Blue moon ☆ Atolombe VI

♛ Blue Moon

27 février - bureau de Tamara Sokolova, professeure d'astronomie. Blue moon, you saw me standing alone without a dream in my heart, without a love of my own @Colombe A. Devereaux

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La pièce dans laquelle tu entras était baignée d'une lumière bleuâtre, causée par la lune qui traversait la grande vitre sans aucune difficulté. Si tu n'avais pas su avant d'entrer que ce bureau était celui de la professeure d'astronomie, tu aurais pu facilement le deviner. Les constellations elles-mêmes semblaient se dessiner dans la pénombre, sur les tas de papiers dispersés, sur le plafond haut, sur les murs, le sol. Les hauteurs du château étaient pour toi un point de repère, c'était ici que tu venais te réfugier, une bouteille de whisky pur feu à la main, souvent aux crochets de ta douce amie Alcyone.

Cependant, tu ne tenais pas à voir Colombe dans un lieu ouvert qui aurait pu donner lieu à une chute accidentelle. Tu ne prenais pas de risques, tu ignorais ce dont elle était capable. Cette fille semblait n'avoir aucune limite, aucunes moeurs, elle vivait comme bon lui semblait, découvrant un peu du monde à chaque nouveau pas, découvrant de nouvelles facettes de possibilités à chaque nouveau souffle. Bientôt elle t'entraînerait vers un grand plongeon, te jetterait de la tour d'astronomie si elle se rendait compte que ça pouvait effacer tous ses tourments.

Tu avais convoqué la poufsouffle ici, pour une dernière pénitence, mais tu ignorais même ce qui allait bien se passer. Autrefois, tu aurais considéré les cracmols comme de simples moldus. Autrefois, tu aurais fait subir les mêmes sorts à tous ceux dépourvus de magie. Tu n'étais pas un sang-pur, ni même un adepte des principes de pureté de sang, mais tu devais bien avouer qu'il y avait une hiérarchie à laquelle tu tenais, face à ceux qui ne pouvaient pas accomplir les mêmes miracles que les autres, comme toi, qui détenaient une baguette. Colombe avait perdu en hauteur dans ton âme et ton coeur, elle ressemblait davantage à une erreur du passé à un amour exécrable pour lequel tu tenais à te racheter. Tu l'avais aimée, tu l'aimais encore sûrement d'ailleurs, mais elle n'était désormais plus qu'un vulgaire objet passant dans tes désirs, plus qu'un moyen, plus qu'un outil à utiliser pour tes recherches, un outil non négligeable, un outil adorable. Mais soudain devant toi, c'était une nouvelle problématique qui s'acheminait vers ton cerveau. Tu cherchais à faire revivre ceux qui méritaient de vivre, pourquoi ne pas chercher aussi à rendre magique ceux qui méritaient de l'être. Permettre à Colombe d'être ton égal, de lui donner un sens, d'être de nouveau désirable, digne de ton amour. Tu ne te voyais pas avec elle car elle avait la figure de celles que tu avais supprimées auparavant à cause de leur magie inexistante. Mais si une étincelle venait à se glisser sous sa peau, si quelque peu de sorcellerie arrivait à se propager à travers ses veines et son sang, alors elle deviendrait, au même titre que ceux que tu admirais, une sorcière à part entière.

Toi qui n'avais jamais su mener à bien tes diverses recherches, tu portais désormais ton regard sur un sujet tout nouveau qui n'attendait qu'à être expérimenté, et se pouvait-il aussi, que devant toi, tu eusses un cobaye docile et tout aussi avide d'obtenir des réponses que tu l'étais. Pourquoi n'avait-elle pas eu le droit elle aussi à cette chance de la nature ? Elle qui descendait de deux parents complètement magiques, pourquoi lui avait-on retirer ce droit ? Recluse par un père qui n'avait pas réussi à transmettre sa magie, utilisée par un oncle et une tante désireux seulement d'aider leur fille, se préoccupant à peine du sort de la nièce qui partirait dans un monde complètement étranger, qui serait bercée dans un univers cruel et sans pitié. Mais Colombe avait Atos. Atos ferait tout pour l'aider. Tout.

