, et pourtant, il garde ses distances. Comme s'il a peur de se brûler, comme s'il a peur de gâcher ce qu'ils ont créé, ce jour là. Il n'a pas cette habitude, il n'est pas normal pour l'Irlandais de ressentir quelconque gêne. Seule la Dashkova l'avait fait fuir, mais ça c'était différent. Il n'a pas mal lorsqu'il voit Mathilde. Au contraire, il a une certaine fébrilité à chaque fois qu'il la voit, que ce soit le matin au banquet, le soir à la salle commune ou lors des rencontre de l'association des amis des créatures magiques. Cela ne lui a pas empêché de fixer le plafond de son dortoir sans comprendre pourquoi il n'arrivait pas à dormir. N'a-t-il pas enlevé un poids sur ses épaules en allant parler à la Dashkova ? Semblerait-il que quelque chose a remplacé ce dernier. Cette chose porte le nom de Mathilde Dumont.
Il a évoqué son nom nombre de fois lors de ses infinis flots de paroles, entre ses pratiques de Quidditch et ses discussions à propos de ses découvertes en cours de botanique. Il l'a fait sans réellement y penser, sans même se questionner sur l'idée que les autres pourraient s'en faire. Niais, peut-être consciemment, peut-être inconsciemment. Il s'est tout de même pris de honte en voyant la demoiselle alors que lui était en compagnie de Dayori, loin de la sobriété acceptable. Pour une certaine raison, il ne voulait que bien parraitre devant elle, au point où il a fuit dans ses dortoir à ce moment, sans explications. Ceux qui sont proche de lui on remarqué quelque chose. Même Freya, qui ne partage pas sa salle commune, semble avoir apperçu ce changement. Les silences inhabituels de la part de ses camarades, les sourcils haussés et les commentaires. Dis-donc, elle te plait la petite Dumont ? Changement de sujet et tics nerveux servent de réponse. Il lui a fallu quelque temps pour qu'il se rende à l'évidence : il souhaitait passer plus de temps avec elle, et attendre ne ferait que rendre le tout plus difficile. En fait, ce n'est pas réellement lui qui a pris sa décision. Il en a parlé, vaguement. Une sortie à Pré-au-lard. Pourquoi pas ? Serait-elle partante ? Après tout, le couvre-feu est stricte et les surveillants rôdent un peu partout, même une fois la semaine terminée.
« Alors, tu comptes l'inviter ou non ? » « Mais pourquoi vous êtes si insistants, je veux dire, elle est super sympa mais je ne vois pa— » « Tu n'avais pas dit que tu comptais partir en cavale à Pré-au-Lard ce week-end ? » « Euh, bah peut-être je ne sais pas, pourquoi vou— » « Emmène-là avec toi. » « Elle est dans la salle commune justement. »
Sans même lui laisser le temps d'énoncer quelconque réponse, les deux autres le poussent hors du dortoir. Bien satisfaits, ils lui jete son écharpe puis referment la porte derrière lui, ne lui laissant aucun autre choix au Blaireau que de s'avancer dans la salle commune. Le claquement de la porte résonne dans toute la pièce. Quelques têtes se tournent vers lui. Il sourit d'un air gêné, passe une main dans ses cheveux alors qu'il pose son regard sur Mathilde. Elle est installée à une table, livre à la main. Il va pour parler, puis s'inquiète de la déranger alors qu'elle est occupée. Un coup d'oeil derrière lui. Il n'a nul part où aller, et surtout aucun grimoire ni parchemin pour prétendre venir travailler. Il amasse le courage qu'il trouve au fond de lui, ignorant les quelques regards indiscrets posés sur lui.
« Salut Mathilde.... Euh, ouais. Tu vas bien ? J'espère que je ne te dérange pas hein, tu m'as l'air occupée. Tu me dis si tu n'as pas le temps de me parler. Mais euh. Les autres m'ont dit—... Enfin, je sais qu'on n'a pas le droit mais je penses aller prendre l'air à Pré-au-lard... ça m'arrive parfois de me sentir coincé ici et j'ai besoin de me dégourdir les jambes, tu vois. Et puis, je me demandais... Mais juste si tu veux hein, t'es pas forcée... Tu veux venir avec moi ? »
Il baisse les yeux au sol, repensant aux dernières minutes qu'il a passé avec elle il y a de ça déjà trois semaines. Un sourire se forme sur le coin de ses lèvres. Il la regarde à nouveau, prêt à recevoir sa réponse. Il en profite pour placer son écharpe aux couleurs de la maison autour de son cou. Il n'a aucune idée encore de ce qu'il compte faire, d'où aller ni même comment. Si les autres l'ont poussé à aller vers elle, s'il a l'impression qu'il va mourir de honte si elle refuse, il n'aurait aucune autre envie à cet instant que de l'inviter au village avec lui.
Un poids tombe, son corps se détend et sa respiration reprend un rythme normal. Tu me donnes cinq ou dix petites minutes. Bien-sûr, qu'elle prenne tout le temps qu'elle le souhaite. Il reste un là un instant tandis qu'elle se lève et quitte vers les dortoirs des filles. Il reste silencieux une, peut-être deux secondes. Il a l'impression que les regards sont sur lui, mais en fait, les quelques âmes présentes sont depuis un moment retournées à leurs affaires. Il regarde autour, puis se dit qu'il peut s'installer sur le sofa en attendant qu'elle revienne. Un coup d'oeil à la cheminée, et déjà il revient sur ses pas. La vue du feu lui a rappelé un truc et il se doit de le faire avant que Mathilde ne revienne. La porte de son dortoir est encore fermée, il soupçonne même les autres de l'avoir bloquée. Il n'y a bien que les Blaireaux pour faire ça. Toutefois, il ne compte pas fuir, il ne compte pas laisser la Française derrière, bien au contraire. D'un mouvement brusque, il pousse la porte. Contrairement à ce qu'il croyait, la porte n'était pas bloquée, et la poussée ouvre la porte d'un large mouvement qui le fait tomber au sol. Quelques rires remontent à lui alors qu'il se remet sur pied.