Il attendit que minuit sonnât, elle ne devait plus trop tarder. Elle viendrait, la Devereaux. Elle viendra parce que sa curiosité l'emportait sur tout. Elle avait besoin de toutes ces réponses qu'elle n'avait pas eues, toutes ces réponses que tu avais refusé de lui donner. Tu ne voulais pas l'effrayer. Tu avais tué les siens et lors de votre précédente discussion, tu n'avais pas encore les mots pour le lui dire sans qu'elle ne prît peur, alors tu t'étais tu. Mais elle était là, l'explication de ton comportement, la raison de ta colère. Elle était dans ces mots indicibles. Les mots que tu comptais ce soir lui révéler, pour que demain, elle fût à toi.

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Lover, hunter, friend and enemy, you will always be every one of these. Nothing's fair in love and war. In life, in love, this time I can't afford to lose for one, for all, I'll do what I have to do. You can't understand, it's all part of the plan.

Ça lui prend quelques minutes pour se réveiller ; elle est prise au piège dans la même scène, encore et encore, la petite Colombe qui hurle à s’en déchirer les poumons et Atos qui sourit au-dessus de son corps qui convulse, les chaînes autour de son cou. Qui la regarde, amusé, air vaguement réprobateur, il murmure son nom en secouant la tête pendant que la cracmolle se traîne à ses pieds, griffe le sol avec ses ongles jusqu’à se les arracher, et le sang coule sur le carrelage, rouge sur blanc, « Colombe ! » il élève la voix, Atos, il crie encore plus fort, pourquoi ?

La Devereaux se lève d’un bond, en sueur, désorientée. Adélaïde n’est pas à ses côtés. Elle entend son nom pourtant, d’une voix étranglée. Quelque chose s’anime en elle et elle se précipite vers la porte, vers la silhouette tordue qui titube, qui l’appelle avec l’urgence et le désespoir d’une prière. Bientôt, son débardeur absorbe le sang qui dégouline d’Adélaïde. Rouge sur blanc, elles ne sont plus des enfants depuis longtemps. « Je…je l’ai fais », réussit-elle à articuler et quelque chose tombe soudainement. Une partie d’elle-même, celle où le soleil avait réussi à la rendre un peu moins stérile, un peu plus saine. Elle tombe et se couvre de rouge, coupée net, adieu aux beaux jours et à l’espoir. Après tout, n’était-ce pas à prévoir ? Colombe n’arrive pas à détacher son regard des tâches, de la robe souillée. Elles sont si proches ; elle sent la peau d’Adélaïe, d’ordinaire sucrée, barbouillée de fer et de rouille. C’est ça, le prix à payer pour la magie ? C’est là qu’elle se rend compte, subitement, le sang ne lui fait pas peur. « J'ai besoin d'aide. » C’est la première fois qu’elle lui dit, et elle est si belle, suppliante et grands yeux brillants.

Colombe se laisse accrocher, elle essaie de capter le regard fou d’Adé, sa fièvre et sa douleur, un feu impossible à éteindre. « Je crois que je suis un monstre. » Elle se détache enfin mais Colombe a l’impression de sentir encore son empreinte contre sa peau, le poids de son corps lourd de regrets et de culpabilité. Le poids du sang sur sa conscience. De sa main bariolée, elle vient caresser la joue trempée de sueur de la sorcière. Son ton est pressant, clair. Il faut qu’elle l’entende. Colombe n’est pas du genre à éteindre les feux, elle préfère les incendies magnifiques, ceux qui ravagent tout sur leur passage, elle qui est condamnée à l’étincelle éphémère. « Peut-être que c’est le juste prix à payer. Et peut-être qu’il n’y a rien de mal à ça. » Elle peut rester. Elle peut rester pour un monstre, pour toute la laideur dissimulée derrière ce visage parfait. Elle préfère les imperfections ; est-ce qu’elle ne l’aime pas mieux comme ça, couverte de sang, après tout ? Est-ce qu’elle n’a pas fini par se brûler vive à la chaleur de son soleil ? Dans la nuit, elles sont pareilles. Dans le sang, elles sont monstrueuses toutes les deux.

Et puis l’obscurité.

Elle n’est plus au Manoir, mais elle est bien à Poudlard, dans son dortoir des Poufsouffles. Plus de cave, plus de cachot, plus de barreaux. Colombe regarde la lune, elle illumine le ciel bleu sombre ce soir. En sueur, transpirante, elle sait qu’elle est en retard. Mais ce rêve n’est-il pas un avertissement ? Ne ferait-elle pas mieux de rester dans son lit ? Elle regarde le bout de parchemin froissé. Elle n’avait toujours pas pris sa décision avant de s’endormir, mais elle sait que ce n’est pas un hasard si elle s’est réveillée. Elle veut le voir. Elle veut l’entendre. Même si elle a peur la petite Colombe. Que lui reste-t-il à présent ? L’espoir… Une étincelle qu’Atos finira par éteindre.

Elle enfile une robe de chambre par-dessus sa chemise de nuit blanche et légère, puis elle se glisse à l’extérieur. C’est un sentiment inquiétant et excitant de se promener dans le château silencieux. Par miracle, elle ne croise aucun Auror sur son chemin, peut être un stratagème d’Atos qui lui a libéré la voix. Elle rejoint la Tour d’astronomie, elle la connait bien, encore abimée par la guerre mais pourtant si belle. Colombe y est venue souvent, pour observer les étoiles avec Lionel. Elle préfère balayer le Lion de ses pensées, au moins pour ce soir, mais elle sait que son rêve, cette image d’Adélaïde, elle doit en parler au français.

Elle pénètre dans une salle où le bleu de minuit inonde les murs. Lorsqu’elle le voit, ses yeux se voilent. Le brusque souvenir de se réveiller un matin, d’effleurer un oreiller froid et de se dire que rien ne sera jamais comme avant. La douleur vive d’avoir été abandonnée, la difficulté d’aller de l’avant, tu donnes et tu reprends. Elle ne peut pas faire un pas de plus, mais la porte se referme déjà derrière elle. Magie, fantôme, ou coup de vent ? Colombe n’y fait pas attention, elle fixe son prince maudit et elle attend. Qu’a-t-il à lui dire ? Que veut-il ? Que leur reste-t-il ? « Bonsoir Thanatos.» Elle l’ignore si c’est elle qui parle, et pourtant ce sont bien ses lèvres qui ont bougé.

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Elle était là. Elle était venue. Atos ignorait s'il était ravi ou déçu de voir qu'il avait encore tant d'emprise sur elle, de voir qu'elle n'avait rien perdu de son désir ou de sa curiosité peut-être. Il était vrai que le message d'Atos était plutôt vague et ne laissait pas beaucoup d'indices à la poufsouffle sur la nature de son invitation. Des excuses ? Sûrement pas, il n'était pas venu pour ça. Si c'était ce à quoi elle s'attendait, Colombe tomberait bien vite en déception. Les événements leur avaient échappé, à tous les deux. Un jour, il croisait son regard et n'avait plus envie que de penser à elle et de lui survivre ; le lendemain, les idées noires lui reprenaient, ne voyant plus Colombe que comme un moyen de parvenir peut-être un jour à ces hauteurs qu'il convoitait tant.

Derrière elle, le serpentard agita sa baguette. Il maîtrisait de mieux en mieux les sortilèges informulés, et la porte se claqua en un bruit sourd et effrayant. Elle paraissait toute pâle et toute frêle, moineau égaré hors du nid, lapin perdu dans le terrier du vilain loup. Atos restait à demi assis sur le long bureau de la professeure d'astronomie, sans bouger, sans prononcer un mot pour l'accueillir. Ça n'avait rien d'une rencontre de courtoisie, c'était une conversation d'affaire qui se tiendrait entre ces murs dans quelques minutes, c'était un marché qu'il voulait lui proposer, et pas des moindres.