« Tu ne sais plus marcher O'Spéir ? » « Dis-donc t'es pas en train de te dégonfler là ? » « Ah fermez-là, je viens juste chercher un truc, c'est important. »
Le Blaireau ignore ensuite les commentaires de ses deux compagnons, préférant se concentrer sur sa tâche actuelle. Il fouille un moment sous sa table de nuit, puis se souvient en fait que ce qu'il cherche est dissimulé sous son matelas. Après tout, il ne souhaitait pas que les autres tombent dessus par hasard, elle lui en aurait très certainement voulu. D'une main, il attrape le carnet qu'elle a laissé en sa possession à la Saint-Valentin, le glisse dans la poche de son manteau qu'il a prit par la même occasion. L'air du jeune printemps est encore frais, spécialement lorsque le soleil est couché. Il quitte à nouveau la salle, pénétrant dans la salle commune au même instant que la brunette, qui lui prend la main pour tracer la suite de leur chemin. Il sourit sans détacher sa main de la sienne, jusqu'à ce qu'elle le faisse d'elle même. Il l'observe alors réellement, de la boucle dans ses cheveux à la robe assortie.
« Cette couleur te vas très bien. Ça fait un contraste très harmonieux avec tes yeux.»
Il lui offre un large sourire. Même s'il ressent un petit quelque chose de spécial envers elle, quelque chose qui lui provoque quelques moments de gêne, il a cette aise à complimenter les autres qui ne le lâche pas. Surtout pas avec elle. Il lui empêche toutefois de répondre en lui faisant signe de rester silencieuse, alors qu'il prend les devants pour traverser les couloirs du château. Il prend quelques détours par-ci par-là, indiquant son habitude à faire ce genre de manoeuvres. Il sait par où passer pour éviter le plus possible les surveillants. L'une des portes de sorties - sans être la porte principale bien entendu - leur donne accès à l'extérieur. Une bouffée de vent leur frappe en plein visage lorsqu'ils la traverse pour enfin être loin de ceux qui pourraient les attraper. Le ciel est gris, sans pour autant être entièrement noir.
« Si on se dépèche, on pourra être au Village avant qu'il ne fasse noir. Par contre, il va falloir faire un peu plus attention à ne pas se faire voir avant d'atteindre les limites du terrain de l'école, il y a souvent des Aurors ou le Garde-chasse qui rôde. Allez viens !»
L'hybride hâte le pas, attrapant la main de Mathilde pour la guider, comme elle l'a fait plus tôt. Il a l'habitude de courir, longtemps et rapidement, mais est bien conscient qu'elle n'a peut-être pas la même forme et endurance que lui. Il cherche à aller rapidement sans l'épuiser, lui jetant quelques coups d'oeil pour s'assurer qu'elle va bien, et ce tout au long de la course.
Des escapades comme celle-ci, il ne pourrait vivre sans. Il en fait régulièrement, et la haute surveillance au château lui a rendu la vie plutôt difficile. Pourtant, jamais il n'a cessé de se dégourdir les jambes. Le château est grand, assez pour qu'il puisse le parcourir en entier et s'en épuiser. Toutefois, Niall est une créature de nature. Il a besoin d'air frais, d'herbe sous les pieds et de pluie sur le visage. Il a besoin de sentir l'odeur du lac et de la forêt, de la neige et de la fourrure animale. Il n'est pas fait pour être derrière un mur de pierre. Il a trainé quelques amis, quelques fois, sur ce chemin qu'il trace désormais avec la brune. Aucune de ses sorties lui ont semblées aussi plaisantes que celle-ci. Ils ont à peine mis les pieds hors des limites qu'il sent son coeur léger. Il sent à cet instant qu'il ne pourrait demander mieux. Ils s'arrêtent, leur lassant le temps de reprendre le souffle comme leurs esprits. L'Irlandais ne peut s'empêcher de remarquer la manière dont elle mordille sa lèvre. Elle le fait souvent, certainement sans le réaliser, comme lui à cette tendance à passer sa main dans ses cheveux. Il se souvient également de cette mimique qu'elle fait parfois, en situation embarassante. L'idée le fait sourire.
Mathilde fouille dans son sac assez activement pour qu'il se questionne quant à ses intentions. Puis, le écharpes monochromes lui font comprendre son idée. Il jete un coup d'oeil au cou de la belle, puis au sien, pour y voir le jaune et noir qui leur est bien caractéristique. Erreur de novice, elle ne s'est pas laissé prendre, pas entièrement. Une nouvelle complice ? Elle a du potentiel pour une demoiselle qui passe toutes heures du jour et de la nuit à la bibliothèque. « Niall O’Spéir, vous me faites faire des choses un peu folle tout de même. Tu me feras penser à te rendre ton écharpe quand même hein ? » Le blond ne peut s'empêcher de rire face à son commentaire.