Si l'allemand avait toujours des sentiments pour la jolie colombe ? Jamais personne n'aurait pu les effacer, sentiments infâmes et douloureux que seul le temps pourrait, peut-être un jour, guérir. Il y avait tant d'avis contraires quant à la demoiselle qu'il en perdait la tête. Elle n'était ni sorcière ni moldue, et c'était ce statut instable qui compliquait tout de la situation. Il ne savait pas sur quel pied danser. Etait-elle davantage sorcière, lui permettant d'aimer sans regretter ? Ou avait-elle tout d'une simple moldue, cobaye sans intérêt de laquelle il pouvait jouer à sa guise ? Il se plaisait à croire qu'elle était un peu des deux, et que chacune des envies du serpentard seraient assouvies. Il fallait simplement du temps, de la rigueur, de la patience.

La demoiselle restait là, figée, elle semblait incapable de détacher son regard du serpentard. Finalement, quelques mots traversèrent ses lippes, non sans quelques difficultés, il pouvait le percevoir. Qu'il était étrange qu'elle prononçât son nom en entier ce soir, mais qu'il était opportun qu'elle le fît. Le nom de la mort. Bien des fois il s'était demandé ce que ses parents avaient eu en tête en l'affublant d'un tel nom. Il lui semblait désormais que nul autre nom n'aurait pu lui convenir mieux que celui-ci. Il avait comme quelque chose de symbolique lorsqu'on le prononçait, surtout elle, surtout lorsqu'il provenait de Colombe. C'était comme si elle avait compris son sort en entrant dans la pièce. Pouvait-elle lire l'impatience d'Atos sur son visage ? « C'est nouveau. » Rire nerveux qui lui échappa, elle avait osé l'utiliser une fois, il resterait désormais gravé. Un nom comme ça, ça ne pouvait pas s'oublier.

Ses mains vinrent trouver ses poches et s'y enfoncèrent. Son regard divaguait, ne pouvant rester fixé sur la jeune fille. Il finit par bouger, se dirigeant vers la grande fenêtre qui donnait sur l'extérieur. On pouvait apercevoir le lac, au fond, balayé lui aussi de ces rayons bleuâtres qui dominaient le parc. C'était magnifique. Presque reposant. « Je me suis dit qu'on serait au calme ici. » Pas un bonsoir, pas une seule phrase de gentillesse. Il décrivait le cadre dans lequel ils se trouvaient comme si Colombe était une parfaite étrangère qu'il rencontrait pour la première fois, comme s'il cherchait à attiser sa curiosité, ou à trouver quelque sujet de conversation qui pouvait l'intéresser. Et puis, il y avait des choses qu'il allait devoir lui raconter ce soir, des choses qui devaient être dites. Sinon, elle ne comprendrait rien. Sinon, elle ne saurait pas quelles étaient ses intentions. Il était l'heure de faire tomber les masques, et au fond de lui, il gardait cette envie de ne rien lui dévoiler. Alors ce n'était pas à elle qu'il parlerait, mais à la lune. Il était plus facile de se confier ainsi. « Il y a des questions auxquelles tu n'as jamais eu de réponses. Et je pense qu'il est important que tu en aies. Parce que sinon, ça n'aurait aucun sens. » C'étaient ses paroles qui devaient paraître vides de sens pour la poufsouffle. Atos était perdu dans son monde, dans ses souvenirs. Il réfléchissait à comment commencer. Il y avait tant de choses à dire, tellement qu'une soirée ne serait sûrement pas suffisante. Mais c'était surtout de Günter qu'il devait parler. C'était lui, la clé de tout.

Il était toujours tourné de trois quart, les yeux rivés de l'autre côté de la vitre. Il y avait, par là-bas, tout un monde qu'elle ne soupçonnait pas, des secrets qu'elle n'aurait jamais imaginés dans ses pires cauchemars. Atos s'apprêtait à lui faire vivre une nuit dans sa vie, dans sa vraie vie, loin des faux-semblants de Poudlard, loin des masques jubilatoires qu'il avait l'habitude de porter. « Tu as champ libre, demande-moi ce que tu veux. » Ça l'aiderait sûrement à commencer. Et ensuite il lui ferait part de ses idées, de ces nouvelles expériences qu'il voulait mettre au point. Un tout nouvel axe de recherche. L'apothéose.