« Tu m'as l'air plutôt bien préparée pour une personne qui n'a pas l'habitude de briser les règles. Crois-moi tu vas y prendre goût, et si tu as toujours de bonnes idées comme ça, je vais t'emmener plus souvent, comme ça je me ferai prendre moins souvent. »Sans réfléchir, il lui offre un clin d'oeil complice. « Et mon écharpe, tu peux la garder en otage, si tu veux me demander une rançon. »
Le blond pense au carnet qu'elle lui a laissé, mais la référence n'est pas nécessairement des plus claires. La brune pourrait très bien l'interpréter autrement, qui sait. La main qu'elle glisse dans la sienne lui provoque un chatouillement. Comme si plus tôt, le contact ne lui était pas réellement parvenu, puisqu'il était concentré sur la course. Désormais en lieu relativement sûr, alors que leurs pas sont plus lents, il a l'impression que ce geste est plus spécial. Il n'avait pas l'obligation de le tenir, et elle l'a pourtant fait. Il ne la relâche pas, ne la repousse pas non plus, bien au contraire, il s'assure que sa main est bien logée dans la sienne. Le ciel devient plus sombre bien qu'il ne soit pas si tard. Ah comme le ciel d'hiver envahit encore celui du printemps. Les lanternes du village s'éclairent, reflétant sur le fond de neige qui gît encore au sol. Sans même demander l'avis de la demoiselle, il s'avance jusqu'à un des commerce, un bien précis : le salon de thé. Il lâche sa main pour s'avancer et lui ouvrir la porte.
« Après vous chère demoiselle. On va se réchauffer un peu et on verra ce qu'on fait par la suite ? »
S'il ne s'agit pas d'un rencart, Niall a bien choisi le lieu parfait pour en donner l'impression. Le décor coquet et la musique classique y créent un espèce de cocon, semblable à celui de leur salle commune, seulement moins jaune. Niall choisi une table près de la fenêtre et s'y installe face à sa compagne.
« Ici, ils auront plus de choix de thé qu'à la salle commune. Comme je n'ai pas l'intention de dormir tôt ce soir, je crois que je vais m'offrir un thé plutôt qu'une tisane !»
La délicate agitation qui prend place dans le salon ne manque pas d'attirer l'attention du blond alors que la belle fait sa commande auprès de la serveuse. Les cliquetis des cuillères dans la porcelaine, les mots que s'échangent les autre clients et le vent qui frappe les fenêtres attire son regard dans tous les sens. Pourtant, son oreille est tendue vers elle. L'entendre demander un thé à la rose le fait sourire, mais il prend quelques secondes à réaliser la situation. Sa tête tourne brusquement vers la serveuse lorsqu'il réalise que lui aussi doit commander. Il jète un coup d'oeil à Mathilde, puis à la serveuse, puis vers Mathilde encore puis une dernière fois vers la serveuse. Il passe une main dans ses cheveux, comme pour remettre ses idées en place.
« Je me suis un peu perdu je crois... Je n'ai pas eu le temps de regarder le menu et il faut avouer que je ne le connais pas si bien. J'ai été un peu déconcentré. » Le demoiselle qui les sert l'observe sans rien dire, anormalement souriante. « Alors, euh, vous pouvez faire une théière de ce qu'elle a demandé ? Avec deux tasses parce qu'on est tous les deux et on va le séparer entre nous. Oh... et tu as pris quelque chose à manger aussi je crois... » Il observe la brune pour confirmer son questionnement. « Ouais en fait on va prendre une assiette de macarons, il y ane as combien dans une assiette ? Six ? Mais pouvez-vous être certaine qu'il y en aura à la pistache... et à la fraise s'il-vous-plait. Merci vous êtes géniale. Comment vous vous appelez ? » Son teint vire rapidement au cramoisi. « Euh, moi c'est euh.... Azalea... Mais tu peux m'appeler Aza. »« Parfait, merci Aza.»
Alors qu'il passait sa commande, il a également réussi à déplacer tout ce qui se trouvait sur la table, sans réellement s'en rendre compte. Son verre d'eau est passé de la droite à la gauche, et la serviette de main est désormais en boule informe. Bien loin du calme qu'il a affiché lors de la première soirée en compagnie de la Française, il peine à rester entièrement en place. Sa voix est ce qui le garde concentré sur elle, bien que son regard saches déjà le fasciner. « Tu fais souvent des petites excursions du genre ? J’avoue que ça m’intrigue et que j’aimerais bien découvrir les endroits que tu visites. » Ce genre de sortie, il en fait bien plus qu'elle n'ose probablement le croire. Il connait bien les lieux qui entourent le château. Il peut même dire qu'il s'est aventuré bien plus loin que les limites du village, probablement même hors de la zone protégée contre les moldus.
« Oui, je fais ça assez souvent, il y a tellement de choses à découvrir. À chaque fois je trouve quelque chose de nouveau, même quand je vais dans des lieux que je connais bien. J'ai quelques endroits bien que je pourrais te montrer. Mais je ne crois pas que je t'emmènerais n'importe où, je ne voudrais pas te mettre à risque. Genre, la forêt interdite n'est pas interdite pour rien. J'ai l'habitude de rôder dans les forêts mais celle-là est particulièrement dangereuse. »
Non pas qu'il la voie comme faible. Simplement, il sait que lui n'est pas des plus prudents. Il sait également qu'il n'est pas habituel pour quelqu'un d'avoir grandi dans la forêt, y avoir passé des jours et des nuits. Il sait que certains dangers ne le touchent pas, n'étant pas entièrement humain. Il ne voudrait certainement pas que Mathilde se retrouve dans une situation périleuse par sa faute. Il ne voudrait pas qu'elle se blesse par sa faute. Il ne se le pardonnerait jamais. « Niall… Regardes de la neige ! » Bien que l'exclamation de la brune cherche à attirer l'attention du blond vers la fenêtre, il garde son regard posé sur elle quelques secondes de plus. Il sourit, puis tourne la tête en ne détachant ses yeux que lorsqu'il n'a plus le choix. Les flocons sont gros, tombant avec une douceur remarquable. Le vent s'est calmé, les laissant tomber paisiblement au sol. Niall note dans sa tête que Mathilde aime la neige, il s'en souviendra par la suite.
« Elle est magnifique, oui. » Il pose ses yeux sur elle. « J'adore l'Écosse pour ça, pour les différentes saisons qui— »
Le bruit de la théière et des tasses qui sont posées sur leur table ne lui a pas fait perdre le fil de ses mots. C'est plutôt la main qui a effleuré son bras, puis qui s'y est posé sans prévenir. Niall se tourne vers la dite main, puis sur celle qui y est rattachée.
« J'ai apporté le thé et les macarons... »« Euh, merci Aza.» Il lui sourit, alors qu'elle reste près de lui. « J'espère qu'il te plaira, hein. C'est moi qui l'a fait infuser. Attend, je vais te servir. »« C'est gentil mais ça va aller, je vais nous servir mon amie et moi.»
La serveuse ignore les paroles du blond et lui verse le breuvage dans sa tasse, puis pose la théière. Niall hausse un sourcil, prend la théière puis sert Mathilde. Il l'aurait normalement remercié pour son service, mais comme elle n'a pas daigné servir celle qui l'accompagne, il ne lui fait qu'un signe de tête pour l'inviter à les laisser seuls.« Je... N'hésite pas à me dire si tu as besoin de quelque chose...». Niall la remercie finalement, par réflexe, puis donne à nouveau son attention à la belle qui lui fait face.
« Qu'est-ce que je disais dont... Ah oui ! La neige. Vous avez souvent de la neige comme ça en France ? »
Le visage du vélane a toujours eu cette tendance à être très expressive, dont chaque émotion s'y dessine de manière évidente. Lorsque ses lèvres s'étirent, ses yeux changent de forme pour y afficher un large sourire, dont l'honnêteté ne pourrait être remise en question. Entendre la belle lui dire qu'elle n'a pas peur, mais surtout qu'ils font une bonne équipe, provoque cette réaction qui ne peut mentir. Un instant souriant qui n'a été interrompu que par la serveuse qui venait de faire sa scène. Scène qui, par ailleurs, ne semble en rien anormale pour le blond. Seule l'absence de service pour Mathilde l'a fait ciller un instant. Même après toutes ces années, il ne réalisait pas que son sang provoquait ce genre d'émois. Pour lui, les humains sont étranges, tout simplement. Tout aussi étrange, Mathilde ne manque pas de remplir cette condition. Souriante un instant, elle détourne désormais le regard, comme pour éviter tout contact visuel. Ses traits sont tirés et lourds, ses mouvements sont brusque. Elle se referme instantanément sur elle-même, et lui ne comprend pas. Il fronce les sourcils et l'observe un moment. Elle l'ignore et ne daigne pas de répondre à sa dernière question. L'aurait-il froissée ? Il baisse le regard, puis joue dans ses cheveux, confus. Doit-il lui demander ce qui cloche ? Doit-il simplement faire comme si de rien n'était ? Est-ce qu'il doit la laisser tranquille ? Ce moment de silence lui semble durer des heures, voire même des années. Il n'a pas l'habitude de ce genre de moment, du moins pas à ce qu'il ne le saches. Des discussions unilatérales, il en fait à tous les jours. Des gens énervés qui l'ignorent, il en voit à tous les coins de couloir. Il ne ressent jamais le malaise qu'il ressent à cet instant. Il ne saurait expliquer pourquoi, mais pour une fois, il réalise qu'il ne peut pas simplement continuer à parler comme il aurait fait autrement. Non, pas avec elle. Une partie de lui refuse d'ignorer les signes qu'elle lui lance. Mais pour quelle raison lui envoie-t-elle ces signes ? La serveuse, Niall, la serveuse. Il l'a déjà oubliée, voilà le problème.
« Mathilde... Euh. Il est bien le thé ? »
L'irlandais tient sa tasse entre ses doigts agités depuis quelques instants déjà, mais j'y a pas pris une seule gorgée. Il s'agit que de quelques mots pour se changer les idées, quelques mots qui ne servent qu'à combler son besoin de parler. Il la regarde un instant, puis boit nerveusement. Aucune réponse. L'envie d'échapper le maximum de mots en un minimum de temps s'empare de lui, mais avant qu'il n'ouvre la bouche, elle reprend la parole. Dans une sorte de soulagement, ses mots se glissent à ses oreilles avec un chatouillement étrange. Son attitude changée d'un coup, elle semble perdue. « Désolée je… Qu’est ce que tu disais ? ». Il se gratte la tête un instant, sans comprendre. Elle ne semble pas entièrement dans son assiette, et il n'arrive pas à savoir pourquoi. Alors qu'il reprend la parole, il décide de faire sa petite enquête.
« Eh bien je te demandais si le thé est bien.» Il observe le fond de sa tasse, comme pour y déceler quelque chose.« Parce que techniquement il devrait être meilleur ici que » Il tend la main pour attraper la tasse de sa compagne et l'observer de la même manière « celle à la salle commune. Il est préparé par » Il fronce les sourcils et hume l'odeur du thé. « des gens plus habitués, qui savent comment bien les faire infuser et tout. » Il la dépose sur sa soucoupe. « Du coup je me demandais si tu le trouves bien...» Il laisse ses yeux se balader sur toute la table. « Ou s'il goûte bizarre. Non pas que le miens goûte bizarre, en fait il est très bien.» Détournant la tête, il peut voir la serveuse qui l'observe au loin. « Et je te demandais s'il y a beaucoup de neige en France.»