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Lover, hunter, friend and enemy, you will always be every one of these. Nothing's fair in love and war. In life, in love, this time I can't afford to lose for one, for all, I'll do what I have to do. You can't understand, it's all part of the plan.

Combien de fois dans la journée son esprit quitte-t-il encore son corps ? Combien de fois le silence la prend-il soudain, un peu trop fort ? Un simple clignement d’yeux la ramène dans le noir en quarantaine, dans l’indifférence et le froid ? Seules les décharges magiques des médicomages la ramènent à la réalité, encore beaucoup trop de mal à se réveiller. C’est paisible, dans cette tour, songe la Devereaux. Un endroit où les éclats n’ont pas leur place, où les murmures sont rois, où les échanges se font en une discrète poignée de mains. Il claque la porte et elle ne bronche pas, elle ne peut pas le laisser prendre le pouvoir, même s’ils finiront par y arriver. Pourtant, c’est déjà lui qui tient les cartes, c’est à lui qu’elle a encore obéi ce soir. Il semble perturbé parce qu’elle a prononcé son prénom en entier, et lui osera-t-il l’appeler ? Osera-t-il la regarder ? Pour l’instant, il ne lève pas les yeux vers elle, comme si il avait peur de se brûler. Son regard est noir, dirigé vers la lune qui éclaire son visage sombre et bouffé par la fatigue. Les cernes creusent ses yeux, on pourrait le confondre avec un cadavre. Atos n’est plus que l’ombre de lui-même, et au fond d’elle, Colombe meurt d’envie de courir dans ses bras et de l’enlacer, de lui donner l’amour qu’il mérite, celui qu’elle a enfoui très loin au fond d’elle pour ne pas être blessé. Mais elle ne fait rien de tout ça, car même si elle espérait le retrouver ce soir pour effacer leurs erreurs, elle comprend qu’il n’en sera rien. Atos a d’autres projets.

« Il y a des questions auxquelles tu n'as jamais eu de réponses. Et je pense qu'il est important que tu en aies. Parce que sinon, ça n'aurait aucun sens. » Qu’est-ce qui n’aurait aucun sens ? Colombe hausse les sourcils, mais elle reprend très vite son expression de poupée de porcelaine. Elle ne veut rien faire qui attirerait son attention, ou plutôt, qui pourrait l’énerver. Atos n’est pas dans son état normal, elle le voit bien. Sa froideur, son manque de douceur, tout ça ne lui ressemble pas. Il redevient celui qu’il était lors de leur dernière rencontre, la violence en moins. On l’avait pourtant prévenu la jolie colombe, de se méfier du serpent. Il ne semble même pas s’adresser à elle, trop occupé à contempler la lune à travers la vitre. « Tu as champ libre, demande-moi ce que tu veux. » C’est impensable. Pourquoi se livrer ces secrets, pourquoi tout se dire, alors qu’ils n’ont plus rien à faire ensemble ? Mais Colombe est désespérée, et si il y a une once d’espoir qu’elle puisse retrouver celui qu’elle aime, parce que oui, elle l’aime toujours. Au fond d’elle, les sentiments sont intacts même si les blessures saignent encore.

Que pourrait-elle vouloir savoir ? Il y a évidemment cet homme, à Pré-au-Lard, ce Günter. Il pose de nombreux problèmes à Atos, ou est-ce plutôt l’inverse ? Que lui cache-t-il encore ? Jusque ici, Colombe a toujours été celle qui se dévoilait petit à petit, lors de leur rendez-vous, lorsqu’ils se fréquentaient. Mais Atos a toujours gardé ce masque immaculé, impénétrable. « Qui es-tu ? » La question se pose toute seule, et finalement, elle pourrait être adressée à elle-même. Il est trop tard pour faire marche arrière, pour espérer que la nuit soit douce et sans cauchemar, parce que le cauchemar est face à elle. Elle s’approche d’un bureau poussiéreux, gardant ses distances avec le vert et argent. Innocente, elle écrit et assemble des lettres sur le bois, elle sait qu’elle ne peut pas les dire, mais elles représentent toute sa pensée. Revelio, révèle tous tes secrets.

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