À vue d'oeil, tout semble en ordre, aucune trace d'empoisonnement ou de potion quelconque. Il pose ses mains sur la table, puis en passe une dans ses cheveux, puis les reposes à nouveau sur la table.
« Dis... Mathilde.» Il glisse sa main sur l'avant bras de la demoiselle. « Comment tu te sens ? »
Bien-sûr, il s'inquiète pour elle. Il sait très bien que la brune est atteinte de la maladie, mais il est trop peu renseigné sur le sujet pour en connaitre les différents symptômes autre que ceux qui affectent la magie. Il devrait peut-être commencer à s'informer, s'il compte passer plus de temps avec elle, et surtout, la soutenir dans cette épreuve.
Nul besoin de le préciser que l'instant où il pose sa main sur elle, Niall ressent le besoin de s'approcher encore plus d'elle. Il souhaite la réconforter, ou l'aider, mais aussi profiter de la chaleur qui s'en dégage, de l'énergie qui semble se partager entre eux. Il souhaite s'approcher pour poser son autre main sur la sienne. Il souhaite profiter de l'instant, un peu plus que lors de leur première soirée ensemble. Il souhaite glisser ses doigts contre les siens, et faire disparaître la table qui les sépare. Et pourtant, il reste tel quel, sans rien changer au contact qu'il lui a donné. Il ne s'exécute pas, préférant écouter les paroles qu'elle échappe. Il s'inquiète pour elle, même un peu plus maintenant qu'elle lui explique. Perte de mémoire. Est-ce fréquent chez elle ? Est-ce que ça fait parti de sa vie depuis longtemps ou est-ce un symptôme de l'épidémie ? Naturellement, le blond commence à réfléchir à toute allure, comme s'il lui était possible de trouver une solution, juste comme ça, sur le moment.
Le contact des doigts de la belle le ramène à elle, à ses yeux et à ses lèvres. « Niall… Il faut que je te parle d’un truc… En fait… Je vou- » Malgré l'hésitation de Mathilde, il ne se laisse pas déconcentrer, il ne laisse pas ses propres mots l'interrompe. Il la regarde elle et ne pense qu'à l'écouter. Une partie de lui comprend le regard qu'elle pose sur lui, une partie de lui hurle de de pas laisser échapper quelconque mot. Et pourtant, tout est gâché en une fraction de seconde. La serveuse fait son retour en grand, et ne manque pas de froisser la Poufsouffle qui quitte brusquement le salon. Niall la regarde quitter sans être capable de placer un mot. Lorsqu'elle est à l'extérieur, il pose son regard sur la dite Azalea. Son sang ne fait qu'un tour, ses poings se serrent. Même ses traits se tirent, mais sa volonté lui empêcher de se laisser entièrement contrôler par sa rage de vélane. Il a devant lui une demoiselle et ne se permettrait jamais d'être violent envers elle. Il se contient, empêchant son visage d'ange de devenir monstrueuse. Toutefois, il bouille et ne peut s'empêcher de hausser le ton.
« Dis tu ne pouvais pas attendre quelques minutes !? Elle allait me dire quelque chose là ! » « Ouais bah tu ne l'aurais pas trouvée intéressante de toute façon. Moi je le suis plus. » Elle va pour s'installer devant lui, mais Niall se lève brusquement, ne manquant pousser sur sa tasse afin de la faire éclater au sol.« NON, TU NE L'ES PAS ! Tu n'es rien à côté d'elle ! »
Sans attendre, il repousse sa chaise — qui ne manque pas de percuter le dos de la personne qui se trouve derrière lui — puis se dirige vers la sortie sans même porter attention à la serveuse. Lorsqu'il met la main sur la poignée de porte, il s'arrête. D'un mouvement de tête, il regarde la table où il se trouvait quelques instants plus tôt. Quelques pas rapides pour y retourner, il attrape l'argent que Mathilde y a laissé ainsi que les macarons restants pour les mettre dans sa poche. Cette fois, il s'en va pour de bon.
« Hey ! Tu ne vas pa— » « FERME-LÀ ! Tu as tout gâché ! »
La porte claque dans un grand échos derrière lui. Sa main brûlante laisse une trace noircie sur le bois du salon, dans lequel il ne mettra plus jamais les pieds. Il marche furieusement dans la neige. Sa vision est légèrement embrouillée, mais l'air frais le détend peu à peu. Il lève les yeux pour regarder autour de lui et trouver la tête brune de sa compagne.
« MATHILDE !» Il finit par la trouver au loin et court en sa direction. « Mathilde ! Attends... » Il se place devant elle pour l'arrêter dans son cheminement.« Je... je suis désolé, je voulais t'emmener dans un endroit bien mais j'ai merdé, on dirait. »
Il ne manque pas de remarquer les larmes qui décorent son visage. Son coeur se serre, il se sent coupable et se sent mal de la voir ainsi. Il frotte ses mains sur son bras pour s'assurer qu'elles ne sont plus brûlantes - elles sont toujours particulièrement chaudes sans toutefois être problématiques -, avant d'essuyer le visage de la belle. Ses doigts restent un instant de plus sur sa joue alors qu'il la regarde de ses yeux brillants.
« Je veux être avec toi. Je ne t'ai pas invité toi pour rien. Je veux passer cette soirée avec toi et avec personne d'autre, compris ? »
Sur aucun de ses mots n'a-t-il décroché son regard de sur elle. Sur chacun de ses mots, il s'est approché un peu plus près, et sur chacun de ses mots il a trouvé du courage. Du bout des doigts, il replace un mèche de cheveux derrière l'oreille de la blairelle. Sa main dessine son chemin jusqu'à sa nuque. Dans ce mouvement, il se permet de s'approcher encore. Son pouls accélère. Il hésite un instant, un bref instant qui semble durer une éternité, avant de poser ses lèvres sur celles de la belle. Son bras droit s'enlace autour de sa taille pour la tenir plus près de lui. Tout se fait presque instinctivement, alors qu'il s'agit du premier baiser qu'il offre de sa vie. Un frisson le traverse, et ce dernier ne le pousse qu'à allonger le baiser, à l'embrasser plus longtemps que son courage ne lui aurait permis. Désormais, il a oublié la scène qui s'était passée au salon. Il ne pense qu'à elle et au goût de ses lèvres.
La tête du jeune Irlandais a toujours eu cette manière d'être en constante pagaille. Entre son imagination débordante, sa curiosité pour tout ce qui l'entoure et tous les mots qu'il souhaite faire naître en ce mode, il n'est jamais au repos. Ses idées se mêlent les unes aux autres pour devenir tempête, dans un monde hostile où il serait le seul à survivre. Nul ne sait suivre son rythme, nul ne saurait se retrouver dans sa tête. Cette tempête va et vient sans jamais réellement quitter, laissant toujours derrière elle un vent assez puissant pour faire s'envoler les chapeaux. Et pourtant, ce soir, la tempête s'est tue. Elle a laissé place à une brise délicate, une brise qui emmène l'odeur de la rose et qui porte le nom de Mathilde. Alors qu'il échange ce baiser avec elle, ses idées s'arrêtent, tout comme le temps. Plutôt que de ressentir ce besoin de s'agiter dans tous les sens, il ressent le besoin de rester là, près d'elle. S'il le pouvait, il vivrait ce moment pour toujours. Et pourtant, il ne peut pas. Tous deux ne peuvent s'immobiliser dans le temps, tous deux doivent revenir à la réalité.
C'est elle qui brise le baiser en premier, sans qu'elle l'ait pour autant repoussé. Il ne peut s'empêcher d'afficher un énorme sourire alors qu'elle affiche un air timide. Inconsciemment, un poids se lève de sur ses épaules, comme soulagée qu'elle ne lui en veule pas de l'avoir embrassée. Bien au contraire. Ses yeux brillent lorsqu'il la regarde lui enlever la neige des cheveux. Inconsciemment, il passe sa main dans ses cheveux exactement où celle de Mathilde est passée.
« Merci, mais je crois que leurs amis vont venir m'envahir plus rapidement que tu ne sauras les faire fuir. C'est une guerre perdue d'avance. »
Tout naturellement, il parle. Il parle presque comme si de rien était, et pourtant tout semble différent. Un confort et une béatitude l'entourent et l'apaisent. Son bras droit ne s'est pas détaché de la taille de la belle. Il n'a pas envie de la bouger, bien qu'ils ne soient pas aussi près l'un de l'autre qu'un instant plus tôt. Il en profite donc pour l'agripper un peu mieux, glissant sa main à travers tout son dos pour rejoindre la taille de l'autre côté, lorsqu'elle lui vole un second baiser. Sourire en coin qu'il ne sait retenir. Il hausse les sourcils pour jouer les surpris. Il sent qu'il ne va pas s'en lasser, du moins certainement pas avant longtemps. « Niall, pourquoi tu sens la fraise et la pistache ?» Question qui le surprend, il met une seconde à se souvenir qu'il a pris les macarons avec lui. De sa main gauche, il tente de les attraper au fond de sa poche, en vain. Il doit donc utiliser à contre coeur sa main droite, avec laquelle il réussi à prendre deux des petites pâtisseries.
« On n'était pas pour les abandonner derrière nous, ça aurait été du gâchis. » Il va pour lui tendre le macaron vert, puis se résigne. D'un mouvement de doigts, il inverse les couleurs, lui offrant donc le rose.« Par contre c'est moi qui a droit à celui à la pistache. Oh ! Et d'ailleurs, tu as aussi échappé un truc avant de sortir. »
De sa main libre, il prend les gallions de la demoiselle et les lui rend. Ils n'en ont pas besoin, de toute façon, au salon de thé. Le Poufsouffle en lui sait qu'il n'aurait pas dû prendre l'argent, où qu'il aurait simplement dû payer lui-même. Sous la colère, cette idée lui est totalement passée à côté. Sous la colère, beaucoup de choses changent, mais au final, la serveuse l'avait cherché. Et si Mathilde s'inquiète, il lui dira qu'il s'est chargé de payer, tout simplement.
En réalité, Niall n'aime pas particulièrement la pistache. De ses souvenirs, il n'en a jamais mangé et n'y a jamais réellement eu d'intérêt. Les saveurs fruitées et florales lui ont toujours été des plus appétissantes. Bien qu'il aime manger de tout, il a ses préférence. En prenant une bouchée de ce macaron à la pistache, il en découvre une nouvelle : il préfère ne pas en manger. Une moue perplexe se dessine sur son visage alors qu'il termine la pâtisserie. À partir de maintenant, il lui laissera toujours les macarons verts. Et pendant l'été, il lui laissera les glaces vertes. De son côté, la brune lui indique qu'il n'aurait pas dû payer à sa place. Bien-sûr, il n'aurait pas pu éviter ce commentaire, bien qu'il aurait préféré ne pas y faire face. Il n'a pas envie de lui mentir, il déteste la simple idée. Il en veut à Niall-du-passé, mais il ne peut pas revenir sur ses pas et changer ce qui s'est passé. Il hausse les épaules, s'empêchant de commenter. Ainsi, il ne ment pas. Il ne dit tout simplement pas la vérité, nuance. Pour rien au monde il ne veux risquer de gâcher se moment qui a été sauvé de la catastrophe. Il ne veut pas qu'elle connaisse sa colère et il est bien trop tôt pour qu'elle voit ses défauts. Il sera toujours trop tôt, en fait. Il préfère ne pas y penser. Il la regarde un instant, pour se perdre dans ses yeux brillants. La neige qui s'est posé dans ses cheveux et sur ses épaules reflètent jusqu'à ses iris. Cette image, il la mettra sur papier à son retour.
Pourtant, alors qu'il croit avoir trouvé un sujet pour son prochain oeuvre, il en découvre un second. La demoiselle, dans un élan de joie, danse au même rythme que ses cheveux désormais libérés. Sa chevelure qui virevolte, son écharpe et la neige, tout ceci lui décroche un sourire qu'il ne peut contenir. Il est resté là un instant, immobile, à observer la belle qui profite de la neige. « Allez viens, ne reste pas là ! » Sa voix éveille les sens du Vélane, qui décide de se laisser porter par le moment tel qu'elle l'a fait. Aussi actif soit-il, incapable de se tenir en place, il n'arrive pas à se souvenir de la dernière fois où il a tourbillonné sous la neige ainsi. Probablement avec Leilah, en Irlande. Ou avec Dolly avant la Guerre. La mort fait vieillir et oublier ces moments d'insouciance. Il ne pense pas à tout ça, en ce moment de joie. Il s'élance, tourne sur lui-même, puis lui attrape la main. D'un mouvement de bras, il la fait tourner, dans une simili danse improvisée. Il arrête son tour en posant sa main sur sa taille, puis lui fait ensuite faire le tour inverse. L'écharpe de la Française, qui n'a pas suivi le mouvement, tombe au sol et attire l’œil du blond. Il s'arrête net pour aller la chercher.
« Ah merde, je suis désolé ! » Il se penche pour la prendre. Cette dernière est couverte de neige, bien trop pour être confortable par la suite. « Elle est gâchée et maintenant tu vas avoir froid » Il la secoue, en vain. « Attend, je vais te donner la mienne. J'ai l'habitude du froid alors je vais être bien sans écharpe, j'oublie souvent ce genre de trucs de toute façon. Je ne sais pas combien de fois ma grand-mère m'a réprimandé pour ça quand j'étais plus jeune parce que j'étais dehors et que je n'étais pas assez habillé à son goût. Allez, tiens. »
Il va pour défaire sa propre écharpe alors qu'il lève les yeux au ciel. Déconcentré par la lueur de la lune, il décroche ses yeux de sur le lainage pour observer l'astre. Il sourit, puis lève le doigt au ciel pour la désigner à la belle. De sa main, il attrape le bras de la belle pour l'attirer jusqu'à la lumière lunaire qui s'étend sur le sol. De là, Mathilde brillera de mille feux. De là, il trouvera le sujet de ses croquis nocturnes.
« Elle est magnifique.» Il pose son regard sur la brune, puis de nouveau sur le satellite. « Tu savais que la Lune s'éloigne de la Terre près de 4 centimètres par année ? Ça veut dire que son cycle sera de plus en plus long... et qu'elle finira probablement par sortir de son orbite. Tu crois que ça va changer comment elle affecte la magie ? La prof d'Astronomie m'a dit des trucs, mais je crois qu'elle ne sait pas vraiment en fait. Et que personne ne le sait vraiment.... Il nous faudrait un spécialiste qui passe sa vie à étudier ça pour savoir.» Il baisse la tête un instant, simplement pour réaliser qu'il vient encore de se perdre dans un sujet pour en oublier le reste. « Euh... désolé. »
Rapidement, il retire son écharpe pour la donner à la brune, sachant qu'il vient tout juste de lui dire qu'il la lui donnerait. Il ne veut pas qu'elle attrape froid par sa faute, il s'en voudrait énormément.
Il arrive souvent à Niall d'oublier des détails importants. S'il connait la nature et les créatures magiques sur le bout des doigts, s'il a passé les premières années de sa vie ne pleine forêt, il s'y jete souvent les yeux fermés. Certains dangers, tels la présence de Kelpies ou de fées au charme perfide, ne l'affectent point, et il en oublie parfois qu'il n'en est pas de même pour ceux qui l'entourent. D'autres dangers, qui l'affectent lui tout autant que les autres, ne font que lui sortir de la tête. On peut ici blâmer son trouble de l'attention, qui a sû rendre la vie difficile à sa Grand-mère à maintes reprises. La Lune, dont la lueur perlée fait briller le visage de la blairelle, ne sait qu'émerveiller l'Irlandais. Pourtant, elle saurait faire fuir même le sorcier le plus courageux du village. Pas surprenant que les rues soient aussi calmes. Ce n'est pas la neige qui les a fait rentrer, ni même le vent. Ce sont les bêtes, celles qui se délectent de l'astre qui illumine le chemin de la nuit. Ce n'est pas par manque de connaissance que le blond s'est mis à risque, aux côtés de la belle. Il a déjà passé des nuits dehors, malgré les créatures qui y rôdent. Il a déjà dû fuir des bêtes, mais jamais celles-ci. Il n'est plus dans sa petite forêt d'Irlande. Il est à Pré-au-lard, à Poudlard et tout près de cette dangereuse forêt magique. Il très bien que ce secteur regorge de lycans et autres créatures nocturnes. Les cours d'Astronomie savent rappeler à tous quand la Lune est pleine, et les cours de Défense contre les forces du Mal savent rappeler les dangers qu'elle représente. Il n'y a tout simplement pas pensé, son esprit étant posé sur autre chose. Ou plutôt, son esprit étant posé sur elle. Les baisers furtifs qu'elle lui offre, maintenant qu'ils en ont tous deux trouvé le courage, lui font oublier le reste. Lorsque l'esprit du jeune vélane est tourné vers quelque chose, il est souvent difficile de lui faire détourner le regard.
Lorsque la belle se blotti contre lui et lui demande de rentrer, il hésite un moment. Il la serre dans ses bras, sans vouloir quitter. S'il le pouvait, il resterai là pendant des heures. Toutefois, il sait bien qu'ils ne peuvent pas rester et surtout, il est à son écoute. Il l'a emmené avec lui de son impulsion habituelle, mais il comprend que tout ceci ne l'implique pas que lui. Elle est déjà bien sorti de sa zone de confort pour lui.
« Pour être honnête, je serais bien resté ici plus longtemps, mais je crois que tu as raison, on devrait rentrer. Comme ça si on se fait prendre, ce sera pas trop de points en moins pour nous... parce qu'il n'est pas trop tard. Allez, on y va.»
Il défait son étrainte autour de la brune pour se mettre en marche, sans pourtant détacher son bra de sur ses épaules. Il a cette impression que s'il la laisse s'éloigner, il n'aura plus le courage de l'attraper à nouveau. Il sait qu'après cette soirée, il risque d'avoir une certaine gêne qu'ils ont oublié l'espace d'un instant. Ou bien, d'ici là, quelqu'un allait la convaincre qu'il n'est pas assez bien pour elle. Peut-être que Mathilde elle-même va s'en convaincre. Pour le moment, il profite de cette légèreté qui les entraine avec eux. Il ne marche pas avec une aussi grande hâte qu'à l'habitude, mais de ses jambes plus longues que celle de sa compagne, ainsi que de sa naturelle énergie débordante, il avance d'un pas assez rapide, qui doit probablement rassurer la brune qui ne souhaite apparement pas passer la nuit en compagnie de loups-garous. Tout près des limites du terrain de l'école, il s'arrête.
« Bon, ici il va falloir faire comme tout à l'heure, on va hâter le pas un peu, les surveillants ne doivent pas nous voir.» Un hurlement lupien se fait justement entendre*. Le blond tend l'oreille, comme s'il n'avait pas réalisé immédiatement de quoi il s'agit. Il le sait pourtant très bien et ses yeux s'écquarquillent un instant plus tard. « Ah merde ! C'est la pleine lune.... merde je suis désolé ! » Il sort immédiatement sa baguette, puis attrape la main de Mathilde. « Allez on court ! On s'en fout des surveillants !»
Rapidement, il se met au pas de course, sans jamais lâcher la main de la belle. Ses doigts se serrent sur sa baguette, prêt à se défendre si quelque chose arrivait. Plutôt, prêt à défendre la brune. Ses yeux sont alertes, observant les alentours. Rien n'est à l'horizon, mais ces bêtes savent surgir de n'import où. Ses sens lui laissent croire que la bête est près du lac. Ainsi donc, il fait de son mieux pour rester le plus loin possible de celui-ci. Mais pourquoi un lycan serait si près du château ? Surprise Niall, il y a plus d'un habitant de ce château qui en est un. Une partage même ta salle commune. Tout au long de sa course, son attention passe d'un endroit à l'autre, entre le lac, le château, Mathilde et le chemin qu'ils ont déjà parcouru, sa tête ne se repose que lorsqu'ils mettent les pieds sur les pierres qui ornent le sol du château. Il ouvre la porte à la blairelle, jete un dernier coup d'oeil dehors, puis la referme lentement. Une personne normale aurait été à bout de souffle, mais l'inépuisable Niall s'en sort sans mal. Il ne peut s'empêcher de sourire, puis de rire.
« Je crois que je n'aurais pas pu choisir un pire moment pour t'inviter. Je ferai mieux la prochaine fois, promis.»
Et donc, il planifie déjà une prochaine fois. Doucement, cette fois au rythme d'un voleur qui ne veut se faire prendre, il se dirige jusqu'à la salle commune en compagnie de la Française. Le principe de leur mot de passe est bien-entendu le pire de tous pour les sorties en cachette... Rapidement, il tambourine le rythme musical qui permet d'ouvrir leur porte. Le son résonne sur les murs du sous-sol. Une voix d'elfe de maison s'élève, alors qu'il se faufille - après la belle bien-sûr - dans la salle commune. Enfin en sécurité. Silence complet. Le feu crépite doucement, Helga dort dans sa toile, alors qu'une simple lueur se fait voir sous les portes des dortoirs.
« Je crois que tu devrais aller te reposer un peu. Non pas qu'il y a des cours demain, mais tu sais, il ne faudrait pas que tu sois trop épuisé non plus. Je t'ai déjà mis assez en péril comme ça.» Il n'a pas envie de la laisser partir, en fait.« Ou... si tu veux on peut se faire un thé, hein. Enfin, juste si tu as envie.» Sa main se glisse instinctivement dans ses cheveux. Il fouille sans réfléchir dans ses poches. Ses doigts touchent le carnet, qu'il empoigne immédiatement.« Oh tiens, avant que j'oublie...»
Il lui donne le carnet, sans savoir effacer le sourire qui se trace sur ses lèvres.
*:
Moi je dis, c'est Zoya qui fout la merde et qui gueule.